Interview / Spyrow, artiste-chanteur, finaliste du Prix Découvertes RFI 2012 : ‘‘Mobilisez-vous pour la victoire de la Côte d’Ivoire’’

L’artiste ivoirien, faiseur de reggae Spyrow est finaliste pour le Prix Découvertes RFI 2012 dont le jury présidé par l’artiste Angeline Kidjo se réunira le 2 octobre prochain pour donner le résultat du vote. Pour être dans le trio final et remporter le prix après Antoinette Konan et Tiken Jah, l’artiste veut compter sur une bonne mobilisation.
Après Mao Otayek l’an dernier, qui n’a pu être lauréat, la Côte d’Ivoire revient à la charge avec cette année Spyrow, seul candidat ivoirien, parmi les dix finalistes du Prix Découvertes RFI 2012, quel effet d’être à ce stade de la compétition mondiale ?
C’est un effet de surprise. Car, l’année passée, je m’étais inscrit, sans effet. Alors je me suis dit que ce n’était pas sans doute pas le moment. Donc je me suis concentré à produire un album de qualité pour le proposer. Un grand-frère du nom de Céleste m’a motivé et deux mois après, j’ai été informé de mon inscription parmi les dix finalistes sur plus de 500 inscrits. Le temps est venu pour moi de mettre de mon côté tous les atouts pour que cela donne un résultat positif. J’ai déjà participé à des concours donc je suis relax.

Justement, parmi les concours auquel Spyrow a participé, il y a Podium, en 2005. N’est-ce pas une belle expérience ?
C’est le concours qui m’a le plus mis en valeur. Ce fut une belle expérience. Malheureusement, quand on allait à ce concours on avait déjà acquis une expérience. Nous étions des requins (des professionnels). Ce qui m’a un peu mis mal à l’aise parce que le concours est destiné aux amateurs. Alors, j’ai participé comme étant à un spectacle habituel. Les circonstances ne sont pas les mêmes aujourd’hui.

Bien qu’ayant du métier, votre groupe n’a pu être lauréat à cette édition de Podium. Un concours reste un concours, il faut être concentré.
Nous n’étions pas partis à Podium dans la logique de gagner. On y était pour participer et faire du spectacle. On n’était pas vraiment concentré sur le concours. On avait des engagements dans des espaces et on n’avait pas le temps de répéter pour le concours. Ce n’était pas évident qu’on ait un bon résultat. On n’avait pas tous les arguments qu’il fallait. Mais nous n’avons pas été les plus nuls !

Vous êtes à la finale du prix Découvertes RFI 2012 avec deux titres. ‘’Yeklo Yehoun’’, titre un du premier album «Jahmo Jahmo, On est des millions de militants» et ‘’Faut savoir’’ présent sur «Blessed», le maxi single. Qu’est-ce qui a prévalu dans le choix de ces titres ?
Ce qu’il faut savoir, le choix des titres n’est pas le fait de l’artiste. Il m’a été demandé de faire parvenir le maximum de titres. J’ai donc acheminé l’album où figure ‘’Yeklo Yehoun’’ qui a été choisi. Le titre ‘’Faut savoir’’, sortis sur mon maxi single n’avait pas été acheminé et c’est l’organisation de concours qui me l’a demandé à travers un mail qui m’a été adressé. Seul Jah (Dieu) sait pourquoi ces choix ont été faits. Les choses se feront seules. Je n’ai vraiment pas d’arguments et s’ils ont vraiment ‘’kiffé’’ (Ndlr, aimé) pour ‘’Yeklo Yehoun’’, c’est sûr que cela va faire effet. Ce titre chanté en baoulé, sans qu’on ait besoin d’expliquer, certains perçoivent le message qui est véhiculé.

Quel est donc ce message qui est véhiculé dans ‘’Yeklo Yehoun’’ et ‘’Faut savoir’’ ?
‘’Yeklo Yehoun’’ parle de paix et de la culture de l’amour qui peut vaincre tout esprit du mal. Donner de l’amour, c’est partager, être humble, pardonner. Justement, ‘’Yeklo Yehoun’’ est un morceau de Podium que j’ai écrit en cinq minutes. Je n’étais pas censé participer à Podium. Le groupe monté par le Chat (ex-membre du Kingston Gangsta) s’était désisté et le morceau au choix portait sur le thème de la réconciliation. Il fallait écrire un morceau, de là est venu ‘’Yeklo Yehoun’’ qui, aujourd’hui, est devenu un tube. Quant au titre ‘’Faut savoir’’, je parle de l’hypocrisie. L’amitié est sans limite. On ne peut sourire ensemble et poignarder l’autre dans le dos.

Le vote du public compte pour passer le cap des dix finalistes et être dans le dernier tour. Depuis votre sélection, y a-t-il un engouement véritable pour vous booster ?
Tout va au ralenti. C’est dommage ! Quand on sait que la Côte d’Ivoire est la plaque tournante de la musique dans la sous-région, il faut souligner que le vote des dix finalistes se fera en ligne. Avec l’ère de la nouvelle technologie, à savoir Internet, nous essayons, comme nous pouvons, de nous mobiliser. Avec la presse écrite nous essayons de faire passer le message. Il faut donc une mobilisation pour espérer voir Spyrow parmi les trois finalistes qui seront retenus entre dix pour prétendre au prix.

Antoinette Konan et Tiken Jah sont jusqu’aujourd’hui encore les seuls artistes ivoiriens à avoir remporté le prix RFI. La Côte d’Ivoire attend son troisième lauréat. Quel message Spyrow souhaite lancer aux votants ?
Il n’y a jamais deux sans trois. Il faut être optimiste. Il est dit que quand on croit, on peut même déplacer les montagnes. S’ils croient vraiment en Spyrow, ils ont le choix de me soutenir en votant www.rfimusique.com/prix-decouvertes-rfi - parce que je suis un Ivoirien ou l’artiste qu’ils connaissent à travers le travail abattu. Il ne faut pas qu’ils aient des doutes parce que moi, je suis optimiste. Ce prix, je me dis que je l’ai déjà, sauf si c’est la volonté de Jah (Dieu) que ce soit autrement. J’ai besoin de plus de mobilisation parce qu’il est clair que même si Spyrow est le meilleur de tous les chanteurs ou des candidats, si le message n’est pas passé et qu’il n’y a pas eu de vote ou par faute de non respect des règles du jeu, il n’est pas évident que je gagne. Raison pour laquelle j’ai besoin du soutien de tout le monde. Sans distinction de race, de parti politique ou d’ethnie car je suis le seul candidat ivoirien parmi d’autres nationalités. J’ai même besoin du soutien du ministre de la Culture et de la Francophonie, de la RTI pour véhiculer le message, car tout le monde n’est pas connecté à internet pour savoir le fonctionnement. A la télé, il y a possibilité de faire passer des bandes déroulantes pour inciter au vote. C’est d’une mobilisation nationale dont j’ai besoin car au-delà de Spyrow, c’est la Côte d’Ivoire qui aura remporté le prix. Ce sera la fierté du pays.

Les arguments pour Spyrow d’être à ce stade passent par une formation musicale dans le ‘’underground’’. Comment a-t-elle commencé ?
J’ai commencé à chanter depuis Bouaké, à l’église. Etre dans la chorale a été pour moi une bonne école. L’époque du Hip Hop avec Almighy et Stezo a suivi. Je n’ai pas été un bon rappeur et par la suite, j’ai viré au reggae. Je n’ai officiellement pas fait du Zouglou. Quand je suis venu au reggae, j’ai intégré le groupe Kingston Gangsta en 2002. Après une bonne aventure, j’ai opté pour une carrière solo.

Quel projet occupe actuellement Spyrow ?
Je suis en studio pour sortir mon prochain album. Au stade où je suis arrivé, je ne peux faire de demi-mesure. Vu que j’ai eu pour formation de base le live, cela s’impose de sortir un album de qualité, enregistré en live. Sans producteur, avec mes propres moyens et l’aide de quelques bonnes volontés, je suis à 60% de la finition de cet album qui comporte 16 titres qui parlera véritablement du vrai Spyrow parce que l’album Jahmo, a été une carte de visa qui m’a fait connaître en tant qu’artiste individuel. Ce nouvel album pour marquer la consécration. On peut passer un message en donnant de l’amour surtout dans la situation que traverse le pays. On va essayer de toucher toutes les couches sociales par le message.

6 lettres en 6 dates

2002, membre du Kingston Gangsta
2005, Podium
2008, Jahmo Jahmo, On est des millions de militants
2010, Maxi single
2011, nominé au Summum (prix du Burida), catégorie meilleur artiste reggae
2012, Ghetto Reporters (Duo avec Kajeem)

Réalisée par Koné Saydoo