ABIDJAN- L`arrestation, il y a une semaine, de Charles
Blé Goudé, sulfureuse figure du régime de l`ex-président Laurent Gbagbo,
relance en Côte d`Ivoire le lancinant débat sur la justice et la
réconciliation, bientôt deux ans après une crise politico-militaire meurtrière.
Fin de cavale pour l`ex-"général de la rue", surnommé ainsi pour sa
capacité de mobilisation durant la dernière décennie: arrêté le 17 janvier au
Ghana, extradé dès le lendemain à Abidjan, il a été inculpé cette semaine par
la justice ivoirienne de "crimes de guerre".
Les quelques images diffusées par la télévision publique ont montré
l`ancien chef des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, en fuite depuis la fin de la
dernière crise, arrivant au tribunal menottes aux poignets, les traits tirés.
Une "grosse prise", commente pour l`AFP René Legré Hokou, président de la
Ligue ivoirienne des droits de l`Homme (Lidho). Selon lui, cette inculpation
"s`inscrit dans la logique des poursuites engagées contre les personnes
soupçonnées de violations de droits de l`Homme".
Sous sanctions de l`ONU depuis 2006, "Blé" était visé par un mandat d`arrêt
international émis par Abidjan pour son implication présumée dans les
violences postélectorales de décembre 2010-avril 2011, qui ont fait environ
3.000 morts. Il avait accédé aux premiers rôles dans le camp Gbagbo après 2002
comme fer de lance de manifestations, parfois violentes, contre l`ex-puissance
coloniale française.
Le parti de l`ancien président, le Front populaire ivoirien (FPI), auquel
n`a jamais appartenu le nouveau prisonnier, a condamné le sort fait à Charles
Blé Goudé, le jugeant contraire aux engagements du régime d`Alassane Ouattara
"daller à la paix et à la réconciliation".
"Au moment où l`on recherche la décrispation à travers un dialogue avec le
gouvernement, on ne peut pas faire de la répression", déplore le secrétaire
général du parti, Richard Kodjo.
"Justice partiale"
Mais au final la réaction du FPI a été d`une modération remarquée: pas
question de claquer la porte des négociations relancées la semaine dernière
avec les autorités pour permettre la participation de l`opposition pro-Gbagbo
aux prochaines élections locales.
Le président Ouattara soutient régulièrement que la réconciliation ne va
pas sans "lutte contre l`impunité", alors que Laurent Gbagbo est détenu à La
Haye par la Cour pénale internationale (CPI), qui le soupçonne de "crimes
contre l`humanité", et que de nombreuses figures du régime déchu sont détenues
en Côte d`Ivoire.
Cependant, après l`arrestation de Charles Blé Goudé, des défenseurs des
droits de l`Homme ont de nouveau appelé la justice ivoirienne à poursuivre
aussi les personnalités du camp Ouattara soupçonnées de graves crimes pendant
la crise de 2010-2011.
"Pour qu`on aille à la réconciliation", "il ne faut pas donner
l`impression" d`un "acharnement" sur le camp des vaincus, insiste le patron de
la Lidho.
Pour Human Rights Watch (HRW), l`arrestation de l`ex-leader des "jeunes
patriotes" - des "miliciens" qui "terrorisaient" les adversaires du pouvoir
Gbagbo, selon l`ONG - est un pas vers la justice, mais il faut rompre avec une
"justice partiale" s`exerçant aux seuls dépens des pro-Gbagbo.
Si, dans le quartier de Yopougon (ouest d`Abidjan), fief des "patriotes",
aucune manifestation de rue n`a été signalée depuis la chute de Charles Blé
Goudé, ses fidèles sont sonnés.
"Choqué", l`un de ses proches assure que l`intéressé était en "pourparlers
secrets depuis des mois avec les autorités ivoiriennes".
De quoi nourrir l`hypothèse, relayée par la presse locale, d`un "deal"
entre le pouvoir et l`ex-ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo. Selon ce
scénario, qui inspire le plus grand scepticisme à nombre d`observateurs,
Charles Blé Goudé pourrait être rapidement jugé, condamné puis gracié, avant
de revenir battre campagne pour la réconciliation.
"Drôle de +deal+, s`il en est!", réagit, incrédule, l`un de ses partisans.
ck/tmo/sd
Blé Goudé, sulfureuse figure du régime de l`ex-président Laurent Gbagbo,
relance en Côte d`Ivoire le lancinant débat sur la justice et la
réconciliation, bientôt deux ans après une crise politico-militaire meurtrière.
Fin de cavale pour l`ex-"général de la rue", surnommé ainsi pour sa
capacité de mobilisation durant la dernière décennie: arrêté le 17 janvier au
Ghana, extradé dès le lendemain à Abidjan, il a été inculpé cette semaine par
la justice ivoirienne de "crimes de guerre".
Les quelques images diffusées par la télévision publique ont montré
l`ancien chef des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, en fuite depuis la fin de la
dernière crise, arrivant au tribunal menottes aux poignets, les traits tirés.
Une "grosse prise", commente pour l`AFP René Legré Hokou, président de la
Ligue ivoirienne des droits de l`Homme (Lidho). Selon lui, cette inculpation
"s`inscrit dans la logique des poursuites engagées contre les personnes
soupçonnées de violations de droits de l`Homme".
Sous sanctions de l`ONU depuis 2006, "Blé" était visé par un mandat d`arrêt
international émis par Abidjan pour son implication présumée dans les
violences postélectorales de décembre 2010-avril 2011, qui ont fait environ
3.000 morts. Il avait accédé aux premiers rôles dans le camp Gbagbo après 2002
comme fer de lance de manifestations, parfois violentes, contre l`ex-puissance
coloniale française.
Le parti de l`ancien président, le Front populaire ivoirien (FPI), auquel
n`a jamais appartenu le nouveau prisonnier, a condamné le sort fait à Charles
Blé Goudé, le jugeant contraire aux engagements du régime d`Alassane Ouattara
"daller à la paix et à la réconciliation".
"Au moment où l`on recherche la décrispation à travers un dialogue avec le
gouvernement, on ne peut pas faire de la répression", déplore le secrétaire
général du parti, Richard Kodjo.
"Justice partiale"
Mais au final la réaction du FPI a été d`une modération remarquée: pas
question de claquer la porte des négociations relancées la semaine dernière
avec les autorités pour permettre la participation de l`opposition pro-Gbagbo
aux prochaines élections locales.
Le président Ouattara soutient régulièrement que la réconciliation ne va
pas sans "lutte contre l`impunité", alors que Laurent Gbagbo est détenu à La
Haye par la Cour pénale internationale (CPI), qui le soupçonne de "crimes
contre l`humanité", et que de nombreuses figures du régime déchu sont détenues
en Côte d`Ivoire.
Cependant, après l`arrestation de Charles Blé Goudé, des défenseurs des
droits de l`Homme ont de nouveau appelé la justice ivoirienne à poursuivre
aussi les personnalités du camp Ouattara soupçonnées de graves crimes pendant
la crise de 2010-2011.
"Pour qu`on aille à la réconciliation", "il ne faut pas donner
l`impression" d`un "acharnement" sur le camp des vaincus, insiste le patron de
la Lidho.
Pour Human Rights Watch (HRW), l`arrestation de l`ex-leader des "jeunes
patriotes" - des "miliciens" qui "terrorisaient" les adversaires du pouvoir
Gbagbo, selon l`ONG - est un pas vers la justice, mais il faut rompre avec une
"justice partiale" s`exerçant aux seuls dépens des pro-Gbagbo.
Si, dans le quartier de Yopougon (ouest d`Abidjan), fief des "patriotes",
aucune manifestation de rue n`a été signalée depuis la chute de Charles Blé
Goudé, ses fidèles sont sonnés.
"Choqué", l`un de ses proches assure que l`intéressé était en "pourparlers
secrets depuis des mois avec les autorités ivoiriennes".
De quoi nourrir l`hypothèse, relayée par la presse locale, d`un "deal"
entre le pouvoir et l`ex-ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo. Selon ce
scénario, qui inspire le plus grand scepticisme à nombre d`observateurs,
Charles Blé Goudé pourrait être rapidement jugé, condamné puis gracié, avant
de revenir battre campagne pour la réconciliation.
"Drôle de +deal+, s`il en est!", réagit, incrédule, l`un de ses partisans.
ck/tmo/sd