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Politique Publié le lundi 26 novembre 2012 | Nord-Sud

Régions du Bounkani et du Gontougo : Ce que les populations attendent du président Ouattara

© Nord-Sud Par Aristide
Visite d`Etat à l`Ouest: le Président Alassane Ouattara communie avec les populations de Guiglo
Dimanche 22 avril 2012. Guiglo. Le chef de l`Etat, SEM Alassane Ouattara accueilli avec ferveur par les populations de l`Ouest du pays
C’est demain que le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, entame à Bondoukou sa deuxième tournée à l’intérieur du pays. Une occasion que les populations des régions du Bounkani et du Gontougo (ex-Zanzan) entendent saisir pour lui exposer leurs préoccupations.

La visite dans le district du Zanzan du président de la République, Alassane Ouattara, suscite beaucoup d’espoir au sein des populations. Et pour cause, la longue crise politico-militaire que le pays a connue ces dix dernières années a plongé les populations des régions du Gontougo et du Bounkani dans une extrême pauvreté. Dans tout le district, l’ensemble des infrastructures sont en ruine. Tout est à refaire. Les besoins des populations sont innombrables. Les plus récurrents touchent à la production et la commercialisation de l’anacarde et l’extraction du manganèse.
Au titre la précédente campagne, plus de 45.000 tonnes de noix de cajou invendues sont entre les mains des producteurs des régions de Gontougo et du Bounkani. Ce chiffre représente 35 % de la production annuelle de ces deux régions estimée à 120.000 tonnes. Une situation dont se réjouissent quelques opérateurs indiens qui achètent, sur le terrain, le produit à un prix dérisoire. «Ils font la pluie et le beau temps dans nos régions. Ils profitent de la situation pour acheter l’anacarde à vil prix aux producteurs. Ceux-ci, durement touchés par la crise,  n’hésitent plus à leur céder leurs produits à vil prix», affirme El Hadj Ali, président de l’Union des coopératives du Zanzan. Comme chaque année, le prix fixé par les différents acteurs de la filière anacarde en Côte d’Ivoire n’a été respecté que pendant deux semaines, si l’on en croire El hadj Ali. Selon lui, les raisons de la mévente de l’anacarde sont multiples. «En premier lieu, il y a la crise européenne qui a provoqué une chute importante de l’exportation de l’anacarde, considéré comme produit alimentaire de luxe. A cela, s’ajoute la dégradation de la qualité du produit dans nos régions à cause de la pluviométrie. L’insécurité qui a prévalu au lendemain de la crise ivoirienne a, en outre constitué un frein à l’arrivée des gros exportateurs. Toutes ces raisons font que nous n’arrivons pas à obtenir des financements pour acheter le produit des mains des produteurs», indique le président de l’Union des coopératives du Zanzan.
Sur le terrain, un constat saute aux yeux. Les coopératives de la région sont pour la plupart vulnérables et ne disposent pas de financement. «Nous ne disposons même pas de sacs pour permettre aux producteurs de conserver convenablement leurs produits. Ils font avec ce qu’ils ont. D’où la détérioration de la qualité de l’anacarde», poursuit notre interlocuteur. De leur côté, les producteurs, désemparés, ne savent plus à quel saint se vouer.

L’exploitation du manganèse

Pour la plupart, ils vendent leurs produits au Ghana voisin. Une situation qui préoccupe le préfet de la région de Gontougo, François Germain Goun. «Dans cette zone, les populations considèrent que l’anacarde constitue leur café et leur cacao. Par conséquent, elles souhaitent un meilleur traitement de cette question. D’une façon générale, les prix qui sont fixés au début de chaque campagne ne sont pas respectés. En plus de cela, quand les produits partent de Bondoukou pour le port autonome d’Abidjan, les camions pris en location sont confrontés à d’énormes difficultés qui les amènent à y rester pour longtemps, voire plus d’une semaine, avant de procéder au déchargement. Selon les opérateurs de la filière anacarde dans le district du Zanzan, cela constitue un manque à gagner important. Cette situation les amène à prendre la route du Ghana par des voies détournées pour aller livrer leurs produits», explique François Germain Goun. Pour mettre fin à leur galère, plusieurs propositions ont été faites à plusieurs reprises au préfet de la région de Gontougo par les producteurs. «Les populations souhaitent que l’Etat organise véritablement cette spéculation dans sa commercialisation et dans sa structure, lui-même, pour que les producteurs soient rémunérés à leur juste prix», soutient l’administrateur. C’est à cette condition, pense M. Goun, que l’on pourra arrêter la fuite vers le Ghana. «Les populations se demandent pourquoi les prix sont, tous les ans, meilleurs chez leurs voisins du Ghana ? Pourquoi les Indiens qui s’installent au Ghana achètent le produit à un meilleur prix qu’en Côte d’Ivoire ? », poursuit-il.
L’autre dossier chaud pour lequel les populations attendent des solutions du président de la République est celui de l’exploitation du manganèse. Les populations victimes de cette exploitation minière exigent des exploitants indiens des mesures compensatoires. Sur le site minier, les travailleurs demandent l’amélioration de leurs conditions de travail. A plusieurs reprises, les populations ont menacé de bloquer les travaux de la société indienne Taurian pour se faire entendre. Les promptes réactions du préfet de la région de Gontougo ont permis de ramener le calme et d’éviter souvent le pire. Cependant, la nouvelle loi relative au code minier votée mardi dernier à l’Assemblée nationale, rassure déjà François Germain Goun, en attendant une solution définitive du président Alassane Ouattara.

Pas d’eau, pas d’écoles,
pas de routes…

«En ce qui concerne le manganèse, les populations souhaitent que les zones d’extraction, les villages riverains et Bondoukou puissent être pris en compte dans la répartition des bénéfices. Ces préoccupations nous reviennent de façon récurrente. Je pense que nous sommes sur la voie des solutions puisque le 21 novembre dernier, au titre de la loi sur le code minier, il est dit clairement que les localités où sont extraites des richesses du sous-sol doivent être associées au partage des bénéfices. Cette loi est une solution aux préoccupations des populations, si elle entre en vigueur», est persuadé le préfet de la région du Gontougo. Pour sa part, la ministre, Kaba Nialé, au cours de la première réunion préparatoire de la visite du chef de l’Etat, à Bondoukou, a tenu à lever toute équivoque. «L’exploitation minière dans nos régions doit être organisée et encadrée de sorte à permettre aux populations de mener leurs activités agricoles et de bénéficier de mesures compensatoires», avait admis la ministre. D’autres préoccupations et non des moindres se posent. Elles touchent aux difficultés d’accès à l’eau potable dans les chefs-lieux de départements du district et dans les villages. Ces difficultés se rapportent aussi à l’instabilité du courant électrique, le mauvais état des routes et la question de la santé et de l’école. Force est de constater que la visite du président de la République a permis d’atténuer les souffrances des populations en matière d’eau, d’électricité et de routes. Plusieurs forages sont en voie de construction dans des villages du district et à Bondoukou. Le dérangement de courant électrique a été considérablement amélioré à Bondoukou. En ce qui concerne l’école, de nombreux villages au nord des régions du Gontougo et du Bounkani n’ont jusque-là pas d’école. Dans les rares écoles qui existent, on note un manque d’enseignants. Au niveau de la santé, des efforts considérables restent à faire pour soulager les populations. Il y a six mois, les ressortissants du district du Zanzan en France ont offert d’importants matériels biomédicaux au Centre hospitalier régional (Chr) de Bondoukou. Ce don se compose entre autres de 2 lits à usage médical, de ventilateurs pulmonaires, d’échographe et d’un colposcope. Selon le président des ressortissants du Zanzan en France, Kamagaté Mahamadou, c’est un cadeau des hôpitaux de France au Chr de Bondoukou. Malgré cette précieuse donation, ce centre hospitalier de référence dans tout le district manque de plusieurs services et équipements de base. Le Centre antituberculeux de Bondoukou vient de perdre son unique microscope. Les incessantes coupures du courant électrique ont fini, la semaine dernière, par emporter cet important outil de travail. Tous les jours, les malades attendent qu’une âme généreuse vienne à leur secours. Autre préoccupation, le poste de doua­ne de Soko qui ne répond plus aux normes. A ce sujet, Kouakou Dapa, maire de la commune de Bondoukou plaide pour une restructuration profonde de ce poste afin de le doter de moyens. Pour lui, la reconstruction et la réhabilitation de cet ouvrage sur un autre site plus adéquat est un impératif économique pour la région et aussi pour le pays. La question de l’insécurité à Bondoukou et à Bouna reste préoccupante. Sur les routes, la douane et la police des stupéfiants réalisent des exploits malgré le peu de moyens de locomotion. Récemment, la douane de Bondoukou a appréhendé en collaboration avec la brigade de douane de Gouméré, plus d’une tonne de cannabis. Des résultats d’une guerre déclarée aux trafiquants de drogues par le capitaine Dieudonné Gbangbo, chef de subdivision des douanes de Bondoukou. De son côté, l’équipe du lieutenant Augustin Kouadio, chef d’antenne de la police des stupéfiants et des drogues du Zanzan réalise des coups de filet importants. Mais tous ces efforts de lutte contre la drogue sont freinés par le manque de moyens de locomotion.


Jean Michel Ouattara à Bondoukou
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