C’est la direction générale elle-même qui l’a reconnu, ces jours-ci : l’échec du RDR aux dernières élections législatives partielles est dû en grande partie au mauvais choix des candidats devant défendre les couleurs du parti à ce rendez-vous électoral. Amadou Soumahoro, son secrétaire général intérimaire, a humblement avoué lors d’une conférence de presse au lendemain de la débâcle des Républicains : « nos militants, qui ne sont pas sortis, nous ont ainsi exprimé leur mécontentement (…) nous allons prendre cet avertissement en compte». Dans la foulée, le premier animateur du RDR a annoncé une tournée nationale pour « rassurer les militants de ce que le parti ne va jamais s’éloigner des valeurs de justice, de démocratie, d’égalité et de transparence ». En clair, et il n’en fera pas mystère, Soumahoro entend désormais prendre langue avec la base dans le choix des chevaux qui entreront en compétition pour les futures élections locales.
Faut-il le souligner, cette sortie aux relents de mea-culpa du secrétaire général du RDR, en plus de la déconvenue électorale de son parti, a fait suite au vent de contestation, voire de révolte sourde qui a continué de souffler sur la grande famille des Républicains après le scrutin. Les militants et sympathisants du RDR ont dit leur mécontentement contre leur direction, qu’ils ont accusé de ne pas être à leur écoute. Ils ont estimé que, pour la plupart des têtes de liste, la base n’a pas été réellement consultée. Pis, dans la course à l’investiture, des candidats leur ont été imposés là où pour eux des responsables locaux pouvaient faire valablement l’affaire. Depuis la publication des têtes de liste pour les élections municipales et régionales, la rue Lepic n’a pas cessé d’être en proie à des convulsions internes qui se manifestent par des protestations bruyantes de militants et sympathisants mécontents que la candidature d’untel ait été adoubé par les membres de la direction du RDR à la place d’un autre.
Aujourd’hui, malgré la bonne volonté d’ouverture affichée par la direction, le malaise reste profond.
Pourtant, instruits des expériences du passé, les dirigeants du parti domicilié à la rue Le Pic avaient cru bon de privilégier, dans le choix des porte-étendards du RDR aux prochaines élections locales, la voie du consensus et des affrontements électoraux. Il s’agissait pour Amadou Soumahoro et les membres du comité électoral d’éviter les frustrations postélectorales qui peuvent être dommageables pour les candidats choisis par le parti à la case verte. Mais avec cette vague de contestations et mécontentements sans précédent, on s’interroge aujourd’hui si ce mode de désignation est le bon et s’il faut le maintenir en l’Etat. Car, qu’est-ce qui garantit que, même après la tournée nationale de la direction vers les militants, les antagonismes s’évanouiront pour faire place au consensus tant recherché ? Qu’est-ce qui dit que tous les candidats, qui pensent qu’ils ont la faveur des militants et sympathisants pour remporter ces élections vont consentir à se retirer de la course par la seule magie de la parole, fut-elle celle de la haute direction? Qu’est-ce dit aussi, à contrario, qu’un candidat déjà désigné par la direction et qui, ne serait-ce que moralement, a démarré sa campagne, va s’incliner devant l’arbitrage de la direction en sa défaveur ? Autant d’équations à priori inextricables à résoudre et qui militent en faveur du choix d’un autre mode de désignation. Bon nombre de militants interrogés ont estimé que pour départager tout le monde, il faut peut-être recourir aux élections primaires, comme c’est le cas dans tous les partis démocratiques, ne serait-ce que dans les circonscriptions à problèmes. «La politique, c’est la saine appréciation des réalités du moment», aimait à répéter le président Félix Houphouët-Boigny. Quand on a échoué à faire l’unité autour d’un choix, la sagesse conseille de revenir aux principes et aux fondamentaux. Et ici, ce sont les élections primaires. Elles s’imposent d’autant que chaque protagoniste est convaincu de pouvoir mieux incarner les aspirations de la base. C’est donc à cette même base de décider de qui peut faire son affaire. Puisque c’est elle qui vote, il faut donc lui donner la latitude de désigner ceux qu’ils estiment dignes de pouvoir les représenter. Il y a un cadre du RDR, récemment, qui faisait cette réflexion : «Il faut appliquer la démocratie à la base. C’est important. Cela éviterait beaucoup de problèmes. Souvenez-vous ! Avant, il y avait beaucoup de tensions dans les différents départements au sein du RDR. Mais vous avez remarqué que depuis l’élection des secrétaires départementaux, les tensions se sont réduites. Ceux qui ont perdu, sont rentrés dans les rangs. Les tensions sont revenues lorsque des secrétaires départementaux ont été nommés pour remplacer ceux qui n’étaient plus disponibles. C’est pourquoi, pour ces élections locales, les primaires ne résoudront certes pas totalement les problèmes. Mais elles auront le mérite de départager tout le monde ». La direction du RDR est donc interpellée.
Jean-Claude Coulibaly
Faut-il le souligner, cette sortie aux relents de mea-culpa du secrétaire général du RDR, en plus de la déconvenue électorale de son parti, a fait suite au vent de contestation, voire de révolte sourde qui a continué de souffler sur la grande famille des Républicains après le scrutin. Les militants et sympathisants du RDR ont dit leur mécontentement contre leur direction, qu’ils ont accusé de ne pas être à leur écoute. Ils ont estimé que, pour la plupart des têtes de liste, la base n’a pas été réellement consultée. Pis, dans la course à l’investiture, des candidats leur ont été imposés là où pour eux des responsables locaux pouvaient faire valablement l’affaire. Depuis la publication des têtes de liste pour les élections municipales et régionales, la rue Lepic n’a pas cessé d’être en proie à des convulsions internes qui se manifestent par des protestations bruyantes de militants et sympathisants mécontents que la candidature d’untel ait été adoubé par les membres de la direction du RDR à la place d’un autre.
Aujourd’hui, malgré la bonne volonté d’ouverture affichée par la direction, le malaise reste profond.
Pourtant, instruits des expériences du passé, les dirigeants du parti domicilié à la rue Le Pic avaient cru bon de privilégier, dans le choix des porte-étendards du RDR aux prochaines élections locales, la voie du consensus et des affrontements électoraux. Il s’agissait pour Amadou Soumahoro et les membres du comité électoral d’éviter les frustrations postélectorales qui peuvent être dommageables pour les candidats choisis par le parti à la case verte. Mais avec cette vague de contestations et mécontentements sans précédent, on s’interroge aujourd’hui si ce mode de désignation est le bon et s’il faut le maintenir en l’Etat. Car, qu’est-ce qui garantit que, même après la tournée nationale de la direction vers les militants, les antagonismes s’évanouiront pour faire place au consensus tant recherché ? Qu’est-ce qui dit que tous les candidats, qui pensent qu’ils ont la faveur des militants et sympathisants pour remporter ces élections vont consentir à se retirer de la course par la seule magie de la parole, fut-elle celle de la haute direction? Qu’est-ce dit aussi, à contrario, qu’un candidat déjà désigné par la direction et qui, ne serait-ce que moralement, a démarré sa campagne, va s’incliner devant l’arbitrage de la direction en sa défaveur ? Autant d’équations à priori inextricables à résoudre et qui militent en faveur du choix d’un autre mode de désignation. Bon nombre de militants interrogés ont estimé que pour départager tout le monde, il faut peut-être recourir aux élections primaires, comme c’est le cas dans tous les partis démocratiques, ne serait-ce que dans les circonscriptions à problèmes. «La politique, c’est la saine appréciation des réalités du moment», aimait à répéter le président Félix Houphouët-Boigny. Quand on a échoué à faire l’unité autour d’un choix, la sagesse conseille de revenir aux principes et aux fondamentaux. Et ici, ce sont les élections primaires. Elles s’imposent d’autant que chaque protagoniste est convaincu de pouvoir mieux incarner les aspirations de la base. C’est donc à cette même base de décider de qui peut faire son affaire. Puisque c’est elle qui vote, il faut donc lui donner la latitude de désigner ceux qu’ils estiment dignes de pouvoir les représenter. Il y a un cadre du RDR, récemment, qui faisait cette réflexion : «Il faut appliquer la démocratie à la base. C’est important. Cela éviterait beaucoup de problèmes. Souvenez-vous ! Avant, il y avait beaucoup de tensions dans les différents départements au sein du RDR. Mais vous avez remarqué que depuis l’élection des secrétaires départementaux, les tensions se sont réduites. Ceux qui ont perdu, sont rentrés dans les rangs. Les tensions sont revenues lorsque des secrétaires départementaux ont été nommés pour remplacer ceux qui n’étaient plus disponibles. C’est pourquoi, pour ces élections locales, les primaires ne résoudront certes pas totalement les problèmes. Mais elles auront le mérite de départager tout le monde ». La direction du RDR est donc interpellée.
Jean-Claude Coulibaly