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Politique Publié le mercredi 31 octobre 2012 | Abidjan24h

Poursuites contre les exilés pro-Gbagbo : Ado à l’épreuve de l’équation politico-juridique

© Abidjan24h Par Aristide
Audiences du chef de l`Etat: les populations du Guemon et du Cavally reçues par le Président Alassane Ouattara
Lundi 22 octobre 2012. Abidjan. Palais présidentiel, au Plateau. Le chef de l`Etat, SEM Alassane Ouattara reçoit les populations des régions du Guemon et du Cavally
Recevant les Wê le lundi22 octobre dernier au Palais présidentiel, Alassane Ouattara a appelé de tout son vœu le retour de l’ancien Directeur général du port autonome d’Abidjan Marcel Gossio, et de Kaé Eric responsable d’un parti politique. Le chef de l’Etat a même promis que rien ne leur arriverait, s’ils rentraient maintenant. Très bonne nouvelle ! Mais qui laisse planer des doutes dans le camp des exilés. Surtout que la question de justice fait grincer les dents. Alassane Ouattara a-t-il bien fait en annonçant publiquement qu’en tant que Président du Conseil supérieur de la magistrature, Marcel Gossio et Eric Kaé pouvaient rentrer tranquillement au pays sans crainte ? En tout cas, les concernés, même s’ils apprécient la démarche du chef de l’Etat, ne semblent pas très emballés par cette déclaration spectaculaire. Que fera Ouattara si le procureur de la République engage une procédure judiciaire contre Gossio et les autres exilés qui rentreraient au pays ? Le Président de la République, selon son message aux Wê, pourrait proposer deux solutions. C’est-à-dire laisser la justice faire travail, puis exercer après coup, son pouvoir discrétionnaire de chef de la magistrature suprême en graciant les mis en cause. C’est l’une des prérogatives que lui confère la Constitution ivoirienne. S’il le fait, le chef de l’Exécutif sera dans son droit, sans toutefois s’immiscer d’avance ou chercher à influencer une quelconque décision de justice. Alassane Ouattara a décidé d’engager des poursuites judiciaires contre les pontes du pouvoir de Laurent qui auraient été mêlés à des actes criminels. Certains sont poursuivis pour crimes de sang et d’autres, pour crimes économiques. Le dernier ministre du Budget de Laurent Gbagbo, actuellement exilé au Ghana, Justin Koné Katinan est quant à lui poursuivi pour les deux types de crimes à la fois. Un mandat d’arrêt international a même été lancé contre lui. Katinan a été plusieurs fois entendu par la justice ghanéenne, emprisonné puis libéré par deux fois sous caution. Le 7 novembre prochain, l’ancien compagnon de Laurent Gbagbo sera encore face à la justice ghanéenne dans le cadre de son extradition en Côte d’Ivoire demandée par la justice ivoirienne. La procédure suit son cours et Alassane Ouattara a même déclaré qu’il ne souhaite pas s’immiscer dans les affaires judiciaires en raison de la séparation des pouvoirs. « Je fais confiance à la justice de la République du Ghana qui est un pays anglophone. Car je sais ce que c’est la justice dans les pays anglophones. Personne ne peut faire pression sur la justice dans ces pays où celle-ci est tributaire des Lords. Même le président n’y peut rien », aurait-il confié à des proches. Il y a quelques semaines, le procès de l’ex commandant de la garde républicaine, le général Bruno Dogbo Blé, s’est achevé. Il a été condamné à 15 ans d’emprisonnement ferme. L’ancien et dernier Premier ministre de Laurent Gbagbo, le Prof Aké N’Gbo croupit toujours en prison et attend son procès pour génocide. Le président du Fpi, Pascal Affi N’Guessan, l’ex première dame Simone Ehivet Gbagbo et bien d’autres encore attendent aussi leur jugement. Il s’agit, bien entendu, de mettre fin à l’impunité et de construire l’Etat de droit. Telle est la volonté d’Alassane Ouattara et l’aspiration profonde du peuple ivoirien. Ouattara fait-il deux poids, deux mesures ? Peut-on demander aux uns de rentrer au pays sans aucune crainte de poursuites judiciaires, et dans le même temps organiser les procès contre les autres ? Pascal Affi N’Guessan, Simone Ehivet Gbagbo, Gilbert Aké N’Gbo, Michel Gbagbo, Bro Gregbé, Aboudramane Sangaré pour ne citer que ceux-là, sont incarcérés dans le nord du pays et attendent avec impatience la date de leur procès. C’est d’ailleurs dans le but de faire éclater la vérité sur ces différents faits, que le Président de la République a affirmé à l’occasion de sa rencontre avec le peuple Wê: «La justice doit commencer son travail. Je n’ai aucune volonté de protéger quelqu’un. Nous sommes déterminés à faire en sorte que nous ayons un état de droit. Il faut accélérer les procédures». Il reste dans la même logique quand il aborde le cas Gossio et Kaé et affirme : « L’ancien directeur général du Port autonome d’Abidjan, Gossio je le connais personnellement je lui demande de rentrer au pays avec Eric Kaé. Qu’ils rentrent. Le ministre d’Etat ministre de l’Intérieur organisera leur retour et après, ils se présenteront devant la justice. Ce qui veut dire que leur cas doit en principe être traité par le pouvoir Judiciaire et non l’Exécutif. Mais, devant l’insistance des porte-paroles du peuple Wê qui sollicitaient la clémence du Présidant de la République, celui-ci lancera : « En ma qualité du Président du Conseil supérieur de la magistrature, je leur demande de rentrer, rien ne va leur arriver ». Alassane Ouattara a-t-il dit le droit en lieu et place des magistrats ? Ne s’est-il pas gravement immiscé dans le Judiciaire ? N’est-ce pas là faire preuve de deux poids, deux mesures ? Une telle attitude peut-elle satisfaire les positions des uns et des autres ? Si les uns peuvent rentrer sans que rien ne leur arrive, pourquoi les autres se présenteraient-ils devant les tribunaux ? Le chef de l’Etat a-t-il mesuré la portée de ses propos qui pourraient le mettre en difficulté dans peu de temps ? Pourra-t-il faire injonction au procureur de la République de ne pas poursuivre Marcel Gossio, si celui-ci décidait de rentrer ? Ne perdra-t-il pas par ailleurs toute crédibilité vis-à-vis des Wê, si Ouattara se rétractait, et qu’il laissait la justice faire convenablement son travail? En tout état de cause, les jours à venir nous situeront sur le poids des paroles prononcées par le chef de l’Etat le 22 octobre dernier, à l’occasion de sa rencontre avec le peuple Wê. Jean Philippe Okann Lourdeur administrative, accès difficile aux crédits bancaires… Ces maux qui tuent l’entreprenariat en Côte d’Ivoire Lourdeur administrative dans le cadre de la création d’entreprises, accès difficile aux crédits bancaires, entrave à la libre circulation des biens et des personnes dans l’espace Cedeao sont entre autres maux qui minent les entreprises ivoiriennes en particulier et celles de la Cedeao en général. L’état des lieux des Petites et moyennes entreprises en Afrique Les économistes estiment que les Petites et moyennes entreprises sont l’avenir du développement économique en Afrique. Ce sont ces Pmi et Pme qui sont les plus actives, les plus dynamiques et qui peuvent se créer sans trop de formalisme et permettre à l’économie de bouger. Pour eux, il faut les accompagner en leur facilitant la tâche. Former les jeunes et les femmes pour qu’ils puissent développer des projets de Pmi Pme dans les business day, surtout encourager le tissage d’un grand tissu de Pmi Pme à travers tous les pays africains. Donc, il est important selon eux, qu’il ait des échanges d’expériences, un partage de ces expériences afin d’optimiser les approches et aller vers l’émergence économique du continent. Lourdeur administrative dans le cadre de la création d’entreprise Sur ce chapitre, l’ancien ministre des Pme et Pmi et de l’Industrie, venu prendre part au forum récemment économique en Côte d’Ivoire estime qu’il faut l’accompagnement de l’Etat, libérer les initiatives et surtout une volonté politique très forte. Il a salué les reformes promises par le Président Alassane Ouattara. En effet, il est important en Afrique que l’Etat puisse accompagner la création des Pme et Pmi en libérant les initiatives, mais accompagner par les informations, par la formation, par la facilitation de l’obtention de financement de ces pmi et pme pour encourager le maximum de jeunes à créer des projets, encourager les femmes à s’engager dans cette direction car l’émergence économique est à ce prix. C’est le cas des pays d’Afrique du Nord (Tunisie, Maroc…) qui ont pu accélérer leur développement simplement parce qu’il y a un tissu de paiement très dense. Il faut une prise de conscience au niveau des pays de l’Afrique de l’Ouest afin que les Etats puissent encourager le développement de ces Pme et Pmi par la facilitation de l’obtention de financement, mais aussi par la formation des jeunes, des femmes par leur accompagnement au quotidien. L’accès difficile aux crédits bancaires ‘’Quand nous parlons de financement, ce n’est pas nécessairement de crédits bancaires qui sont souvent très chers. Ce sont des financements qui peuvent venir des organismes tels que l’Agence française de développement, la Banque mondiale, l’Union Européenne, mais aussi de nos propres Etats, c’est-à-dire du budget de l’Etat’’, précise notre interlocuteur. Que l’Etat sache que les Pme et Pmi sont un levier important et que le financement public puisse les accompagner en même temps que le financement privé. Ce n’est pas de l’argent perdu. C’est de l’investissement pour accélérer le développement économique et social de nos pays. Chaque pays africain cherche à offrir les meilleurs avantages aux investisseurs. C’est pourquoi ces Etats doivent aller vers une harmonisation du code d’investissement, pourquoi pas à un code d’investissement commun au niveau de tous les pays africains, mais qui préserve les intérêts des populations, non sans accueillir les investisseurs, leur permettre de développer les entreprises et même d’exporter pourquoi pas leur bénéfice et leur gain, mais que les pays africains puissent en retour bénéficier de ces investissements et avoir des avantages qui vont leur permettre d’accélérer leur développement. L’endettement, un frein à l’épanouissement des Pme Si du côté des Pme et Pmi ivoiriennes, l’on reconnaît que l’endettement est un frein, du côté sénégalais, l’on se réjouit de voir qu’il y a des fonds de garanti qui sont développés en Côte d’Ivoire pour permettre aux artisans d’avoir des financements à moindre coût. Au Sénégal par exemple, il y a ce qu’on appelle le fonds de mis à niveau, parce qu’il y a un programme de mis à niveau qui existe au Sénégal et ce fonds permet aux entreprises de bénéficier davantage, de leur permettre d’accéder facilement aux financements. C’est ce qu’on appelle l’accompagnement nécessaire des Pme et Pmi dans le cadre du développement de leur financement pour leur permettre encore une fois de ne pas crouler sous le poids de la dette. Si cette volonté politique existe, les Pme peuvent se développer sans gros risques. Les Pme africains face à la mondialisation Dans un monde globalisé, dans une mondialisation, pour gagner, il faut se battre avec les mêmes armes. Il faut que les africains cessent d’avoir des complexes vis-à-vis des promoteurs ou des jeunes et femmes qui ont des projets dans les pays développés. Si les Pme africaines veulent être compétitives, il faut utiliser des raccourcis pour rattraper le gap, le retard que nous avons sur eux. Par exemple, les technologies de l’information et de la communication sont un raccourci important. La formation professionnelle également constitue un raccourci important. Il faut que les Pme puissent être au même niveau, se battent avec les mêmes armes que les pays développés, arrivent à développer les projets de Pme Pmi rentable. L’Afrique a un avantage comparatif par rapport à ces pays développés grâce à la disponibilité de ses ressources naturelles. C’est le lieu de rappeler que l’Afrique qui est encore vierge est le prochain foyer industriel, du développement. Donc les Pme et Pmi africaines peuvent être plus performantes que celles des pays européens sur la scène internationale. L’entrave à la libre circulation des biens et des personnes Le rôle des Pme pour la Cedeao, c’est d’abord, participer activement à l’intégration économique régionale et sous régionale des pays membres et des pays de l’Uemoa. L’autre rôle, c’est densifier ce tissu économique social. Ce tissu d’entreprise au niveau sous régional et d’accélérer la marche vers l’émergence économique. Les Pme et Pmi sont la clé de voute de cette marche vers l’émergence. ‘’Au leu d’appeler le ministère de l’industrie ou du Pme, on devrait les appeler le ministère du développement comme au Brésil’’, suggère un économiste. C’est ce département qui porte le développement, l’économie du pays et il doit s’appuyer nécessairement sur les Pme et Pmi. Les pays qui l’auront compris le plus tôt auront gagné, puis auront pris de l’avance sur les autres. Déjà, des pas importants ont été faits dans ce sens notamment dans le cadre des organisations sous régionale comme la Cedeao, l’Uemoa. Si l’Afrique continue dans cette direction, et surtout avec à sa tête des Chefs d’Etat qui ont la ferme vision, la ferme volonté politique de se retrouver et de comprendre qu’on ne peut pas se développer dans le cadre d’une micro état, et qu’il leur faut donc des regroupements, des grands rassemblements au niveau régional ou sous régional et pourquoi pas au niveau africain ou continental avec l’Union Européenne, l’Union Africaine et l’ensemble des organismes public au niveau du continent. Si les africains comprennent cette vision, cette Afrique doit pouvoir se développer rapidement et s’intégrer au commerce mondial et au développement du monde. Les accords de partenariat économique un challenge pour l’Afrique Les accords de partenariat économiques qui entreront très bientôt en vigueur constituent un chalenge pour l’Afrique, mais les africains ne doivent pas l’accepter dans sa configuration actuellement. Le cas d’un certain nombre de Chefs d’Etats africains qui ont organisé à l’époque une marche à Bruxelles en vue de sa mutation en accords de partenariat et de développement surtout pour le développement économique de l’Afrique en est la parfaite illustration. Il ne faut pas seulement que ce soit des accords avec une vision unilatérale ou unidimensionnel qui favorise le développement de l’Europe. Il faut des accords qui favorisent une coopération solidaire, un développement mutuel de l’Afrique et de l’Europe. C’est pourquoi, il faut renégocier ces accords là avant leur entrée en vigueur. Le Président Alassane Ouattara, lors de son passage au Sénégal n’a pas exclu la possibilité d’une renégociation, d’une réouverture de discussion pour améliorer le contenu de ces accords et permettre une meilleure prise en charge des intérêts de l’Afrique et des pays africains. Evariste Nguessan nguevas@yahoo.fr
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