x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le vendredi 25 janvier 2013 | Boigny Express

Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody : Des cours à ciel ouvert

© Boigny Express Par PRISCA
Année académique 2012-1013 : la direction de l` Université de Cocody et les étudiants se concertent
Lundi 24 septembre 2012. Abidjan. Une réunion de concertation entre les étudiants et l`Instance dirigeant de l`université FHB pour une année académique réussite
Le nouveau visage de l’Université de Cocody baptisée Félix Houphouët Boigny contraste avec ce qui se passe à l’intérieur de ce temple du savoir. Des cours à ciel ouvert par manque de salles disponibles. Notre reportage.

Il est 9 h, ce lundi 21 juin, quand nous arrivons à l’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody. Ce temple du savoir a fière allure pour le visiteur : des bâtisses rénovées, des voies bitumées et des espaces verts propres et entretenus. Mais ce qui nous a été constaté de voir sur le campus contraste avec la nouvelle vision que les autorités entendent imprimer à nos universités publiques. En effet, trois mois après l’inauguration, l’Université de Cocody baptisée du nom de Félix Houphouët Boigny a revêtu de nouveaux habits sans que les choses n’aient vraiment changé.

Les cours en plein air

Les salles de cours manquent. Celles qui sont utilisées sont bondées de monde. Alors que la climatisation semble ne plus fonctionner. « A ce jour, nous nous retrouvons à 600 étudiants dans un amphithéâtre prévu pour 200, comme c’était le cas dans le système UV. Des étudiants se tiennent debout dehors pour prendre des cours. Il y des amphis qui n’ont pas de microphone, aucun laboratoire n’est équipé, il n’y a pas de bibliothèque, de salle informatique à l’université alors que nous faisons des travaux dirigés(TD) qui se veulent pratiques. Aujourd’hui nous pouvons les faire parce qu’il n’y aucun matériel. Les conditions pour appliquer le système Licence-Master-Doctorat(LMD) ne sont pas réunies », explique une source introduite. A en croire les étudiants que nous avons rencontrés dans l’enceinte de l’Université, sur 35 amphithéâtres, seulement 5 sont fonctionnels. Devant cet état de fait, certains enseignants préfèrent le plein air pour dispenser les cours aux étudiants. Des centaines d’étudiants assis à même le sol, sur le gazon. Certains sont debout et d’autres couchés sur les gazons assistent au cours de linguistique. Les cahiers et les feuilles pour les prises de notes sont tenus fermement par les étudiants pour éviter que le vent ne les emporte. Le professeur, debout devant un petit tableau blanc, dicte son cours avec une voix qui ne porte pas. Il ne se soucie pas du fait que les étudiants ne captent pas grande chose. Certains étudiants visiblement pas intéressés par ce style de prise de cours, trouvent l’endroit approprié pour rattraper les heures de sommeil perdues la veille ou une sieste à l’avance. D’autres préfèrent se mettre à l’ombre tout en se plaignant de cette situation. « C’est un cours de linguistique environnemental », ironise notre interlocuteur. Le mercredi 12 décembre 2012, les étudiants de cette université qui porte l’illustre nom du père de la Côte d’Ivoire moderne avaient manifesté pour dénoncer leurs conditions d’apprentissage : manque de salles de TD, de laboratoire, difficultés pour se restaurer, absence de toilettes. A en croire des sources concordantes, les étudiants sont encore obligés de faire les doubles vacations dans le système de LMD. « Nous nous retrouvons souvent à 60 dans les salles de TD. Alors que la salle est faite pour accueillir 20 étudiants », soutiennent les étudiants.

Les étudiants handicapés souffrent le martyr
Selon José Loukou Kouamé, président de l’Association des paralysés en fauteuil roulant de Côte d’Ivoire(APCI), leurs préoccupations n’ont pas été prises en compte dans la réhabilitation. Les obstacles d’hier liés aux difficultés d’accès aux amphithéâtres demeurent et se sont mêmes accrus. Quand ils arrivent devant les amphis, ils ont du mal à monter les escaliers. Il faut les soulever et ce n’est pas évident, surtout quand il s’agit des amphis que le District d’Abidjan vient de mettre à la disposition de l’université et qui présentent de très longues marches. « Cela nous pose énormément de problèmes. Cette réhabilitation n’a pas tenu comptes des difficultés auxquelles nous étions confrontées », déplore-t-il. Pour lui, rien n’a été fait pour l’épanouissement des personnes handicapées qui se déplacent en fauteuil roulant en particulier. Il faut qu’on trouve le moyen de faciliter l’accès des universités aux étudiants handicapés en créant des rampes. Une rampe ne coûte pas chère. Ce sont des choses qui sont possibles pour nous permettre d’avoir accès aux amphithéâtres », souhaite le président de l’APCI. Outre la question des amphis, ils éprouvent également des difficultés pour se rendre sur le campus. Quand ils descendent des bus ou des véhicules de transport en commun : (Gbaka, Wôrô-wôrô) devant le Chu de cocody, ils sont contraints de marcher pratiquement sur un kilomètre pour avoir accès à l’enceinte de l’université. Car, en plus d’attendre longuement, il faut affronter les bousculades lorsque le bus se présente. Les « quais étudiants », notamment dans les gares et aux abords des différentes universités publiques, sont quotidiennement le théâtre de cafouillage indescriptible. Par rapport à la demande, le nombre d’autobus en circulation, notamment sur les lignes desservant les universités s’avère insuffisant. Dans un tel environnement, les étudiants handicapés ne peuvent pas évidemment se hasarder à vouloir emprunter un bus.

Des cas de décès des étudiants signalés
Sur la question des transports, des sources crédibles ont souligné que deux étudiants ont été tués par des bus de la Sotra. « Pour un étudiant qui se réveille à 4 heures du matin, c’est à 8 heures que le bus arrive. Il va s’en dire que la centaine d’étudiants qui se regroupent à un arrêt de bus doivent se battre pour se retrouver à l’intérieur du bus. Ce qui entraîne des bousculades et c’est dans cette situation que deux étudiants ont trouvé la mort sans tenir compte des blessés », ont expliqué ces mêmes sources. Les mesures prises par la direction de la société, notamment le renforcement de son parc auto de quelques centaines de bus ne suffisent pas à ramener la situation à la normale. En effet, le 17 janvier 2013 devant le Chu de Cocody, au niveau de l’une des entrées de l’université FHB, un bus articulé de la sotra a marché de façon malencontreuse sur la jambe gauche d’un étudiant en 2è année de licence de géographie qui se nomme Boka Charles. En signe de solidarité, des étudiants ont bruyamment manifesté devant la présidence de l’université. Ils en ont profité, dit-on, pour reclamer de tous leurs vœux le retour du quai de la sotra, au sein de l’université. Pour certains étudiants que nous avons rencontrés, l’accident était prévisible. Car, l’espace servant d’arrêt est si étroit qu’il ne peut accueillir tous les étudiants à la fois. Aujourd’hui, l’étudiant Boka Charles a la jambe gauche amputée. Il souhaite que les autorités lui viennent en aide. D’autant plus que sa famille est financièrement étouffée.

Où en sommes-nous avec l’enquête sur « les conditions d’attribution » du marché de réhabilitation de l’université

Le Chef de l’Etat, Alassane Ouattara avait limogé par décret le 2 août 2012, le DAAF du ministre de l’Enseignement supérieur, Adama Méité suite à des « problèmes de gouvernance » dans la gestion des travaux de réhabilitation de l’Université de Cocody. Pour mémoire, rappelons que les travaux de réhabilitation de l’Université de Cocody et d’Abobo Adjamé avaient été estimés à 47 milliards de FCFA, avant de connaître une hausse de 20 milliards de FCFA, passant du coup à 67 milliards de nos francs au moment de l’exécution du projet. Et contre toute attente, le coût total des travaux de réhabilitation avaient atteint la bagatelle de 110 milliards de FCFA. Sans que pour autant le cahier de charges ne connaisse un changement ou une modification. Ce juteux marché avait été attribué du temps de la primature de Soro, dont on soupçonnait la main invisible dans la mesure où le bénéficiaire de cette « manne » est son ami très proche, Sidi Kagnassi. Qui a subitement atterri dans l’univers du bâtiment et des travaux publics après le juteux marché du recensement électoral aux côtés de l’entreprise française Sagem. 6 mois après l’éclatement de cette affaire, les résultats de cette enquête ne sont pas encore connus. Et les supputations vont bon train. Tout porte à croire que l’ex-DAAF de Cissé Bacongo a servi de bouc-émissaire. En effet, des questions se posent. Exécutant qu’il est, Adama Méité est-il celui qui a signé le contrat ? Est-il celui qui a empêché la mise en place d’une procédure d’appel d’offres au profit d’un contrat de gré à gré amical ? Qui a décaissé les fonds de réhabilitation et dans quelles conditions ? Voilà autant de questions qui rappellent fort bien qu’Adama Méité n’est que la face visible de l’immense iceberg. Avec l’adoption par le gouvernement depuis le 4janvier 2013 du plan national de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, lors de son premier conseil de ministre de l’année, nous espérons que toutes ces questions trouveront des réponses dans un avenir proche.

Jean-Louis kobrissa
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ