10 H à 17 H, c’est le temps passé hier au parquet d’Abidjan par Charles Blé Goudé, devant la doyenne des juges d’instruction, Delphine Cissé Makouéni. Au cours de cette audition, le leader des «jeunes patriotes» a refusé à un moment donné de répondre aux questions de la doyenne des juges d’instruction. Avec des questions bien ajustées, la juge Delphine Cissé Makouéni a réussi à déstabiliser le « général de la rue ». Au point que l’homme a préféré garder le silence face à l’avalanche des questions de fond posées par la doyenne des juges. L’ancien secrétaire de la FESCI a tout simplement craqué devant la juge. Un manque de sérénité qu’ont d’ailleurs reconnu ses avocats. En effet, à écouter les conseils de Blé Goudé Charles, ce dernier n’était pas serein pendant l’interrogatoire. Aveu de maitre Gohi Bi Irié du conseil des avocats de Blé Goudé : «La maltraitance morale et la torture morale dont a fait cas notre client dès l’entame de l’instruction est quelque chose d’extrêmement dangereux qui l’a mis dans une impossibilité totale de pouvoir aujourd’hui (hier) causer sereinement», a-t-il tenté de justifier la mauvaise passe de son client. Selon de bonnes sources au parquet, devant les questions pertinentes de fond du juge, ‘’le général des jeunes patriotes a craqué et s’est refusé de répondre aux interrogations. Ce qui a été confirmé par l’un de ses avocats à la fin de la séance. «Il a refusé dans ces conditions d’aborder toutes questions de fond. Nous en sommes restés là, malgré les insistances du juge d’instruction de vouloir aborder le fond des choses», a avoué Me N’Dri Claver, l’un de ses avocats. Cela fait la seconde fois que le leader de la défunte galaxie patriotique se présente devant la justice dans le cadre de l’instruction. Tout a commencé avec son arrivée au parquet à 8 H 55 minutes. Après la signification de sa présence au parquet à la doyenne des juges d’instruction, Blé Goudé a été autorisé à échanger avec ses avocats et avec des membres de sa famille au poste de police du tribunal d’Abidjan. Les échanges ont duré de 9 H 15 minutes à 10 H 38 minutes. A sa sortie, ‘’le général de la Rue’’ a levé un poing droit à l’endroit de ses partisans qui étaient venus le soutenir. Ce geste a été interprété par le président par intérim du COJEP, Pothé Joël, comme une preuve de la sérénité qui anime en ce moment le leader des « jeunes patriotes ». Selon lui, l’ancien secrétaire général de la FESCI a passé un message qui, est qu’il a le moral haut et qu’il tient encore. Cependant, l’exercice d’explication devant la doyenne des juges d’instruction de 10 H à 17 H, il faut le souligner, n’a pas été de tout repos pour le bras séculier de l’ex-régime qu’il a été durant le règne des refondateurs. On le voit, après ses consignes guerrières, ses ordres de violence et sa participation active à la commission des crimes pendant la crise postélectorale, Blé Goudé Charles est aujourd’hui rattrapé par son passé lugubre et cynique. Le temps de la responsabilité a sonné. Arrêté le 17 janvier dernier à Accra et extradé le lendemain à Abidjan par la route, le président-fondateur du COJEP a été inculpé par la justice ivoirienne, qui avait lancé un mandat d’arrêt international contre lui, pour « crimes de guerre, assassinats, atteinte à la sureté de l’Etat et vols de deniers publics ».
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara
