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Politique Publié le jeudi 6 décembre 2012 | Le Temps

Déportation de Simone Gbagbo à La Haye : Pourquoi Ouattara recule devant la Cpi

© Le Temps
Simone Gbagbo lors d`un rassemblement au Palais de la Culture d`Abidjan, où 5.000 pro-Gbagbo Ivoiriens se sont rassemblés pour prier pour la victoire et la paix
En saisissant la Cour pénale internationale (Cpi) et en y poussant avec toutes ses forces et sa haine, le Président Laurent Gbagbo, fin novembre 2011, l’argument brandi par Alassane Ouattara, chef de l’Etat, était du genre : «Il n’y a pas de justice plus indépendante que la Cpi ; nous n’avons pas en Côte d’Ivoire les instruments (judiciaires) pour juger les crimes de guerre et crimes contre l’humanité». Mais, alors que la Cpi réclame, par un mandat d’arrêt officiel Mme Simone Ehivet Gbagbo, accusée de crimes économiques, de vol aggravé, et de crimes contre l’humanité, presque les mêmes crimes que son époux, Ouattara dit qu’elle ne bougera pas. Et qu’elle peut être jugée en Côte d’Ivoire. L’ex-Première dame, détenue au secret à Odienné, nord ouest du pays, depuis 19 mois par le régime, a été entendue le mercredi 14 novembre 2012 par le juge d’instruction, Koné Mamadou. Mais pourquoi Ouattara a-t-il mis finalement le pied sur le dossier de son transfèrement à la Cpi ? Pourquoi a-t-il reculé face à la procédure de La Haye ? Nous l’écrivions sans complaisance il y a deux jours : «S’il livre l’ex-Première Dame (Simone Ehivet Gbagbo), il ouvre alors la voie au transfèrement de ses propres hommes qui disent déjà qu’il les a vendus auprès de Bensouda. Or, si un seul d’entre eux va à la Cpi, Alassane et Dominique Ouattara ont toutes les chances d’y rejoindre Laurent Gbagbo.» Ce n’est donc pas par générosité que Ouattara préfère juger Simone Gbagbo en Côte d’Ivoire. Il prend très au sérieux les «menaces» de Guillaume Soro, l’actuel président de l’Assemblée nationale et chef de l’ex-rébellion des Forces nouvelles et des chefs de guerre. Les crimes du Rdr, depuis 2002 à aujourd’hui, dépassent l’entendement. Et c’est un secret de polichinelle de dire que le Rdr et l’ex-rébellion, sont deux faces d’une même pièce et que les deux ont œuvré et agissent toujours pour le compte d’Alassane Ouattara. Dans ces conditions, il ne peut pas soulever une grosse pierre, pour se la laisser tomber sur ses pieds. Si Simone Gbagbo est transférée à La Haye, Soro Guillaume la suivra, ainsi que les Issiaka Ouattara dit Wattao, Shérif Ousmane, Fofié Kouakou, Koné Zackaria, Michel Gueu, Oualata Gahoudi, etc. Des personnes dont Ouattara dépend aujourd’hui pour sa liberté et donc sa présence à la tête du pays. Et lors d’une interview bilan à la Rti1, voici la question et la réponse de Ouattara concernant ces hommes : Question : «Vous êtes en train de caser certains généraux, d’autres sont en train de s’interroger sur leur avenir, je pense aux commandants de zone. La Cpi est en train de mener ses enquêtes. Si demain, certains Commandants de zone sont mis en cause, est-ce que cela ne présentera pas une menace pour votre régime ?» Réponse : «Pas du tout ! Je considère que c’est un faux procès que certaines de ces structures de droits de l’Homme font. J’ai montré ma détermination à respecter l’Etat de droit. Nous avons créé une Commission nationale d’enquête qui est à pied d’œuvre, qui va terminer son travail dans deux ou trois mois. Et à l’issue de son travail, le document sera rendu public. Si certaines personnes ont commis des crimes, ces personnes iront devant le juge.» Mais la fameuse commission nationale d’enquête, comme on s’y attendait, n’a trouvé aucune charge contre ces hommes, à qui Ouattara continue de donner des primes à la rébellion. Il ne peut pas les laisser aller à la Cpi, sans devoir les y rejoindre, puisque c’est pour lui qu’ils ont fait le «job». Simone Gbagbo bénéficie donc, par ce refus de son transfèrement, de l’attachement de Ouattara à sa propre liberté. Le paravent protégeant ses poulains et tout son camp, vise en réalité sa propre protection. Mais, il est également bien conscient que, si Laurent Gbagbo est libéré, il ne rentrera pas en Côte d’Ivoire dans l’immédiat. D’abord il aura besoin de se refaire une santé, loin des assaillants. Ensuite, son fauteuil étant dans tous les cas occupé, à quoi bon se précipiter? Ce sont donc des calculs froids qui déterminent Ouattara à renoncer à envoyer ses adversaires d’hier, traités comme des ennemis jurés aujourd’hui, à la Cpi. Mais il s’est également rendu compte que, Laurent Gbagbo même qu’il voulait humilier en l’y expédiant, en est plus grandi, honoré, et plus populaire que jamais. Or, en les jugeant en Côte d’Ivoire, il a tout le loisir d’assouvir sa haine, en les maltraitant, torturant, au point de leur enlever toute dignité. C’est cela qu’il gagne en les faisant juger par sa justice des vainqueurs. Il évitera de fabriquer des superstars.
Germain Séhoué
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