Les nombreux rendez-vous du donner et du recevoir qui fondent l’esprit des rencontres que le pouvoir a engagées avec le Fpi semblent être à leur point d’essoufflement. Le pouvoir vient de boucler la liste des inscriptions des candidatures, depuis le lundi 18 mars 2013, en désespoir de cause. En ce sens qu’aucun accord tangible n’a été encore obtenu de ces différents sommets, si ce ne sont que des échanges de mémorandum pour que chaque partie puisse, dans sa retraite, focaliser son attention sur les points consignés par son interlocuteur. La dernière rencontre du vendredi 8 mars 2013, restait encore une dernière raison d’espérer que le Fpi donnerait son accord de principe quant à son éventuelle participation aux échéances électorales couplées. A ce stade des débats, le pouvoir s’est fait fort d’engager ses meilleurs interlocuteurs en la personne du Premier ministre Duncan et celle du ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko. Pour essayer de ramollir les positions du parti de Laurent Gbagbo et le voir s’activer pour ces échéances. Si le pouvoir se donne tant de débauche d’énergie, pour amadouer le Fpi, c’est bien parce qu’il y a une épée de Damoclès sur sa tête. Le régime est désespérément en quête de légitimé. Et le Fpi détient la clé de cette légitimité. Outre les pressions de l’Union européenne, pour engager une véritable joute démocratique, l’Onu se mêle de la partie. Au terme de la Résolution 2062, du 26 juillet 2012, elle a sommé Ouattara d’offrir au parti de Laurent Gbagbo, toutes les conditions loyales et légales pour une participation inclusive. Mais le Fpi qui a précocement décrypté le double jeu du pouvoir est resté sur sa position. Ses exigences sont les mêmes. Si Ouattara veut appliquer le jeu démocratique. A savoir, le vote d’une loi d’amnistie, la libération de tous les prisonniers politiques avec en tête le Président Gbagbo, le retour de tous les exilés politiques, la restitution de tous les biens des pro Gbagbo et le dégel de leurs avoirs, le retrait des supplétifs Frci et des Dozo de tout le territoire national et leur désarmement. Enfin la recomposition de la Commission électorale indépendante. Le pouvoir sentant l’inflexibilité du Fpi, a préféré se jeter à l’eau. Tout son espoir est perdu. Le spectre de l’illégitimité plane encore. Comme aux simulacres des législatives de décembre 2011. « Nous, nous voulons aller à des élections transparentes, à des élections qui soient organisées dans la justice, dans l'intérêt de tous sans exclusion. Si le gouvernement est de notre avis, et s'il veut organiser des élections sans exclusion, alors le minimum est de régler les problèmes qu'on a à régler, avant de fixer la date», martelait sans ambages Danho Djédjé, le 5 mars 2013. Sur cette lancée, le pouvoir qui réalise que tout espoir se volatilise, veut jeter tout son dévolu dans des candidatures indépendantes pour sauver des élections aux allures biaisées.
Marcel Dezogno
Marcel Dezogno