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Politique Publié le mardi 4 décembre 2012 | AFP

Affaire Mahé: "La France devrait décorer" les militaires, lance une femme à la barre des témoins

Plutôt que de les juger, "la France devrait les
décorer!", a lancé mardi une ancienne adjointe au maire d'une localité de Côte
d'Ivoire au procès des militaires accusés du meurtre de Firmin Mahé, sous les
cris de "menteuse!" venant des Ivoiriens présents dans le public.
Adèle Dito, 67 ans, citée comme témoin, est arrivée dans la salle
d'audience en s'appuyant sur une canne et s'est assise à la barre, mais sa
voix n'a pas faibli.
"Mahé avait un groupe qui terrorisait la population", a-t-elle affirmé,
ajoutant qu'en tant que troisième adjointe au maire de Bangolo (ouest de la
Côte d'Ivoire), elle avait travaillé "en étroite collaboration" avec les
éléments de la force française Licorne déployés dans la "zone de confiance".
Au premier rang de ses interlocuteurs, l'adjudant-chef Guy Raugel, qui
commandait le peloton basé à Bangolo et a reconnu avoir étouffé Firmin Mahé,
sur ordre, avec un sac en plastique alors qu'il le transportait vers la ville
voisine de Man dans un véhicule blindé, le 13 mai 2005.
Mme Dito se perd un peu dans les dates, mais elle se rappelle très bien
avoir accompagné l'adjudant-chef dans le village natal de Mahé, afin de
demander à la population de récupérer son corps.
Le "président des jeunes", puis le chef du village, ont refusé d'aller
chercher la dépouille de Mahé Firmin parce qu'il "n'avait pas posé de bons
actes, il avait souillé le nom du village", a-t-elle affirmé.
Les quatre militaires jugés pour le meurtre de Mahé ont affirmé leur
conviction qu'il était un chef de bande de "coupeurs de route" --ce que
conteste fermement la famille de la victime-- et qu'après sa mort, les
exactions avaient cessé.
De fait, "il y a eu un temps mort" après son décès, a déclaré Adèle Dito,
mais "sa bande existait bien et ne s'était que retirée en brousse". Après, ils
ont recommencé.
L'ancienne adjointe au maire a dit qu'elle avait été menacée après avoir
témoigné en faveur des militaires français. Elle vit en France depuis 2006.
Dans la salle, les Ivoiriens présents ont vivement réagi à ses propos,
l'accusant d'avoir acheté avec des mensonges sa nationalité française. Elle
est sortie par une porte latérale, sous la protection des gendarmes.
Avant elle, un ancien officier de la force Licorne, Gilles Neviaski, qui
avait dénoncé les faits auprès de l'inspection militaire environ cinq mois
après la mort de Mahé, avait en revanche accablé les accusés.
"Le fait de ramasser des cadavres (comme l'avait fait l'adjudant-chef
Raugel) peut modifier le psychisme d'un homme, mais cela n'autorise pas à
faire n'importe quoi", a estimé l'ancien lieutenant-colonel, qui était
l'adjoint du colonel Burgaud, le plus gradé des accusés.
Le témoignage très attendu du général Henri Poncet, qui commandait la force
Licorne en 2005, était prévu mardi après-midi. Eric Burgaud dit avoir tenu de
lui l'ordre implicite de tuer Firmin Mahé, ce que le général a toujours nié.
L'ancienne ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie était également
attendue comme témoin en fin d'après-midi.
En début d'audience, la cour avait déclaré recevables les constitutions de
partie civile déposées par trois proches de la victime, dont son ancienne
compagne, et qui, lundi, n'avaient pas reconnu Firmin Mahé sur une photo prise
par les militaires peu avant sa mort.
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