Il s’est sans doute dit, advienne que pourra. Bruno Dogbo Blé a décidé de poursuivre la ligne de défense qu’il a choisie depuis sa première audition en juin 2012. Hier à la barre, il a décliné toute responsabilité dans l’enlèvement, la séquestration et l’assassinat du colonel-major Adama Dosso. Tout patron de la Garde républicaine qu’il était au moment des faits, il soutient n’avoir donné aucune instruction à ses subalternes, pour commettre le forfait pour lequel ils sont tous, aujourd’hui, poursuivis. Mais, là où Bruno Dogbo Blé se fait avoir sans vraiment le savoir, c’est quand il tente de faire le procès de la crise postélectorale. Pour lui, tout ce qui est survenu pendant cette période, doit être mis sur le compte de cette guerre qui a fait plus de 3.000 morts. Comme pour dire qu’on n’a pas à s’apitoyer sur le sort d’Adama Dosso, fut-il colonel-major de l’armée ivoirienne. Une posture qui rappelle bien celle du sécurocrate en chef du régime Gbagbo au moment du déclenchement de la crise postélectorale. Comme une tête brûlée, il avait promis en finir avec Alassane Ouattara et ses partisans. «Je suis là pour accomplir une mission avec vous, celle de défendre notre République qui tend à être bafouée par des étrangers qui méprisent sa souveraineté. La Côte d’Ivoire a des enfants. Nous ! C’est donc à nous de défendre les terres de nos pères. On ne peut pas accepter que notre pays soit piétiné. Je vous donne l’ordre de mettre hors d’état de nuire, par tous les moyens, tout individu qui tentera de détourner l’un d’entre vous. Il en est de même pour les militaires. S’ils ne dénoncent pas les acteurs de la dérive, ou s’ils sont eux-mêmes la source, ils subiront le même sort. Que ceux qui ne se sentent plus des nôtres s’en aillent», avait-il soutenu le 10 décembre 2010, devant micro et camera, au cours d’une conférence de presse, à l’état-major de la Garde républicaine à Treichville. Ce qui fait dire à des avocats que nous avons interrogés hier, hors micro, que : «Dogbo Blé n’est pas dupe, il est conscient que, quoi qu’il arrive, il ne peut échapper». «Il sait qu’on lui reproche tellement de choses, la mort du général Guéï, la tuerie des femmes à Abobo, celle des militants de l’ancienne opposition en mars 2004, etc. Tout ça mis ensemble peut lui valoir la peine maximale puisque dans le code pénal ivoirien, il n’y a pas de peine de mort. D’ailleurs, certains le verraient bien aller à la Cpi (Cour pénale internationale, ndlr)», décrypte ce spécialiste du droit qui s’essaie donc à la psychanalyse.
Marc Dossa
Marc Dossa