L’aproca-ci c’est l’association pour la protection des consommateurs actifs de Côte-d’Ivoire. Dans cet entretien, le président de cette association Soumahoro Ben N’faly donne le sens de son combat, et réagit suite à l’augmentation de plusieurs produits dans le pays ces derniers temps.
Nouveau Consommateur Hebdo(NCH) : quel est votre regard sur le mouvement consommateur en Côte d’Ivoire ?
Soumahoro Ben N’faly (SBN) : c’est dommage ; nous sommes beaucoup en retard, parce que de nombreux décideurs ne savent pas ce que c’est. Depuis 1991 que Le mouvement consommateur s’est implanté en Côte d’Ivoire, l’Etat ne fixe plus les prix à l’exception des produits pétroliers et pharmaceutiques. C’est la loi de l’offre et la demande qui prévaut désormais. L’Etat peut juste négocier des protocoles avec les opérateurs pour soulager les consommateurs. Les Ivoiriens doivent savoir que personne ne viendra faire le bonheur à leur place, et que la force des consommateurs réside dans les boycotts alors qu’ils n’ont pas cette culture. Prenons le cas du gaz aujourd’hui, si vous demandez aux consommateurs de boycotter, ils vont se poser des questions, alors que le seul moyen de lutte c’est le boycott. A Korhogo par exemple, les vendeurs de viande ont augmenté le prix, les femmes ont boycotté en achetant du poisson ; deux jours après la viande est revenu à son prix initial. Le boycott est un moyen de pression efficace pour les consommateurs.
NCH : le manque de synergie entre mouvements de consommateurs ne serait –il pas la cause, le mouvement est-il bien organisé en Côte d’Ivoire?
SBN: ils sont bien organisés, mais cela dépend de l’importance que les consommateurs accordent à leurs mouvements. Quand un parti politique appelle à un meeting, le stade fait le plein, mais quand il s’agit d’une association de consommateurs, les gens font la sourde oreille, et disent après qu’ils n’ont rien entendu. Sinon chaque association fait ce qu’elle peut.
NCH: pourquoi le mouvement consommateur est-il plus puissant au Sénégal qu’en Côte d’Ivoire ?
SBN: les Sénégalais ont commencé avant nous, mais n’empêchent que nous échangeons beaucoup avec eux ; nous nous inspirons de leur système de défense des droits des consommateurs.
NCH: s’agissant de boycott, vous avez évoqué l’exemple de la viande dans le nord du pays, concernant le gaz que peut-on conseiller aux consommateurs citadins qui ont perdu l’habitude des énergies primaires telles que le charbon de bois?
SBN: on ne peut pas faire de l’omelette sans casser des œufs. Quand on veut quelque chose on se donne les moyens en faisant des sacrifices. Voyons les transporteurs, quand ils sont mécontents par rapport à une mesure, ils observent une grève en faisant fi du manque à gagner ; mais ils finissent toujours par avoir gain de cause.
NCH: cela n’est pas dû au fait que votre message ne passe pas ?
SBN: le message passe mais il ne convient pas aux consommateurs c’est tout. Parce qu’ils refusent de faire des sacrifices.
NCH: le fait que chaque association cultive son jardin en solitaire ne saurait-il pas expliquer cela ? L’union fait la force dit-on.
SBN: ce n’est pas cela le problème. Il y a combien de partis politiques ou de syndicat ? Et pourtant les plus significatifs et efficaces se font remarquer. Il s’agit d’être efficace parmi tant d’autres et on finit par s’imposer.
NCH: ça veut dire quoi, que vous n’envisager même pas fédérer véritablement pour mener de grandes actions ensemble?
SBN: j’ai déjà été approché dans ce sens, nous entendons nous retrouver pour travailler efficacement ; mais comme rien n’est encore fait je ne peux rien dire pour le moment.
NCH: les associations de défense des droits de consommateurs de l’Afrique de l’ouest se sont retrouvées récemment à Abidjan pour partager leurs expériences, quel commentaire faites-vous sur cette rencontre?
SBN: c’est vous qui m’informez, je ne sais rien de cette rencontre.
NCH: Que faites-vous après l’augmentation du prix du gaz et du carburant ?
SBN: nous avons été reçus par le ministre des mines, le DG des hydrocarbures, celui de la SIR, ainsi que les responsables de PETROCI. Pendant la cérémonie des vœux, j’en ai parlé personnellement avec le chef de l’état; nous avons envisagé des choses, permettez-moi de garder le silence sur ce point, tant que des discussions sont en cours.
NCH: que faites-vous donc pour calmer les consommateurs très en colère ?
SBN: j’exprime d’abord leur colère aux autorités, et c’est suite au résultat obtenu que je pourrai m’adresser aux consommateurs et à la presse.
NCH: vous réussissez ainsi à calmer vos membres ?
SBN: ce n’est pas facile quand on sait que les salaries n’ont pas bougé depuis des décennies.
NCH: c’est une situation vraiment difficile ?
SBN: très difficile, je vous assure que c’est la première crise à laquelle je suis confronté depuis que je dirige une association de consommateur. C’est vraiment compliqué.
NCH: en dehors de tout cela que pensez-vous des récentes hausses de prix ?
SBN: aucun responsable de consommateurs ne peut se réjouir d’une augmentation. Il faut gérer une telle crise lorsqu’elle se présente, pour qu’il y ait moins d’incidence sur les populations. Il faut aussi rappeler que nous ne sommes pas subventionnés, même nos membres ne cotisent pas ; c’est à la limite de nos possibilités que nous menons notre combat.
NCH: le terme protection des consommateurs, que signifie t-il pour vous ?
SBN: c’est faire en sorte que les 10 droits des consommateurs soient respectés et appliqués.
NCH: en l’état actuel, les choses vont bien, en dehors des augmentations qui viennent d’être opérées ?
SBN: si nous sommes encore là, c’est parce que les choses ne vont pas bien ; une fois que tout se passe bien, nous n’aurons plus de raison d’être.
NCH: peut-on savoir les grandes victoires que vous avez obtenues depuis que vous défendez les droits des consommateurs ?
SBN: je n’aime pas le mot victoire, je me bats pour la protection des consommateurs, sans toutefois tomber dans l’auto satisfaction.
NCH: s’agissant de la bataille des mouvements consommateurs sur le terrain, comment aimeriez-vous que les choses soient faites ?
SBN: je vous ai parlé de contact souterrain, lorsque nous allons nous retrouver entre association significative, nous définirons notre politique générale, en ce moment là, main dans la main, nous ferons ce qu’il y a à faire. Je ne parle pas d’association sur papier, mais active sur le terrain.
NCH: vous personnellement, on ne vous sent pas sur le terrain depuis quelque temps ?
SBN: peut-être que vous ne me suivez pas, sinon je ne me suis jamais reposé. On ne peut pas être dans la presse tous les jours pour prouver qu’on travaille. Je passe tout le temps à négocier avec les décideurs pour le bonheur des consommateurs.
NCH: quel commentaire faites-vous sur le problème des gnamboros (sorte de syndicats qui rançonnent les transporteurs)?
SBN: c’est du pouvoir régalien de l’Etat ; à partir du moment où des individus perturbent la fluidité, empêchent des passagers d’arriver à l’heure, il appartient à l’Etat de prendre ses responsabilités. Force revient à la loi. Personne ne peut se réjouir de ces pratiques anormales auxquelles nous assistons tous les jours ; je demande aux autorités de prendre leurs responsabilités. L’adhésion à un syndicat est libre, on ne peut pas séquestrer des chauffeurs parce qu’ils refusent de payer des taxes que les gnamboros leur imposent. L’Etat doit régler ce problème une fois pour toute.
NCH: y a-t-il pas de l’espoir pour vaincre définitivement cette pratique ?
SBN: ha oui, soutenons nos autorités, soutenons la police militaire, et soyons positifs dans la tête, et disons qu’un jour ça ira.
NCH: savez-vous qu’il est aussi question d’augmentation du prix du pain à l’horizon ?
SBN: sachez que nous restons en éveil prêts pour tous les combats pour que les consommateurs puissent supporter le coût de la vie.
NCH: l’information est là, vous attendez qu’il y ait crise avant d’agir ?
SBN: non non, ce n’est pas la première fois, on en parlait déjà il y a quelques mois, nous nous sommes battus pour faire freiner cela, nous sommes encore prêts pour monter au créneau.
NCH: votre regard sur le journal des consommateurs.
SBN: c’est une excellente initiative ; le journal vient à son heure pour appuyer les actions sur le terrain, j’invite les consommateurs à soutenir ce journal qui doit leur rendre d’énormes services.
NCH: quel est le message du président de l’APROCA à l’endroit de l’Etat ainsi qu’aux consommateurs.
SBN: l’Etat doit faire en sorte que la concurrence puisse jouer, puisque le monopole tue le consommateur. Il faut faire en sorte que la libéralisation intervienne dans tous les secteurs. Les consommateurs doivent profiter des principes de l’offre et la demande, ils doivent faire le tour des commerces pour choisir les produits les moins coûteux. Il ne sert à rien d’indexer les espaces coûteux, il faut faire jouer la loi de la concurrence.
Réalisée par Samuel Guélah et Natacha Koné
Nouveau Consommateur Hebdo(NCH) : quel est votre regard sur le mouvement consommateur en Côte d’Ivoire ?
Soumahoro Ben N’faly (SBN) : c’est dommage ; nous sommes beaucoup en retard, parce que de nombreux décideurs ne savent pas ce que c’est. Depuis 1991 que Le mouvement consommateur s’est implanté en Côte d’Ivoire, l’Etat ne fixe plus les prix à l’exception des produits pétroliers et pharmaceutiques. C’est la loi de l’offre et la demande qui prévaut désormais. L’Etat peut juste négocier des protocoles avec les opérateurs pour soulager les consommateurs. Les Ivoiriens doivent savoir que personne ne viendra faire le bonheur à leur place, et que la force des consommateurs réside dans les boycotts alors qu’ils n’ont pas cette culture. Prenons le cas du gaz aujourd’hui, si vous demandez aux consommateurs de boycotter, ils vont se poser des questions, alors que le seul moyen de lutte c’est le boycott. A Korhogo par exemple, les vendeurs de viande ont augmenté le prix, les femmes ont boycotté en achetant du poisson ; deux jours après la viande est revenu à son prix initial. Le boycott est un moyen de pression efficace pour les consommateurs.
NCH : le manque de synergie entre mouvements de consommateurs ne serait –il pas la cause, le mouvement est-il bien organisé en Côte d’Ivoire?
SBN: ils sont bien organisés, mais cela dépend de l’importance que les consommateurs accordent à leurs mouvements. Quand un parti politique appelle à un meeting, le stade fait le plein, mais quand il s’agit d’une association de consommateurs, les gens font la sourde oreille, et disent après qu’ils n’ont rien entendu. Sinon chaque association fait ce qu’elle peut.
NCH: pourquoi le mouvement consommateur est-il plus puissant au Sénégal qu’en Côte d’Ivoire ?
SBN: les Sénégalais ont commencé avant nous, mais n’empêchent que nous échangeons beaucoup avec eux ; nous nous inspirons de leur système de défense des droits des consommateurs.
NCH: s’agissant de boycott, vous avez évoqué l’exemple de la viande dans le nord du pays, concernant le gaz que peut-on conseiller aux consommateurs citadins qui ont perdu l’habitude des énergies primaires telles que le charbon de bois?
SBN: on ne peut pas faire de l’omelette sans casser des œufs. Quand on veut quelque chose on se donne les moyens en faisant des sacrifices. Voyons les transporteurs, quand ils sont mécontents par rapport à une mesure, ils observent une grève en faisant fi du manque à gagner ; mais ils finissent toujours par avoir gain de cause.
NCH: cela n’est pas dû au fait que votre message ne passe pas ?
SBN: le message passe mais il ne convient pas aux consommateurs c’est tout. Parce qu’ils refusent de faire des sacrifices.
NCH: le fait que chaque association cultive son jardin en solitaire ne saurait-il pas expliquer cela ? L’union fait la force dit-on.
SBN: ce n’est pas cela le problème. Il y a combien de partis politiques ou de syndicat ? Et pourtant les plus significatifs et efficaces se font remarquer. Il s’agit d’être efficace parmi tant d’autres et on finit par s’imposer.
NCH: ça veut dire quoi, que vous n’envisager même pas fédérer véritablement pour mener de grandes actions ensemble?
SBN: j’ai déjà été approché dans ce sens, nous entendons nous retrouver pour travailler efficacement ; mais comme rien n’est encore fait je ne peux rien dire pour le moment.
NCH: les associations de défense des droits de consommateurs de l’Afrique de l’ouest se sont retrouvées récemment à Abidjan pour partager leurs expériences, quel commentaire faites-vous sur cette rencontre?
SBN: c’est vous qui m’informez, je ne sais rien de cette rencontre.
NCH: Que faites-vous après l’augmentation du prix du gaz et du carburant ?
SBN: nous avons été reçus par le ministre des mines, le DG des hydrocarbures, celui de la SIR, ainsi que les responsables de PETROCI. Pendant la cérémonie des vœux, j’en ai parlé personnellement avec le chef de l’état; nous avons envisagé des choses, permettez-moi de garder le silence sur ce point, tant que des discussions sont en cours.
NCH: que faites-vous donc pour calmer les consommateurs très en colère ?
SBN: j’exprime d’abord leur colère aux autorités, et c’est suite au résultat obtenu que je pourrai m’adresser aux consommateurs et à la presse.
NCH: vous réussissez ainsi à calmer vos membres ?
SBN: ce n’est pas facile quand on sait que les salaries n’ont pas bougé depuis des décennies.
NCH: c’est une situation vraiment difficile ?
SBN: très difficile, je vous assure que c’est la première crise à laquelle je suis confronté depuis que je dirige une association de consommateur. C’est vraiment compliqué.
NCH: en dehors de tout cela que pensez-vous des récentes hausses de prix ?
SBN: aucun responsable de consommateurs ne peut se réjouir d’une augmentation. Il faut gérer une telle crise lorsqu’elle se présente, pour qu’il y ait moins d’incidence sur les populations. Il faut aussi rappeler que nous ne sommes pas subventionnés, même nos membres ne cotisent pas ; c’est à la limite de nos possibilités que nous menons notre combat.
NCH: le terme protection des consommateurs, que signifie t-il pour vous ?
SBN: c’est faire en sorte que les 10 droits des consommateurs soient respectés et appliqués.
NCH: en l’état actuel, les choses vont bien, en dehors des augmentations qui viennent d’être opérées ?
SBN: si nous sommes encore là, c’est parce que les choses ne vont pas bien ; une fois que tout se passe bien, nous n’aurons plus de raison d’être.
NCH: peut-on savoir les grandes victoires que vous avez obtenues depuis que vous défendez les droits des consommateurs ?
SBN: je n’aime pas le mot victoire, je me bats pour la protection des consommateurs, sans toutefois tomber dans l’auto satisfaction.
NCH: s’agissant de la bataille des mouvements consommateurs sur le terrain, comment aimeriez-vous que les choses soient faites ?
SBN: je vous ai parlé de contact souterrain, lorsque nous allons nous retrouver entre association significative, nous définirons notre politique générale, en ce moment là, main dans la main, nous ferons ce qu’il y a à faire. Je ne parle pas d’association sur papier, mais active sur le terrain.
NCH: vous personnellement, on ne vous sent pas sur le terrain depuis quelque temps ?
SBN: peut-être que vous ne me suivez pas, sinon je ne me suis jamais reposé. On ne peut pas être dans la presse tous les jours pour prouver qu’on travaille. Je passe tout le temps à négocier avec les décideurs pour le bonheur des consommateurs.
NCH: quel commentaire faites-vous sur le problème des gnamboros (sorte de syndicats qui rançonnent les transporteurs)?
SBN: c’est du pouvoir régalien de l’Etat ; à partir du moment où des individus perturbent la fluidité, empêchent des passagers d’arriver à l’heure, il appartient à l’Etat de prendre ses responsabilités. Force revient à la loi. Personne ne peut se réjouir de ces pratiques anormales auxquelles nous assistons tous les jours ; je demande aux autorités de prendre leurs responsabilités. L’adhésion à un syndicat est libre, on ne peut pas séquestrer des chauffeurs parce qu’ils refusent de payer des taxes que les gnamboros leur imposent. L’Etat doit régler ce problème une fois pour toute.
NCH: y a-t-il pas de l’espoir pour vaincre définitivement cette pratique ?
SBN: ha oui, soutenons nos autorités, soutenons la police militaire, et soyons positifs dans la tête, et disons qu’un jour ça ira.
NCH: savez-vous qu’il est aussi question d’augmentation du prix du pain à l’horizon ?
SBN: sachez que nous restons en éveil prêts pour tous les combats pour que les consommateurs puissent supporter le coût de la vie.
NCH: l’information est là, vous attendez qu’il y ait crise avant d’agir ?
SBN: non non, ce n’est pas la première fois, on en parlait déjà il y a quelques mois, nous nous sommes battus pour faire freiner cela, nous sommes encore prêts pour monter au créneau.
NCH: votre regard sur le journal des consommateurs.
SBN: c’est une excellente initiative ; le journal vient à son heure pour appuyer les actions sur le terrain, j’invite les consommateurs à soutenir ce journal qui doit leur rendre d’énormes services.
NCH: quel est le message du président de l’APROCA à l’endroit de l’Etat ainsi qu’aux consommateurs.
SBN: l’Etat doit faire en sorte que la concurrence puisse jouer, puisque le monopole tue le consommateur. Il faut faire en sorte que la libéralisation intervienne dans tous les secteurs. Les consommateurs doivent profiter des principes de l’offre et la demande, ils doivent faire le tour des commerces pour choisir les produits les moins coûteux. Il ne sert à rien d’indexer les espaces coûteux, il faut faire jouer la loi de la concurrence.
Réalisée par Samuel Guélah et Natacha Koné