Dr Saraka Konan Adolphe n’a pas quitté le PDCI-RDA. Il demeure, martèle-t-il, militant du vieux parti. Mais si l’ex-candidat indépendant devenu député n’a pas rejoint le groupe parlementaire de ce parti, cela est à mettre au compte de ses convictions personnelles. Le pharmacien de formation, autrefois réputé proche du président Bédié, que nous avons rencontré dans son officine de Treichville éclaire ici sa vision du mandat de député en tant que président d’un groupe parlementaire : le groupe « Dialogue » qu’il a fondé avec dix autres parlementaires. il se veut conciliant et centriste.
Vous êtes issu du PDCI-RDA et vous remportez les législatives en tant que candidat indépendant à Béoumi. Vous ne rejoignez pas votre parti d’origine comme l’ont fait des députés indépendants. Vous créez plutôt un groupe parlementaire «le groupe Dialogue ». Pourquoi ce choix ?
En choisissant le terme « dialogue », qui a une signification profonde, c’est par rapport à la ligne politique originale de Félix Houphouët- Boigny. La paix, l’amour entre les uns et les autres. Maintenant quant à savoir pourquoi je ne suis pas retourné au PDCI comme bien d’autres, je voudrais dire qu’en tant que membre du PDCI, nous appartenons à des milieux différents, nous avons vécu des fortunes diverses, chacun était candidat et sait qui l’a soutenu et qui ne l’a pas soutenu. Moi j’étais un candidat libre. Je réfléchis et j’existe par rapport à mes convictions. J’ai été candidat, le PDCI n’a pas retenu ma candidature puisqu’on ne m’a pas donné un mandat, on ne m’a pas dit non plus qu’on ne me retenait pas. Mais en fonction de mes convictions profondes, j’ai été candidat. Et quand j’ai gagné, j’aurais bien voulu que ce soit le Rdr qui fasse une requête contre moi. Mais au contraire c’est le PDCI qui dépose un recours. Sorti victorieux, aucune autorité éminente du PDCI ne m’a ni appelé pour me féliciter ni approché pour me demander d’aller ou que ce soit. On ne peut pas me reprocher de ne pas être parti là où on ne m’a pas appelé. Et puis dans ces choses-là, si je devais revenir, ce serait en échange de quoi ?
En échange de quoi seriez-vous retourné ?
Non ce ne sont pas des pleurs. Mais quand on se bat pour gagner on reçoit au moins des félicitations même si on ne te propose rien. Et puis quand on a posé des actes contre toi plus ou moins, qu’on reconnaisse au moins qu’on t’a blessé. D’une manière ou d’une autre chacun de nous a besoin d’un réconfort !
Et ce réconfort n’est jamais venu de la part de votre parti ?
Non je n’attendais rien de personne. Mais j’estime que quand on dit que je ne suis pas revenu au PDCI, je ne sais pas si quelqu’un m’avait dit de revenir. Qui m’a dit de revenir et je ne suis pas revenu ? Où m’a-t-on dit de partir et je ne suis pas parti ?
Quelle partition entend jouer le groupe parlementaire dialogue ? Est-ce pour accompagner, contredire ou participer à l’équilibre du débat ?
Le groupe Dialogue n’est pas un groupe d’opposition. Mais ce n’est pas aussi un groupe de participation. C’est un groupe de la société civile qui est composé de députés issus d’horizons divers et de la société civile. Donc il entend jouer sa partition en disant oui à ce qui est bien et non à ce qui ne l’est pas
Votre voix ne risque-t-elle pas d’être noyée au milieu des autres groupes plus forts comme le RDR qui a la majorité absolue et le PDCI ?
Le débat parlementaire n’est pas quantitatif. Il est qualitatif. Son intérêt se trouve dans l’imagination et dans la création. Maintenant le vote est quantitatif. Vous dites ce que vous pensez être bien et il appartient à la majorité de voter ce qu’elle veut. Si elle veut écouter ce que vous avez dit ou pas, c’est tant mieux mais vous aurez dit ce que vous devriez dire. L’histoire retiendra qu’à telle période, voici ce que tel a fait, voici ce que tel a dit. S’il faut aller au fond du trou et que vous proposez la meilleure voie, si malgré votre proposition, la majorité décide autre chose, elle aura décidé. Mais il ne faut pas empêcher les groupes de s’exprimer. Nous entendons nous exprimer, pas dans le sens de faire plaisir à qui que ce soit, mais pas aussi dans le sens de nuire et de dire des méchancetés gratuites contre qui que ce soit. Nous sortons d’une période difficile et nous avons le devoir de soutenir tous les efforts du gouvernement qui sont bons. Mais tout ce qui nous paraît ne pas aller dans le bon sens nous avons le devoir de faire des mises en garde. C’est cela la démocratie et le devoir du parlementaire.
Plusieurs débats vous attendent à l’Assemblée nationale. Le débat sur le foncier reste entier, la question de la nationalité, la réforme de la constitution… Comment votre groupe se prépare à ces sujets ?
Il faut dépassionner. C’est pour cela que nous nous situons au centre. La terre est importante en surface dans certaines régions mais elle est peut-être aussi importante en souterrain dans d’autres régions. Donc il faut tenir compte des droits des uns et des autres et faire en sorte qu’il y ait une équité dans tout ce qu’on décide. Nous allons nous situer dans cette optique dans un droit régalien. S’agissant de la Constitution, il ne faut pas parler des problèmes aujourd’hui parce que nous sortons d’une épreuve difficile. Pour tout ce qui est passionnel, il faut prendre le temps de dépassionner. Il faut faire une constitution qui est durable. Quand on fait des constitutions visant des personnes ce n’est jamais bon. Donc nous, nous allons dépassionner, agir en notre âme et conscience pour la Côte d’Ivoire.
Le problème foncier est l’un des points d’achoppement du débat national. Que faut-il faire aujourd’hui pour régler cette question ? Faut-il abroger ou appliquer la loi de 1998 ?
Je dirai qu’il y a une loi qui existe. S’il est nécessaire de la changer et que le gouvernement apporte un projet de loi, ou si un député fait une proposition de loi nous allons l’examiner. Je ne dirai pas plus que cela.
Certains partis et même des députés ont critiqué le découpage électoral qui a conduit aux élections législatives. Quel est votre point de vue là-dessus ?
Nous sommes tous partis sur une base. Bonne ou mauvaise, nous l’avons acceptée. Si maintenant, il y a de nouvelles dispositions et s’il y a des propositions au sein du parlement, nous analyserons.
Quel est votre regard sur le processus de réconciliation tel qu’il est conduit ?
J’ai l’impression qu’il y a des gens qui sont chargés de nous réconcilier et nous attendons de voir comment ils vont nous réconcilier. Si nous ne sommes pas disposés à nous réconcilier, comment nous pouvons nous réconcilier. Il faut que chaque ivoirien se saisisse de la réconciliation et se dise que tout le monde est responsable d’une manière ou d’une autre de ce qui est arrivé. Nous nous sommes battus pendant dix ans et nous devons changer notre manière de faire. Nous devons nous aimer les uns et les autres, nous devons nous pardonner. Si nous sommes prêts à nous aimer et à nous pardonner, et que quelqu’un vient nous demander de changer, en ce moment là, nous pouvons le faire. La réconciliation n’est pas la seule affaire du président Ouattara, ni du président Bédié ou du président Banny. Chaque ivoirien doit s’inscrire dans la réconciliation. Sinon qu’est-ce qu’on fait de la Côte d’Ivoire.
Mais certains de vos collègues députés estiment que Banny a échoué. Est-ce votre appréciation des choses ?
Est-ce que quand on fait une réconciliation, il y a un échec ? Est-ce qu’il y a une voie tracée pour Banny de réconcilier les gens ? C’est chacun de nous qui doit apporter sa contribution à l’édifice. Banny a ses méthodes. Chacun de nous doit l’aider. Le député est fait pour aider et non pour dire que quelqu’un a échoué. Que fait-il lui, pour que ça marche ? Je pense que quand il s’agit de réconciliation il n’y a jamais d’échec. Toutes les voies sont bonnes pourvu qu’il n’y ait pas dans les actions des uns et des autres l’intention de nuire. Qu’ils s’accordent pour qu’on aille de l’avant.
Pensez-vous qu’il y a des gens qui n’ont pas intérêt à ce que Banny réussisse ?
Je ne veux pas rentrer dans ce débat. La Côte d’Ivoire est blessée. Nous avons tous mal et nous avons intérêt que la Côte d’Ivoire renaisse. Il faut être conciliant et éviter les invectives qui peuvent blesser. Même si un conseiller de Banny a dit une phrase qui est peut-être bien placée ou mal placée, il faut aller dans le sens de la tolérance. Si on n’est pas tolérant et qu’on est prêt à prendre tout le monde au mot, on ne peut pas se réconcilier. Se réconcilier, c’est accepter la différence, c’est considérer les uns et les autres, c’est faire en sorte que la Côte d’Ivoire retrouve ses enfants du nord, du sud, de l’ouest et de l’est. Il n’y a rien qui divise les ivoiriens fondamentalement. Tout ce qui est arrivé, c’est du fait de la politique. J’en appelle donc aux uns et aux autres de revenir à de meilleurs sentiments pour qu’on avance. La France disait à l’époque qu’elle n’a pas le pétrole mais elle a des idées. Ici nous avons non seulement les idées mais également du pétrole. Qu’est-ce qui nous empêche d’avancer si ce n’est la tolérance ! Nous avons les enseignements du père fondateur qui sont aujourd’hui comme des vérités bibliques. Soyons plus tolérants et puis aimons-nous les uns et les autres. La paix sera au bout. Je ne tiens pas compte des paroles des uns et des autres qui refusent. Dans tous les cas même si on doit faire la paix, il faut tenir compte de la justice. Bien sûr il faut éviter une justice inéquitable. Mais il ne faut pas aussi dire que parce qu’on te juge pour ce que tu as fait, pourquoi on ne juge pas les autres. Il n’est pas écrit qu’on doit juger tout le monde en même temps. On juge encore tous ceux qui ont tué pendant la guerre mondiale.
A quoi les Ivoiriens doivent s’en tenir aujourd’hui ?
On peut avoir tous des ressentiments d’une manière ou d’une autre. Mais on a un bien commun, c’est la Côte d’Ivoire. Les sentiments de vengeance, les sentiments de guerriers nous ont perdus. Donc moi j’en appelle aux gens de droite comme de gauche de revenir à la chose commune. Asseyons-nous et travaillons ensemble. Tout le monde est appelé à commettre des bêtises mais reconnaissons notre faute pour que nous soyons pardonnés. Aussi, alors que le soleil est à sa même position, on pense qu’il tourne. Or c’est la terre qui tourne autour du soleil. Donc quand le soleil vous éclaire, sachez que tôt ou tard, il y aura l’obscurité. Quand le soleil brille sur vous, politiquement, ne pensez pas qu’il brillera éternellement sur vous. Si l’on a conscience que l’obscurité interviendra un jour, on fait attention au moment où le soleil brille sur nous. C’est un cycle qu’on ignore souvent parce qu’on est sur la terre et comme elle est si grande qu’on ne voit pas ses mouvements. Mais sachons que nous sommes sur une terre qui est mouvante. Tout cela pour dire aux uns et aux autres que quelles que soient notre force et notre faiblesse, quelles que soient nos pensées, il faut revenir à de meilleurs sentiments pour une Côte d’Ivoire meilleure.
Par S. Débailly
Vous êtes issu du PDCI-RDA et vous remportez les législatives en tant que candidat indépendant à Béoumi. Vous ne rejoignez pas votre parti d’origine comme l’ont fait des députés indépendants. Vous créez plutôt un groupe parlementaire «le groupe Dialogue ». Pourquoi ce choix ?
En choisissant le terme « dialogue », qui a une signification profonde, c’est par rapport à la ligne politique originale de Félix Houphouët- Boigny. La paix, l’amour entre les uns et les autres. Maintenant quant à savoir pourquoi je ne suis pas retourné au PDCI comme bien d’autres, je voudrais dire qu’en tant que membre du PDCI, nous appartenons à des milieux différents, nous avons vécu des fortunes diverses, chacun était candidat et sait qui l’a soutenu et qui ne l’a pas soutenu. Moi j’étais un candidat libre. Je réfléchis et j’existe par rapport à mes convictions. J’ai été candidat, le PDCI n’a pas retenu ma candidature puisqu’on ne m’a pas donné un mandat, on ne m’a pas dit non plus qu’on ne me retenait pas. Mais en fonction de mes convictions profondes, j’ai été candidat. Et quand j’ai gagné, j’aurais bien voulu que ce soit le Rdr qui fasse une requête contre moi. Mais au contraire c’est le PDCI qui dépose un recours. Sorti victorieux, aucune autorité éminente du PDCI ne m’a ni appelé pour me féliciter ni approché pour me demander d’aller ou que ce soit. On ne peut pas me reprocher de ne pas être parti là où on ne m’a pas appelé. Et puis dans ces choses-là, si je devais revenir, ce serait en échange de quoi ?
En échange de quoi seriez-vous retourné ?
Non ce ne sont pas des pleurs. Mais quand on se bat pour gagner on reçoit au moins des félicitations même si on ne te propose rien. Et puis quand on a posé des actes contre toi plus ou moins, qu’on reconnaisse au moins qu’on t’a blessé. D’une manière ou d’une autre chacun de nous a besoin d’un réconfort !
Et ce réconfort n’est jamais venu de la part de votre parti ?
Non je n’attendais rien de personne. Mais j’estime que quand on dit que je ne suis pas revenu au PDCI, je ne sais pas si quelqu’un m’avait dit de revenir. Qui m’a dit de revenir et je ne suis pas revenu ? Où m’a-t-on dit de partir et je ne suis pas parti ?
Quelle partition entend jouer le groupe parlementaire dialogue ? Est-ce pour accompagner, contredire ou participer à l’équilibre du débat ?
Le groupe Dialogue n’est pas un groupe d’opposition. Mais ce n’est pas aussi un groupe de participation. C’est un groupe de la société civile qui est composé de députés issus d’horizons divers et de la société civile. Donc il entend jouer sa partition en disant oui à ce qui est bien et non à ce qui ne l’est pas
Votre voix ne risque-t-elle pas d’être noyée au milieu des autres groupes plus forts comme le RDR qui a la majorité absolue et le PDCI ?
Le débat parlementaire n’est pas quantitatif. Il est qualitatif. Son intérêt se trouve dans l’imagination et dans la création. Maintenant le vote est quantitatif. Vous dites ce que vous pensez être bien et il appartient à la majorité de voter ce qu’elle veut. Si elle veut écouter ce que vous avez dit ou pas, c’est tant mieux mais vous aurez dit ce que vous devriez dire. L’histoire retiendra qu’à telle période, voici ce que tel a fait, voici ce que tel a dit. S’il faut aller au fond du trou et que vous proposez la meilleure voie, si malgré votre proposition, la majorité décide autre chose, elle aura décidé. Mais il ne faut pas empêcher les groupes de s’exprimer. Nous entendons nous exprimer, pas dans le sens de faire plaisir à qui que ce soit, mais pas aussi dans le sens de nuire et de dire des méchancetés gratuites contre qui que ce soit. Nous sortons d’une période difficile et nous avons le devoir de soutenir tous les efforts du gouvernement qui sont bons. Mais tout ce qui nous paraît ne pas aller dans le bon sens nous avons le devoir de faire des mises en garde. C’est cela la démocratie et le devoir du parlementaire.
Plusieurs débats vous attendent à l’Assemblée nationale. Le débat sur le foncier reste entier, la question de la nationalité, la réforme de la constitution… Comment votre groupe se prépare à ces sujets ?
Il faut dépassionner. C’est pour cela que nous nous situons au centre. La terre est importante en surface dans certaines régions mais elle est peut-être aussi importante en souterrain dans d’autres régions. Donc il faut tenir compte des droits des uns et des autres et faire en sorte qu’il y ait une équité dans tout ce qu’on décide. Nous allons nous situer dans cette optique dans un droit régalien. S’agissant de la Constitution, il ne faut pas parler des problèmes aujourd’hui parce que nous sortons d’une épreuve difficile. Pour tout ce qui est passionnel, il faut prendre le temps de dépassionner. Il faut faire une constitution qui est durable. Quand on fait des constitutions visant des personnes ce n’est jamais bon. Donc nous, nous allons dépassionner, agir en notre âme et conscience pour la Côte d’Ivoire.
Le problème foncier est l’un des points d’achoppement du débat national. Que faut-il faire aujourd’hui pour régler cette question ? Faut-il abroger ou appliquer la loi de 1998 ?
Je dirai qu’il y a une loi qui existe. S’il est nécessaire de la changer et que le gouvernement apporte un projet de loi, ou si un député fait une proposition de loi nous allons l’examiner. Je ne dirai pas plus que cela.
Certains partis et même des députés ont critiqué le découpage électoral qui a conduit aux élections législatives. Quel est votre point de vue là-dessus ?
Nous sommes tous partis sur une base. Bonne ou mauvaise, nous l’avons acceptée. Si maintenant, il y a de nouvelles dispositions et s’il y a des propositions au sein du parlement, nous analyserons.
Quel est votre regard sur le processus de réconciliation tel qu’il est conduit ?
J’ai l’impression qu’il y a des gens qui sont chargés de nous réconcilier et nous attendons de voir comment ils vont nous réconcilier. Si nous ne sommes pas disposés à nous réconcilier, comment nous pouvons nous réconcilier. Il faut que chaque ivoirien se saisisse de la réconciliation et se dise que tout le monde est responsable d’une manière ou d’une autre de ce qui est arrivé. Nous nous sommes battus pendant dix ans et nous devons changer notre manière de faire. Nous devons nous aimer les uns et les autres, nous devons nous pardonner. Si nous sommes prêts à nous aimer et à nous pardonner, et que quelqu’un vient nous demander de changer, en ce moment là, nous pouvons le faire. La réconciliation n’est pas la seule affaire du président Ouattara, ni du président Bédié ou du président Banny. Chaque ivoirien doit s’inscrire dans la réconciliation. Sinon qu’est-ce qu’on fait de la Côte d’Ivoire.
Mais certains de vos collègues députés estiment que Banny a échoué. Est-ce votre appréciation des choses ?
Est-ce que quand on fait une réconciliation, il y a un échec ? Est-ce qu’il y a une voie tracée pour Banny de réconcilier les gens ? C’est chacun de nous qui doit apporter sa contribution à l’édifice. Banny a ses méthodes. Chacun de nous doit l’aider. Le député est fait pour aider et non pour dire que quelqu’un a échoué. Que fait-il lui, pour que ça marche ? Je pense que quand il s’agit de réconciliation il n’y a jamais d’échec. Toutes les voies sont bonnes pourvu qu’il n’y ait pas dans les actions des uns et des autres l’intention de nuire. Qu’ils s’accordent pour qu’on aille de l’avant.
Pensez-vous qu’il y a des gens qui n’ont pas intérêt à ce que Banny réussisse ?
Je ne veux pas rentrer dans ce débat. La Côte d’Ivoire est blessée. Nous avons tous mal et nous avons intérêt que la Côte d’Ivoire renaisse. Il faut être conciliant et éviter les invectives qui peuvent blesser. Même si un conseiller de Banny a dit une phrase qui est peut-être bien placée ou mal placée, il faut aller dans le sens de la tolérance. Si on n’est pas tolérant et qu’on est prêt à prendre tout le monde au mot, on ne peut pas se réconcilier. Se réconcilier, c’est accepter la différence, c’est considérer les uns et les autres, c’est faire en sorte que la Côte d’Ivoire retrouve ses enfants du nord, du sud, de l’ouest et de l’est. Il n’y a rien qui divise les ivoiriens fondamentalement. Tout ce qui est arrivé, c’est du fait de la politique. J’en appelle donc aux uns et aux autres de revenir à de meilleurs sentiments pour qu’on avance. La France disait à l’époque qu’elle n’a pas le pétrole mais elle a des idées. Ici nous avons non seulement les idées mais également du pétrole. Qu’est-ce qui nous empêche d’avancer si ce n’est la tolérance ! Nous avons les enseignements du père fondateur qui sont aujourd’hui comme des vérités bibliques. Soyons plus tolérants et puis aimons-nous les uns et les autres. La paix sera au bout. Je ne tiens pas compte des paroles des uns et des autres qui refusent. Dans tous les cas même si on doit faire la paix, il faut tenir compte de la justice. Bien sûr il faut éviter une justice inéquitable. Mais il ne faut pas aussi dire que parce qu’on te juge pour ce que tu as fait, pourquoi on ne juge pas les autres. Il n’est pas écrit qu’on doit juger tout le monde en même temps. On juge encore tous ceux qui ont tué pendant la guerre mondiale.
A quoi les Ivoiriens doivent s’en tenir aujourd’hui ?
On peut avoir tous des ressentiments d’une manière ou d’une autre. Mais on a un bien commun, c’est la Côte d’Ivoire. Les sentiments de vengeance, les sentiments de guerriers nous ont perdus. Donc moi j’en appelle aux gens de droite comme de gauche de revenir à la chose commune. Asseyons-nous et travaillons ensemble. Tout le monde est appelé à commettre des bêtises mais reconnaissons notre faute pour que nous soyons pardonnés. Aussi, alors que le soleil est à sa même position, on pense qu’il tourne. Or c’est la terre qui tourne autour du soleil. Donc quand le soleil vous éclaire, sachez que tôt ou tard, il y aura l’obscurité. Quand le soleil brille sur vous, politiquement, ne pensez pas qu’il brillera éternellement sur vous. Si l’on a conscience que l’obscurité interviendra un jour, on fait attention au moment où le soleil brille sur nous. C’est un cycle qu’on ignore souvent parce qu’on est sur la terre et comme elle est si grande qu’on ne voit pas ses mouvements. Mais sachons que nous sommes sur une terre qui est mouvante. Tout cela pour dire aux uns et aux autres que quelles que soient notre force et notre faiblesse, quelles que soient nos pensées, il faut revenir à de meilleurs sentiments pour une Côte d’Ivoire meilleure.
Par S. Débailly