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Société Publié le mercredi 3 octobre 2012 | Nord-Sud

Striptease, dépravation des mœurs, … Doit-on fermer les dancing-bars ?

Le libertinage dans les dancings bars est monté d’un cran à telle enseigne que des conservateurs proposent la fermeture pure et simple de ces lieux.

«Que les maires ferment les boîtes de nuit de leurs communes où les filles se déshabillent. (…) Jeunes, aidez-nous à lutter contre la drogue et la prostitution». Cette sortie récente du ministre de la Jeunesse et du Service civique, Alain Lobognon, sonne comme un cri de détresse. C’est que, «le sexe a empoisonné notre société. Même les mineurs s’y adonnent sans retenue. La crainte de Dieu a foutu le camp», constate Evelyne Flora Noba, sociologue engagée dans l’action humanitaire à Yopougon. Aujourd’hui, des boîtes de nuit et des bars font la promotion des mœurs légères sans sourciller.

Les cybercriminels surnommés brouteurs y claquent des billets de banque. Ces lieux rivalisent de concepts vicieux pour attirer les noceurs en quête de sensations fortes : «soirées tue moi», «concours miss belles fesses», «la fête du brouteur», etc. Les interventions sporadiques de la brigade des mœurs n’inquiètent pas les tenanciers. Les jeunes et les adultes se laissent fricoter à souhait par les danseuses aux fesses et aux seins nus. Comment endiguer ce phénomène pernicieux ? Doit-on fermer les dancing-bars ?

« Les autorités ne peuvent rien faire à part les beaux discours. Ceux qui prennent les décisions sont nos meilleurs clients. Je ne cite pas de noms, mais ils se connaissent. Et nous nous connaissons dans la nuit», réplique convaincu J.L., manager d’un dancing bar à la Riviera. Il explique à qui veut l’en­tendre que son boss a tout verrouillé. «Nous sommes des opérateurs économiques et nous payons des taxes à la mairie. Les autorités policières ont un quota. On n’a rien à craindre.» Notre interlocuteur, prolixe ce jeudi soir, révèle une complicité avec les forces de l’ordre.

«Quand la brigade des mœurs doit arriver, nous sommes prévenus», nous confie t-il dans un coin du bar. La sélection Rnb bat son plein du côté de la cabine de son. Au niveau de la piste de danse, l’ambiance est digne d’une gargote de Las Vegas. Chouchou la Japonaise, en réalité une jeune ivoirienne, est la meilleure danseuse. La demoiselle mime des scènes d’ébats amoureux autour d’une barre de fer. Puis elle jette son slip et son soutien gorge sur les clients. Ces derniers applaudissent, heureux. «Est-ce là le signe de l’apocalypse annoncée par la Bible ?» s’écrie notre accompagnatrice du soir, toute éberluée. Après son passage prisé du public, Chouchou la Japonaise avale un verre d’alcool, le temps pour elle de souffler. Évidemment, elle ne croit pas en la fermeture des bars. « Ils se fatiguent pour rien.

Voyez-vous ce monsieur qui est sorti du salon privé? Ses gardes l’attendent dehors. Ce sont eux les décideurs des bureaux du Plateau (la cité administrative). Mais nous finissons avec eux tous les soirs ici ». Comme pour dire que les filles accordent des tours de passe. Et que même les décideurs feraient partie de la clientèle. Affront ou vérité ? La «danseuse  émérite» indique que la priorité de l’Etat doit être la sécurité. «Est-ce nous qui attaquons le pays ? Le rôle des autorités est d’aller contre les assaillants. Nous, on se reproche rien », relâche-t-elle sans remords. Cinq minutes après, un couple d’homosexuels sort du salon privé, bras-dessous-bras-dessus. Le jeune homme la vingtaine, est vêtu d’une robe-mini.

Il vient certainement d’offrir ses services à l’homme en veste âgé d’environ cinquante ans. Selon les confidences du manager, le salon privé est une sorte d’hôtel de passe. On paye double pour y accéder. Le client a alors le choix parmi une multitude de filles dénudées. Le client qui achète aux enchères une bouteille de champagne, a automatiquement droit à une fille. C’est au bout du couloir que les ébats se passent. Est-ce la cité de Sodome et Gomorrhe ? Des parents interrogés se disent indignés. Ils voient en ces pratiques la première cause de l’échec scolaire. Notre sociologue Evelyne Noba, elle, prône le retour à Dieu pour mettre fin au dévergondage.

Nesmon De Laure
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