La Directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, s’est adressée au peuple Ivoirien, le 7 Janvier 2013, par le truchement de ses représentants que sont les députés. Durant 45 minutes avec un regard rétrospectif sur les heures de gloire, madame Lagarde a partagé son optimisme de voir advenir le deuxième miracle Ivoirien. Nous vous proposons de larges extraits de cette communication.
De bonnes nouvelles…, l’Afrique reste en bonne posture
Si on s’en tien à la Directrice du FMI, la croissance économique de l’Afrique subsaharienne devrait atteindre 5,25 % cette année. «Je ne peux qu’être qu’impressionnée par la résilience du continent. Une résilience qui s’est manifestée dès le départ, en 2008 et en 2009. Les pays africains sont restés dans une position forte, car ils s’étaient employés à construire des bases solides durant les années qui ont précédé la crise. Depuis 2000, les niveaux d’endettement de la région ont chuté de plus de 100 % du PIB à moins de 40 % du PIB, les réserves de change ont plus que doublé et l’inflation a été réduite de moitié. Le vaste allègement de la dette, y compris celle due au FMI, a joué un rôle important dans ces évolutions. Le maintien de la croissance dans les pays émergents y a également contribué, d’autant plus que les partenaires non traditionnels sont désormais les destinataires de la moitié des exportations d’Afrique subsaharienne et lui fournissent 60 % de ses importations», s’est elle réjouie.
L’Afrique menacée les incertitudes persistantes de l’économie mondiale
Les liens sont tout simplement trop forts. C’est d’ailleurs ce que confirment les études du FMI : un ralentissement soutenu de 2 points de PIB de l’économie mondiale aurait pour effet de ralentir la croissance de l’Afrique subsaharienne d’environ 1¼ point par an. Cela vient s’ajouter à toute une série de fragilités propres à la région. Notamment, au fur et à mesure que le réchauffement climatique progresse, le spectre de la sécheresse et des pénuries alimentaires se profile et hante le continent. Cela perturbera la croissance et la stabilité économique et, pire encore, mettra en danger les moyens de subsistance, sinon la vie des populations. La sécurité est également trop fragile dans trop de pays, surtout ici, en Afrique de l’Ouest. Si la paix n’est pas au rendez-vous, les gens n’auront pas le courage d’investir dans leur propre avenir. (…). Il est donc impératif que l’Afrique se maintienne sur la bonne voie. Cela signifie d’abord que les bonnes décisions soient prises à des milliers de kilomètres d’ici en Europe et aux États-Unis.
Pourquoi la Côte d’Ivoire peut être à l’avant-garde de la réussite africaine
À l’image d’un célèbre proverbe ivoirien qui nous dit que «la force du baobab est dans ses racines», la force de l’économie ivoirienne est dans ses bases profondes. Votre pays a une longue histoire d’ingéniosité, d’initiative et d’innovation. Vous avez surmonté d’énormes obstacles pour réussir avec éclat. Il suffit de jeter un regard en arrière, sur le grand miracle économique ivoirien qui a transformé le pays après son accession à l’indépendance. Entre 1960 et 1980, la population a doublé et le PIB a, quant à lui, quadruplé. Cet essor tenait pour beaucoup aux exportations de cacao, la Côte d’Ivoire montrant qu’elle savait judicieusement mettre en valeur ses ressources. Mais ce miracle n’a pas duré... Aujourd’hui, le revenu par tête est la moitié de ce qu’il était il y a trois décennies et près de la moitié de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté.
Reconnaissance des bonnes actions du Président Ouattara
Aujourd’hui, sous la direction du Président Ouattara, le peuple ivoirien entreprend le chemin vers une prospérité retrouvée et un optimisme renouvelé, le chemin d’un dynamisme renaissant. Les faits sont là : après avoir souffert une contraction de près de 5 % en 2011, l’économie a plus que rattrapé le terrain perdu en 2012, affichant un taux de croissance impressionnant de plus de 8,5%.
Cela n’est pas le fruit du hasard. Ce n’est pas un coup de chance. C’est le résultat des bonnes politiques mises en œuvre pendant près d’un an et demi. Durant cette période, le FMI a été heureux de pouvoir aider la Côte d’Ivoire-y compris par un prêt à taux zéro de 100 milliards de francs CFA par an pour soutenir le programme de réformes du gouvernement.
La clé de réussite sous la gouvernance de Ouattara
Laissez-moi vous donner quelques exemples de ce que le gouvernement a réussi à faire :
• Il a dopé l’investissement public, passant de 3 % du PIB durant la longue crise politique, à plus de 7 % du PIB dans la loi de finances de 2013, et il s’emploie aussi à mobiliser l’investissement extérieur.
• Il s’est attaqué à la pauvreté en milieu rural en opérant une réforme de la filière cacao qui rapporte 80 milliards de francs de plus aux paysans, tout en maintenant le rôle de premier plan de la Côte d’Ivoire dans la production mondiale.
• Il a initié des réformes dans le secteur de l’énergie-en fournissant l’énergie nécessaire à la croissance intérieure et à l’exportation vers les pays voisins, tout en entamant le difficile processus visant à ramener, à moyen terme, la discipline financière dans le secteur électrique. Il a aussi reformé le secteur de l'énergie en prenant des mesures courageuses pour maintenir la viabilité financière du mécanisme de subvention des prix du gaz butane tout en préservant autant qu’il est possible les ménages à faible revenu de l’impact des hausses de prix.
• Il a amélioré le climat des affaires en installant des tribunaux du commerce et en créant un guichet unique pour l’investissement.
• Il a bouclé l’annulation ou la restructuration de sa dette extérieure en remplissant les conditions d’admissibilité au point d’achèvement de l’initiative PPTE renforcée.
Autrement dit, malgré les redoutables écueils qu’ils ont dû franchir, un an et demi a suffi au Président Ouattara et à son équipe pour remettre la Côte d’Ivoire sur la bonne voie. Ce n’est là que la première étape d’un long périple. Quelle sera la prochaine?
Un deuxième miracle ivoirien, c’est possible
Il ne s’agit pas d’un vœu pieux, mais d’une démarche fondée sur des politiques concrètes énoncées dans le Plan national de développement et sur les concours généreux promis par les partenaires et amis du pays dans le cadre du Groupe consultatif qui s’est réuni à Paris, en décembre dernier. L’objectif fixé par le Président est de générer une croissance suffisante pour doubler le revenu national d’ici 2020. Concrètement, le pays mise sur un deuxième miracle ivoirien. Un miracle qui peut voir le jour, cela ne fait aucun doute. «L’étranger ne connaît pas le sentier qui passe sous les calebasses», c’est ce que dit un autre grand proverbe ivoirien. Entendez par-là que personne d’autre ne connaît mieux que vous votre propre pays, et c’est vous-mêmes qui devez construire votre propre avenir. (…)
Les trois grands défis que la Côte d’Ivoire doit relever
Le premier ingrédient de la croissance et de la prospérité, c’est l’investissement. A cet égard, il est tout à fait opportun que le Plan national de développement accorde une place de choix à l’investissement et à la remise en état des infrastructures. Mais par investissement j’entends aussi l’investissement dans la population... Après tout, la croissance soutenue résulte de la productivité, or la productivité ce n’est pas simplement une question de machines, c’est surtout le fruit du travail d’un peuple productif. La Côte d’Ivoire a besoin d’une meilleure éducation et d’une meilleure formation, et de les centrer là où il existe une demande de main-d’œuvre. (...) Toute stratégie doit donc miser clairement sur l’emploi, notamment celui des jeunes. Cela signifie qu’il faut viser les domaines rentables qui puissent embaucher le plus grand nombre; je pense par exemple à la transformation de la noix de cajou. Cela signifie qu’il faut investir dans des programmes de formation professionnelle.
politique inclusive
Deuxième dossier : Le principe est simple : la croissance et la prospérité doivent profiter à l’ensemble de la population et ouvrir des opportunités pour tous. (…) Il est plus facile de guérir les blessures lorsque toute la population partage un même élan, dans un esprit de solidarité sociale. Relever le défi de l’inclusion implique des actions multiformes. Cela passe certes par l’investissement dans le capital humain et dans l’emploi, (…), mais aussi par de solides dépenses sociales, notamment pour atténuer les souffrances des citoyens les plus démunis. Cela doit toutefois aller de pair avec une réduction des dépenses dans les domaines où la dépense publique n’est pas très performante, comme les subventions aux prix de l’énergie. Ces types de subventions ont des effets négatifs sur le budget, l’efficience économique, l’équité et l’inclusion et sur l’environnement. L’inclusion suppose également l’accès généralisé au crédit, notamment pour les petites et moyennes entreprises, déterminantes pour la croissance et la prospérité futures. À cet égard, la Côte d’Ivoire doit rendre son système bancaire plus compétitif. (…)
La Côte d’Ivoire a déjà payé le prix de la mauvaise gouvernance
Tout ce que j’ai évoqué jusqu’à présent est tributaire de la bonne gouvernance et de l’existence d’institutions fortes. Sans elles, sans cette assise, chercher à promouvoir une croissance forte et inclusive c’est un peu comme tenter de construire une maison sur du sable.
La Côte d’Ivoire a déjà payé le prix de la mauvaise gouvernance. Celle-ci a contribué dans une large mesure à la chute du niveau de vie. Elle a entraîné son cortège de mécontentement, de souffrance et de marginalisation. La gouvernance s’est davantage affaiblie durant les troubles de la dernière décennie. La mauvaise gouvernance laisse derrière elle un triste héritage. La Côte d’Ivoire occupe la 46e position sur les 52 pays africains dans l’indice de gouvernance de Mo Ibrahim, et, ce qui est encore plus révélateur, la 48e place quant à l’état de droit. La Côte d’Ivoire peut faire beaucoup mieux, et doit faire beaucoup mieux. J’applaudis les mesures que le Premier ministre a déjà prises en ce sens. Il faut d’abord extirper la corruption du corps politique, et centrer et renforcer le rôle de l’État dans ses compétences primordiales. À savoir, promouvoir la stabilité économique, garantir les services sociaux de base à tous les citoyens, offrir un environnement propice à un secteur privé dynamique et prospère en définissant des règles du jeu claires, et assurer un environnement social et politique générateur de paix et de justice sociale. Dans certains domaines essentiels de l’économie, l’État doit se retirer pour que le secteur privé puisse prendre le relais. Le rôle de l’État est de fixer les règles concernant l’activité des entreprises, et non de les gérer, d’accompagner les entreprises, et non de les supplanter. En somme, en s’impliquant énergiquement sur ces trois fronts-plus d’investissements, une meilleure inclusion et une gouvernance plus solide — la Côte d’Ivoire sera mieux à même d’accomplir son destin. Pour conclure, je souhaiterais emprunter quelques paroles à Bernard Dadié, l’un de vos plus célèbres écrivains. Dans l’un de ses livres, il imagine Paris parlant à l’Afrique et utilise à peu près les termes suivants: «… j’ai été au stade où tu es. J’ai connu Attila; j’ai été détruite à plusieurs reprises, mais chaque fois les Parisiens ont retroussé leurs manches, empoigné les pioches et les truelles, et à la sueur de leur front, ont fait resurgir les maisons, pierre à pierre». En d’autres termes, nous devons donc prendre du recul, nous abstraire des turbulences du moment et appréhender le cours de l’histoire-un cours qui rejoint les destinées de l’Afrique en ce 21e siècle. (…)L’heure est venue d’empoigner les pioches et les truelles et de reconstruire, une fois de plus, votre pays, de créer ce deuxième miracle ivoirien, de faire de nouveau ce que vos aïeux ont accompli, avec patience et persévérance, avec courage et confiance, avec foi et vaillance…
De bonnes nouvelles…, l’Afrique reste en bonne posture
Si on s’en tien à la Directrice du FMI, la croissance économique de l’Afrique subsaharienne devrait atteindre 5,25 % cette année. «Je ne peux qu’être qu’impressionnée par la résilience du continent. Une résilience qui s’est manifestée dès le départ, en 2008 et en 2009. Les pays africains sont restés dans une position forte, car ils s’étaient employés à construire des bases solides durant les années qui ont précédé la crise. Depuis 2000, les niveaux d’endettement de la région ont chuté de plus de 100 % du PIB à moins de 40 % du PIB, les réserves de change ont plus que doublé et l’inflation a été réduite de moitié. Le vaste allègement de la dette, y compris celle due au FMI, a joué un rôle important dans ces évolutions. Le maintien de la croissance dans les pays émergents y a également contribué, d’autant plus que les partenaires non traditionnels sont désormais les destinataires de la moitié des exportations d’Afrique subsaharienne et lui fournissent 60 % de ses importations», s’est elle réjouie.
L’Afrique menacée les incertitudes persistantes de l’économie mondiale
Les liens sont tout simplement trop forts. C’est d’ailleurs ce que confirment les études du FMI : un ralentissement soutenu de 2 points de PIB de l’économie mondiale aurait pour effet de ralentir la croissance de l’Afrique subsaharienne d’environ 1¼ point par an. Cela vient s’ajouter à toute une série de fragilités propres à la région. Notamment, au fur et à mesure que le réchauffement climatique progresse, le spectre de la sécheresse et des pénuries alimentaires se profile et hante le continent. Cela perturbera la croissance et la stabilité économique et, pire encore, mettra en danger les moyens de subsistance, sinon la vie des populations. La sécurité est également trop fragile dans trop de pays, surtout ici, en Afrique de l’Ouest. Si la paix n’est pas au rendez-vous, les gens n’auront pas le courage d’investir dans leur propre avenir. (…). Il est donc impératif que l’Afrique se maintienne sur la bonne voie. Cela signifie d’abord que les bonnes décisions soient prises à des milliers de kilomètres d’ici en Europe et aux États-Unis.
Pourquoi la Côte d’Ivoire peut être à l’avant-garde de la réussite africaine
À l’image d’un célèbre proverbe ivoirien qui nous dit que «la force du baobab est dans ses racines», la force de l’économie ivoirienne est dans ses bases profondes. Votre pays a une longue histoire d’ingéniosité, d’initiative et d’innovation. Vous avez surmonté d’énormes obstacles pour réussir avec éclat. Il suffit de jeter un regard en arrière, sur le grand miracle économique ivoirien qui a transformé le pays après son accession à l’indépendance. Entre 1960 et 1980, la population a doublé et le PIB a, quant à lui, quadruplé. Cet essor tenait pour beaucoup aux exportations de cacao, la Côte d’Ivoire montrant qu’elle savait judicieusement mettre en valeur ses ressources. Mais ce miracle n’a pas duré... Aujourd’hui, le revenu par tête est la moitié de ce qu’il était il y a trois décennies et près de la moitié de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté.
Reconnaissance des bonnes actions du Président Ouattara
Aujourd’hui, sous la direction du Président Ouattara, le peuple ivoirien entreprend le chemin vers une prospérité retrouvée et un optimisme renouvelé, le chemin d’un dynamisme renaissant. Les faits sont là : après avoir souffert une contraction de près de 5 % en 2011, l’économie a plus que rattrapé le terrain perdu en 2012, affichant un taux de croissance impressionnant de plus de 8,5%.
Cela n’est pas le fruit du hasard. Ce n’est pas un coup de chance. C’est le résultat des bonnes politiques mises en œuvre pendant près d’un an et demi. Durant cette période, le FMI a été heureux de pouvoir aider la Côte d’Ivoire-y compris par un prêt à taux zéro de 100 milliards de francs CFA par an pour soutenir le programme de réformes du gouvernement.
La clé de réussite sous la gouvernance de Ouattara
Laissez-moi vous donner quelques exemples de ce que le gouvernement a réussi à faire :
• Il a dopé l’investissement public, passant de 3 % du PIB durant la longue crise politique, à plus de 7 % du PIB dans la loi de finances de 2013, et il s’emploie aussi à mobiliser l’investissement extérieur.
• Il s’est attaqué à la pauvreté en milieu rural en opérant une réforme de la filière cacao qui rapporte 80 milliards de francs de plus aux paysans, tout en maintenant le rôle de premier plan de la Côte d’Ivoire dans la production mondiale.
• Il a initié des réformes dans le secteur de l’énergie-en fournissant l’énergie nécessaire à la croissance intérieure et à l’exportation vers les pays voisins, tout en entamant le difficile processus visant à ramener, à moyen terme, la discipline financière dans le secteur électrique. Il a aussi reformé le secteur de l'énergie en prenant des mesures courageuses pour maintenir la viabilité financière du mécanisme de subvention des prix du gaz butane tout en préservant autant qu’il est possible les ménages à faible revenu de l’impact des hausses de prix.
• Il a amélioré le climat des affaires en installant des tribunaux du commerce et en créant un guichet unique pour l’investissement.
• Il a bouclé l’annulation ou la restructuration de sa dette extérieure en remplissant les conditions d’admissibilité au point d’achèvement de l’initiative PPTE renforcée.
Autrement dit, malgré les redoutables écueils qu’ils ont dû franchir, un an et demi a suffi au Président Ouattara et à son équipe pour remettre la Côte d’Ivoire sur la bonne voie. Ce n’est là que la première étape d’un long périple. Quelle sera la prochaine?
Un deuxième miracle ivoirien, c’est possible
Il ne s’agit pas d’un vœu pieux, mais d’une démarche fondée sur des politiques concrètes énoncées dans le Plan national de développement et sur les concours généreux promis par les partenaires et amis du pays dans le cadre du Groupe consultatif qui s’est réuni à Paris, en décembre dernier. L’objectif fixé par le Président est de générer une croissance suffisante pour doubler le revenu national d’ici 2020. Concrètement, le pays mise sur un deuxième miracle ivoirien. Un miracle qui peut voir le jour, cela ne fait aucun doute. «L’étranger ne connaît pas le sentier qui passe sous les calebasses», c’est ce que dit un autre grand proverbe ivoirien. Entendez par-là que personne d’autre ne connaît mieux que vous votre propre pays, et c’est vous-mêmes qui devez construire votre propre avenir. (…)
Les trois grands défis que la Côte d’Ivoire doit relever
Le premier ingrédient de la croissance et de la prospérité, c’est l’investissement. A cet égard, il est tout à fait opportun que le Plan national de développement accorde une place de choix à l’investissement et à la remise en état des infrastructures. Mais par investissement j’entends aussi l’investissement dans la population... Après tout, la croissance soutenue résulte de la productivité, or la productivité ce n’est pas simplement une question de machines, c’est surtout le fruit du travail d’un peuple productif. La Côte d’Ivoire a besoin d’une meilleure éducation et d’une meilleure formation, et de les centrer là où il existe une demande de main-d’œuvre. (...) Toute stratégie doit donc miser clairement sur l’emploi, notamment celui des jeunes. Cela signifie qu’il faut viser les domaines rentables qui puissent embaucher le plus grand nombre; je pense par exemple à la transformation de la noix de cajou. Cela signifie qu’il faut investir dans des programmes de formation professionnelle.
politique inclusive
Deuxième dossier : Le principe est simple : la croissance et la prospérité doivent profiter à l’ensemble de la population et ouvrir des opportunités pour tous. (…) Il est plus facile de guérir les blessures lorsque toute la population partage un même élan, dans un esprit de solidarité sociale. Relever le défi de l’inclusion implique des actions multiformes. Cela passe certes par l’investissement dans le capital humain et dans l’emploi, (…), mais aussi par de solides dépenses sociales, notamment pour atténuer les souffrances des citoyens les plus démunis. Cela doit toutefois aller de pair avec une réduction des dépenses dans les domaines où la dépense publique n’est pas très performante, comme les subventions aux prix de l’énergie. Ces types de subventions ont des effets négatifs sur le budget, l’efficience économique, l’équité et l’inclusion et sur l’environnement. L’inclusion suppose également l’accès généralisé au crédit, notamment pour les petites et moyennes entreprises, déterminantes pour la croissance et la prospérité futures. À cet égard, la Côte d’Ivoire doit rendre son système bancaire plus compétitif. (…)
La Côte d’Ivoire a déjà payé le prix de la mauvaise gouvernance
Tout ce que j’ai évoqué jusqu’à présent est tributaire de la bonne gouvernance et de l’existence d’institutions fortes. Sans elles, sans cette assise, chercher à promouvoir une croissance forte et inclusive c’est un peu comme tenter de construire une maison sur du sable.
La Côte d’Ivoire a déjà payé le prix de la mauvaise gouvernance. Celle-ci a contribué dans une large mesure à la chute du niveau de vie. Elle a entraîné son cortège de mécontentement, de souffrance et de marginalisation. La gouvernance s’est davantage affaiblie durant les troubles de la dernière décennie. La mauvaise gouvernance laisse derrière elle un triste héritage. La Côte d’Ivoire occupe la 46e position sur les 52 pays africains dans l’indice de gouvernance de Mo Ibrahim, et, ce qui est encore plus révélateur, la 48e place quant à l’état de droit. La Côte d’Ivoire peut faire beaucoup mieux, et doit faire beaucoup mieux. J’applaudis les mesures que le Premier ministre a déjà prises en ce sens. Il faut d’abord extirper la corruption du corps politique, et centrer et renforcer le rôle de l’État dans ses compétences primordiales. À savoir, promouvoir la stabilité économique, garantir les services sociaux de base à tous les citoyens, offrir un environnement propice à un secteur privé dynamique et prospère en définissant des règles du jeu claires, et assurer un environnement social et politique générateur de paix et de justice sociale. Dans certains domaines essentiels de l’économie, l’État doit se retirer pour que le secteur privé puisse prendre le relais. Le rôle de l’État est de fixer les règles concernant l’activité des entreprises, et non de les gérer, d’accompagner les entreprises, et non de les supplanter. En somme, en s’impliquant énergiquement sur ces trois fronts-plus d’investissements, une meilleure inclusion et une gouvernance plus solide — la Côte d’Ivoire sera mieux à même d’accomplir son destin. Pour conclure, je souhaiterais emprunter quelques paroles à Bernard Dadié, l’un de vos plus célèbres écrivains. Dans l’un de ses livres, il imagine Paris parlant à l’Afrique et utilise à peu près les termes suivants: «… j’ai été au stade où tu es. J’ai connu Attila; j’ai été détruite à plusieurs reprises, mais chaque fois les Parisiens ont retroussé leurs manches, empoigné les pioches et les truelles, et à la sueur de leur front, ont fait resurgir les maisons, pierre à pierre». En d’autres termes, nous devons donc prendre du recul, nous abstraire des turbulences du moment et appréhender le cours de l’histoire-un cours qui rejoint les destinées de l’Afrique en ce 21e siècle. (…)L’heure est venue d’empoigner les pioches et les truelles et de reconstruire, une fois de plus, votre pays, de créer ce deuxième miracle ivoirien, de faire de nouveau ce que vos aïeux ont accompli, avec patience et persévérance, avec courage et confiance, avec foi et vaillance…