x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mercredi 6 mars 2013 | Nord-Sud

Bacongo, Sylla, Toungara…:Ces grosses têtes en danger

Comme lors des législatives de décembre 2011, plusieurs grosses têtes du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), pourraient mordre la poussière, lors des municipales et des régionales à venir.


Leur statut réel ou supposé de grosses têtes ne les met certainement pas à l’abri d’une chute. Qui risque d’être fort retentissante. Plus les jours qui passent les rapprochent de l’échéance du 21 avril, moins le spectre de la défaite ne s’éloigne d’eux. Pis, la menace devient de plus en plus grande, notamment à l’ombre des législatives partielles du 3 février dernier. Ces grosses têtes menacées, se recrutent aussi bien au Rassemblement des républicains (Rdr) qu’au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci). Au Rdr, ceux qui sont le plus menacés par le spectre d’une défaite, aux municipales et aux régionales, sont les maires sortants d’Abobo, Adama Toungara, d’Adjamé, Youssouf Sylla, de Bouaké, Ibrahima Fanny. Selon la base du parti au pouvoir qui grognait contre eux avant même qu’ils ne soient choisis, c’est leur bilan qui ne plaide pas en leur faveur. Mais, à côté de ce reproche, il y a le fait que cette même base estime qu’ils s’en sont suffisamment mis plein les poches et qu’il serait bon qu’ils fassent la place à d’autres cadres. Il leur est également reproché de vouloir tout pour eux. C’est dans cette catégorie que se classe le ministre de l’Enseignement supérieur, Cissé Ibrahim Bacongo, député titulaire de Koumassi qui lorgne à présent le fauteuil de maire. « En 2015, le président de la République va remettre son mandat en jeu. Je suis militant, cadre, j’ai été directeur de campagne d’Abidjan-sud. Je veux donc faire en sorte que le président ait un score d’au moins 80% à Koumassi. Cela passe par un travail sur le terrain, par une amélioration des conditions de vie des populations. Donc pour moi, aller à la mairie, c’est préparer 2015 », avance justement M. Cissé pour rabattre le caquet à ceux qui disent qu’il est un cumulard. «Ils ne sont pas les seuls. Cela fait bien longtemps que le président a fait d’eux de privilégiés et leur a tout donné. Il est temps qu’ils fassent valoir leur droit à la retraite pour laisser d’autres démontrer de quoi ils sont capables », lui rembarre un cadre du Rdr qui a décidé d’aller en indépendant aux municipales à venir, dans une grande ville de l’intérieur du pays. « On ira et le meilleur gagnera », déclare-t-il à qui veut l’entendre. A la question de savoir si le choix d’aller en indépendant ne va pas faire perdre son parti politique, il se veut pragmatique. « Lors des législatives passées (les partielles du 3 février, ndlr), un indépendant, en l’occurrence, Issiaka Koné, a battu à plate couture, le choix de la direction. Donc les militants qui se plaignent, ne sont pas dupes. Ils sauront faire le bon choix, au moment venu », argumente-t-il. Quand on lui rappelle qu’en 2001, c’est du fait du fractionnement des voix de ses militants que le Rdr a perdu la mairie de Treichville, il a cette même réponse empirique. « C’était plus un vote-sanction contre les deux candidats qu’autre chose », analyse-t-il. Et, pourtant, ce qui est arrivé à Treichville, pourrait survenir à Daloa. Le maire sortant de la cité des Antilopes, recalé, la direction du Rdr a sorti de son chapeau, Samba Coulibaly qui n’était pas en lice pour avoir le parrainage du parti au pouvoir. Une solution qui met hors de lui, Lanciné Touré, candidat à la candidature. Il a décidé de se lancer dans la course, quitte à faire le lit de la victoire pour Emile Christophe Kossougro Séry, l’ancien maire de Daloa. Cette même menace de défaite plane sur plusieurs cadres du Pdci, aux municipales du 21 avril prochain. La particularité de la menace, en ce qui concerne les candidats officiels de l’ancien parti unique, est liée au fait qu’ils ont en face d’eux, d’autres grosses têtes. Au nombre de ceux-ci, le maire sortant de Treichville, Albert François Amichia. Même s’il a réussi à rallier à sa candidature, la section communale de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci) et celle du Mouvement des forces d’avenir (Mfa), il aura en face de lui, Ibrahim Cissé, dit Haladji, cadre du Rdr. La menace pour M. Amichia est d’autant plus grande que les républicains ont pour eux la force de l’électorat. Lors du premier tour de la présidentielle de 2010, le candidat Alassane Ouattara a réalisé un meilleur score que le mentor de François Amichia, à savoir Henri Konan Bédié. Cela suffit-il à garantir la victoire à Ibrahim Cissé ? « Les élections ne sont une science exacte. Ce qui nous donne beaucoup d’espoir, c’est le fait que nos amis du Rdr ne semblent pas parler d’une même voix, ils sont divisés », relativise un membre du staff de François Amichia. « Quand la campagne va commencer, vous en verrez à nos côtés », annonce-t-il. Le maire sortant de Koumassi vit la même situation. Même si Cissé Ibrahim Bacongo ne fait pas forcément l’unanimité, les ressorts dont il dispose, pourraient lui permettre de passer le cap Raymond N’Dohi Yapi, fut-ce aux forceps. Pareil pour Albert Flindé, maire sortant de Man. Il va en découdre avec Konaté Sidiki qui porte l’étendard du Rdr. Tous deux anciens ministres, cette défaite sera de trop pour eux. Dans le camp Konaté, on refuse de l’envisager, sûr de son fait. « Nous avons la majorité à Man. Le ministre Konaté Sidiki va battre son frère Flindé et le ciel ne tombera sur la tête de personne », assure un proche de l’ancien ministre. « Nous sommes tous du Rhdp et il y a de la place pour tout le monde », renchérit-il. Les régionales, prévues à la même date, pourraient réserver des surprises similaires. Dans cette joute, la menace vient moins des indépendants que des grosses têtes du Rhdp qui vont se livrer bataille, comme c’est le cas dans le Haut-Sassandra. Avec l’échec des discussions en vue d’aller en ‘’rang serré’’ à ces élections, un grand va tomber entre l’emblématique secrétaire général du Pdci, Alphonse Djédjé Mady et le ministre Mathieu Badaud-Darret qui porte les couleurs du Rdr. Dans le Tonkpi où deux autres éléphants pourraient avoir à en découdre, c’est avec le même intérêt qu’on attendra la proclamation des résultats pour savoir qui d’Albert Toikeusse Mabri et de Siki Blon Blaise va remporter le duel à distance qui oppose les deux hommes, depuis la mi-2009. Deux autres ministres, à savoir Maurice Bandama et Gnamien Konan qui affrontent, pour le premier, Jacques Mangoua, un dinosaure du Pdci et le député Joseph Boni, également issu du Pdci, pour le second. Tout aussi menacé, l’ancien Premier ministre, Jeannot Kouadio-Ahoussou. Le boulevard que lui a ouvert le Rdr et les autres partis du Rhdp, ne lui garantit pas forcément la victoire face à Arthur Aloco. L’ancien Dg de l’Agence de régulation de la télécommunication, soutenu par une partie de la base du Pdci, a promis faire mordre la poussière à son ‘’frère’’. Une question de rivalité les oppose, apprend-on, depuis le limogeage d’Arthur Alloco, en mai 2012.

Les changements de dernière minute

S’il y a un parti qui redoute une débâcle aux prochaines consultations, c’est bien le Rdr. Après qu’il a fait pâle figure lors des législatives partielles du 3 février, le parti au pouvoir avait, semble-t-il, décidé de laisser le peuple départager ceux qui sollicitent son suffrage. Mais, la semaine dernière, la direction du Rdr a organisé des négociations, pour tenter de colmater les brèches. Dans cette dynamique, Amadou Soumahoro, avec la commission électorale du Rdr, a décidé de remplacer certains chevaux. C’est le cas de Coulibaly Minaya, dans la région du Hambol et de Palé Olo Sib dans le Bounkani. Dans le Hambol, le Rdr a choisi de miser sur Jean-Louis Billon, ministre du Commerce, sa nouvelle recrue. Dans le Bounkani, Amadou Soumahoro serait tenté de remplacer Palé Olo Sib par Philippe Hien. « Si on remet la candidature de Palé Olo Sib sur la table, c’est qu’on veut tenir compte de nous. On ne peut pas nous laisser de côté pour aller prendre quelqu’un d’autre. Si c’est le cas, nous allons tout mélanger », menacent les partisans de Loukimane Camara. Dans ce contexte, c’est Palé Dimaté, cadre du Pdci qui devrait se frotter les mains. « Manifestement, notre direction a décidé de dérouler le tapis rouge au Pdci dans le district du Zanzan. Sinon, pourquoi venir tout changer à quelques jours de la clôture du dépôt des candidatures ? Ce changement n’a d’autre visée que de perturber le cours de notre pré-campagne puisque si la mise à l’écart de M. Palé se confirme, de quel temps va disposer le nouveau candidat pour battre campagne ? », interroge-t-on dans le camp Palé Olo Sib.

L’exception Pdci à Abidjan

Le fait est saisissant pour ne pas le souligner. Contrairement au Rdr où les maires sortants reconduits, n’arrivent pas à faire l’union sacrée autour d’eux, au Pdci, les maires sortants à Abidjan ont plutôt la cote. Sauf dans le cas du maire de Treichville que le candidat du Rdr veut voir partir, les autres élus issus du Pdci ont plutôt un boulevard devant eux. C’est le cas d’Hortense Aka-Anghui (Port-Bouët) et d’Akossi Bendjo (Plateau).

Marc Dossa
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ