Les ‘‘Unes’’ de la presse ont été détournées. Elles ont été dirigées vers Akouédo. Alors qu’elles auraient toutes dû être tournées vers Paulette Badjo. C’est la Présidente de la Commission nationale d’enquête qui aurait dû faire la manchette des journaux hier. Et toute cette semaine d’ailleurs. Car ce sont les résultats de son travail – et surtout la suite qu’on en donnera- qui devrait mettre fin à la spirale de la violence en Côte d’Ivoire. Mercredi, alors que tout le monde ne parlait encore que d’Akouédo, Paulette Badjo remettait officiellement au Président Alassane Ouattara le rapport de la Commission Nationale d’Enquête sur les atteintes aux Droits de l’Homme et au Droit Humanitaire survenues après l’élection présidentielle des 31 octobre et 28 novembre 2010. L’enquête qui a couvert la période du 31 octobre 2010 au 15 mai 2011 a recensé 13464 victimes. Plus spécifiquement, 3248 cas de violation du droit à la vie, 1354 cas de torture, 196 cas de viol, 360 détentions illégales, 182 cas de pièces confisquées, 15483 cas de des destructions de bien, 8441 cas d’atteinte physique, 265 cas de disparition, 450 cas de séquestration etc. Le rapport ne se limite pas uniquement à ces statistiques. Il en indexe les auteurs. Il s’agit des ex-FDS, de miliciens et mercenaires pro-Gbagbo, de soldats des FRCI, de dozos et aussi de populations civiles. Le rapport insiste que les ex-FDS ont fait 1904 morts et les FRCI 544. Il s’agit donc d’un rapport qui épingle toutes les parties. On ne peut pas dire qu’elle a coupé la poire en deux. Car, il est évident aux yeux de tous que chacune des parties au conflit a commis – à des degrés divers certes – des exactions. « je remets ce rapport à Monsieur le Premier Ministre, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice afin qu’il l’examine avec le plus grand intérêt, en vue de prendre les mesures qui s’imposent. Conformément à nos engagements, ce rapport sera rendu public, afin que tous les Ivoiriens et tous ceux qui le souhaitent puissent en prendre connaissance », a déclaré le Président Ouattara. Puis d’insister sur sa « ferme volonté de lutter contre l’impunité et réaffirmer que toutes les personnes qui ont posé des actes répréhensibles, pendant la crise postélectorale, répondront de leurs actes devant la justice ». Voilà qui enlève tout doute sur la suite qui sera réservée aux travaux de la Commission. Les ex-FDS, les FRCI, les Dozos, les miliciens, les miliciens etc. tous sont menacés. Les attentes du Chef de l’Etat aux résultats de l’enquête de la Commission étaient connues. Lors de son récent voyage en France, il avait encore répété que nul ne sera épargné. Et c’est un homme qui tient parole. Il a mis en place cette commission, lui a donné les moyens et l’a laissé travailler. C’est dire qu’il veillera à ce que ses recommandations soient suivies. Place donc à la Justice.
KIGBAFORY Inza
KIGBAFORY Inza