Ce n’est pas encore la passe d’armes ! Il faut sans doute empêcher la veillée d’armes entre les partis qui constituent le groupement politique du RHDP. Le fait n’est certainement pas nouveau. Comme lors des élections législatives, on entend des cris d’orfraie, des outrances oratoires en provenance notamment du PDCI et du RDR, les deux têtes de pont de l’alliance des Houphouétistes. Les bases éructent et crachent des vérités. Les états-majors s’impatientent. Les rencontres entre les présidents Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, ainsi que les tentatives de médiation du Premier ministre n’ont pas encore réussi à faire sortir la fumée blanche de l’entente et de la cohésion. On est à mi chemin du cri d’alarme et du coup de gueule. Et pourtant, un devoir de lucidité s’impose de part et d’autre. L’appétit vorace du PDCI doit-il l’emporter sur le désir de conciliation du parti républicain ? Le contentieux qui porte sur près de sept régions sera-t-il à même de faire exploser le groupement mis sur pied pour prendre le pouvoir d’Etat et le gérer ensemble ? C’est en cela qu’on a salué la ferveur autour du candidat Alassane Ouattara au second tour remporté devant Laurent Gbagbo. On a également été admiratifs devant le respect des promesses de campagne faites au PDCI par le Président de la République. Chaque jour davantage, il donne des signaux forts en faveur de la gouvernance commune du pays par le RHDP, au point de léser ses propres cadres et militants. Cette sincérité est-elle de mise au sein du PDCI ? Le doute est permis au regard de la réalité du terrain. L’actualité montre chaque jour un peu plus un soupçon d’insincérité de la part de certains cadres du vieux parti. On a encore en mémoire le pamphlet et réquisitoire virulent à l’endroit des républicains de la part du bureau politique du PDCI. On n’a pas non plus oublié « le manque de solidarité » à l’origine de la dernière dissolution du gouvernement. Si le Président Bédié est en symbiose avec le Président Ouattara, tel ne semble pas être le cas chez certains de ses collaborateurs qui fonctionnent comme s’ils avaient un agenda secret mais non point discret, dans la perspective de 2015. Ce sont ces hommes et femmes qui veulent d’une chose et de son contraire, qui tirent les ficelles avec cette fausse querelle autour des élections locales. C’est le même groupe qui demandait récemment la tenue du congrès du PDCI et qui insistait davantage sur l’inaptitude de Bédié à briguer un autre mandat à la tête du parti créé par Félix Houphouët Boigny. Elle donne dans l’activisme et dans des agissements déplorables. Ces ambitions sont-elles fortes pour brûler le RHDP et pour le jeter avec le bain des élections locales ? En tout cas, la fixation sur les régions, émanation de la mise en pratique du programme de gouvernement et de développement du Président de la République, cache mal une volonté de prendre ce dernier en otage et faire monter les enchères. L’opinion n’est pas dupe sur la question encore moins les républicains. A notre sens, à défaut de parvenir à un consensus forcé, il est de bon aloi d’opérer la donne qui a prévalu lors des législatives. Mettre en compétition les communes ou régions où les querelles sont de saison. La latitude sera donnée aux populations de choisir l’homme ou le parti à même de donner corps à leurs aspirations. Ce sera tant mieux si cela peut préserver la cohésion au sein du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix. Cette option aura l’avantage de contenir les velléités de ceux qui croient avancer masqués mais que tout le monde voit au grand jour. Bakary Nimaga
Politique Publié le mercredi 27 février 2013 | Le Patriote