Il est presque que 11heures lorsque nous atteignions l'entrée principale du guichet unique automobile, une structure qui représente pour l'Etat de Côte d'Ivoire un outil essentiel pour harmoniser et accroitre, selon la loi, son parc automobile. Mais surtout une structure majeure qui doit apporter beaucoup à l'Etat, et ce, en terme de recettes douanières. Ce qui explique d'ailleurs les visites régulières du premier responsable des Transports en Côte d'Ivoire, à savoir le ministre Gaoussou Touré. L'ambiance au sein de la structure est empreinte d'un calme qui laisse entrevoir une atmosphère de suspicion. Soit. Quelques usagers semblent être fatigués des va et vient incessants qui leur sont imposés eu égard à la lenteur constatée dans le traitement des dossiers. Nous sommes justes à l'entrée principale de la structure et les vigiles en service nous demandent de décliner notre identité. Sans hésiter, nous nous présentons et une dame qui a suivi la scène s'approche de nous pour "nous expliquer son problème." Ainsi, dame S. Sylla qui vient de découvrir selon elle, les services du guichet unique, dit être désabusée parce que depuis que sa fille qui réside en Belgique lui a expédié un véhicule pour " se débrouiller ", cela fait aujourd'hui trois semaines qu'elle dépense sans toutefois entrer en possession dudit camion. "J'ai payé tout ce qu'on m'a demandé pour que le camion sorte mais chaque jour, on me raconte quelque chose " révèle-t-elle. Et cette dame de poursuivre : " Il y a une véritable lenteur dans les services du guichet unique dans la mesure où elle a payé tous les frais dont l'acconage, la sortie du port, la douane, l'amende au Trésor public… en somme tout ce qui concerne l'ouverture complet d'un dossier " en vain. Notre curiosité nous conduit vers le parc automobile et nous faisons le constat de ce que cet espace est bondé pendant que les usagers se plaignent de la lenteur des services. A ce propos, un autre usager qui a bien voulu garder l'anonymat et qui semble désespéré n'hésite pas à s'en prendre à un agent qui semblait lui demander l'objet de sa présence dans ce périmètre. Cet usager dont la réponse fut violente à l'endroit de l'agent de Côte d'Ivoire logistique attira notre attention et nous nous approchâmes de lui pour savoir ce qui clochait. L'homme, sans détour, s'exclama en ces termes. "Si vous êtes des journalistes, écrivez que le guichet unique automobile est un désordre organisé car rien ne bouge contrairement à ce que l'on veut faire croire à l'opinion. Comment comprendre que dans un guichet dit unique, on peut vous dire sans gêne qu'on ne voit pas votre dossier, c'est-à-dire que des dossiers disparaissent. C'est une situation très grave pour un pays qui parle d'émergence. En tout cas, que la médiocrité cesse dans ce pays et que des professionnels prennent le contrôle de cette structure qui a besoin de retrouver son identité de guichet unique, car il est inacceptable qu'on appelle abusivement une structure qui ressemble à tout sauf à un guichet unique guichet unique." Le décor au sein de la maison laisse entrevoir une certaine fuite en avant des employés dont beaucoup refusent de se prêter à nos questions. Du côté de l'Administration, naturellement, c'est le silence radio. On nous fait croire que tous les responsables sont absents et qu'il n'y a personne. Notre randonnée qui se poursuit dans le périmètre du parc nous amène à découvrir plusieurs autres usagers qui abondent dans le même sens et vont même loin pour affirmer que des clés de contact de certains véhicules non encore dédouanés aient disparu et que les agents aient du mal à leur retourner l'information. Toutes ces révélations expliquent donc la réaction du Directeur général du Guichet unique, Ndri Kouakou Marius. On se souvient bien encore que face à ces mêmes griefs soulevés par le premier responsable des Transports en Côte d' Ivoire, Gaoussou Touré, lors de sa dernière visite à cette structure le 12 avril 2012, le directeur général avait appelé les partenaires tels que les douanes, la Sicta, les transitaires, la direction du port d'Abidjan etc. de se remettre en cause. Il avait notamment évoqué l'encombrement de certains espaces, le problème de magasinage. En d'autres termes, le premier responsable de la structure avait fait l'aveu de reconnaitre dans l'ensemble, le disfonctionnement de toute la chaine, et de soutenir qu'il n'était pas juste de mettre en cause un seul maillon de la chaine. En clair, il y a péril en la demeure et de ce fait, les autorités ivoiriennes sont interpellées pour faire en sorte que le guichet unique automobile ressemble au nouveau guichet automatique mis en place par l'Etat afin de réduire au maximum le temps de création d'une entreprise en Côte d'Ivoire. Aujourd'hui, en trois jours, il est possible de créer une entreprise. Partant donc de constat relativement à la lourdeur dans le traitement des dossiers des véhicules importés, constat fait par le ministre lui-même, il est impérieux que celui-ci réunisse, en tant que la tutelle, autour d'une même table, tous les acteurs qui interviennent dans la chaine, peu importe le lieu, afin de repenser à nouveau le fonctionnement du guichet unique automobile. On le sait, cette situation du Gua est un secret de polichinelle. Il est donc temps que le gouvernement dans son ensemble, avec à sa tête le premier ministre, Daniel Kablan Duncan, prenne ce dossier à bras le corps. Car il n'est pas juste que l'on parle de plus en plus de pays émergent à l'horizon 2020 et que de simples procédures de dédouanement de véhicules importés soient un parcours du combattant. La Côte d'Ivoire qui compte dans l'espace Uemoa et dans le marché régional de la Communauté des Etats de l'Afrique Occidentale (Cedeao ) doit tout mettre en œuvre pour répondre aux normes internationales douanières permettant la fluidité et la rapidité de dédouanement des véhicules qui viennent des autres pays. Surtout que ces derniers temps l'administration douanière a entamé des réformes technologiques devant lui permettre de rendre léger son système. Cela devrait se ressentir au niveau de son intervention au guichet unique automobile hélas. En effet, que n'a -t -on pas dit sur les disfonctionnements de cette structure ? Certains usagers sont même allés jusqu'à la remise en cause de son statut, arguant que c'était une structure hybride et une caisse noire de l'État, tant l'État refusait d'y mettre de l'ordre. Vivement que les autorités gouvernementales fassent mentir tous ces usagers qui croient que le gouvernement a intérêt à ce que la lourdeur et le désordre soient le quotidien du guichet unique automobile. En tout cas, neuf mois après le passage du ministre des transports dans cette structure, il faut que les choses changent … positivement pour le bonheur de l'économie ivoirienne. De sorte que la lourdeur et le désordre n'aient plus pignon sur rue au Gua.
Loic Koukougnon
Loic Koukougnon
