La campagne au titre de l’année 2012 de la noix de cajou tire à sa fin. Cependant, les producteurs africains de cette spéculation ne sont pas bien lotis. Ils sont victimes du marché international dominé par l’Inde et le Viet-Nam. C’est ce qui ressort de la rencontre organisée lundi dernier à Dimbokro entre l’Autorité de régultion du coton et de l’anacarde dont voici la communication du PCA, M. Bamba Mamadou.
Contexte et justification
La campagne 2012 de commercialisation de la noix de cajou a débuté en mars avec l’annonce du prix d’achat indicatif bord champs et la publication de la liste des opérateurs agréés à l’exportation des noix de cajou.
Un prix bord champs indicatif de 310 FCFA/Kg a été fixé en début de campagne (21 février 2012), après les concertations avec les trois groupes d’acteurs (producteurs, exportateurs et transformateurs).
Le prix bord champ pratiqué effectivement sur le terrain en début de campagne (de mars à mai) a varié de 150 à 200 FCFA/kg. Ce prix va remonter progressivement pour atteindre son plus haut niveau aux mois de mai et juin entre 315 FCFA et 350 FCFA/kg, avant de redescendre à moins de 150 F CFA à la fin du mois de juin.
L’évolution des prix bord champs dépend fortement de celle des prix offerts aux exportateurs de noix de cajou par les importateurs indiens, vietnamiens et brésiliens. Le faible niveau actuel de ces prix a entrainé un ralentissement des achats bord champs.
Cette situation qui est très mal vécue par tous les acteurs de la filière, particulièrement les producteurs, est diversement interprétée ou présentée dans la presse.
C’est également une préoccupation majeure pour le Gouvernement. Aussi, conformément à sa mission de régulation, l’ARECA propose-t-elle la présente note pour donner un éclairage à l’opinion nationale, aux acteurs et partenaires de la filière sur la situation de la commercialisation des noix de cajou.
A travers cette note, l’ARECA propose également des mesures de relance de la commercialisation à court terme et d’amélioration des revenus des producteurs à moyen et long terme.
Présentation de l’ARECA
L’ARECA a été instituée par l’Ordonnance n° 2002-448 du 16 septembre 2002 fixant le cadre organisationnel des filières Coton et Anacarde et créée sous la forme d’une société d’Etat par le Décret n°2002-449 du 16 septembre 2002. Elle a démarré ses activités en mars 2003 et ses missions sont, entre autres:
le suivi et le contrôle de l’application des règles de régulation et d’arbitrage dans l’exercice des activités des filières coton et anacarde ;
la définition, à la demande du Gouvernement, des actions et propositions tendant à l’amélioration de la gestion de ces filières, l’adaptation des textes et régimes fiscaux ;
l’instruction et la délivrance de l’agrément des opérateurs ;
la participation à la négociation et l’application d’accords et arrangements internationaux ;
la promotion des relations avec les opérateurs des filières.
Problématique de la commercialisation des noix de cajou
Au stade actuel de l’organisation de la filière anacarde, la commercialisation intérieure est régulée dans certaines localités, par les comités départementaux de suivi mis en place par arrêtés préfectoraux. Ces comités sont chargés entre autres de veiller au respect des prix, de la qualité et de lutter contre la fuite des produits.
La problématique de la commercialisation des noix de cajou se traduit par le ralentissement des achats observés depuis le mois de juin. Au stade actuel de la campagne (31 juillet 2012) :
environ 300 000 tonnes de noix de cajou ont été exportées ;
les stocks portuaires sont évalués à 50 000 tonnes ;
environ 20 000 tonnes de noix de cajou ont été absorbées par l’industrie locale ;
environ 70 000 tonnes, représentant 16% de la production nationale seraient détenus par les producteurs et acheteurs dans les zones de production.
A l’analyse, plusieurs facteurs expliquent cette situation.
Variabilité du prix bord champs
Diverses raisons expliquent la variabilité des prix bord champs des noix de cajou au cours de la campagne 2012.
En début de campagne, l’existence de stocks importants de produits au niveau des pays transformateurs (Inde, Vietnam, Brésil) du fait de la baisse de la consommation et des commandes d’amandes de cajou par les pays consommateurs (Etats unis, Union Européenne) a réduit les commandes de noix de cajou d’origine ivoirienne, justifiant ainsi la faiblesse du prix proposé aux producteurs ;
Au cours du mois de juin, l’engorgement du Port d’Abidjan dû à un manque de conteneurs et de navires va entraîner une nouvelle baisse des prix jusqu’à 150 FCFA/kg dans certaines régions ;
En outre, la forte hausse du dollar par rapport à l’Euro et à la Roupie indienne va reduire le pouvoir d’achat des importateurs indiens. En effet, de janvier à juin 2012, le dollar est passé de 430 F CFA (0,65 euro) à près de 530 F CFA (0,80 euro).
De manière générale, pour mieux comprendre la variabilité des prix des noix de cajou, il faut tenir compte du fait que le commerce de ce produit est dominé par les industriels indiens, vietnamiens et brésiliens, seuls importateurs de noix brutes et seuls exportateurs d’amandes. Ces indsutriels s’approvisionnent de manière itinérante sur les côtes africaines en fonction des périodes de récolte et des commandes d’amandes effectuées par les grands cconsommateurs américains, européens, arabes et asiatiques. Les prix des noix de cajou vont donc varier essentiellement en fonction de l’offre de noix de cajou (qualité et volume) dans les pays exportateurs et de la consommation mondiale d’amandes (prix et volume).
Le niveau du prix relativement bas au démarrage de la campagne dépend:
des préfinancements octroyés aux producteurs pendant la période de soudure par les acheteurs;
du niveau des stocks de noix de cajou dans les autres pays producteurs, notamment en Tanzanie, au Mozambique, Guinée Bissau, etc. ;
du niveau de la production propre des grands pays importateurs (Inde, Vietnam et Brésil).
Les niveaux de départ évoluent au cours de la campagne en fonction de divers facteurs.
De mars à avril, voire mai selon les campagnes, les incertitudes sur la production et le jeu de la concurrence entre les exportateurs soucieux de couvrir leurs contrats entrainent généralement une hausse des prix.
Dès que les informations de terrains les assurent de la disponibilité de stocks importants et au fil de la couverture de leurs contrats, les prix offerts aux producteurs amorcent une chute jusqu’en fin juillet.
Entre fin juillet et début août, les grands distributeurs d’amandes aux USA et dans l’UE passent de nouvelles commandes avec les industriels indiens, vietnamiens et brésiliens. En fonction du niveau de ces commandes et des stocks de noix et d’amandes detenus par les industriels, les achats de noix de cajou peuvent soit être relancés et entrainer une remontée des prix, soit être maintenus à leur niveau précédent ou même être reduits et faire baisser les prix jusqu’à ce que la situation change.
Baisse de la qualité des noix de cajou
A ces facteurs, il faut ajouter les conditions climatiques (pluiviométrie) au moment de la commercialisation, la conduite des opérations post-récoltes (delais de ramassage des noix, séchage, conditionnement, stockage) qui influent sur la qualité des noix. Ainsi, la qualité des premières livraisons de noix de cajou en Inde, au Vietnam ou au Brésil influe sur le niveau des contrats suivants (prix et volumes).
La campagne 2012 est marquée par une forte dégradation de la qualité, essentiellement liée aux conditions de conservation des noix de cajou par les producteurs. D’importantes quantités de noix de cajou d’assez bonne qualité ont été retenues par les producteurs dans l’optique d’obtenir de meilleurs prix. Malheureusement, les conditions de conservation n’ont pas toujours été bonnes.
D’une moyenne comprise entre 46 et 48 lbs pour 80 Kg, des outturn de moins de 40 lbs pour 80 Kg sont actuellement enregistrés. Les taux d’humidité connaissent également des niveaux exceptionnels atteingnant 14% pour une moyenne habituelle de 9,6%.
Notons que des outturn moyens de plus 50 lbs pour 80 Kg sont enregistrés dans les pays concurrents, notamment le Benin, la Tanzanie, la Guinée Bissau, etc.; des taux d’humidité de l’ordre de 8% sont recherchés par les industriels.
Accroissement des charges portuaires
La fluidité de l’évacuation des produits du bord champs vers les Ports influe également sur l’évolution des prix. Elle concerne notamment les questions liées aux facteurs suivants :
les frais divers de commercialisation ;
la disponibilité d’espace de stockage ;
la régularité des navires et la disponibilité des conteneurs ;
les frais de magasinage et autres frais de transits qui varient de façon inopportune au cours de la campagne ;
l’augmentation du fret maritime.
Multiplicité des intervenants
Jusqu’à présent, les opérations de commercialisation se déroulent dans un contexte marqué par une absence totale de contrôle sur les acheteurs, maillon pourtant essentiel de la chaine. Seuls les exportateurs sont regulièrement identifiés et agréés.
La non identification de tous les maillons de la chaine de commercialisation entraine une profilifération d’intermediaires qui grèvent les revenus des producteurs voire la rentabilité même de la filière.
En outre, dans certaines localités, la mauvaise communication de certains cadres, élus et acteurs de la filière sur le terrain qui induisent les producteurs en erreur en faisant de la spéculation sur les prix et sur l’arrivée éventuelle d’hypothétiques acheteurs en provenance d’Asie.
Par ailleurs, l’arrêt des achats de la noix de cajou n’est pas spécifique à la Côte d’Ivoire. En effet, le deuxième pays africain exportateur après la Côte d’Ivoire à savoir la Guinée Bissau connaît la même situation. Pour la présente campagne, ce pays n’a exporté que 40 000 tonnes de noix de cajou en juin sur une prévision de production d’environ 200 000 tonnes. Le stock de produit invendu à ce jour est de 75.000 tonnes en plus des 15.000 tonnes qui n'ont pas été collectées, selon le Secrétaire d’Etat au Commerce de la GUINEE-BISSAU. Les opérateurs économiques de ce pays n'ont pas encore de contrat pour exporter leurs produits. Les acheteurs ne se bousculent pas et certains proposent des prix très bas.
Il convient de remarquer que la noix de cajou est la première source de richesse de ce pays avec 100 millions de dollars de recettes en 2011 soit le quart de son budget annuel.
Propositions et perspectives
Actions à court terme
Les actions de court terme doivent contribuer à relancer la commercialisation des noix de cajou. Dans la mesure où le ralentissement actuel des achats est essentiellement lié à la qualité des stocks de noix de cajou et au prix sur le marché international, entrainant une rareté des commandes par les importateurs, la stratégie doit être de relèver la qualité de ces stocks et de devélopper d’autres partenariats. Il s’agit de:
la sensibilisation des producteurs aux bonnes pratiques de conservation (séchage, triage, ensachage et stockage) afin d’améliorer la qualité marchande des noix;
la poursuite de la concertation avec les exportateurs en vue de la redynamisation des achats ;
la concertation avec les structures portuaires afin de lever les obstacles éventuels.
Actions à moyen et long terme
Dans le moyen et long terme, la réforme de la filière anacarde dont les travaux sont en cours, permettra de mettre en œuvre des solutions durables aux problèmes posés actuellement à travers la mise en place:
d’un encadrement adéquat des producteurs ;
d’un système de commercialisation qui préserve la qualité des produits et permet un prix rémunérateur aux producteurs ;
d’une stratégie qui aboutisse à la tranformation locale de toute la production nationale de noix de cajou afin d’offrir plus de débouchés et apporter plus de valeur à la filière.
Pour conclure, il est nécessaire de comprendre que, comparativement à la campagne 2010, le niveau des achats en 2012 n’est pas si bas. En effet, au 31 juillet 2012, environ 350 000 tonnes de noix de cajou, soit 87% de la production ont déjà été achetées avec les producteurs contre 330 000 tonnes, soit 93% au 31 juillet 2010, dernière campagne normale. Le niveau actuel des stocks bord champs est donc lié aussi au niveau de la production.
En tout état de cause, malgré les difficultés (prix et qualité) rencontrées par les exportateurs pour obtenir de nouveaux contrats, les achats se poursuivent. Ils pourraient retrouver un rythme progressivement acceptable dans les prochaines semaines. Dans ces conditions, l’accent est de plus en plus mis sur la qualité en vue d’exporter des poduits repondant aux exigences du marché; d’où la nécessité de sensibiliser les acteurs, notamment les producteurs sur la conservation des produits.
Le double enjeu pour la filière est donc d’une part de trouver les voies et moyens d’écouler la production restante et d’autre part d’éviter que d’importants stocks ne soient reconduits pour la prochaine campagne au risque de voir la qualité se dégrader davantage.
Edgar Kouassi
Contexte et justification
La campagne 2012 de commercialisation de la noix de cajou a débuté en mars avec l’annonce du prix d’achat indicatif bord champs et la publication de la liste des opérateurs agréés à l’exportation des noix de cajou.
Un prix bord champs indicatif de 310 FCFA/Kg a été fixé en début de campagne (21 février 2012), après les concertations avec les trois groupes d’acteurs (producteurs, exportateurs et transformateurs).
Le prix bord champ pratiqué effectivement sur le terrain en début de campagne (de mars à mai) a varié de 150 à 200 FCFA/kg. Ce prix va remonter progressivement pour atteindre son plus haut niveau aux mois de mai et juin entre 315 FCFA et 350 FCFA/kg, avant de redescendre à moins de 150 F CFA à la fin du mois de juin.
L’évolution des prix bord champs dépend fortement de celle des prix offerts aux exportateurs de noix de cajou par les importateurs indiens, vietnamiens et brésiliens. Le faible niveau actuel de ces prix a entrainé un ralentissement des achats bord champs.
Cette situation qui est très mal vécue par tous les acteurs de la filière, particulièrement les producteurs, est diversement interprétée ou présentée dans la presse.
C’est également une préoccupation majeure pour le Gouvernement. Aussi, conformément à sa mission de régulation, l’ARECA propose-t-elle la présente note pour donner un éclairage à l’opinion nationale, aux acteurs et partenaires de la filière sur la situation de la commercialisation des noix de cajou.
A travers cette note, l’ARECA propose également des mesures de relance de la commercialisation à court terme et d’amélioration des revenus des producteurs à moyen et long terme.
Présentation de l’ARECA
L’ARECA a été instituée par l’Ordonnance n° 2002-448 du 16 septembre 2002 fixant le cadre organisationnel des filières Coton et Anacarde et créée sous la forme d’une société d’Etat par le Décret n°2002-449 du 16 septembre 2002. Elle a démarré ses activités en mars 2003 et ses missions sont, entre autres:
le suivi et le contrôle de l’application des règles de régulation et d’arbitrage dans l’exercice des activités des filières coton et anacarde ;
la définition, à la demande du Gouvernement, des actions et propositions tendant à l’amélioration de la gestion de ces filières, l’adaptation des textes et régimes fiscaux ;
l’instruction et la délivrance de l’agrément des opérateurs ;
la participation à la négociation et l’application d’accords et arrangements internationaux ;
la promotion des relations avec les opérateurs des filières.
Problématique de la commercialisation des noix de cajou
Au stade actuel de l’organisation de la filière anacarde, la commercialisation intérieure est régulée dans certaines localités, par les comités départementaux de suivi mis en place par arrêtés préfectoraux. Ces comités sont chargés entre autres de veiller au respect des prix, de la qualité et de lutter contre la fuite des produits.
La problématique de la commercialisation des noix de cajou se traduit par le ralentissement des achats observés depuis le mois de juin. Au stade actuel de la campagne (31 juillet 2012) :
environ 300 000 tonnes de noix de cajou ont été exportées ;
les stocks portuaires sont évalués à 50 000 tonnes ;
environ 20 000 tonnes de noix de cajou ont été absorbées par l’industrie locale ;
environ 70 000 tonnes, représentant 16% de la production nationale seraient détenus par les producteurs et acheteurs dans les zones de production.
A l’analyse, plusieurs facteurs expliquent cette situation.
Variabilité du prix bord champs
Diverses raisons expliquent la variabilité des prix bord champs des noix de cajou au cours de la campagne 2012.
En début de campagne, l’existence de stocks importants de produits au niveau des pays transformateurs (Inde, Vietnam, Brésil) du fait de la baisse de la consommation et des commandes d’amandes de cajou par les pays consommateurs (Etats unis, Union Européenne) a réduit les commandes de noix de cajou d’origine ivoirienne, justifiant ainsi la faiblesse du prix proposé aux producteurs ;
Au cours du mois de juin, l’engorgement du Port d’Abidjan dû à un manque de conteneurs et de navires va entraîner une nouvelle baisse des prix jusqu’à 150 FCFA/kg dans certaines régions ;
En outre, la forte hausse du dollar par rapport à l’Euro et à la Roupie indienne va reduire le pouvoir d’achat des importateurs indiens. En effet, de janvier à juin 2012, le dollar est passé de 430 F CFA (0,65 euro) à près de 530 F CFA (0,80 euro).
De manière générale, pour mieux comprendre la variabilité des prix des noix de cajou, il faut tenir compte du fait que le commerce de ce produit est dominé par les industriels indiens, vietnamiens et brésiliens, seuls importateurs de noix brutes et seuls exportateurs d’amandes. Ces indsutriels s’approvisionnent de manière itinérante sur les côtes africaines en fonction des périodes de récolte et des commandes d’amandes effectuées par les grands cconsommateurs américains, européens, arabes et asiatiques. Les prix des noix de cajou vont donc varier essentiellement en fonction de l’offre de noix de cajou (qualité et volume) dans les pays exportateurs et de la consommation mondiale d’amandes (prix et volume).
Le niveau du prix relativement bas au démarrage de la campagne dépend:
des préfinancements octroyés aux producteurs pendant la période de soudure par les acheteurs;
du niveau des stocks de noix de cajou dans les autres pays producteurs, notamment en Tanzanie, au Mozambique, Guinée Bissau, etc. ;
du niveau de la production propre des grands pays importateurs (Inde, Vietnam et Brésil).
Les niveaux de départ évoluent au cours de la campagne en fonction de divers facteurs.
De mars à avril, voire mai selon les campagnes, les incertitudes sur la production et le jeu de la concurrence entre les exportateurs soucieux de couvrir leurs contrats entrainent généralement une hausse des prix.
Dès que les informations de terrains les assurent de la disponibilité de stocks importants et au fil de la couverture de leurs contrats, les prix offerts aux producteurs amorcent une chute jusqu’en fin juillet.
Entre fin juillet et début août, les grands distributeurs d’amandes aux USA et dans l’UE passent de nouvelles commandes avec les industriels indiens, vietnamiens et brésiliens. En fonction du niveau de ces commandes et des stocks de noix et d’amandes detenus par les industriels, les achats de noix de cajou peuvent soit être relancés et entrainer une remontée des prix, soit être maintenus à leur niveau précédent ou même être reduits et faire baisser les prix jusqu’à ce que la situation change.
Baisse de la qualité des noix de cajou
A ces facteurs, il faut ajouter les conditions climatiques (pluiviométrie) au moment de la commercialisation, la conduite des opérations post-récoltes (delais de ramassage des noix, séchage, conditionnement, stockage) qui influent sur la qualité des noix. Ainsi, la qualité des premières livraisons de noix de cajou en Inde, au Vietnam ou au Brésil influe sur le niveau des contrats suivants (prix et volumes).
La campagne 2012 est marquée par une forte dégradation de la qualité, essentiellement liée aux conditions de conservation des noix de cajou par les producteurs. D’importantes quantités de noix de cajou d’assez bonne qualité ont été retenues par les producteurs dans l’optique d’obtenir de meilleurs prix. Malheureusement, les conditions de conservation n’ont pas toujours été bonnes.
D’une moyenne comprise entre 46 et 48 lbs pour 80 Kg, des outturn de moins de 40 lbs pour 80 Kg sont actuellement enregistrés. Les taux d’humidité connaissent également des niveaux exceptionnels atteingnant 14% pour une moyenne habituelle de 9,6%.
Notons que des outturn moyens de plus 50 lbs pour 80 Kg sont enregistrés dans les pays concurrents, notamment le Benin, la Tanzanie, la Guinée Bissau, etc.; des taux d’humidité de l’ordre de 8% sont recherchés par les industriels.
Accroissement des charges portuaires
La fluidité de l’évacuation des produits du bord champs vers les Ports influe également sur l’évolution des prix. Elle concerne notamment les questions liées aux facteurs suivants :
les frais divers de commercialisation ;
la disponibilité d’espace de stockage ;
la régularité des navires et la disponibilité des conteneurs ;
les frais de magasinage et autres frais de transits qui varient de façon inopportune au cours de la campagne ;
l’augmentation du fret maritime.
Multiplicité des intervenants
Jusqu’à présent, les opérations de commercialisation se déroulent dans un contexte marqué par une absence totale de contrôle sur les acheteurs, maillon pourtant essentiel de la chaine. Seuls les exportateurs sont regulièrement identifiés et agréés.
La non identification de tous les maillons de la chaine de commercialisation entraine une profilifération d’intermediaires qui grèvent les revenus des producteurs voire la rentabilité même de la filière.
En outre, dans certaines localités, la mauvaise communication de certains cadres, élus et acteurs de la filière sur le terrain qui induisent les producteurs en erreur en faisant de la spéculation sur les prix et sur l’arrivée éventuelle d’hypothétiques acheteurs en provenance d’Asie.
Par ailleurs, l’arrêt des achats de la noix de cajou n’est pas spécifique à la Côte d’Ivoire. En effet, le deuxième pays africain exportateur après la Côte d’Ivoire à savoir la Guinée Bissau connaît la même situation. Pour la présente campagne, ce pays n’a exporté que 40 000 tonnes de noix de cajou en juin sur une prévision de production d’environ 200 000 tonnes. Le stock de produit invendu à ce jour est de 75.000 tonnes en plus des 15.000 tonnes qui n'ont pas été collectées, selon le Secrétaire d’Etat au Commerce de la GUINEE-BISSAU. Les opérateurs économiques de ce pays n'ont pas encore de contrat pour exporter leurs produits. Les acheteurs ne se bousculent pas et certains proposent des prix très bas.
Il convient de remarquer que la noix de cajou est la première source de richesse de ce pays avec 100 millions de dollars de recettes en 2011 soit le quart de son budget annuel.
Propositions et perspectives
Actions à court terme
Les actions de court terme doivent contribuer à relancer la commercialisation des noix de cajou. Dans la mesure où le ralentissement actuel des achats est essentiellement lié à la qualité des stocks de noix de cajou et au prix sur le marché international, entrainant une rareté des commandes par les importateurs, la stratégie doit être de relèver la qualité de ces stocks et de devélopper d’autres partenariats. Il s’agit de:
la sensibilisation des producteurs aux bonnes pratiques de conservation (séchage, triage, ensachage et stockage) afin d’améliorer la qualité marchande des noix;
la poursuite de la concertation avec les exportateurs en vue de la redynamisation des achats ;
la concertation avec les structures portuaires afin de lever les obstacles éventuels.
Actions à moyen et long terme
Dans le moyen et long terme, la réforme de la filière anacarde dont les travaux sont en cours, permettra de mettre en œuvre des solutions durables aux problèmes posés actuellement à travers la mise en place:
d’un encadrement adéquat des producteurs ;
d’un système de commercialisation qui préserve la qualité des produits et permet un prix rémunérateur aux producteurs ;
d’une stratégie qui aboutisse à la tranformation locale de toute la production nationale de noix de cajou afin d’offrir plus de débouchés et apporter plus de valeur à la filière.
Pour conclure, il est nécessaire de comprendre que, comparativement à la campagne 2010, le niveau des achats en 2012 n’est pas si bas. En effet, au 31 juillet 2012, environ 350 000 tonnes de noix de cajou, soit 87% de la production ont déjà été achetées avec les producteurs contre 330 000 tonnes, soit 93% au 31 juillet 2010, dernière campagne normale. Le niveau actuel des stocks bord champs est donc lié aussi au niveau de la production.
En tout état de cause, malgré les difficultés (prix et qualité) rencontrées par les exportateurs pour obtenir de nouveaux contrats, les achats se poursuivent. Ils pourraient retrouver un rythme progressivement acceptable dans les prochaines semaines. Dans ces conditions, l’accent est de plus en plus mis sur la qualité en vue d’exporter des poduits repondant aux exigences du marché; d’où la nécessité de sensibiliser les acteurs, notamment les producteurs sur la conservation des produits.
Le double enjeu pour la filière est donc d’une part de trouver les voies et moyens d’écouler la production restante et d’autre part d’éviter que d’importants stocks ne soient reconduits pour la prochaine campagne au risque de voir la qualité se dégrader davantage.
Edgar Kouassi