Des agents du ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement technique seraient-ils trempés dans un trafic de fausses décisions de mutation au profit d’enseignants ? Une chose est sure et certaine, depuis la rentrée scolaire de septembre 2012, 255 fausses décisions de mutation ont été frauduleusement confectionnées et remises moyennant de l’argent. Le minimum à débourser pour recevoir ce document, est de 100 mille Fcfa. Ce sont ces décisions qui ont permis à 255 instituteurs de l’intérieur du pays d’être affectés à Abidjan alors qu’ils n’ont pas cinq ans d’ancienneté, condition exigée pour être affecté. Dans le cas d’espèce, ces instituteurs qui ont bénéficié de la complicité d’agents du ministère de l’Education nationale n’ont même pas deux ans d’ancienneté. Tous les regards sont tournés vers la Direction des ressources humaines de ce ministère qui, embarrassée, affirme ne pas être ni de près, ni de loin concernée par cette fraude. Le premier responsable de cette direction, M Barro Mamadou affirme que « les fausses décisions ont été émises par des sources autres que celles de la Drh ». Quelles sont ces sources autres que la Drh ? Barro Mamadou indique que le droit de réserve lui impose le silence. Pour une affaire aussi grave qui même au demeurant pourrait l’emporter. Qui veut-il protéger ou a-t-il peur de représailles s’il livre publiquement des agents de ce ministère ? Une évidence cependant, selon des sources concordantes, les concepteurs de cette fraude sur des décisions de mutation ne viennent pas d’un autre ministère mais bel et bien du ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement technique. « Les fraudeurs qui sont parmi nous, donc des agents de ce ministère ont tout simplement utilisé une décision de mutation originale, cachetée et signée du Drh, ont fait par ordinateur des centaines et des centaines de photocopies. Et grâce à un logiciel de pointe, ont pu tranquillement effacer sans rature le nom de l’instituteur qui figurait sur la décision originale pour saisir les noms des demandeurs frauduleux. Avec cette technique de pointe, il est difficile de savoir si ces décisions sont des photocopies de l’original. Toutes ces fausses décisions sont identiques à la décision authentique. Tout cela à l’insu de M Barro Mamadou. Même les directeurs départementaux ou directeurs régionaux de l’Education nationale n’ont jamais douté de ces documents, tant ils ressemblent trait pour trait à des originaux. La seule bourde des fraudeurs, c’est qu’ils ont oublié de changer le numéro de la décision originale. Toutes les 255 fausses décisions de mutations ont malheureusement le même numéro que l’original » avoue un collaborateur de Barro Mamadou. Mais une autre version bat en brèche la première. Un autre responsable de cette direction qui a lui aussi requis l’anonymat soutient que la Drh a une grande part de responsabilité dans cette affaire. « Les responsables de cette direction savent très bien que ce commerce honteux de fausses décisions de mutations a commencé depuis la rentrée de septembre 2012 et elle connaît les acteurs de cette fraude. Que le Drh ait le courage de les dénoncer et de les sanctionner au lieu de les protéger et d’envisager des mesures conservatoires à l’encontre des 255 instituteurs (la mise sous contrôle des salaires si les enseignants irrégulièrement mutés ne regagnent pas leurs postes d’origine) » confie ce autre responsable du ministère de l’Education nationale.
Charles Bédé
Charles Bédé