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Politique Publié le mardi 31 juillet 2012 | L’Elephant Déchaîné

L’Editorial d’Assalé Tiémoko : Notre président et la présomption d’innocence

© L’Elephant Déchaîné Par DR
Presse nationale: Assalé Tiémoko Antoine, Directeur général de « L`Eléphant Déchaîné »
Photo: Assalé Tiémoko Antoine, Directeur général de « L`Eléphant Déchaîné »
L’article 22 de notre Constitution a beau stipuler que «nul ne peut être arbitrairement détenu (et) tout prévenu est présumé innocent jusqu'à ce que sa culpabilité ait été établie à la suite d'une procédure lui offrant les garanties indispensables à sa défense», notre président, depuis son investiture, ne cesse de donner de rudes coups à cette prescription supérieure. Tout en déclarant chaque fois, que « la Côte d’Ivoire est désormais un Etat de droit. » Combien de fois «L’Eléphant Déchaîné » n’a pas pris notre président en flagrant délit de violation d’un principe gravé dans le marbre de la Constitution, celui de la présomption d’innocence ? A plusieurs reprises, notre président a célébré, parlant des procédures judiciaires qui ont cours dans le cadre de la crise post-électorale, la présomption de culpabilité. Le 26 mai 2011, soit seulement six jours après son investiture, il a pris ces «réquisitions» contre Gbagbo, sur les antennes d’Europe1. «Laurent Gbagbo est un criminel, toute cette violence a été provoquée par Laurent Gbagbo et sa femme…».
Quarante-huit heures plus tard, sur les antennes de RFI et de TV5, au cours de l’émission « Internationale » dont il était l’invité, il a récidivé : « «Laurent Gbagbo n’échappera pas à la prison…»

Le 24 septembre, depuis les Etats-Unis, il avait encore porté sa « toge » de « procureur de la République » et pris ces réquisitions : «Gbagbo et Simone iront en prison… pour moi, tuer des gens n’est pas acceptable…il avait 50.000 mercenaires… »

Neuf jours plus tôt, comme s’il s’agissait d’une campagne savamment préparée, le « grand frère » de notre président, Henri Konan Bédié, qui se trouvait à Paris, avait déclaré, le 15 septembre, sur les antennes de France24 : «Les détournements économiques (de Laurent Gbagbo), les atrocités dont il est l’auteur, les crimes de sang sont nombreux…par conséquent, Laurent Gbagbo n’échappera pas à la justice». Traduire, à la prison.
Le 18 août, c’est le procureur de la République Simplice Kouadio lui-même qui, sur les antennes de la RTI, a répondu en écho : «Gbagbo et ses camarades sont coupables de crimes économiques».

Depuis, notre président, sans doute interpellé par quelques bonnes volontés, s’était gardé de faire des affirmations violant la présomption d’innocence. Mais le samedi dernier, sur les antennes de RFI (encore), il s’est laissé aller. A la question «alors que vous parlez de justice, plus de soixante personnalités de l’ancien régime sont en prison, aucune du côté des anciennes Forces Nouvelles ; est-ce que la justice ivoirienne n’est pas inéquitable ? », notre président a répondu : « Non, point du tout. Les personnalités qui sont en prison ont commis des crimes, soit économiques, soit de sang, donc ce sont des personnes qui méritent d’être en prison». Allez demander à un juge d’instruction ou au président de la Chambre d’Accusation de donner une suite favorable à une demande de liberté provisoire introduite par l’une de ces personnalités, après ça !

En France, en 2011, en parlant de l’affaire qui l’opposait en justice à l’ancien premier ministre Dominique de Villepin, l’ancien président, Nicolas Sarkozy, grand ami de notre président, s’était trompé en disant « présumé coupable » au lieu de « présumé innocent ». Cela avait provoqué une indignation généralisée, des responsables politiques, des responsables de syndicats de magistrats ont publiquement condamné ces propos. Au point où l’Elysée a dû produire un communiqué explicatif.

Mais c’est vrai qu’il s’agit de la France. Ici, les Ivoiriens ont tellement de soucis qu’ils se fichent complètement de ces choses. A la grande joie des violateurs récidivistes de l’article 22 de notre Constitution.

A.T
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