L’édition de livre en Côte d’Ivoire traverse une crise. Avec l’ouverture prochaine par appel d’offres du secteur de la reproduction des manuels scolaires, de nombreux acteurs du livre y voient leur salut. Mais des inquiétudes demeurent.
«Si on prend l’exemple d’une maison d’édition qui doit produire ne serait-ce que le livre de mathématiques de la classe de Cp1. Si on a environ 300.000 enfants sur toute l’étendue du territoire ivoirien, l’entreprise a une assurance de 300.000 acheteurs potentiels. Ce qui constitue environ 70% de son chiffre d’affaires de l’année ». Cette référence d’Inès Kouakou, responsable communication d’une maison d’édition encore jeune (Cercle éditions), donne une idée de l’importance du marché des manuels scolaires pour une entreprise du livre.
Face à la grave crise liée au non écoulement des œuvres littéraires (production et vente), de nombreuses structures croient qu’elles auront une bouffée d’oxygène grâce au marché que leur permet d’acquérir l’Etat à travers la mise en page et la diffusion des ouvrages au programme scolaire. Sur la question, Inès Kouakou est certaine : sa structure sera sur la liste des postulants au prochain appel d’offres. «Avant le gouvernement Ouattara, les appels d’offres n’étaient pas ouverts. C’était une faveur faite à un groupe de personnes. Au mois de juin, nous avons eu une rencontre avec des responsables du ministère de l’Education nationale. Le constat a été que les anciens contrats courent jusqu’au 31 décembre 2012.
C’est à partir du 1er janvier 2013 qu’on aura les nouvelles dispositions prises par le ministère», a-t-elle confié. Pour Isabelle Fofana, directrice générale de Frat Mat Editions qui a affûté ses armes au sein du groupe Nei-Ceda et qui a en charge une grande partie des manuels utilisés à l’école, « c’est le livre scolaire qui a permis de financer des œuvres de littérature générale et de jeunesse». Citant son maître Venance Kacou, elle estime que «le livre scolaire permet de préfinancer et faire vivre la littérature ».
A ce titre, elle encourage les responsables du ministère de l’Education nationale à permettre à un grand nombre de structures à accéder au marché. «Si ces entreprises n’ont pas accès à ce marché, elles vont vite mourir. La réalité est telle que les ouvrages non usagés en classe tirés et mis sur le marché, plafonnent entre 3000 et 5000 exemplaires. Et, c’est au bout de deux ans qu’on arrive à écouler ce stock. En plus, il faut attendre le deuxième tirage pour faire des bénéfices », regrette-t-elle. Face à ce bel horizon ouvert, la gratuité de l’école qui devient effective au fil des années, est perçue par certains professionnels du manuel scolaire comme un danger. Directeur général des Classiques Ivoiriens, Dramane Bouaré est inquiet.
Celui qui a la charge de fabriquer deux manuels au primaire et six au secondaire, croit que « le programme scolaire peut permettre aux maisons d’édition de sortir la tête de l’eau à condition qu’il n’y ait plus la gratuité comme exécutée actuellement ». Il craint que l’Etat finisse par se substituer aux professionnels. «Dans un tel schéma, relate-t-il, l’éditeur et le libraire seront mis de côté. On passe directement de l’imprimeur au client final. Et, ce sera l’Etat qui va faire imprimer les livres et les distribuer. Il se substituera à tout le maillon de la chaîne du livre ». Le directeur commercial de la Librairie de France groupe, Kader Kéita, pense qu’une telle perspective ne peut se produire. D’autant plus qu’actuellement, dans toutes ses actions, la ministre de l’Education nationale Kandia Camara s’est appuyée sur les éditeurs et les distributeurs pour mener à bien ses missions. « L’Etat joue jusqu’à présent son rôle régalien. Pour les kits scolaires dont nous sommes en plein dans la distribution à San Pedro, un appel d’offres a été lancé. Toutes les entreprises ont soumissionné. On nous a attribué une zone dans laquelle on fait la distribution. C’est nous-mêmes qui confectionnons les kits scolaires. Par exemple, l’Etat nous demande de mettre dans un kit, un livre, un stylo, un cahier, etc. C’est cet ensemble que nous vendons à l’Etat », indique-t-il. Quant à la responsable de Frat Mat Editions, elle est sûre que « les appels d’offres visent à une saine concurrence ».
Joint au téléphone, Silué Patrice Nanzouan, de la Direction de la pédagogie et de la formation continue (Dpfc) a indiqué que la question de l’édition des manuels scolaires et leurs distributions est en train d’être réétudiée. Sans toutefois évoquer une volonté du ministère de s’accaparer du marché.
Sanou A
«Si on prend l’exemple d’une maison d’édition qui doit produire ne serait-ce que le livre de mathématiques de la classe de Cp1. Si on a environ 300.000 enfants sur toute l’étendue du territoire ivoirien, l’entreprise a une assurance de 300.000 acheteurs potentiels. Ce qui constitue environ 70% de son chiffre d’affaires de l’année ». Cette référence d’Inès Kouakou, responsable communication d’une maison d’édition encore jeune (Cercle éditions), donne une idée de l’importance du marché des manuels scolaires pour une entreprise du livre.
Face à la grave crise liée au non écoulement des œuvres littéraires (production et vente), de nombreuses structures croient qu’elles auront une bouffée d’oxygène grâce au marché que leur permet d’acquérir l’Etat à travers la mise en page et la diffusion des ouvrages au programme scolaire. Sur la question, Inès Kouakou est certaine : sa structure sera sur la liste des postulants au prochain appel d’offres. «Avant le gouvernement Ouattara, les appels d’offres n’étaient pas ouverts. C’était une faveur faite à un groupe de personnes. Au mois de juin, nous avons eu une rencontre avec des responsables du ministère de l’Education nationale. Le constat a été que les anciens contrats courent jusqu’au 31 décembre 2012.
C’est à partir du 1er janvier 2013 qu’on aura les nouvelles dispositions prises par le ministère», a-t-elle confié. Pour Isabelle Fofana, directrice générale de Frat Mat Editions qui a affûté ses armes au sein du groupe Nei-Ceda et qui a en charge une grande partie des manuels utilisés à l’école, « c’est le livre scolaire qui a permis de financer des œuvres de littérature générale et de jeunesse». Citant son maître Venance Kacou, elle estime que «le livre scolaire permet de préfinancer et faire vivre la littérature ».
A ce titre, elle encourage les responsables du ministère de l’Education nationale à permettre à un grand nombre de structures à accéder au marché. «Si ces entreprises n’ont pas accès à ce marché, elles vont vite mourir. La réalité est telle que les ouvrages non usagés en classe tirés et mis sur le marché, plafonnent entre 3000 et 5000 exemplaires. Et, c’est au bout de deux ans qu’on arrive à écouler ce stock. En plus, il faut attendre le deuxième tirage pour faire des bénéfices », regrette-t-elle. Face à ce bel horizon ouvert, la gratuité de l’école qui devient effective au fil des années, est perçue par certains professionnels du manuel scolaire comme un danger. Directeur général des Classiques Ivoiriens, Dramane Bouaré est inquiet.
Celui qui a la charge de fabriquer deux manuels au primaire et six au secondaire, croit que « le programme scolaire peut permettre aux maisons d’édition de sortir la tête de l’eau à condition qu’il n’y ait plus la gratuité comme exécutée actuellement ». Il craint que l’Etat finisse par se substituer aux professionnels. «Dans un tel schéma, relate-t-il, l’éditeur et le libraire seront mis de côté. On passe directement de l’imprimeur au client final. Et, ce sera l’Etat qui va faire imprimer les livres et les distribuer. Il se substituera à tout le maillon de la chaîne du livre ». Le directeur commercial de la Librairie de France groupe, Kader Kéita, pense qu’une telle perspective ne peut se produire. D’autant plus qu’actuellement, dans toutes ses actions, la ministre de l’Education nationale Kandia Camara s’est appuyée sur les éditeurs et les distributeurs pour mener à bien ses missions. « L’Etat joue jusqu’à présent son rôle régalien. Pour les kits scolaires dont nous sommes en plein dans la distribution à San Pedro, un appel d’offres a été lancé. Toutes les entreprises ont soumissionné. On nous a attribué une zone dans laquelle on fait la distribution. C’est nous-mêmes qui confectionnons les kits scolaires. Par exemple, l’Etat nous demande de mettre dans un kit, un livre, un stylo, un cahier, etc. C’est cet ensemble que nous vendons à l’Etat », indique-t-il. Quant à la responsable de Frat Mat Editions, elle est sûre que « les appels d’offres visent à une saine concurrence ».
Joint au téléphone, Silué Patrice Nanzouan, de la Direction de la pédagogie et de la formation continue (Dpfc) a indiqué que la question de l’édition des manuels scolaires et leurs distributions est en train d’être réétudiée. Sans toutefois évoquer une volonté du ministère de s’accaparer du marché.
Sanou A