La classe sociale est divisée à Duékoué. Le chef de canton central du département de Duékoué reste préoccupé par la question des dozos, confrérie des chasseurs traditionnels du Nord. «Quel peut être le rapport entre ces chasseurs traditionnelles et l’Etat ? Quel peut être leur rapport avec nous populations ? », s’interroge François Bah Tahi tout en remettant en cause leur implication dans le rôle régalien de l’Etat. Selon lui, ils ne peuvent pas se substituer à l’autorité en charge de la sécurité, notamment la police ou la gendarmerie. «Quel est leur rôle exact, parce que nous ne comprenons pas leur situation. Voilà des individus qui se promènent avec des fusils ; on est surpris. On nous dit que des gens attaquent, alors que d’autres individus qui n’en ont pas le droit possèdent encore des armes. La nuit, certains d’entre eux portent la tenue militaire. On ne sait pas finalement qui fait quoi, qui aide l’Etat ?», s’inquiète-t-il. Le chef de canton demande le désarmement de ceux qui détiennent illégalement des armes. Une opinion rejetée par des habitants de Duékoué. Un élu qui a requis l’anonymat est catégorique : «Duékoué était invivable dans les années 90 lorsque nous-mêmes, avec le soutien des autorités d’alors, avons sollicité l’arrivée des chasseurs traditionnels, dozos. Quand ils sont arrivés, ils ont aidé la police et la gendarmerie à mettre la main sur plusieurs malfrats. Ce qui a pu améliorer la situation sécuritaire. A cette époque, se souvient-il, aucun véhicule ne pouvait marquer un arrêt à Duékoué sans qu’un passager ne soit braqué. Il faut être de bonne foi et reconnaître l’apport de ces hommes.» Koné Amara, un habitant de la ville de Duékoué, estime quant à lui que les chasseurs traditionnels sont bien intégrés et connaissent mieux que les forces régulières ceux qui sont à la base de l’insécurité dans la région. «Avec les dozos, les gens de mauvaise foi sont convaincus qu’ils sont impuissants. Ils travaillent donc à leur départ, chose que nous n’allons pas accepter», a-t-il martelé. Un officier des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) estime que les dozos ne font pas partie du dispositif sécuritaire des forces régulières. Mais il reconnaît qu’ils ont contribué à ramener la quiétude. «Ils sont pour la plupart des planteurs qui connaissent mieux la forêt et les pistes que nos forces. Dans la zone de Taï, ils nous ont beaucoup aidé en nous fournissant des renseignements fiables et en nous indiquant des pistes qui nous ont permis de mettre des ennemis hors d’état de nuire. Sur l’axe Duékoué-Man, baptisé en son temps ‘’la route de la mort‘’, en plus des patrouilles de nos forces, la présence remarquable des chasseurs permet aux usagers de circuler en toute sérénité», souligne l’officier.
Kindo Ousseny
envoyé spécial à Duékoué
Kindo Ousseny
envoyé spécial à Duékoué