Cécile Fakhoury a connu la Côte d’Ivoire il y a maintenant une dizaine d’années par le biais de son époux qui depuis s’y est installé de façon permanente. «Je me suis sentie proche de ce pays que j’aime beaucoup», confie-t-elle. Depuis son enfance, Cécile Fakhoury de parents galeristes, a baigné dans le domaine de l’art. Voulant réaliser en Côte d’Ivoire un projet dans le domaine culturel, celui de la galerie s’est imposé, dit-elle, comme qui est née la structure la plus intéressante à monter.
La galerie Cécile Fakhoury qui porte votre nom ouvre ses portes le samedi 15 septembre 2012 avec Fréderic Bruly Bouabré et Aboudia pour l’exposition inaugurale. Qu’est-ce qui a pesé pour le choix de ces deux artistes ?
Je trouvais pertinent d’ouvrir mon espace à Abidjan en Côte d’Ivoire, avec des artistes ivoiriens. Et cette première exposition représente bien l’idée de dialogue que souhaite véhiculer la galerie. Frédéric Bruly Bouabré et Aboudia se sont rencontrés et ont travaillé pendant cinq jours à Yopougon (Ndlr, commune d’Abidjan) dans la maison de Bouabré. C’est une collaboration qui a débuté spontanément. Aboudia avait le désir de rencontrer Bouabré qu’il connaissait déjà, afin d’échanger avec lui. Connaissant Bouabré depuis plusieurs années, j’ai organisé cette rencontre. Ils se sont rapidement mis à travailler, à échanger, à observer le travail et la manière de faire de l’un l’autre. Le résultat : ce sont douze (12) toiles de format 60 sur 80. C’est une série de tableaux qu’il ne faut pas séparer. C’est une belle vision de l’art ivoirien et de l’art contemporain africain qu’on a souhaité montrer à la galerie. Aboudia et Bouabré sont issus de deux générations qui se rencontrent. Bruly Bouabré qui a presque 90 ans a une culture traditionnelle africaine et le jeune Aboudia, une vision, peut-être, plus cosmopolite. Leurs visions s’entremêlent, se rencontrent, se parlent et se questionnent. Je vais faire de cette série une donation à un musée, peut-être la faire voyager. Dans le but qu’elle soit vue ailleurs dans d’autres pays et institutions en Afrique.
Pourquoi Abidjan et non Paris pour installer la galerie ?
Je suis venue pour la première fois en Côte d’Ivoire, il y a une dizaine d’années. C’est par le biais de mon mari que je suis là. Il y a deux ans, on a décidé de s’y installer de façon permanente. A Paris, j’étais dans le domaine de l’art et arrivé en Côte d’Ivoire, j’ai cherché à réaliser un projet dans le domaine culturel. J’ai réfléchi à plusieurs projets mais celui de la galerie s’est imposé comme étant la structure la plus intéressante à monter. J’ai choisi d’ouvrir cette galerie à Abidjan et non ailleurs – étant Française, j’aurais pu ouvrir une galerie d’art contemporain à Paris – pour participer à la bonne visibilité de l’art contemporain sur le sol africain. La galerie telle que je la propose est une structure (Ndlr, galerie) qui n’existe pas encore en Côte d’Ivoire. Sur le modèle européen ou américain que je connais bien. C’est-à-dire que la programmation est définie pour l’année à venir. Chaque exposition est visible pendant un mois et demi. Mon but étant de promouvoir les artistes que je représente et les amener à faire la plus belle exposition possible et dans de meilleures conditions.
Dans votre programmation, quels sont les artistes qui intègrent ce travail ?
Je suis à ma première année et c’est la toute première exposition avec Aboudia, mais j’en aurai d’autres et de manière régulière. 2012-2013 est au niveau de la galerie une année majoritairement africaine. Même si je ne vais pas présenter que des artistes africains. Après Aboudia et Bouabré, il y aura Paul Sika – un photographe ivoirien, Nestor Da – un artiste burkinabè, Vincent Michéa qui est un Français vivant depuis vingt ans à Dakar. Il y a aussi l’artiste sénégalais Cheikh Ndiaye. Je présenterai également des ‘’group show’’, c’est-à-dire plusieurs artistes qui ne sont pas forcément représentés par la galerie et qui se retrouveront autour d’un thème précis.
De cette vision que vous avez de la galerie Cécile Fakhoury à Abidjan, comment comptez-vous la positionner ?
Je souhaite donner une bonne visibilité aux artistes sur place, en Afrique mais aussi à l’étranger, avoir un bon positionnement international. Un autre projet également que j’essaie de mener à bien est de réserver, tous les mercredis matin, l’espace aux enfants et de les sensibiliser à la création de l’art contemporain dans leur pays et sur un plan plus global. Je commencerai avec l’école de Treichville qui a reçu le Musée mobile (MuMo) et je poursuivrai avec plusieurs écoles publiques à Abidjan. J’espère aussi pouvoir développer une scène de débats, de conférences, dans le but de communiquer. Aussi avec d’autres institutions en Afrique, je compte entretenir des relations étroites, créer des ponts et participer à une scène artistique forte.
Pour la dizaine d’années passée sur le sol ivoirien, quel regard portez-vous sur l’art contemporain ?
Il y a une scène artistique culturelle qui existe et qui est, en Afrique de l’Ouest, plus où moins développée. C’est une scène qu’il faut développer pour la conduire à traverser les frontières. J’ai une vision de la scène culturelle africaine qui est riche, il y a de très bons artistes qui ont leur place sur un marché international. En Afrique du Sud, cette scène est très développée avec un marché fort. J’ai une vision projetée d’une scène qui se développe, qui va devenir forte et qui va se trouver bientôt à niveau égal avec l’Afrique de Sud (…) En Côte d’Ivoire où cette scène peut évoluer rapidement, nous avons pris du retard avec les dix ans de crise. Les budgets sont peut-être alloués à des choses plus urgentes que la rénovation des musées, par exemple, mais l’économie et le touriste passent aussi par une scène culturelle forte. Des pays et des villes comme Abu Dhabi fondent leur tourisme, leur économie et leur attraction sur la scène culturelle. Développer une scène artistique forte et dynamique est vraiment important pour un pays en développement comme la Côte d’Ivoire.
Que représente donc le marché ivoirien dans la Sous-région dans le domaine de l’art contemporain ?
En Côte d’Ivoire, il y a beaucoup de galeries. Les gens aiment et achètent de l’art. Ils décorent leur maison et s’intéressent à la création. Comme la scène culturelle, le marché est en devenir. Pour fortifier un marché, il faut le développer à partir de la base. Il n’y a pas de marché international sans un marché local. Il faut que la scène ivoirienne soit forte et soutenue. C’est-à-dire que tous les acteurs du marché de l’art en général doivent être impliqués. A savoir les musées, les galeries, les collectionneurs. Les Ivoiriens qui veulent acheter et qui s’intéressent à l’art contemporain doivent le faire avec les artistes ivoiriens pour soutenir cette scène et son marché. Voilà pourquoi il faut des lieux pour montrer dans de bonnes conditions l’art. Pour développer une scène culturelle importante et avoir rayonnement hors des frontières, il faut avoir des choses sérieuses à montrer. Les artistes sont sérieux, tout est sérieux, mais on manque de structures et de moyens pour monter de belles expositions et proposer des actions fortes. Cela est en train de se faire petit à petit. C’est un travail qui est en marche. Beaucoup d’acteurs très actifs sont désireux de développer cette scène. Un marché viendra par une scène dynamique et après on réussira à s’imposer et à être regardé par nos voisins, par les étrangers et par la scène internationale.
Vous avez baigné dans le domaine de l’art contemporain, cela a-t-il été suivi d’une formation professionnelle ?
J’ai fait une école de commerce en quatre ans qui est l’IESA à Paris. Je suis titulaire d’un Master en commerce de l’art contemporain et j’ai eu une scolarité ponctuée de stages et d’expériences professionnelles dans des galeries, des maisons de vente, des lieux connectés au marché de l’art. Mes parents sont galeristes, ils ont à Paris une galerie d’art moderne. Depuis mon plus jeune âge, je fréquente les galeries, les ateliers, les musées. J’ai toujours été baignée dans ce monde.
Réalisée par Koné Saydoo
La galerie Cécile Fakhoury qui porte votre nom ouvre ses portes le samedi 15 septembre 2012 avec Fréderic Bruly Bouabré et Aboudia pour l’exposition inaugurale. Qu’est-ce qui a pesé pour le choix de ces deux artistes ?
Je trouvais pertinent d’ouvrir mon espace à Abidjan en Côte d’Ivoire, avec des artistes ivoiriens. Et cette première exposition représente bien l’idée de dialogue que souhaite véhiculer la galerie. Frédéric Bruly Bouabré et Aboudia se sont rencontrés et ont travaillé pendant cinq jours à Yopougon (Ndlr, commune d’Abidjan) dans la maison de Bouabré. C’est une collaboration qui a débuté spontanément. Aboudia avait le désir de rencontrer Bouabré qu’il connaissait déjà, afin d’échanger avec lui. Connaissant Bouabré depuis plusieurs années, j’ai organisé cette rencontre. Ils se sont rapidement mis à travailler, à échanger, à observer le travail et la manière de faire de l’un l’autre. Le résultat : ce sont douze (12) toiles de format 60 sur 80. C’est une série de tableaux qu’il ne faut pas séparer. C’est une belle vision de l’art ivoirien et de l’art contemporain africain qu’on a souhaité montrer à la galerie. Aboudia et Bouabré sont issus de deux générations qui se rencontrent. Bruly Bouabré qui a presque 90 ans a une culture traditionnelle africaine et le jeune Aboudia, une vision, peut-être, plus cosmopolite. Leurs visions s’entremêlent, se rencontrent, se parlent et se questionnent. Je vais faire de cette série une donation à un musée, peut-être la faire voyager. Dans le but qu’elle soit vue ailleurs dans d’autres pays et institutions en Afrique.
Pourquoi Abidjan et non Paris pour installer la galerie ?
Je suis venue pour la première fois en Côte d’Ivoire, il y a une dizaine d’années. C’est par le biais de mon mari que je suis là. Il y a deux ans, on a décidé de s’y installer de façon permanente. A Paris, j’étais dans le domaine de l’art et arrivé en Côte d’Ivoire, j’ai cherché à réaliser un projet dans le domaine culturel. J’ai réfléchi à plusieurs projets mais celui de la galerie s’est imposé comme étant la structure la plus intéressante à monter. J’ai choisi d’ouvrir cette galerie à Abidjan et non ailleurs – étant Française, j’aurais pu ouvrir une galerie d’art contemporain à Paris – pour participer à la bonne visibilité de l’art contemporain sur le sol africain. La galerie telle que je la propose est une structure (Ndlr, galerie) qui n’existe pas encore en Côte d’Ivoire. Sur le modèle européen ou américain que je connais bien. C’est-à-dire que la programmation est définie pour l’année à venir. Chaque exposition est visible pendant un mois et demi. Mon but étant de promouvoir les artistes que je représente et les amener à faire la plus belle exposition possible et dans de meilleures conditions.
Dans votre programmation, quels sont les artistes qui intègrent ce travail ?
Je suis à ma première année et c’est la toute première exposition avec Aboudia, mais j’en aurai d’autres et de manière régulière. 2012-2013 est au niveau de la galerie une année majoritairement africaine. Même si je ne vais pas présenter que des artistes africains. Après Aboudia et Bouabré, il y aura Paul Sika – un photographe ivoirien, Nestor Da – un artiste burkinabè, Vincent Michéa qui est un Français vivant depuis vingt ans à Dakar. Il y a aussi l’artiste sénégalais Cheikh Ndiaye. Je présenterai également des ‘’group show’’, c’est-à-dire plusieurs artistes qui ne sont pas forcément représentés par la galerie et qui se retrouveront autour d’un thème précis.
De cette vision que vous avez de la galerie Cécile Fakhoury à Abidjan, comment comptez-vous la positionner ?
Je souhaite donner une bonne visibilité aux artistes sur place, en Afrique mais aussi à l’étranger, avoir un bon positionnement international. Un autre projet également que j’essaie de mener à bien est de réserver, tous les mercredis matin, l’espace aux enfants et de les sensibiliser à la création de l’art contemporain dans leur pays et sur un plan plus global. Je commencerai avec l’école de Treichville qui a reçu le Musée mobile (MuMo) et je poursuivrai avec plusieurs écoles publiques à Abidjan. J’espère aussi pouvoir développer une scène de débats, de conférences, dans le but de communiquer. Aussi avec d’autres institutions en Afrique, je compte entretenir des relations étroites, créer des ponts et participer à une scène artistique forte.
Pour la dizaine d’années passée sur le sol ivoirien, quel regard portez-vous sur l’art contemporain ?
Il y a une scène artistique culturelle qui existe et qui est, en Afrique de l’Ouest, plus où moins développée. C’est une scène qu’il faut développer pour la conduire à traverser les frontières. J’ai une vision de la scène culturelle africaine qui est riche, il y a de très bons artistes qui ont leur place sur un marché international. En Afrique du Sud, cette scène est très développée avec un marché fort. J’ai une vision projetée d’une scène qui se développe, qui va devenir forte et qui va se trouver bientôt à niveau égal avec l’Afrique de Sud (…) En Côte d’Ivoire où cette scène peut évoluer rapidement, nous avons pris du retard avec les dix ans de crise. Les budgets sont peut-être alloués à des choses plus urgentes que la rénovation des musées, par exemple, mais l’économie et le touriste passent aussi par une scène culturelle forte. Des pays et des villes comme Abu Dhabi fondent leur tourisme, leur économie et leur attraction sur la scène culturelle. Développer une scène artistique forte et dynamique est vraiment important pour un pays en développement comme la Côte d’Ivoire.
Que représente donc le marché ivoirien dans la Sous-région dans le domaine de l’art contemporain ?
En Côte d’Ivoire, il y a beaucoup de galeries. Les gens aiment et achètent de l’art. Ils décorent leur maison et s’intéressent à la création. Comme la scène culturelle, le marché est en devenir. Pour fortifier un marché, il faut le développer à partir de la base. Il n’y a pas de marché international sans un marché local. Il faut que la scène ivoirienne soit forte et soutenue. C’est-à-dire que tous les acteurs du marché de l’art en général doivent être impliqués. A savoir les musées, les galeries, les collectionneurs. Les Ivoiriens qui veulent acheter et qui s’intéressent à l’art contemporain doivent le faire avec les artistes ivoiriens pour soutenir cette scène et son marché. Voilà pourquoi il faut des lieux pour montrer dans de bonnes conditions l’art. Pour développer une scène culturelle importante et avoir rayonnement hors des frontières, il faut avoir des choses sérieuses à montrer. Les artistes sont sérieux, tout est sérieux, mais on manque de structures et de moyens pour monter de belles expositions et proposer des actions fortes. Cela est en train de se faire petit à petit. C’est un travail qui est en marche. Beaucoup d’acteurs très actifs sont désireux de développer cette scène. Un marché viendra par une scène dynamique et après on réussira à s’imposer et à être regardé par nos voisins, par les étrangers et par la scène internationale.
Vous avez baigné dans le domaine de l’art contemporain, cela a-t-il été suivi d’une formation professionnelle ?
J’ai fait une école de commerce en quatre ans qui est l’IESA à Paris. Je suis titulaire d’un Master en commerce de l’art contemporain et j’ai eu une scolarité ponctuée de stages et d’expériences professionnelles dans des galeries, des maisons de vente, des lieux connectés au marché de l’art. Mes parents sont galeristes, ils ont à Paris une galerie d’art moderne. Depuis mon plus jeune âge, je fréquente les galeries, les ateliers, les musées. J’ai toujours été baignée dans ce monde.
Réalisée par Koné Saydoo