Les propriétaires des étals et des baraques de marchandises détruits par la ministre de la Salubrité urbaine n’entendent pas se laisser faire. Des semaines après la destruction de leurs magasins, les commerçants sont toujours présents.
Deux semaines après le passage des machines de ‘’maman bulldozer’’, Adjamé présente un nouveau visage. Il est 8h. La voie menant au ‘’black market’’, dégagée, a l’air plus large depuis la destruction des magasins qui occupaient le trottoir. La circulation est fluide et les éléments Frci veillent au grain pour empêcher les gbakas et les autres véhicules de stationner n’importe comment. En lieu et place des magasins, ce sont les blocs de ciment et des gravats qui jonchent le sol. Non loin de la gare Stif, un commerçant a décidé de restaurer ses magasins détruits. Ses ouvriers sont à l’œuvre. Pour se justifier, l’opérateur économique précise que cette fois, il respectera les normes à savoir construire son magasin à deux mètres de la voie. «Mes magasins ont été cassés parce qu’on estimait qu’ils étaient trop proches du trottoir. Je suis en train de reconstruire et je suis dans les normes », justifie-t-il. La casse des bazars rend la circulation plus aisée et met fin à l’anarchie des automobilistes. Ces échoppes qui obstruaient la voie ne sont plus qu’un vieux souvenir à la grande joie des piétons. Sira Koné confie qu’elle n’a plus besoin de lutter le trottoir désormais dégagé avec les véhicules. Adjamé Renault présentait ce vendredi 28 septembre matin un visage radieux. Mais ce ne sera que de courte durée. A 9h, des commerçants commencent à étendre des sachets plastiques noirs sur lesquels ils exposent leurs marchandises. Devant les magasins en réhabilitation, ils exposent au grand dam du propriétaire des souliers, des paires de baskets et de tennis. De l’autre côté du trottoir, même scénario. Sur les ruines des magasins, les vendeurs de chaussures pour enfants, de lunettes de soleil et de vêtements disposent tranquillement leurs marchandises. «C’est la rentrée et il faut qu’on nourrisse nos familles », lance un commerçant pour expliquer leur retour. L’endroit est aussitôt envahi par les clients qui se ruent sur les marchandises. Un élément des Frci apparait, c’est aussitôt la débandade. Certains rabattent des sachets sur les marchandises tandis que d’autres se mettent à courir. Mais celui-ci ne prête guère attention à eux. Il explique que ce ne sont pas les Forces républicaines de Côte d’Ivoire qui ont procédé à la casse des magasins. « Nous n’avons fait que boucler le périmètre ce jour-là. C’est le ministère en charge de la salubrité qui l’a fait. Nous nous occupons de veiller à ce que les véhicules ne garent plus n’importe comment afin d’éviter l’anarchie », explique ‘’Petit couteau’’, l’élément des Frci.
Les commerçants mènent la fronde
Seul hic, l’occupation de la chaussée par les commerçants créent illico un embouteillage à cet endroit de Renault. Il est 10h et cap est mis sur Adjamé Liberté. A cet endroit, au vu et au su de tous, les vendeurs sont présents de la station Shell au siège du Parti ivoirien des travailleurs (Pit). En lieu et place des baraques et des échoppes qu’il était donné de voir auparavant, il n’y a que des hangars sous lesquels les commerçants ont disposé des vêtements, des lunettes et des chaussures. On peut encore voir les ruines des magasins. Coulibaly Daouda, secrétaire de l’Association des commerçants d’Adjamé 220 logements (Aca-220l), trouve la décision du ministre injuste. Il raconte que le jeudi 13 septembre, jour de la casse, ils n’ont reçu aucune mise en demeure. «Avant que les bulldozers ne viennent tout détruire, nous avions monté un projet afin d’occuper le site sur 2 mètres. Cela allait permettre de générer des emplois. Mais la brigade de la salubrité est venue le jeudi 13 à 16h nous prévenir qu’on allait casser nos magasins à 20h. Effectivement à l’heure indiquée, des bulldozers sont venus avec des Frci casser tous nos magasins. On ne sait pas où aller et on est sans grand secours », se lamente le secrétaire de l’Aca. Coulibaly Daouda poursuit en indiquant que les 400 commerçants aimeraient occuper cet espace public de manière officielle, car aucune mesure d’accompagnement n’a été prévue pour eux. Pour appuyer sa thèse, il montre l’espace qui délimite le trottoir et l’aire occupée par les étals. « On respecte pourtant les normes de 2 mètres du caniveau et du trottoir. On ne comprend pas cette mesure de ‘’maman bulldozer’’ », ajoute-il. Une peine partagée par son commissaire aux comptes qui explique que les commerçants d’Adjamé Liberté sont pour la majorité des étudiants et des jeunes en quête d’emploi. « On nous a promis des emplois qui tardent à venir. C’est vrai que nous sommes dans l’informel, mais nous souhaitons qu’on nous trouve des sites de recasement. Nous avons besoin de cet argent pour payer les concours corrompus et les frais d’universités qui ont augmenté. Si nous n’avons plus de sources de revenus, comment allons-nous faire ?», s’interroge Traoré Bema.
Napargalè Marie
Légende 1 : Les commerçants ont de nouveau investi Adjamé Renault avec leurs marchandises.
Légende 2 : Déguerpis depuis deux semaines par ‘’maman bulldozer’’, les vendeurs n’entendent pas se laisser faire.
Deux semaines après le passage des machines de ‘’maman bulldozer’’, Adjamé présente un nouveau visage. Il est 8h. La voie menant au ‘’black market’’, dégagée, a l’air plus large depuis la destruction des magasins qui occupaient le trottoir. La circulation est fluide et les éléments Frci veillent au grain pour empêcher les gbakas et les autres véhicules de stationner n’importe comment. En lieu et place des magasins, ce sont les blocs de ciment et des gravats qui jonchent le sol. Non loin de la gare Stif, un commerçant a décidé de restaurer ses magasins détruits. Ses ouvriers sont à l’œuvre. Pour se justifier, l’opérateur économique précise que cette fois, il respectera les normes à savoir construire son magasin à deux mètres de la voie. «Mes magasins ont été cassés parce qu’on estimait qu’ils étaient trop proches du trottoir. Je suis en train de reconstruire et je suis dans les normes », justifie-t-il. La casse des bazars rend la circulation plus aisée et met fin à l’anarchie des automobilistes. Ces échoppes qui obstruaient la voie ne sont plus qu’un vieux souvenir à la grande joie des piétons. Sira Koné confie qu’elle n’a plus besoin de lutter le trottoir désormais dégagé avec les véhicules. Adjamé Renault présentait ce vendredi 28 septembre matin un visage radieux. Mais ce ne sera que de courte durée. A 9h, des commerçants commencent à étendre des sachets plastiques noirs sur lesquels ils exposent leurs marchandises. Devant les magasins en réhabilitation, ils exposent au grand dam du propriétaire des souliers, des paires de baskets et de tennis. De l’autre côté du trottoir, même scénario. Sur les ruines des magasins, les vendeurs de chaussures pour enfants, de lunettes de soleil et de vêtements disposent tranquillement leurs marchandises. «C’est la rentrée et il faut qu’on nourrisse nos familles », lance un commerçant pour expliquer leur retour. L’endroit est aussitôt envahi par les clients qui se ruent sur les marchandises. Un élément des Frci apparait, c’est aussitôt la débandade. Certains rabattent des sachets sur les marchandises tandis que d’autres se mettent à courir. Mais celui-ci ne prête guère attention à eux. Il explique que ce ne sont pas les Forces républicaines de Côte d’Ivoire qui ont procédé à la casse des magasins. « Nous n’avons fait que boucler le périmètre ce jour-là. C’est le ministère en charge de la salubrité qui l’a fait. Nous nous occupons de veiller à ce que les véhicules ne garent plus n’importe comment afin d’éviter l’anarchie », explique ‘’Petit couteau’’, l’élément des Frci.
Les commerçants mènent la fronde
Seul hic, l’occupation de la chaussée par les commerçants créent illico un embouteillage à cet endroit de Renault. Il est 10h et cap est mis sur Adjamé Liberté. A cet endroit, au vu et au su de tous, les vendeurs sont présents de la station Shell au siège du Parti ivoirien des travailleurs (Pit). En lieu et place des baraques et des échoppes qu’il était donné de voir auparavant, il n’y a que des hangars sous lesquels les commerçants ont disposé des vêtements, des lunettes et des chaussures. On peut encore voir les ruines des magasins. Coulibaly Daouda, secrétaire de l’Association des commerçants d’Adjamé 220 logements (Aca-220l), trouve la décision du ministre injuste. Il raconte que le jeudi 13 septembre, jour de la casse, ils n’ont reçu aucune mise en demeure. «Avant que les bulldozers ne viennent tout détruire, nous avions monté un projet afin d’occuper le site sur 2 mètres. Cela allait permettre de générer des emplois. Mais la brigade de la salubrité est venue le jeudi 13 à 16h nous prévenir qu’on allait casser nos magasins à 20h. Effectivement à l’heure indiquée, des bulldozers sont venus avec des Frci casser tous nos magasins. On ne sait pas où aller et on est sans grand secours », se lamente le secrétaire de l’Aca. Coulibaly Daouda poursuit en indiquant que les 400 commerçants aimeraient occuper cet espace public de manière officielle, car aucune mesure d’accompagnement n’a été prévue pour eux. Pour appuyer sa thèse, il montre l’espace qui délimite le trottoir et l’aire occupée par les étals. « On respecte pourtant les normes de 2 mètres du caniveau et du trottoir. On ne comprend pas cette mesure de ‘’maman bulldozer’’ », ajoute-il. Une peine partagée par son commissaire aux comptes qui explique que les commerçants d’Adjamé Liberté sont pour la majorité des étudiants et des jeunes en quête d’emploi. « On nous a promis des emplois qui tardent à venir. C’est vrai que nous sommes dans l’informel, mais nous souhaitons qu’on nous trouve des sites de recasement. Nous avons besoin de cet argent pour payer les concours corrompus et les frais d’universités qui ont augmenté. Si nous n’avons plus de sources de revenus, comment allons-nous faire ?», s’interroge Traoré Bema.
Napargalè Marie
Légende 1 : Les commerçants ont de nouveau investi Adjamé Renault avec leurs marchandises.
Légende 2 : Déguerpis depuis deux semaines par ‘’maman bulldozer’’, les vendeurs n’entendent pas se laisser faire.