x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le vendredi 21 septembre 2012 | Nord-Sud

François Bah Tahi, chef de canton central du Guémon: «Nous ne couvrons pas les déstabilisateurs»

On assiste depuis quelque temps à un ballet de chefs traditionnels devant les autorités pour les rassurer que leurs localités ne serviront pas de base arrière aux assaillants. Cette démarche est-elle sincère ?
Cette démarche est sincère et très nécessaire. Elle est très nécessaire pour la tradition et l’administration. Nous travaillons avec l’administration comme au temps des colons. D’autant plus que nous dépendons d’elle, notre devoir est d’aider les autorités y compris le président de la République à réussir leurs missions de paix, de réconciliation et de développement. Toutes ces actions reposent sur nous en tant qu’auxiliaires de l’administration. C’est pourquoi nous veillons sur la paix, la cohésion sociale et surtout sur le comportement de nos enfants.

Avez-vous entrepris des démarches pour rencontrer le chef de l’Etat?
Il n’y a pas longtemps qu’il était chez nous. Nous sommes en train d’entreprendre des démarches pour aller vers lui. Nous le faisons parce que quand le chef de l’Etat se déplace, il est accompagné d’une forte délégation. Il a trop de problèmes à résoudre en même temps. Et il est difficile pour lui de savoir qui est qui. C’est pourquoi nous nous préparerons à aller devant lui pour lui exprimer nos besoins.

On accuse les chefs de couvrir leurs enfants acteurs ou complices de la déstabilisation. Que répondez ?
Je dis non ! En dehors même des tueries çà et là,  si vous avez parmi vos enfants un malfaiteur ou un voleur, il faut le dénoncer pour ne pas qu’il contamine les autres. On ne peut pas cacher un malfaiteur dans une famille. Cacher un malfaiteur dans une famille, dans un département comme Duékoué, c’est mettre votre vie et celle des autres en danger. Les chefs traditionnels ne peuvent jamais couvrir des malfaiteurs chez eux.

Que faites-vous concrètement dans le cadre du processus de réconciliation ?
Nous sensibilisons. Mais à Duékoué, il n’y a pas que les Wê. Nous avons des communautés malinké, akan, bété, lobi, etc. Nous faisons de telle sorte qu’il n’y ait pas de palabres. Mais malheureusement, il y a des brebis galeuses dans toutes les communautés. C’est pourquoi on parle souvent de tueries ici. Ce sont des individus qui sont mieux renseignés que nous à cause des téléphones portables. S’ils ont deux ou trois  éléments à Duékoué aujourd’hui, demain, ils se retrouvent à Toulepleu, à Daloa, à Bouaké ou ailleurs. C’est une chaîne bien organisée. Ils s’appellent pour préparer le mal. C’est pourquoi il est difficile de les neutraliser. Mais nous sommes en train de prier, nous travaillons et s’il plaît à Dieu, bientôt on ne parlera plus de tuerie dans notre pays.

Quelle est votre recette pour mettre fin à l’instabilité à l’Ouest ?
Il faut faire comprendre aux uns et aux autres que les seules forces à même d’assurer notre sécurité sont les forces de police, de gendarmerie, des eaux et forêts et les militaires. C’est ce que nous avons dit récemment à Charles Konan Banny. Depuis l’indépendance de notre pays sous Houphouet-Boigny, ce sont ces forces que nous avons connues. Ce sont ces forces qui travaillent  avec l’administration et nous-même population en matière de sécurité.
Mais nous sommes surpris de voir des groupes de dozo dans notre département. Le gouvernement doit nous aider en prenant au sérieux notre déclaration en ce qui concerne la question de sécurité. Nous, chefs traditionnels, avons toujours demandé que tous ceux qui n’ont pas le droit de porter des armes soient désarmés. Des individus inconnus viennent nuitamment attaquer les policiers, les gendarmes et les militaires. On ne sait pas d’où ils viennent. Et le matin, on voit des dozos porter des fusils. Ils n’ont pas seulement que des fusils calibre 12. Ils ont aussi des armes aussi puissantes que celles des militaires. Que les dozos soient désarmés. Si nous voyons un individu n’ayant pas le droit de porter une arme, nous allons le dénoncer pour qu’il soit mis aux arrêts. Mais jusqu’ici, on laisse ces gens-là se promener dans nos villages avec des fusils et c’est ce qui nous inquiète.

Le président a décidé de rencontrer les populations de l’Ouest...
Nous serons très heureux de le rencontrer. Nous sommes prêts, c’est notre souhait le plus ardent.

Entretien réalisé par
Kindo Ousseny à Duékoué
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ