ABIDJAN - L`ancienne "dame de fer" de Côte d`Ivoire, Simone Gbagbo, 63 ans, réclamée par la Cour pénale internationale (CPI), a connu les sommets puis la chute avec son mari Laurent, et vit prisonnière dans le nord-ouest du pays depuis un an et demi, entre Bible et prières.
La CPI a annoncé jeudi avoir émis un mandat d`arrêt contre elle pour des crimes contre l`humanité commis durant la crise post-électorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait environ 3.000 morts et s`est achevée par la chute du couple Gbagbo.
La chute a eu pour décor le sous-sol de la résidence présidentielle, un "bunker" qui résonnait de ses prières alors que les ex-rebelles rangés derrière le président élu Alassane Ouattara, aidés par la France, venaient les arrêter le 11 avril 2011.
Quelques jours plus tard, elle était envoyée à Odienné (nord-ouest), à plus de 800 kilomètres d`Abidjan, comme prisonnière retenue dans une résidence privée.
Au fil des mois, elle a été inculpée de plusieurs chefs d`accusation liés à la crise: crimes de sang, atteinte à la sûreté de lEtat et infractions économiques, et plus récemment génocide.
C`est dans le cadre de ces enquêtes, en vue d`un procès dont la date reste un mystère, qu`elle a été auditionnée pour la première fois sur le fond la semaine dernière.
Dans la maison qu`elle occupe, cette chrétienne évangélique fervente se partage entre prières, lecture de la Bible et menus travaux quotidiens, selon ses visiteurs.
En août-septembre, en pleine vague d`attaques à travers le pays, le régime Ouattara, redoutant une opération commando destinée à la libérer, l`avait changée de lieu de détention, avant de la ramener à la résidence.
"escadrons de la mort"
Devenue Première dame le 26 octobre 2000 quand son mari est élu dans des conditions controversées, elle a été autant respectée pour son parcours dans l`opposition que crainte pour son rôle de "présidente" à poigne, souvent accusée d`être liée aux "escadrons de la mort" contre les partisans d`Alassane Ouattara, qu`elle a toujours honni.
Simone Ehivet est née en 1949 près de Grand-Bassam (est d`Abidjan), d`un père gendarme, dans une famille de dix-huit enfants. Elle fait des études poussées d`histoire et de linguistique.
Sa passion: le syndicalisme et l`engagement politique, passant du marxisme au christianisme évangélique, après avoir échappé "miraculeusement" en 1998 à un accident de voiture.
La mâchoire est forte, le regard tantôt dur quand elle parle des "ennemis", "néo-colons" français en tête, tantôt brillant quand elle évoque Dieu. Un Dieu convié à la résidence présidentielle pour des prières qu`elle organisait avec des pasteurs et autres "prophètes".
Plusieurs fois emprisonnée dans les années 1970, puis 1990, pour avoir dénoncé publiquement le "Vieux", l`ancien président Félix Houphouët-Boigny, elle cofonde en 1982 ce qui deviendra le Front populaire ivoirien (FPI, gauche) dont elle sera députée en 1995, représentant Abobo (quartier nord d`Abidjan).
Le 19 janvier 1989, elle épouse, en secondes noces, le "camarade" Laurent Gbagbo. Elle a cinq filles, dont deux de M. Gbagbo.
Lorsqu`éclate la rébellion de 2002, Simone Gbagbo défend becs et ongles son mari, dénonce la "sédition" et la partition du pays, et sera - plus ou moins publiquement - hostile aux accords de paix successifs.
"Dieu a donné la victoire à Laurent", commente-t-elle laconiquement au lendemain du second tour de la présidentielle contestée du 28 novembre 2010.
Quand le pays plonge dans la crise post-électorale, "Simone" ou "Maman", comme l`appellent ses admirateurs, monte au front, fustigeant le "chef bandit" Alassane Ouattara et le "diable" Nicolas Sarkozy, le président français d`alors.
Elle a aussi été entendue par la justice française dans la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer en 2004 à Abidjan.
Si, selon la CPI, elle s`est imposée en "alter ego" politique de son mari, sur le plan privé la vie les avait éloignés. Il y a quelques années, M. Gbagbo s`est uni à Nady Bamba, une ex-journaliste, lors d`un mariage coutumier.
tmo/de
La CPI a annoncé jeudi avoir émis un mandat d`arrêt contre elle pour des crimes contre l`humanité commis durant la crise post-électorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait environ 3.000 morts et s`est achevée par la chute du couple Gbagbo.
La chute a eu pour décor le sous-sol de la résidence présidentielle, un "bunker" qui résonnait de ses prières alors que les ex-rebelles rangés derrière le président élu Alassane Ouattara, aidés par la France, venaient les arrêter le 11 avril 2011.
Quelques jours plus tard, elle était envoyée à Odienné (nord-ouest), à plus de 800 kilomètres d`Abidjan, comme prisonnière retenue dans une résidence privée.
Au fil des mois, elle a été inculpée de plusieurs chefs d`accusation liés à la crise: crimes de sang, atteinte à la sûreté de lEtat et infractions économiques, et plus récemment génocide.
C`est dans le cadre de ces enquêtes, en vue d`un procès dont la date reste un mystère, qu`elle a été auditionnée pour la première fois sur le fond la semaine dernière.
Dans la maison qu`elle occupe, cette chrétienne évangélique fervente se partage entre prières, lecture de la Bible et menus travaux quotidiens, selon ses visiteurs.
En août-septembre, en pleine vague d`attaques à travers le pays, le régime Ouattara, redoutant une opération commando destinée à la libérer, l`avait changée de lieu de détention, avant de la ramener à la résidence.
"escadrons de la mort"
Devenue Première dame le 26 octobre 2000 quand son mari est élu dans des conditions controversées, elle a été autant respectée pour son parcours dans l`opposition que crainte pour son rôle de "présidente" à poigne, souvent accusée d`être liée aux "escadrons de la mort" contre les partisans d`Alassane Ouattara, qu`elle a toujours honni.
Simone Ehivet est née en 1949 près de Grand-Bassam (est d`Abidjan), d`un père gendarme, dans une famille de dix-huit enfants. Elle fait des études poussées d`histoire et de linguistique.
Sa passion: le syndicalisme et l`engagement politique, passant du marxisme au christianisme évangélique, après avoir échappé "miraculeusement" en 1998 à un accident de voiture.
La mâchoire est forte, le regard tantôt dur quand elle parle des "ennemis", "néo-colons" français en tête, tantôt brillant quand elle évoque Dieu. Un Dieu convié à la résidence présidentielle pour des prières qu`elle organisait avec des pasteurs et autres "prophètes".
Plusieurs fois emprisonnée dans les années 1970, puis 1990, pour avoir dénoncé publiquement le "Vieux", l`ancien président Félix Houphouët-Boigny, elle cofonde en 1982 ce qui deviendra le Front populaire ivoirien (FPI, gauche) dont elle sera députée en 1995, représentant Abobo (quartier nord d`Abidjan).
Le 19 janvier 1989, elle épouse, en secondes noces, le "camarade" Laurent Gbagbo. Elle a cinq filles, dont deux de M. Gbagbo.
Lorsqu`éclate la rébellion de 2002, Simone Gbagbo défend becs et ongles son mari, dénonce la "sédition" et la partition du pays, et sera - plus ou moins publiquement - hostile aux accords de paix successifs.
"Dieu a donné la victoire à Laurent", commente-t-elle laconiquement au lendemain du second tour de la présidentielle contestée du 28 novembre 2010.
Quand le pays plonge dans la crise post-électorale, "Simone" ou "Maman", comme l`appellent ses admirateurs, monte au front, fustigeant le "chef bandit" Alassane Ouattara et le "diable" Nicolas Sarkozy, le président français d`alors.
Elle a aussi été entendue par la justice française dans la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer en 2004 à Abidjan.
Si, selon la CPI, elle s`est imposée en "alter ego" politique de son mari, sur le plan privé la vie les avait éloignés. Il y a quelques années, M. Gbagbo s`est uni à Nady Bamba, une ex-journaliste, lors d`un mariage coutumier.
tmo/de