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Politique Publié le vendredi 11 janvier 2013 | Nord-Sud

Gilbert Kafana Koné, ancien ministre de la Solidarité : «Pourquoi je brigue la mairie de Yopougon»

© Nord-Sud Par FN
Yopougon: les ministres Kafana, Mabri et Darret à la 7è édition de la journée nationale de la Solidarité
Vendredi 14 septembre 2012. Abidjan. Yopougon, Place Ficgayo. Le gouvernement représenté par le ministre d`Etat Gilbert Kafana Koné, qui avait à ses côtés les ministres Mabri Toikeusse et Mathieu Babaud Daret, commémore la Journée nationale de la solidarité
Dans cette interview exclusive qu’il nous a accordée, l’ancien ministre de la Solidarité, Gilbert Kafana Koné explique notamment que c’est par devoir qu’il se présente aux prochaines municipales dans la commune de Yopougon. Il revient aussi sur son départ du gouvernement.


Plus d’un mois après votre sortie du gouvernement, comment vous expliquez-vous votre non reconduction dans l’équipe du Premier ministre Kablan Duncan ?
Avant de parler de mes ressentiments, je dois dire que ça a été une belle expérience pour moi que de participer à un gouvernement du président Alassane Ouattara. Cela a été une expérience très enrichissante, même si par moments elle a été difficile, eu égard aux conditions dans lesquelles nous avons eu à travailler. Tout le monde le reconnaît d’ailleurs. Je suis heureux d’avoir participé au gouvernement durant cette brève période. Bien entendu la fonction ministérielle est très prestigieuse et on est souvent surpris quand quelqu’un sort aussi rapidement d’un gouvernement. On est d’autant plus surpris qu’on se demande si celui qui en sort de cette manière, n’a pas péché quelque part. En ce qui me concerne, beaucoup de personnes ont effectivement manifesté leur surprise mais, ce que je peux dire, c’est que les nominations et les révocations sont à l’appréciation du chef de l’Etat. Sinon au sujet de mon départ, il n’est pas survenu à l’issue d’un problème particulier.

Ceci dit, n’avez-vous pas quelques regrets ?
Ce serait un mensonge si quelqu’un vous dit qu’il est content de quitter un gouvernement comme celui du président Alassane Ouattara. Les regrets qu’on ressent souvent peuvent être liés aux dossiers dont on avait la gestion et qu’on aurait aimé voir aboutir. Ceci étant, du fait de la continuité dans l’administration, je suis assuré que les dossiers que je gérais seront tous conduits à terme, peut-être dans de meilleurs conditions. Je n’ai donc pas de regrets même si j’aurais souhaité voir aboutir un certain nombre de dossiers.

Que devenez-vous depuis votre sortie du gouvernement ?
Je suis redevenu un citoyen ordinaire…

…Pour utiliser la formule consacrée, à la disposition du chef de l’Etat ?
Oui, à la disposition du chef de l’Etat et de mon parti. Je profite de ce moment pour me reposer quoique le repos commence à devenir ennuyeux. Mais, compte tenu des prochaines élections locales qui se profilent à l’horizon, je ne devrais plus chômer.

Pourquoi n’avez-vous pas repris le chemin de l’hémicycle puisque vous êtes aussi député de Yopougon ?
Au moment où je suis sorti du gouvernement, la session en cours était pratiquement à sa fin. Il n’était donc pas indiqué d’aller interrompre pour deux ou trois jours la participation de mon suppléant. A la prochaine session qui s’ouvre en avril, je pense que je serai dans les dispositions à reprendre le chemin de l’hémicycle.

Selon certains confrères, le chef de l’Etat, après votre sortie du gouvernement, voudrait vous confier une mission spéciale. D’où le fait que vous n’êtes pas pressé de retourner au Parlement. Quelle est la part de vérité que vous pouvez confirmer ?
Il est certain qu’en m’enlevant du gouvernement, le président de la République ne m’envoie pas à la retraite. Je suis donc persuadé que j’aurai droit à d’autres missions.

Est-ce que le président de la République qui vous a certainement reçu avant votre départ du gouvernement, vous a déjà précisé les contours de cette nouvelle mission ? Serez-vous nommé ambassadeur, par exemple ?
(Rires) Non, ce n’est rien de tout cela. Le président de la République a déjà une claire idée de ce qu’il veut me confier. Moi aussi. Mais, ce que nous nous sommes dit étant confidentiel, vous convenez avec moi que ce serait inapproprié que j’en parle dans les colonnes d’un journal.

Les rumeurs vous ont aussi annoncé comme le prochain secrétaire général du Rdr. Qu’en est-il ?
C’est absolument faux. C’est de la pure spéculation et bien souvent, les gens se perdent en conjecture.

Certains voudraient bien vous voir occuper ce poste…
Il y a quelqu’un qui l’assume déjà si bien…

Vous venez d’être désigné tête de liste du Rdr pour les municipales à Yopougon. Qu’est-ce qui vous fait courir, vous l’ancien ministre et député en fonction ?
Ce qui me fait courir, ce sont les engagements de militant que j’ai pris vis-à-vis de mon parti. Aujourd’hui, nous sommes au pouvoir, la nation a confié une mission au président de la République qui a un programme à mettre en œuvre. Et, la mise en œuvre de ce programme se fait dans plusieurs compartiments. Il serait tout à fait surprenant que moi qui me suis battu pendant des années, qui me suis régulièrement présenté à cette élection dans cette commune, je décide de ne plus être candidat. Cela peut paraître curieux.

Vos détracteurs, notamment un certain Makan Kéita, estiment que vous le député qui avez été ministre, faites preuve d’une trop grande gourmandise en voulant encore être maire. N’est-ce pas trop pour un seul individu ?
Même si je ne m’étais pas présenté, ce ne serait sans doute pas lui que le Rdr aurait choisi. On peut rêver, mais pas jusqu’à ce point.

Au-delà de ce cadre du Rdr, comprenez-vous la grogne d’une partie de la base qui dénonce le cumul des postes ?
Oui, je les comprends parfaitement surtout dans la mesure où les postes ne sont pas nombreux. Les ambitions des uns et des autres sont si grandes que je comprends la grogne. Mais faudrait-il encore avoir la légitimité pour prétendre occuper un poste. Quand vous menez une action politique, que vous gérez un espace politique, il y a des missions face auxquelles vous ne pouvez pas vous dérober. Si vous ne les assumez pas, c’est comme si vous démissionnez, comme si vous abandonnez ceux qui se sont battus avec vous pendant des années.

Que préconisez-vous pour démocratiser la répartition des postes quand il s’agit d’aller à des élections ou de nommer des cadres politiques à des postes de responsabilité ?
Voyez-vous, même dans les pays développés, le débat sur la question du cumul des postes est encore d’actualité. Donc dans notre pays qui est une démocratie naissante, il faut définir le contour des choses, il faut dire ce qu’on entend par cumul des postes. Pour certains vous faites du cumul quand vous êtes ministre et député, pour d’autres, c’est lorsque vous êtes ministre et maire. Il faut donc clarifier les choses. De toutes les façons, même quand vous décidez de ne pas en faire…

Après l’expérience des législatives de décembre 2011, comment entrevoyez-vous les prochaines municipales à Yopougon dans le cadre du Rhdp ?
Dans mon entendement, il y a deux possibilités qui s’offrent à nous. On peut y aller en houphouétistes avec une liste de candidats du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) ou après l’élection, mettre sur pied une équipe dirigeante aux couleurs du Rhdp. Donc même si nous y allons avec des listes séparées, nous pourrons nous retrouver quand il va s’agir de former l’équipe de gestion. Il faut faire en sorte que tous les membres du Rhdp soient associés à la gestion. C’est du moins notre ambition.

Le Pdci a désigné l’ancien maire Doukouré Moustapha comme sa tête de liste. Pensez-vous pouvoir parvenir à le convaincre d’aller en Rhdp, vu que cela n’a pas marché lors des législatives ?
Je n’ai pas à la convaincre. C’est plutôt à son parti de le faire. De toutes les façons, je vous l’ai déjà dit, si nous n’arrivons pas à faire une liste commune, nous pourrons nous retrouver au conseil municipal.

Lui se présente comme le candidat du Rhdp. Avec quels arguments allez-vous vous présenter face aux électeurs ?
Non, il ne peut pas se présenter comme le candidat du Rhdp qui est un regroupement de plusieurs partis. Il a été désigné tête de liste du Pdci. Il ne peut donc pas revendiquer l’étiquette Rhdp. J’ai été désigné tête de liste du Rdr, c’est en tant que tel que j’aurais à me présenter face aux électeurs. Lui devra faire pareil en se présentant comme le candidat du Pdci.

Quelles seront vos priorités si vous êtes élu maire de Yopougon ?
Il y a tellement de priorités à Yopougon…La première chose à faire, c’est de mettre en place une équipe homogène, soudée. La deuxième chose, c’est d’associer la société civile à la gestion. En tout cas, j’entends tenir compte de tous les avis pour que la gestion de la commune soit beaucoup plus rationnelle parce que c’est à une gestion quelque peu approximative que nous assistons actuellement. Il y a lieu de rationnaliser cette gestion. Si nous voulons que la Côte d’Ivoire soit effectivement un pays émergent à l’horizon 2020, il faut faire en sorte que la gestion des communes soit également à la hauteur des attentes.

De manière pratique, à quel problème allez-vous vous attaquer prioritairement ?
Tout est prioritaire à Yopougon. On ne peut pas commencer par un compartiment et laisser un autre en souffrance. Il y a la question de l’emploi des jeunes, des infrastructures routières, de la réconciliation, de la gestion des marchés…Nous allons appuyer le programme du président de la République dans ses volets concernant les fonds-jeunes, pour donner une impulsion à la question de l’emploi des jeunes dans la commune.

L’opposition souhaite un report de la date des élections, pour lui permettre d’y prendre part. Etes-vous favorable à un tel projet ?
Il ne faut même pas y penser puisqu’il y a à peine une semaine que le gouvernement a confirmé la date proposée par la Cei (Commission électorale indépendante, ndlr). Même si on reporte les élections à trois ou six mois, on aura du mal à satisfaire toutes les préoccupations soulevées par le Fpi (Front populaire ivoirien, ndlr).

Pensez-vous que leur demande de report est du dilatoire ?
Oui, absolument. Je ne crois pas qu’ils sont actuellement dans la disposition d’esprit de prendre part à une élection. Ils veulent juste ameuter la communauté internationale. La preuve, ils ont été pointés absents à une rencontre de concertation à laquelle les a conviés le Premier ministre Kablan Duncan.

Parlant de préoccupation de l’opposition, celle-ci réclame la libération des prisonniers pro-Gbagbo. Pensez-vous, vous qui avez connu la prison dans votre parcours politique, que c’est une mesure qui pourrait renforcer la décrispation du climat politique ?
Ecoutez, moi j’ai été arrêté pour un délit qui n’était pas constitué. Le procès a eu lieu et s’est soldé par un non-lieu. ça a été la même chose pour mes compagnons d’infortune. C’était comme si on voulait nous éloigner de la sphère politique, nous immobiliser quelque part. En ce qui concerne les partisans de l’ancien président, je pense qu’il faut laisser la justice aller jusqu’à son terme. Il ne s’agit pas de revendiquer une quelconque libération mais de se trouver de bons avocats pour défendre leurs clients. C’est le conseil que je leur donnerais.

Et pourtant on a l’impression que la récente mesure d’élargissement de huit prisonniers pro-Gbagbo contribue à décrisper davantage l’atmosphère…
C’est une liberté provisoire qui leur a été concédée. Ce n’est pas un élargissement. C’est une mesure qui coïncide avec la volonté politique exprimée par le chef de l’Etat d’accorder la grâce aux pro-Gbagbo. Il faut saluer cette mesure. Mais, je dois dire qu’il ne saurait avoir de réconciliation sans repentance, sans la justice. Sinon, nous risquons de demeurer dans le cycle infernal de la violence. Les gens commettront tout ce qu’ils voudront comme crimes puis, au nom de la réconciliation, ils viendront demander la libération des criminels. Ce n’est pas ce que nous voulons pour ce pays. Ce que nous demandons, c’est qu’on laisse la justice aller jusqu’au bout des enquêtes à elle confiées.


Interview réalisée par Marc Dossa
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