Réconciliation, désarmement, don de 200 millions F du président de la République au peuple Wê (Ouest). Dagobert Banzio, ancien ministre et candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) aux régionales aborde ces questions sans faux-fuyant.
Vous aspirez à être président du conseil régional du Cavally. Sur vos affiches ou banderoles de campagne il est écrit : « Unis et réconciliés autour de Dabobert Banzio ». Est-ce un appel ou un constat ?
C’est la situation d’aujourd’hui. Au départ, la procédure du choix d’un candidat part du Pdci-Rda. On s’accorde sur la personne qui devrait conduire la liste. Cette procédure a été longue, même si à la fin le consensus est dégagé sur ma personne. Par la suite, nos leaders ont donné leur onction au niveau du Rhdp. Et, les partis ont désigné leurs représentants avec lesquels nous avons constitué la liste. D’où le constat d’une mobilisation autour de ma candidature qui est une ouverture vers les autres frères. Nous allons au-delà des personnes déjà mobilisées parce que les questions de sous-développement, de frustration, de fractures sociales ne font pas de distinction entre partis politiques.
Outre cette ouverture de votre liste, qu’avez-vous fait concrètement pour la réconciliation dans le Cavally ?
A la fin de la crise postélectorale, le président de la République, S.E.M Alassane Ouattara, m’a envoyé au Libéria pour rencontrer nos parents réfugiés et leur apporter des vivres et non-vivres. J’y suis allé au moins à trois reprises dont une fois avec le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères d’alors - l’actuel Premier ministre - et d'autres ministres. Nous avons eu le temps de visiter les camps où se sont réfugiées les populations ivoiriennes. Puis le gouvernement a conclu un accord tripartite avec le gouvernement du Libéria et l’Onuci pour créer un cadre de rapatriement encadré. Mais avant, nous avons eu, nous-mêmes, à financer à nos frais, le retour organisé de nos parents. A Abidjan, nous avons eu une série de rencontres avec les cadres de l’ouest. La mission la plus importante sur le terrain a été celle qu’avait conduite le ministre d’Etat Gilbert Kafana quand nous étions au gouvernement, pour parler à toutes les populations et recueillir leurs préoccupations. Par ailleurs, nous avons pris une part active dans l'organisation de la visite d’Etat du président de la République pour laquelle j’étais président du comité de mobilisation et de sensibilisation. A ce titre, nous avons eu à rencontrer les populations. Et, récemment, nous avons eu à organiser la visite de nos parents au président ; visite pour laquelle nous avons eu une contribution importante, sous l'autorité des aînés, à rapprocher les positions dans la rédaction du discours.
Malgré ces actions, nombreux sont vos frères dont de hauts cadres qui sont encore en exil. Qu’est-ce qui constitue le blocage?
C’est un travail de longue haleine. Nous sommes en contact avec eux. Evidement, nous leur demandons de venir et nous les rassurons aussi par rapport à la préoccupation ou la situation de chacun d’entre eux. En tout état de cause, les frontières sont totalement ouvertes, ils peuvent rentrer. Certains dont des ‘’corps habillés‘’ l’ont déjà fait, ils ne sont pas inquiétés. Nous les rassurons et leur disons qu’il faut qu’ils rentrent, parce que nous avons besoin de leur contribution à la paix. D’autres pourraient penser que la sécurité n’est pas totale dans notre région. Non, la sécurité dans le Cavally est une réalité aujourd’hui. Il est vrai que c’est une zone où il y a eu la guerre. On ne peut pas dire que les poches d’insécurité sont absolument toutes maîtrisées, mais le gouvernement y travaille.
Votre discours ne passe pas auprès d’eux. Qu’est-ce qui coince par exemple pour le retour de Marcel Gossio, Eric Kaé pour ne citer que ceux-là ?
Je ne veux pas personnaliser. Le message est adressé à tous, mais chacun le perçoit en fonction de sa situation. On ne peut pas méconnaître la situation de certaines personnes qui ont occupé des fonctions importantes. Nous nous adressons d’abord à tous les cadres anonymes. Si trois ou quatre personnalités sont à l’extérieur, pour des raisons que personne n’ignore, il est aussi utile de noter que leurs situations sont discutées à certains niveaux. Mais on ne peut pas comprendre qu’un enseignant, fut-il professeur à l’université, reste au Ghana ou au Burkina alors qu’on a besoin de lui pour dispenser les cours. Evidemment, la situation des personnalités dont le nombre ne va pas au-delà de cinq personnes, peut se régler à un certain niveau. N’oublions pas qu’il s’agit d’un retour volontaire.
Parlons à présent du don de 200 millions F cfa du président de la République au peuple Wê, en octobre. A quoi a servi cet argent ?
Effectivement le chef de l’Etat a donné les 200 millions F cfa qui ont été confiés à nos aînés, les ministres d’Etat Emile Kéi Boguinard, Emile Contant Bombet et le doyen Bernard Tiabas. Ce sont eux qui s’en chargent. Je sais qu’il y a des discussions entre eux et les députés. Les députés voulaient que chaque département puisse disposer de ce qui lui est affecté pour procéder à la réhabilitation des enclos, des valeurs culturelles et spirituelles.
Parce qu’entre-temps il y a eu un partage?
C’est ce que je disais. Il s’agit de 200 millions F cfa à raison de 100 millions par région (Cavally et Guémon, ndlr). Dans chaque région quand on divise par le nombre de départements, cela fait 25 millions pour chacun en considérant, dans Cavally, Taï comme un département. C’est la même répartition pour la région du Guémon. Les députés ont demandé que ces 25 millions F cfa soient remis à chaque département, quitte à chacun de savoir comment réhabiliter les enclos.
Vos aînés sont-ils d’accord pour cette répartition ?
Les doyens ont voulu gérer les 100 millions de façon décentralisée en recevant les évaluations qui ont été faites par département pour que les travaux à faire soient faits, de sorte qu’ils puissent rendre compte de l’utilisation de cet argent. Un franc n’a pas été ôté à ce montant. Les 200 millions sont aux mains des aînés…
Et les travaux n’ont pas commencé…
Il y a quand-même eu des évaluations. Les députés sont allés chacun dans leur localité pour évaluer les besoins de réhabilitation. Donc après le retour de ces évaluations, un arbitrage sera fait entre la remise des fonds aux départements ou la gestion centralisée. Mais comme vous le dites, les populations ont exprimé leur impatience.
Les Ivoiriens qui disent que l’argent a ramené le calme à l’Ouest sont-ils des mauvaises langues ?
J’ai dit que cet argent n’a pas été utilisé jusque-là. Ce qu’il faut dire, c’est que la visite que nous avons rendue au président de la République et celle qu’il a effectuée à l’Ouest ont ramené la paix dans cette région. Il nous a envoyés parler à nos parents dans les localités et au Liberia. Le président ADO est le président de tous les Ivoiriens, y compris les Ivoiriens réfugiés, il faut donc que la paix revienne dans le Cavally. Nous leur avons surtout expliqué que le peuple de l’Ouest a une culture de démocrate. Quand nous faisons le point, nous pensons qu’ils ont bien compris le message.
Vous dites que les populations ont bien compris le message, mais jusque-là les structures chargées du désarmement des ex-combattants collectent très peu d’armes à l’Ouest. C’est à croire que les jeunes sont réfractaires à vos messages et au dépôt volontaire d’armes.
Je n’en sais rien, parce que je ne suis pas chargé du désarmement. Ceux qui sont chargés du désarmement doivent savoir quels sont les mécanismes qui doivent permettre aux gens de déposer les armes. Peut-être que quand on dépose une arme, on donne quelque chose en contrepartie. Donc si ces mécanismes sont véritablement en œuvre, ça m’étonnerait qu’ils ne puissent pas déposer les armes s’ils en ont.
Pourtant, il y a très peu de dépôt volontaire d’armes à l’Ouest. Des rapports officiels disent que des jeunes de la région réclament une amnistie. N’est-ce pas là une de leurs raisons ?
Je ne le pense pas. Je ne sais pas de quels jeunes ils parlent, mais en tout cas les jeunes qui sont actuellement dans le Cavally, on les voit. Soit, ce sont des jeunes qui ont caché des armes et personne ne le sait. Ou bien, ce sont des gens qui, en fuyant, ont enterré des armes et ne sont pas là. Sinon, le calme qu’on constate dans la zone de l’Ouest est une réalité. Evidemment, certaines personnes, en minorité, qui ont commis des actes répréhensibles peuvent avoir peur de rentrer. Nous avons demandé aux jeunes de pardonner ou de ne jamais se rendre justice. Sinon, je peux vous rassurer que les gouvernements ivoirien et libérien travaillent en étroite collaboration avec les forces impartiales sur ces questions délicates.
Entretien réalisé par Bidi Ignace
Vous aspirez à être président du conseil régional du Cavally. Sur vos affiches ou banderoles de campagne il est écrit : « Unis et réconciliés autour de Dabobert Banzio ». Est-ce un appel ou un constat ?
C’est la situation d’aujourd’hui. Au départ, la procédure du choix d’un candidat part du Pdci-Rda. On s’accorde sur la personne qui devrait conduire la liste. Cette procédure a été longue, même si à la fin le consensus est dégagé sur ma personne. Par la suite, nos leaders ont donné leur onction au niveau du Rhdp. Et, les partis ont désigné leurs représentants avec lesquels nous avons constitué la liste. D’où le constat d’une mobilisation autour de ma candidature qui est une ouverture vers les autres frères. Nous allons au-delà des personnes déjà mobilisées parce que les questions de sous-développement, de frustration, de fractures sociales ne font pas de distinction entre partis politiques.
Outre cette ouverture de votre liste, qu’avez-vous fait concrètement pour la réconciliation dans le Cavally ?
A la fin de la crise postélectorale, le président de la République, S.E.M Alassane Ouattara, m’a envoyé au Libéria pour rencontrer nos parents réfugiés et leur apporter des vivres et non-vivres. J’y suis allé au moins à trois reprises dont une fois avec le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères d’alors - l’actuel Premier ministre - et d'autres ministres. Nous avons eu le temps de visiter les camps où se sont réfugiées les populations ivoiriennes. Puis le gouvernement a conclu un accord tripartite avec le gouvernement du Libéria et l’Onuci pour créer un cadre de rapatriement encadré. Mais avant, nous avons eu, nous-mêmes, à financer à nos frais, le retour organisé de nos parents. A Abidjan, nous avons eu une série de rencontres avec les cadres de l’ouest. La mission la plus importante sur le terrain a été celle qu’avait conduite le ministre d’Etat Gilbert Kafana quand nous étions au gouvernement, pour parler à toutes les populations et recueillir leurs préoccupations. Par ailleurs, nous avons pris une part active dans l'organisation de la visite d’Etat du président de la République pour laquelle j’étais président du comité de mobilisation et de sensibilisation. A ce titre, nous avons eu à rencontrer les populations. Et, récemment, nous avons eu à organiser la visite de nos parents au président ; visite pour laquelle nous avons eu une contribution importante, sous l'autorité des aînés, à rapprocher les positions dans la rédaction du discours.
Malgré ces actions, nombreux sont vos frères dont de hauts cadres qui sont encore en exil. Qu’est-ce qui constitue le blocage?
C’est un travail de longue haleine. Nous sommes en contact avec eux. Evidement, nous leur demandons de venir et nous les rassurons aussi par rapport à la préoccupation ou la situation de chacun d’entre eux. En tout état de cause, les frontières sont totalement ouvertes, ils peuvent rentrer. Certains dont des ‘’corps habillés‘’ l’ont déjà fait, ils ne sont pas inquiétés. Nous les rassurons et leur disons qu’il faut qu’ils rentrent, parce que nous avons besoin de leur contribution à la paix. D’autres pourraient penser que la sécurité n’est pas totale dans notre région. Non, la sécurité dans le Cavally est une réalité aujourd’hui. Il est vrai que c’est une zone où il y a eu la guerre. On ne peut pas dire que les poches d’insécurité sont absolument toutes maîtrisées, mais le gouvernement y travaille.
Votre discours ne passe pas auprès d’eux. Qu’est-ce qui coince par exemple pour le retour de Marcel Gossio, Eric Kaé pour ne citer que ceux-là ?
Je ne veux pas personnaliser. Le message est adressé à tous, mais chacun le perçoit en fonction de sa situation. On ne peut pas méconnaître la situation de certaines personnes qui ont occupé des fonctions importantes. Nous nous adressons d’abord à tous les cadres anonymes. Si trois ou quatre personnalités sont à l’extérieur, pour des raisons que personne n’ignore, il est aussi utile de noter que leurs situations sont discutées à certains niveaux. Mais on ne peut pas comprendre qu’un enseignant, fut-il professeur à l’université, reste au Ghana ou au Burkina alors qu’on a besoin de lui pour dispenser les cours. Evidemment, la situation des personnalités dont le nombre ne va pas au-delà de cinq personnes, peut se régler à un certain niveau. N’oublions pas qu’il s’agit d’un retour volontaire.
Parlons à présent du don de 200 millions F cfa du président de la République au peuple Wê, en octobre. A quoi a servi cet argent ?
Effectivement le chef de l’Etat a donné les 200 millions F cfa qui ont été confiés à nos aînés, les ministres d’Etat Emile Kéi Boguinard, Emile Contant Bombet et le doyen Bernard Tiabas. Ce sont eux qui s’en chargent. Je sais qu’il y a des discussions entre eux et les députés. Les députés voulaient que chaque département puisse disposer de ce qui lui est affecté pour procéder à la réhabilitation des enclos, des valeurs culturelles et spirituelles.
Parce qu’entre-temps il y a eu un partage?
C’est ce que je disais. Il s’agit de 200 millions F cfa à raison de 100 millions par région (Cavally et Guémon, ndlr). Dans chaque région quand on divise par le nombre de départements, cela fait 25 millions pour chacun en considérant, dans Cavally, Taï comme un département. C’est la même répartition pour la région du Guémon. Les députés ont demandé que ces 25 millions F cfa soient remis à chaque département, quitte à chacun de savoir comment réhabiliter les enclos.
Vos aînés sont-ils d’accord pour cette répartition ?
Les doyens ont voulu gérer les 100 millions de façon décentralisée en recevant les évaluations qui ont été faites par département pour que les travaux à faire soient faits, de sorte qu’ils puissent rendre compte de l’utilisation de cet argent. Un franc n’a pas été ôté à ce montant. Les 200 millions sont aux mains des aînés…
Et les travaux n’ont pas commencé…
Il y a quand-même eu des évaluations. Les députés sont allés chacun dans leur localité pour évaluer les besoins de réhabilitation. Donc après le retour de ces évaluations, un arbitrage sera fait entre la remise des fonds aux départements ou la gestion centralisée. Mais comme vous le dites, les populations ont exprimé leur impatience.
Les Ivoiriens qui disent que l’argent a ramené le calme à l’Ouest sont-ils des mauvaises langues ?
J’ai dit que cet argent n’a pas été utilisé jusque-là. Ce qu’il faut dire, c’est que la visite que nous avons rendue au président de la République et celle qu’il a effectuée à l’Ouest ont ramené la paix dans cette région. Il nous a envoyés parler à nos parents dans les localités et au Liberia. Le président ADO est le président de tous les Ivoiriens, y compris les Ivoiriens réfugiés, il faut donc que la paix revienne dans le Cavally. Nous leur avons surtout expliqué que le peuple de l’Ouest a une culture de démocrate. Quand nous faisons le point, nous pensons qu’ils ont bien compris le message.
Vous dites que les populations ont bien compris le message, mais jusque-là les structures chargées du désarmement des ex-combattants collectent très peu d’armes à l’Ouest. C’est à croire que les jeunes sont réfractaires à vos messages et au dépôt volontaire d’armes.
Je n’en sais rien, parce que je ne suis pas chargé du désarmement. Ceux qui sont chargés du désarmement doivent savoir quels sont les mécanismes qui doivent permettre aux gens de déposer les armes. Peut-être que quand on dépose une arme, on donne quelque chose en contrepartie. Donc si ces mécanismes sont véritablement en œuvre, ça m’étonnerait qu’ils ne puissent pas déposer les armes s’ils en ont.
Pourtant, il y a très peu de dépôt volontaire d’armes à l’Ouest. Des rapports officiels disent que des jeunes de la région réclament une amnistie. N’est-ce pas là une de leurs raisons ?
Je ne le pense pas. Je ne sais pas de quels jeunes ils parlent, mais en tout cas les jeunes qui sont actuellement dans le Cavally, on les voit. Soit, ce sont des jeunes qui ont caché des armes et personne ne le sait. Ou bien, ce sont des gens qui, en fuyant, ont enterré des armes et ne sont pas là. Sinon, le calme qu’on constate dans la zone de l’Ouest est une réalité. Evidemment, certaines personnes, en minorité, qui ont commis des actes répréhensibles peuvent avoir peur de rentrer. Nous avons demandé aux jeunes de pardonner ou de ne jamais se rendre justice. Sinon, je peux vous rassurer que les gouvernements ivoirien et libérien travaillent en étroite collaboration avec les forces impartiales sur ces questions délicates.
Entretien réalisé par Bidi Ignace