Des Français vivent très mal…Certains sont en prison”
La ministre déléguée des Français à l’étranger, Hélène Conway s’est rendue à Abidjan pour rencontrer les ressortissants français. Au cours d’un point de presse, elle s’est prononcée sur plusieurs questions brulantes, notamment, la réconciliation, la justice, la stabilité économique et la situation sécuritaire.
Un œil du Président français était dans nos murs. La ministre déléguée des Français à l’étranger, Hélène Conway Mouret, a effectué une visite en Côte d’Ivoire pour s’ « enquérir » de l’état d’esprit de ses concitoyens français après la période de crise post-électorale de 2010-2011. Au terme de son séjour, elle a animé un point de presse, dans la soirée du mardi 11 décembre, à la résidence de l’Ambassadeur de France, George Serre, à Cocody. « J’ai retrouvé le Président Ouattara que j’avais rencontré le mardi dernier à Paris ainsi que le Premier ministre Duncan. Aussi, la communauté française, celle des affaires et les associations. Parce que je voulais savoir comment les français vivent ici, la transition importante que vous vivez, que vous partagez avec eux en ce moment », a indiqué Hélène Conway Mouret. S’agissant des Français vivant en Côte d’Ivoire, elle a déploré que ces derniers se plaignent des conditions sécuritaires. « J’ai parlé au Président d’une attente pour le rétablissement de la sécurité de la part de nos patriotes. Certains me disent par exemple qu’ils vivent très mal le fait d’avoir les soirs, les barrages qui sont un peu trop nombreux. Ce qui les empêche de sortir. Ils aimeraient bien que ces barrages disparaissent. S’agissant des Français qui sont détenus ici, les Présidents Hollande et Ouattara se sont entretenus au plus haut sommet sur la question. Ce n’était plus opportun pour moi de revenir là-dessus », a révélé la ministre des Français de l’étranger. Elle a rassuré avoir eu des entretiens francs avec des membres du gouvernement ivoirien. « Du point de vue politique, tous les entretiens ont été d’une très grande franchise, grande ouverture sans complexe. J’ai posé des questions en tant que représentante du gouvernement français. Et, j’ai eu des réponses d’une grande honnêteté. A savoir sur la sécurité dans le pays. Qui, bien sûr, est un élément important pour la communauté française, pour les Ivoiriens aussi. Le retour de la stabilité est d’une confiance qui permet à la fois aux investisseurs et à tous ceux qui veulent vivre en paix dans ce pays de pouvoir le faire avec leur famille aisément », s’est-elle réjouie. Au niveau économique, la ministre française a révélé que la Côte d’Ivoire aura beaucoup d’argent avec la signature du Contrat de désendettement et de développement (C2D) avec la France, pour le financement des projets. « Au-delà des questions de sécurité, il y a bien sûr la possibilité pour la Côte d’Ivoire d’avancer grâce à la signature la semaine dernière du Contrat de désendettement et de développement (C2D). Cet argent va pouvoir relancer l’économie du pays dans des domaines essentiels, six domaines prioritaires que sont l’éducation, la formation et l’enseignement supérieur, le domaine de l’eau, du développement urbain, de la justice, de la sécurité. C’est un moment très important. En effet, si tous les grands projets qui sont aujourd’hui planifiés voient le jour, on peut imaginer qu’un grand nombre de jeunes éduqués, auront la possibilité de pouvoir travailler, d’encadrer ces projets. Et donc, l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur sont des domaines clés aujourd’hui sur lesquels il faut travailler, pouvoir fournir un vivier de jeunes éduqués le moment venu », a confié Hélène Conway à la presse, avant de rassurer que cet argent sera bien dépensé. Parlant de sa redistribution aux entreprises, elle a indiqué que cela va se faire par appel d’offres international dans la transparence totale. « Puisque l’argent qui est donné aux Ivoiriens est donné pour des projets qui sont réalisés par les Ivoiriens. Et, l’appel d’offres est international. Mon message aux entreprises françaises, est de dire que ces appels d’offres étaient là. Mais, qu’il aurait une grande concurrence en particulier avec d’autres pays européens.et qu’il faille qu’ils soient prêts pour se battre. Même s’ils ont les atouts. Que cela ne suffira pas. Et qu’il faudra qu’ils prouvent qu’ils sont les meilleurs à ces appels d’offres. Pour qu’il n’y ait pas d’automatisme entre le fait que des crédits soient donnés pour la réalisation de projet. Que ça soit des entreprises françaises qui les réalisent. Eux ont certains atouts, mais ne sont pas les seuls », a aussi rassuré la ministre. Elle a tenu à faire un point détaillé des entreprises françaises installées en Côte d’ Ivoire. « Quant à leur état d’esprit, ce sont des PME. Il y en a près de 500 de droit local ivoirien. Et, l’ensemble des entreprises françaises emploie près de 40.000 personnes. C’est une présence qui est importante. Mais, qui fait partie du maillage industriel, commercial de la Côte d’Ivoire depuis bien longtemps. Ce n’est pas un phénomène passager. Ce ne sont pas des entreprises qui viennent s’installer et se faire de l’argent pour repartir. Ce sont des gens qui sont là, qui travaillent avec des Ivoiriens. Certains d’ailleurs se sentent un peu Ivoirien. Ils sont là depuis bien longtemps », a clarifié la ministre Hélène Conway Mouret.
Beaucoup d’argent et d’entreprises arrivent…
Profitant de cette brèche, elle a fait un détour sur les initiatives d’entreprenariats français depuis la fin de la crise post-électorale. « Il y avait 16.000 français dans les années 90. Aujourd’hui, il y a 14.200 français en Côte d’Ivoire. Certains sont partis. Entre 2011 et 2012, 2400 français sont arrivés en Côte d’Ivoire pour la première fois. 500 d’entre eux ont entre 20 à 35 ans. Les autres se repartissent les autres tranches d’âges. Et, une centaine sur les 500 est arrivée avec un projet spécifique pour créer une entreprise, des PME. Ce sont les chiffres officiels que nous avons. Cela montre bien un gage de confiance aussi. Avec le C2D, peut-être que des français et d’autres arrivent avec des idées pour investir et s’investir », a-t-elle souligné. « Pour la population française, a-t-elle poursuivi, c’est une population qui est ici depuis bien longtemps et qui a traversé différentes périodes assez troubles, que vous avez connues et qui, aujourd’hui, croit sincèrement que la Côte d’Ivoire est à un tournant. Et, ces Français sont prêts à s’investir et à continuer à vivre leur vie ici. Prendre une part entière, si vous voulez, dans ce que vous allez vivre, parce qu’ils croient que le pays se développe et va se développer ». Concernant l’insécurité judicaire qui est un frein à l’entreprenariat, la ministre française a appelé de tous ses vœux la création d’un Tribunal de Commerce. « Le rétablissement de la justice, vous avez tout à fait raison, passe par une certaine sécurité juridique ; aussi pour les investissements que pour les investisseurs. La création d’un tribunal de commerce n’est pas symbolique, mais est quelque chose d’important. L’un des conseillers du commerce extérieur que j’ai rencontré s’en est réjoui. Que le rétablissement de ce tribunal ira dans le sens de cette justice auquel les gens aspirent et dont-ils ont besoin pour que la confiance règne à nouveau. Il faut donc des décisions politiques fortes », a souhaité l’envoyée du gouvernement français à Abidjan. A ce stade, elle a réitéré la bonne foi des ministres de Ouattara. « Ce que j’ai pu noter, chez les ministres que j’ai pu rencontrer, c’est cette volonté. Véritablement, ce n’était pas des paroles. On peut utiliser la langue de bois et avoir un discours plus vrai. Mais, derrière les paroles, on sent la sincérité des gens », a reconnu la ministre française. Outre ces points, il a, surtout, été question de la réconciliation nationale. L’envoyé de François Hollande a révélé que la réconciliation n’est pas claire en Côte d’Ivoire. « Devant la densité de rencontres avec une situation complexe, la réconciliation nationale est un mot important. Qu’il faut dire et redire. Mais qui cache énormément de chose. Au niveau humain, un équilibre est à retrouver entre les différentes parties. Et, faire ceci dans le respect avec des valeurs auxquelles nous croyons, que nous partageons avec les Ivoiriens. Bien sûr, l’égalité et la fraternité sont importantes. La réconciliation est à différents niveaux. Vous savez, c’est au niveau national que vous avez vécu toutes ces périodes troublées depuis plus de 10 ans maintenant. Cela signifie qu’il y a des parties opposées. Donc, la réconciliation nationale, c’est faire en sorte que chacun trouve sa place. Que la justice soit appliquée de la même façon à l’ensemble des personnes. Et, que toutes les règles soient appliquées équitablement. Et dans la confiance que des personnes peuvent accordées à la justice en particulier. Voilà ce que cela cache. J’ai parlé au Président Ouattara de cette réconciliation dans nos discussions. Il me disait qu’aujourd’hui, (mardi 11 décembre, ndlr) le FPI est à Dakar avec une dizaine de membres pour pouvoir discuter avec le Président Macky Sall et avancer. C’est ça la réconciliation aussi ». Enfin, Hélène Conway Mouret a regretté la situation qui prévaut au Mali avec la démission du Premier ministre Modibo Diarra. La ministre des Français de l’étranger a milité pour l’envoi de troupes au nord du Mali afin de rétablir l’intégrité territoriale du pays.
FOFANA BABA IDRISS
La ministre déléguée des Français à l’étranger, Hélène Conway s’est rendue à Abidjan pour rencontrer les ressortissants français. Au cours d’un point de presse, elle s’est prononcée sur plusieurs questions brulantes, notamment, la réconciliation, la justice, la stabilité économique et la situation sécuritaire.
Un œil du Président français était dans nos murs. La ministre déléguée des Français à l’étranger, Hélène Conway Mouret, a effectué une visite en Côte d’Ivoire pour s’ « enquérir » de l’état d’esprit de ses concitoyens français après la période de crise post-électorale de 2010-2011. Au terme de son séjour, elle a animé un point de presse, dans la soirée du mardi 11 décembre, à la résidence de l’Ambassadeur de France, George Serre, à Cocody. « J’ai retrouvé le Président Ouattara que j’avais rencontré le mardi dernier à Paris ainsi que le Premier ministre Duncan. Aussi, la communauté française, celle des affaires et les associations. Parce que je voulais savoir comment les français vivent ici, la transition importante que vous vivez, que vous partagez avec eux en ce moment », a indiqué Hélène Conway Mouret. S’agissant des Français vivant en Côte d’Ivoire, elle a déploré que ces derniers se plaignent des conditions sécuritaires. « J’ai parlé au Président d’une attente pour le rétablissement de la sécurité de la part de nos patriotes. Certains me disent par exemple qu’ils vivent très mal le fait d’avoir les soirs, les barrages qui sont un peu trop nombreux. Ce qui les empêche de sortir. Ils aimeraient bien que ces barrages disparaissent. S’agissant des Français qui sont détenus ici, les Présidents Hollande et Ouattara se sont entretenus au plus haut sommet sur la question. Ce n’était plus opportun pour moi de revenir là-dessus », a révélé la ministre des Français de l’étranger. Elle a rassuré avoir eu des entretiens francs avec des membres du gouvernement ivoirien. « Du point de vue politique, tous les entretiens ont été d’une très grande franchise, grande ouverture sans complexe. J’ai posé des questions en tant que représentante du gouvernement français. Et, j’ai eu des réponses d’une grande honnêteté. A savoir sur la sécurité dans le pays. Qui, bien sûr, est un élément important pour la communauté française, pour les Ivoiriens aussi. Le retour de la stabilité est d’une confiance qui permet à la fois aux investisseurs et à tous ceux qui veulent vivre en paix dans ce pays de pouvoir le faire avec leur famille aisément », s’est-elle réjouie. Au niveau économique, la ministre française a révélé que la Côte d’Ivoire aura beaucoup d’argent avec la signature du Contrat de désendettement et de développement (C2D) avec la France, pour le financement des projets. « Au-delà des questions de sécurité, il y a bien sûr la possibilité pour la Côte d’Ivoire d’avancer grâce à la signature la semaine dernière du Contrat de désendettement et de développement (C2D). Cet argent va pouvoir relancer l’économie du pays dans des domaines essentiels, six domaines prioritaires que sont l’éducation, la formation et l’enseignement supérieur, le domaine de l’eau, du développement urbain, de la justice, de la sécurité. C’est un moment très important. En effet, si tous les grands projets qui sont aujourd’hui planifiés voient le jour, on peut imaginer qu’un grand nombre de jeunes éduqués, auront la possibilité de pouvoir travailler, d’encadrer ces projets. Et donc, l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur sont des domaines clés aujourd’hui sur lesquels il faut travailler, pouvoir fournir un vivier de jeunes éduqués le moment venu », a confié Hélène Conway à la presse, avant de rassurer que cet argent sera bien dépensé. Parlant de sa redistribution aux entreprises, elle a indiqué que cela va se faire par appel d’offres international dans la transparence totale. « Puisque l’argent qui est donné aux Ivoiriens est donné pour des projets qui sont réalisés par les Ivoiriens. Et, l’appel d’offres est international. Mon message aux entreprises françaises, est de dire que ces appels d’offres étaient là. Mais, qu’il aurait une grande concurrence en particulier avec d’autres pays européens.et qu’il faille qu’ils soient prêts pour se battre. Même s’ils ont les atouts. Que cela ne suffira pas. Et qu’il faudra qu’ils prouvent qu’ils sont les meilleurs à ces appels d’offres. Pour qu’il n’y ait pas d’automatisme entre le fait que des crédits soient donnés pour la réalisation de projet. Que ça soit des entreprises françaises qui les réalisent. Eux ont certains atouts, mais ne sont pas les seuls », a aussi rassuré la ministre. Elle a tenu à faire un point détaillé des entreprises françaises installées en Côte d’ Ivoire. « Quant à leur état d’esprit, ce sont des PME. Il y en a près de 500 de droit local ivoirien. Et, l’ensemble des entreprises françaises emploie près de 40.000 personnes. C’est une présence qui est importante. Mais, qui fait partie du maillage industriel, commercial de la Côte d’Ivoire depuis bien longtemps. Ce n’est pas un phénomène passager. Ce ne sont pas des entreprises qui viennent s’installer et se faire de l’argent pour repartir. Ce sont des gens qui sont là, qui travaillent avec des Ivoiriens. Certains d’ailleurs se sentent un peu Ivoirien. Ils sont là depuis bien longtemps », a clarifié la ministre Hélène Conway Mouret.
Beaucoup d’argent et d’entreprises arrivent…
Profitant de cette brèche, elle a fait un détour sur les initiatives d’entreprenariats français depuis la fin de la crise post-électorale. « Il y avait 16.000 français dans les années 90. Aujourd’hui, il y a 14.200 français en Côte d’Ivoire. Certains sont partis. Entre 2011 et 2012, 2400 français sont arrivés en Côte d’Ivoire pour la première fois. 500 d’entre eux ont entre 20 à 35 ans. Les autres se repartissent les autres tranches d’âges. Et, une centaine sur les 500 est arrivée avec un projet spécifique pour créer une entreprise, des PME. Ce sont les chiffres officiels que nous avons. Cela montre bien un gage de confiance aussi. Avec le C2D, peut-être que des français et d’autres arrivent avec des idées pour investir et s’investir », a-t-elle souligné. « Pour la population française, a-t-elle poursuivi, c’est une population qui est ici depuis bien longtemps et qui a traversé différentes périodes assez troubles, que vous avez connues et qui, aujourd’hui, croit sincèrement que la Côte d’Ivoire est à un tournant. Et, ces Français sont prêts à s’investir et à continuer à vivre leur vie ici. Prendre une part entière, si vous voulez, dans ce que vous allez vivre, parce qu’ils croient que le pays se développe et va se développer ». Concernant l’insécurité judicaire qui est un frein à l’entreprenariat, la ministre française a appelé de tous ses vœux la création d’un Tribunal de Commerce. « Le rétablissement de la justice, vous avez tout à fait raison, passe par une certaine sécurité juridique ; aussi pour les investissements que pour les investisseurs. La création d’un tribunal de commerce n’est pas symbolique, mais est quelque chose d’important. L’un des conseillers du commerce extérieur que j’ai rencontré s’en est réjoui. Que le rétablissement de ce tribunal ira dans le sens de cette justice auquel les gens aspirent et dont-ils ont besoin pour que la confiance règne à nouveau. Il faut donc des décisions politiques fortes », a souhaité l’envoyée du gouvernement français à Abidjan. A ce stade, elle a réitéré la bonne foi des ministres de Ouattara. « Ce que j’ai pu noter, chez les ministres que j’ai pu rencontrer, c’est cette volonté. Véritablement, ce n’était pas des paroles. On peut utiliser la langue de bois et avoir un discours plus vrai. Mais, derrière les paroles, on sent la sincérité des gens », a reconnu la ministre française. Outre ces points, il a, surtout, été question de la réconciliation nationale. L’envoyé de François Hollande a révélé que la réconciliation n’est pas claire en Côte d’Ivoire. « Devant la densité de rencontres avec une situation complexe, la réconciliation nationale est un mot important. Qu’il faut dire et redire. Mais qui cache énormément de chose. Au niveau humain, un équilibre est à retrouver entre les différentes parties. Et, faire ceci dans le respect avec des valeurs auxquelles nous croyons, que nous partageons avec les Ivoiriens. Bien sûr, l’égalité et la fraternité sont importantes. La réconciliation est à différents niveaux. Vous savez, c’est au niveau national que vous avez vécu toutes ces périodes troublées depuis plus de 10 ans maintenant. Cela signifie qu’il y a des parties opposées. Donc, la réconciliation nationale, c’est faire en sorte que chacun trouve sa place. Que la justice soit appliquée de la même façon à l’ensemble des personnes. Et, que toutes les règles soient appliquées équitablement. Et dans la confiance que des personnes peuvent accordées à la justice en particulier. Voilà ce que cela cache. J’ai parlé au Président Ouattara de cette réconciliation dans nos discussions. Il me disait qu’aujourd’hui, (mardi 11 décembre, ndlr) le FPI est à Dakar avec une dizaine de membres pour pouvoir discuter avec le Président Macky Sall et avancer. C’est ça la réconciliation aussi ». Enfin, Hélène Conway Mouret a regretté la situation qui prévaut au Mali avec la démission du Premier ministre Modibo Diarra. La ministre des Français de l’étranger a milité pour l’envoi de troupes au nord du Mali afin de rétablir l’intégrité territoriale du pays.
FOFANA BABA IDRISS