Blé Goudé semble avoir retrouvé la verve de ses jours de gloire, ces temps-ci. En l’espace d’un mois, l’ex-leader de la galaxie patriotique est intervenu trois fois dans la presse. D’abord pour se justifier et ensuite pour demander à rencontrer sur terrain neutre, le président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation. Ces sorties sont d’autant surprenantes que celui qui se faisait appelé le « général de la rue », depuis la chute de son mentor Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, avait observé jusqu’ici le silence et le profil bas. A tel point que certaines folles rumeurs le donnaient pour mort. Aujourd’hui, Charles Blé Goudé est-il fatigué de faire le mort ? Assurément pas. Car lorsqu’on lit entre les lignes, on se rend bien compte que ces différentes sorties procèdent d’une stratégie bien pensée dont l’objectif est de donner une nouvelle virginité à l’âme damnée de Laurent Gbagbo. Blé Goudé veut aujourd’hui, se présenter devant l’opinion comme un combattant de la liberté qui n’a fait que résister avec des moyens conventionnels, à un imaginaire péril néocolonial qui planait sur la Côte d’Ivoire. Mais à l’épreuve des faits, cette défense ne tient pas du tout. Charles Blé Goudé a été l’un des personnages centraux de la tragédie qu’a connue la Côte d’Ivoire ces dix dernières années. L’ancien étudiant de Manchester a été de tous les faux coups qui ont émaillé le règne sanglant de Laurent Gbagbo. L’ancien secrétaire général de la FESCI est apparu au lendemain de la crise du 19 septembre 2002. Très tôt, Charles Blé Goudé s’est fait remarquer par son discours ultranationaliste. C’est sur lui que l’ex-chef de l’Etat, en perte de vitesse, s’est appuyé pour asseoir sa politique d’exclusion et de haine. Le grand rassemblement du 2 octobre 2002, à la place de la République, qui marque le début du populisme et l’instrumentalisation de la jeunesse, est son ?uvre. C’est au cours de cette rencontre que les bases de la politique de la violence et de la haine qui a guidé les actions du FPI ont été posées. A partir de cet instant, Blé Goudé est devenu l’homme à tout faire de Laurent Gbagbo. C’est autour de sa personne que Laurent Gbagbo a organisé sa « lutte patriotique ». Le 23 janvier, les accords de Kleber à la suite de ceux de Linas Marcoussis sont signés. Ils prévoient que le président Laurent Gbagbo est maintenu au pouvoir jusqu’à de nouvelles élections. Tous les opposants sont invités à participer à un gouvernement de réconciliation nationale où la rébellion obtient les ministres de l’Intérieur et de la Défense. Le FPI et ses affidés font courir la rumeur selon laquelle Laurent Gbagbo aurait été séquestré à cette réunion pour qu’il accepte cet accord. Le 4 février 2003, sous la houlette de Charles Blé Goudé, les « jeunes patriotes » encadrés par les forces de l’ordre s’en prennent aux intérêts de la France en Côte d’Ivoire. Les écoles, les lycées, le centre culturel et les entreprises françaises sont cassés et systématiquement pillés. Blé Goudé justifiera plus tard ces attaques comme une réponse au parti-pris de la France dans le différend qui oppose le président Laurent Gbagbo à la rébellion dirigée par Guillaume Soro. Malgré l’implication de la communauté internationale, à travers l’envoi de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire, la crise s’envenime. Novembre 2004, les faucons du pouvoir FPI s’impatientent. Ils veulent en découdre avec la rébellion. Le 3 novembre 2004, Blé Goudé, à la tête de plusieurs milliers de jeunes, se rend à l’état-major des Forces armées de Côte d’Ivoire, au camp Galliéni, pour réclamer des armes pour aller au front. Il rencontre le général Mathias Doué avec qui il a un entretien. Apparemment, pour forcer la main au chef d’état-major, qui avait déjà décrété depuis le 4 juillet 2004 la fin de la guerre civile. Le lendemain, l’opération « Dignité » est lancée. Les villes de Bouaké, de Séguéla et de Korhogo sont bombardées. Au cours d’un de ces raids aériens, le camp militaire français de Bouaké est touché.
Des morts en cascade
Neuf soldats français et un civil Américain sont tués. La France décide de riposter en détruisant toute la flotte aérienne de l’armée ivoirienne. Une action qui met Laurent Gbagbo et son entourage dans tous leurs états. Le 6 novembre 2004, en fin d’après-midi, Charles Blé Goudé est envoyé sur les antennes de la RTI. Il lance un appel aux jeunes patriotes. « Si vous êtes en train de manger, arrêtez-vous ! Si vous dormez, réveillez-vous ! Tous à l’aéroport, au 43ème BIMA. L’heure est venue de choisir entre mourir dans la honte ou dans la dignité », lance le leader des jeunes patriotes. La suite, on la connait. Les résidences et entreprises des Français vivant en Côte d’Ivoire font l’objet de sac et de pillages. Des cas de viols sont même signalés. Un bouclier humain est constitué autour de la résidence de Laurent Gbagbo. Le grand attroupement qui se fait devant l’hôtel Ivoire où l’armée française a pris ses quartiers vire au cauchemar. La foule multiplie les actes provocations à l’endroit des troupes françaises avec la complicité des forces de l’ordre. Les soldats français maquent d’être débordés. Dans la confusion, une fusillade s’en suit. Bilan est lourd. Plus d’une quarantaine de personnes sont tuées dans la confusion. Les autorités ivoiriennes accusent l’armée française. Mais le mal est fait. Le 28 novembre 2010, le second tour de l’élection présidentielle a eu lieu. Dans la soirée déjà, les premières tendances donnent le Dr Alassane Ouattara, candidat du RHDP, vainqueur. Le FPI qui n’entend pas les choses de cette oreille, prépare la confiscation du pouvoir. Avec la complicité d’une partie de l’armée. Charles Blé Goudé est encore au c?ur du dispositif. Il appelle les « jeunes patriotes » à la résistance et participe aux réunions sécrètes que tiennent régulièrement Laurent Gbagbo et son épouse Simone Gbagbo avec les généraux. Le 21 janvier, il organise un grand rassemblement au stade Champroux avec les militaires en présence du général Philipe Mangou où il dit ceci : « Nous sommes ici pour faire corps et âme avec notre armée. Mon général, mes amis et moi sont à votre disposition. Les jeunes qui sont là, sont prêts pour se battre pour défendre la République. Nous sommes comme dans une maison dont ils ont fermé toutes les portes et les fenêtres. Il ne nous reste qu’à nous défendre ». Blé Goudé, par la suite, on le verra, va s’atteler à mettre en place une sorte de guérilla urbaine en distribuant dans les quartiers, des armes à la jeunesse acquise à la cause de Laurent Gbagbo. Il va même aller jusqu’à demander, sur les antennes de la RTI, à cette jeunesse instrumentaliser d’ériger des barrages d’autodéfense dans leurs secteurs pour mettre hors d’état de nuire tous ceux qu’ils trouveront suspects. Les conséquences de ce discours ont été désastreuses. Car c’est à partir de ce moment que de pauvres innocents sur la base de leur patronyme ou de leur faciès, seront supplicié au feu, en application du cynique « article 125 ». Après la déclaration de Blé Goudé, les assassinats et exécutions se multiplient dans les communes de Yopougon, d’Adjamé, de Koumassi, de Port-Bouët et dans certaines villes de l’intérieur. En cette période, d’honnêtes citoyens sont froidement exécutés, parce qu’ils portent tout simplement des amulettes au bras ou au rein. D’autres sont tués parce que leur tête ne revient pas à leur bourreau ou parce qu’ils sont Burkinabé, Nigérien, Togolais, Malien, Nigérian ou Guinéen, … bref, ressortissants de la CEDEAO dont le pays avait donné sa caution à la victoire du président Ouattara. Mais aussi tout simplement natifs, au regard de leur patronyme, du Nord du pays. Aujourd’hui, Charles Blé Goudé semble avoir oublié le rôle néfaste qu’il a joué dans le beau gâchis qu’a connu la Côte d’Ivoire entre décembre 2010 et mai 2011. Faut-il s’en étonner ? Aucunement. Car le « général de la rue » est un « poitrinard » qui a toujours ainsi fonctionné. Charles Blé Goudé est et a toujours été un faux brave. Il est le prototype achevé du matamore. C’est-à-dire, un personnage fort en gueule, mais véritable poltron. Toujours le premier à se débiner quand c’est chaud. Ce n’est donc pas un hasard qu’il ait été le premier à fuir le pays lorsque les FRCI ont lancé leur offensive sur Abidjan. Qui ne se souvient pas de l’image sur la RTI d’un Blé Goudé dépenaillé, l’air hagard, s’exprimant d’un ton apeuré devant la camera depuis sa cachette au moment où les combats faisaient rage dans Abidjan ? Beaucoup d’Ivoirien n’ont pas encore oublié cette image en tout cas.
Aujourd’hui encore, les sorties de l’ancien ministre de la Jeunesse du gouvernement fantoche de Laurent Gbagbo entre dans cette logique de la fuite en avant. Charles Blé Goudé sait que l’étau se resserre de plus en plus autour de lui. Il craint le sort que lui réserve la justice. Il essaye donc, comme un crabe pris, de sortir de la nasse dans laquelle il se trouve.
C’est la raison pour laquelle il s’agite.
Jean-Claude Coulibaly
Des morts en cascade
Neuf soldats français et un civil Américain sont tués. La France décide de riposter en détruisant toute la flotte aérienne de l’armée ivoirienne. Une action qui met Laurent Gbagbo et son entourage dans tous leurs états. Le 6 novembre 2004, en fin d’après-midi, Charles Blé Goudé est envoyé sur les antennes de la RTI. Il lance un appel aux jeunes patriotes. « Si vous êtes en train de manger, arrêtez-vous ! Si vous dormez, réveillez-vous ! Tous à l’aéroport, au 43ème BIMA. L’heure est venue de choisir entre mourir dans la honte ou dans la dignité », lance le leader des jeunes patriotes. La suite, on la connait. Les résidences et entreprises des Français vivant en Côte d’Ivoire font l’objet de sac et de pillages. Des cas de viols sont même signalés. Un bouclier humain est constitué autour de la résidence de Laurent Gbagbo. Le grand attroupement qui se fait devant l’hôtel Ivoire où l’armée française a pris ses quartiers vire au cauchemar. La foule multiplie les actes provocations à l’endroit des troupes françaises avec la complicité des forces de l’ordre. Les soldats français maquent d’être débordés. Dans la confusion, une fusillade s’en suit. Bilan est lourd. Plus d’une quarantaine de personnes sont tuées dans la confusion. Les autorités ivoiriennes accusent l’armée française. Mais le mal est fait. Le 28 novembre 2010, le second tour de l’élection présidentielle a eu lieu. Dans la soirée déjà, les premières tendances donnent le Dr Alassane Ouattara, candidat du RHDP, vainqueur. Le FPI qui n’entend pas les choses de cette oreille, prépare la confiscation du pouvoir. Avec la complicité d’une partie de l’armée. Charles Blé Goudé est encore au c?ur du dispositif. Il appelle les « jeunes patriotes » à la résistance et participe aux réunions sécrètes que tiennent régulièrement Laurent Gbagbo et son épouse Simone Gbagbo avec les généraux. Le 21 janvier, il organise un grand rassemblement au stade Champroux avec les militaires en présence du général Philipe Mangou où il dit ceci : « Nous sommes ici pour faire corps et âme avec notre armée. Mon général, mes amis et moi sont à votre disposition. Les jeunes qui sont là, sont prêts pour se battre pour défendre la République. Nous sommes comme dans une maison dont ils ont fermé toutes les portes et les fenêtres. Il ne nous reste qu’à nous défendre ». Blé Goudé, par la suite, on le verra, va s’atteler à mettre en place une sorte de guérilla urbaine en distribuant dans les quartiers, des armes à la jeunesse acquise à la cause de Laurent Gbagbo. Il va même aller jusqu’à demander, sur les antennes de la RTI, à cette jeunesse instrumentaliser d’ériger des barrages d’autodéfense dans leurs secteurs pour mettre hors d’état de nuire tous ceux qu’ils trouveront suspects. Les conséquences de ce discours ont été désastreuses. Car c’est à partir de ce moment que de pauvres innocents sur la base de leur patronyme ou de leur faciès, seront supplicié au feu, en application du cynique « article 125 ». Après la déclaration de Blé Goudé, les assassinats et exécutions se multiplient dans les communes de Yopougon, d’Adjamé, de Koumassi, de Port-Bouët et dans certaines villes de l’intérieur. En cette période, d’honnêtes citoyens sont froidement exécutés, parce qu’ils portent tout simplement des amulettes au bras ou au rein. D’autres sont tués parce que leur tête ne revient pas à leur bourreau ou parce qu’ils sont Burkinabé, Nigérien, Togolais, Malien, Nigérian ou Guinéen, … bref, ressortissants de la CEDEAO dont le pays avait donné sa caution à la victoire du président Ouattara. Mais aussi tout simplement natifs, au regard de leur patronyme, du Nord du pays. Aujourd’hui, Charles Blé Goudé semble avoir oublié le rôle néfaste qu’il a joué dans le beau gâchis qu’a connu la Côte d’Ivoire entre décembre 2010 et mai 2011. Faut-il s’en étonner ? Aucunement. Car le « général de la rue » est un « poitrinard » qui a toujours ainsi fonctionné. Charles Blé Goudé est et a toujours été un faux brave. Il est le prototype achevé du matamore. C’est-à-dire, un personnage fort en gueule, mais véritable poltron. Toujours le premier à se débiner quand c’est chaud. Ce n’est donc pas un hasard qu’il ait été le premier à fuir le pays lorsque les FRCI ont lancé leur offensive sur Abidjan. Qui ne se souvient pas de l’image sur la RTI d’un Blé Goudé dépenaillé, l’air hagard, s’exprimant d’un ton apeuré devant la camera depuis sa cachette au moment où les combats faisaient rage dans Abidjan ? Beaucoup d’Ivoirien n’ont pas encore oublié cette image en tout cas.
Aujourd’hui encore, les sorties de l’ancien ministre de la Jeunesse du gouvernement fantoche de Laurent Gbagbo entre dans cette logique de la fuite en avant. Charles Blé Goudé sait que l’étau se resserre de plus en plus autour de lui. Il craint le sort que lui réserve la justice. Il essaye donc, comme un crabe pris, de sortir de la nasse dans laquelle il se trouve.
C’est la raison pour laquelle il s’agite.
Jean-Claude Coulibaly