Après le forum social tenu, il y a quelques jours, entre le Premier ministre Jeannot Kouadio-Ahoussou et les organisations syndicales, une voix s’élève du côté de l’Ugtci, l’une des plus anciennes centrales syndicales du pays. Pour parler du congrès électif prévu pour septembre 2012 prochain. Candidate au poste de secrétaire général de cette centrale, Mme Guiéhoa née Coulibaly Mariétou, actuellement conseillère spéciale du leader Adé Mensah, est cette voix qui s’élève pour parler de sa candidature. Elle nous a rendu visite pour s’en ouvrir aux lecteurs.
Vous êtes, pour ainsi dire, une ancienne de l’Ugtci. Aujourd’hui, vous voulez diriger cette Union. Peut-on en savoir les raisons ?
Je suis madame Guiéhoa née Coulibaly Mariatou. Si je veux briguer ce mandat, c’est parce que je m’en sens maintenant capable. Je ne suis pas néophyte, parce qu’au niveau national, j’étais secrétaire général de mon syndicat de base de 1992 à 2000, et puis depuis 1999, j’ai été élue vice-présidente mondiale du Comité des femmes de la Cisf, qui est la Confédération internationale syndicale des femmes, qui s’est tenue en Australie. Ensuite, au niveau international, j’ai été élue en 2006 à la seule organisation qui a été créée sur le plan mondial, de la Cieci, je suis membre du comité exécutif. Maintenant au niveau national, j’étais secrétaire national chargée des Femmes à l’Ugtci. J’étais secrétaire général adjoint et présentement, depuis le congrès de 2005, j’ai été choisie comme conseillère spéciale du secrétaire général Adé Mensah. On était d’accord, parce qu’il m’avait dit qu’il ferait un mandat de 5 ans. Les cinq ans sont finis. Je me suis dit qu’il était temps que je mette mon expérience acquise au niveau national, continental et international au service du développement partagé de mon pays sur le plan syndical, pour aider la jeune génération à mieux gérer la Centrale.
Est-ce que c’est la touche féminine que vous voulez apporter à l’Ugtci ou bien la somme d’expériences que vous avez acquises pendant ces longues années ?
Je pense que les deux vont de pair, parce que non seulement j’ai acquis une certaine expérience au niveau national, continental et international, mais je veux aussi mettre au service de la Centrale le feeling dans un esprit apaisé. A l’Ugtci, nous avons toujours fait du syndicalisme de participation, ce qui est tout à fait vrai, parce que j’ai toujours dit aux gens qu’on ne peut pas raser la tête de quelqu’un à son absence. Donc, dans ce même créneau des pères-fondateurs, nous n’allons pas changer. Quand la houe existe, il ne faut pas l’inventer, il faut tout simplement l’améliorer. Evidemment, comme vous l’avez bien dit, je vais apporter une touche féminine dans un esprit apaisé pour qu’on puisse faire du syndicalisme de participation, qui soit constructif.
L’Ugtci, c’est quand même la plus importante organisation syndicale en Côte d’Ivoire. Dans le contexte nouveau, quel sera vraiment votre apport ? Qu’entendez-vous faire pour les travailleurs de Côte d’Ivoire ?
Mais ce que j’entends faire pour les travailleurs de Côte d’Ivoire n’est pas aussi nouveau que cela. Un syndicat se crée pour améliorer les conditions de vie des travailleurs. Avec la crise que nous avons connue, tout le monde a été touché, et particulièrement les travailleurs. Et vous savez qu’en Afrique, quand un seul travaille, c’est pour nourrir plus de dix personnes. Donc nous allons faire en sorte que nos problèmes puissent être réglés. C’est une approche de solution. Je ne détiens pas toutes les solutions aux problèmes du travail, mais je dis que chacun va y participer. C’est pourquoi nous parlons de solidarité. Si nous mettons notre expertise ensemble, on pourra aller de l’avant. Nous trouverons des solutions, parce que quand vous allez voir un médecin, si vous ne lui permettez pas de bien diagnostiquer vos problèmes de santé, il ne pourra pas bien vous soigner. Et donc nous pensons que si nous nous mettons ensemble, nous ferons en sorte que, quel que soit le pouvoir, nous trouverons les solutions à nos problèmes. Figurez-vous que dans un des articles de l’Ugtci, on a dit que la Centrale peut travailler avec tous ceux qui sont au pouvoir. C’est vrai, mais nous ferons en sorte que les problèmes des travailleurs soient mis à l’avant. C’est ça le créneau à l’Ugtci. Nous ferons en sorte que tout soit pris en compte, surtout au niveau du dialogue social. Vous savez que l’Ugtci est une Centrale qui n’est pas violente. Elle est très démocratique. Nous ferons en sorte d’être dans le tempo des pères fondateurs pour que tout se passe de façon paisible, de façon respectueuse. Mais cela ne veut pas dire que c’est une faiblesse.
Les travailleurs ont souvent fait le reproche aux dirigeants syndicaux de ne plus être très attentifs aux cris de la base, une fois à la tête des organisations. Quelle dirigeante serez-vous ?
Ce qu’on reproche aux dirigeants est vrai. Mais il faut savoir que je ne suis pas sortie du néant et je ne suis pas néophyte dans le domaine. Je suis de la maison. Je sais donc ce qu’on a reproché et ce qu’on reproche aux dirigeants. Par rapport à cela, on va se mettre ensemble. Nous allons travailler de façon collégiale. C’est pour cela que notre équipe s’appelle Solidarité. Ce n’est pas un mot fortuit. Cela fait partie des règles fondamentales du syndicalisme : il y a d’abord la solidarité, ensuite la discipline et le travail. Si on se met donc ensemble, et qu’on applique le dialogue social qui est la clé de voûte du syndicalisme, je pense qu’on peut régler un certain nombre de choses. Je ne vous apprends rien mais vous savez qu’en communication, le manque d’informations est source de conflits. Si on échange, on trouvera les solutions ensemble, pourvu qu’on soit assis autour d’une table pour discuter et mettre les idées ensemble. Mais si vous faites comme ceux qui viennent avec les projets clé en main sans consulter la population, vos projets échouent toujours. Nous allons donc faire en sorte de nous mettre ensemble pour voir ce qu’on peut faire et qui va rejaillir sur l’épanouissement des travailleurs. Je vous l’ai dit, nous n’allons pas inventer la houe. Quand elle existe, il faut l’améliorer. Cela veut dire qu’il y a une base que nous allons améliorer en apportant notre expertise pour le bonheur des travailleurs de Côte d’Ivoire.
Avez-vous le sentiment que les travailleurs vous connaissent, qu’ils vous écoutent et qu’ils ont votre soutien ? Est-ce que vous croyez en vos chances ?
Si je vous dis que les travailleurs vont m’élire, me croirez-vous ? C’est une question que je vous retourne. Vous savez que quand on va à une bataille, on ne se dit jamais vaincu. Mais je dis que nonobstant cet aspect-là, j’ai quand même des références, parce que n’est pas secrétaire général adjoint qui le veut et je l’ai été au temps d’Adiko Niamkey. Et on ne prend pas qui on veut comme conseiller spécial si la personne n’a rien à vous apporter et je le suis pour le secrétaire général Adé Mensah. Je pense qu’avec cet atout, les travailleurs me connaissent. En tout cas, je pense qu’ils me connaissent, mais comme je le dis, je suis croyante, tout est dans les mains de Dieu. Si Dieu dit que c’est mon tour, cela le sera. S’il le décide autrement, je serai fair-play et je souhaiterai plein succès à celui qui sera élu démocratiquement et s’il le veut, je mettrai mon expertise à son service. Ce n’est pas pour ma petite personne que je suis candidate, car je ne suis rien sans les autres.
Dans la perspective de la tenue de votre congrès prévu pour septembre 2012, quel message pouvez-vous passer à vos camarades travailleurs?
C’est de leur dire qu’il faut qu’on se mette ensemble dans l’équipe Solidarité pour que nous soyons capables de bâtir dans la paix la maison fissurée de l’Ugtci. Il y a des problèmes à l’Ugtci. J’ai toujours dit aux gens que le linge sale se lave en famille. Il faut donc qu’on se mette ensemble pour repartir sur de bonnes bases pour que les pères fondateurs ne puissent pas regretter. Quand l’Ugtci a été créée le 4 août 1962, nous étions la meilleure et nous étions les premiers. Avec le vent du multipartisme, beaucoup de syndicats sont partis de l’Ugtci. Il faut qu’ils reviennent et nous allons nous atteler à redorer le blason. Nous avons l’expertise avec nous et ce n’est pas ce qui manque. Pourvu que, comme le disaient les pères fondateurs, nous puissions être humbles. C’est pour cela que je dis qu’à moi seule, je ne peux rien, mais ensemble avec les autres, on peut repartir sur une nouvelle base, et l’Ugtci sera la première centrale au niveau de la Côte d’Ivoire, et pourquoi pas, avec une femme à la tête.
Interview réalisée par AKWABA SAINT-CLAIR
Collaboration : SYLVAIN TAKOUE
Vous êtes, pour ainsi dire, une ancienne de l’Ugtci. Aujourd’hui, vous voulez diriger cette Union. Peut-on en savoir les raisons ?
Je suis madame Guiéhoa née Coulibaly Mariatou. Si je veux briguer ce mandat, c’est parce que je m’en sens maintenant capable. Je ne suis pas néophyte, parce qu’au niveau national, j’étais secrétaire général de mon syndicat de base de 1992 à 2000, et puis depuis 1999, j’ai été élue vice-présidente mondiale du Comité des femmes de la Cisf, qui est la Confédération internationale syndicale des femmes, qui s’est tenue en Australie. Ensuite, au niveau international, j’ai été élue en 2006 à la seule organisation qui a été créée sur le plan mondial, de la Cieci, je suis membre du comité exécutif. Maintenant au niveau national, j’étais secrétaire national chargée des Femmes à l’Ugtci. J’étais secrétaire général adjoint et présentement, depuis le congrès de 2005, j’ai été choisie comme conseillère spéciale du secrétaire général Adé Mensah. On était d’accord, parce qu’il m’avait dit qu’il ferait un mandat de 5 ans. Les cinq ans sont finis. Je me suis dit qu’il était temps que je mette mon expérience acquise au niveau national, continental et international au service du développement partagé de mon pays sur le plan syndical, pour aider la jeune génération à mieux gérer la Centrale.
Est-ce que c’est la touche féminine que vous voulez apporter à l’Ugtci ou bien la somme d’expériences que vous avez acquises pendant ces longues années ?
Je pense que les deux vont de pair, parce que non seulement j’ai acquis une certaine expérience au niveau national, continental et international, mais je veux aussi mettre au service de la Centrale le feeling dans un esprit apaisé. A l’Ugtci, nous avons toujours fait du syndicalisme de participation, ce qui est tout à fait vrai, parce que j’ai toujours dit aux gens qu’on ne peut pas raser la tête de quelqu’un à son absence. Donc, dans ce même créneau des pères-fondateurs, nous n’allons pas changer. Quand la houe existe, il ne faut pas l’inventer, il faut tout simplement l’améliorer. Evidemment, comme vous l’avez bien dit, je vais apporter une touche féminine dans un esprit apaisé pour qu’on puisse faire du syndicalisme de participation, qui soit constructif.
L’Ugtci, c’est quand même la plus importante organisation syndicale en Côte d’Ivoire. Dans le contexte nouveau, quel sera vraiment votre apport ? Qu’entendez-vous faire pour les travailleurs de Côte d’Ivoire ?
Mais ce que j’entends faire pour les travailleurs de Côte d’Ivoire n’est pas aussi nouveau que cela. Un syndicat se crée pour améliorer les conditions de vie des travailleurs. Avec la crise que nous avons connue, tout le monde a été touché, et particulièrement les travailleurs. Et vous savez qu’en Afrique, quand un seul travaille, c’est pour nourrir plus de dix personnes. Donc nous allons faire en sorte que nos problèmes puissent être réglés. C’est une approche de solution. Je ne détiens pas toutes les solutions aux problèmes du travail, mais je dis que chacun va y participer. C’est pourquoi nous parlons de solidarité. Si nous mettons notre expertise ensemble, on pourra aller de l’avant. Nous trouverons des solutions, parce que quand vous allez voir un médecin, si vous ne lui permettez pas de bien diagnostiquer vos problèmes de santé, il ne pourra pas bien vous soigner. Et donc nous pensons que si nous nous mettons ensemble, nous ferons en sorte que, quel que soit le pouvoir, nous trouverons les solutions à nos problèmes. Figurez-vous que dans un des articles de l’Ugtci, on a dit que la Centrale peut travailler avec tous ceux qui sont au pouvoir. C’est vrai, mais nous ferons en sorte que les problèmes des travailleurs soient mis à l’avant. C’est ça le créneau à l’Ugtci. Nous ferons en sorte que tout soit pris en compte, surtout au niveau du dialogue social. Vous savez que l’Ugtci est une Centrale qui n’est pas violente. Elle est très démocratique. Nous ferons en sorte d’être dans le tempo des pères fondateurs pour que tout se passe de façon paisible, de façon respectueuse. Mais cela ne veut pas dire que c’est une faiblesse.
Les travailleurs ont souvent fait le reproche aux dirigeants syndicaux de ne plus être très attentifs aux cris de la base, une fois à la tête des organisations. Quelle dirigeante serez-vous ?
Ce qu’on reproche aux dirigeants est vrai. Mais il faut savoir que je ne suis pas sortie du néant et je ne suis pas néophyte dans le domaine. Je suis de la maison. Je sais donc ce qu’on a reproché et ce qu’on reproche aux dirigeants. Par rapport à cela, on va se mettre ensemble. Nous allons travailler de façon collégiale. C’est pour cela que notre équipe s’appelle Solidarité. Ce n’est pas un mot fortuit. Cela fait partie des règles fondamentales du syndicalisme : il y a d’abord la solidarité, ensuite la discipline et le travail. Si on se met donc ensemble, et qu’on applique le dialogue social qui est la clé de voûte du syndicalisme, je pense qu’on peut régler un certain nombre de choses. Je ne vous apprends rien mais vous savez qu’en communication, le manque d’informations est source de conflits. Si on échange, on trouvera les solutions ensemble, pourvu qu’on soit assis autour d’une table pour discuter et mettre les idées ensemble. Mais si vous faites comme ceux qui viennent avec les projets clé en main sans consulter la population, vos projets échouent toujours. Nous allons donc faire en sorte de nous mettre ensemble pour voir ce qu’on peut faire et qui va rejaillir sur l’épanouissement des travailleurs. Je vous l’ai dit, nous n’allons pas inventer la houe. Quand elle existe, il faut l’améliorer. Cela veut dire qu’il y a une base que nous allons améliorer en apportant notre expertise pour le bonheur des travailleurs de Côte d’Ivoire.
Avez-vous le sentiment que les travailleurs vous connaissent, qu’ils vous écoutent et qu’ils ont votre soutien ? Est-ce que vous croyez en vos chances ?
Si je vous dis que les travailleurs vont m’élire, me croirez-vous ? C’est une question que je vous retourne. Vous savez que quand on va à une bataille, on ne se dit jamais vaincu. Mais je dis que nonobstant cet aspect-là, j’ai quand même des références, parce que n’est pas secrétaire général adjoint qui le veut et je l’ai été au temps d’Adiko Niamkey. Et on ne prend pas qui on veut comme conseiller spécial si la personne n’a rien à vous apporter et je le suis pour le secrétaire général Adé Mensah. Je pense qu’avec cet atout, les travailleurs me connaissent. En tout cas, je pense qu’ils me connaissent, mais comme je le dis, je suis croyante, tout est dans les mains de Dieu. Si Dieu dit que c’est mon tour, cela le sera. S’il le décide autrement, je serai fair-play et je souhaiterai plein succès à celui qui sera élu démocratiquement et s’il le veut, je mettrai mon expertise à son service. Ce n’est pas pour ma petite personne que je suis candidate, car je ne suis rien sans les autres.
Dans la perspective de la tenue de votre congrès prévu pour septembre 2012, quel message pouvez-vous passer à vos camarades travailleurs?
C’est de leur dire qu’il faut qu’on se mette ensemble dans l’équipe Solidarité pour que nous soyons capables de bâtir dans la paix la maison fissurée de l’Ugtci. Il y a des problèmes à l’Ugtci. J’ai toujours dit aux gens que le linge sale se lave en famille. Il faut donc qu’on se mette ensemble pour repartir sur de bonnes bases pour que les pères fondateurs ne puissent pas regretter. Quand l’Ugtci a été créée le 4 août 1962, nous étions la meilleure et nous étions les premiers. Avec le vent du multipartisme, beaucoup de syndicats sont partis de l’Ugtci. Il faut qu’ils reviennent et nous allons nous atteler à redorer le blason. Nous avons l’expertise avec nous et ce n’est pas ce qui manque. Pourvu que, comme le disaient les pères fondateurs, nous puissions être humbles. C’est pour cela que je dis qu’à moi seule, je ne peux rien, mais ensemble avec les autres, on peut repartir sur une nouvelle base, et l’Ugtci sera la première centrale au niveau de la Côte d’Ivoire, et pourquoi pas, avec une femme à la tête.
Interview réalisée par AKWABA SAINT-CLAIR
Collaboration : SYLVAIN TAKOUE