Le 21 avril prochain, le peuple va encore parler. Pour cette dernière ligne droite, les partis politiques s’activent pour donner les dernières consignes à leurs militants et sympathisants. Le week-end pascal a été l’occasion pour les chapelles politiques de prêcher la mobilisation et la discipline à leurs ouailles. Le Rassemblement des Républicains, pour citer ce parti, a envoyé sur toute l’étendue du territoire plusieurs délégations pour rappeler aux populations pourquoi il faut voter ses candidats. Le PDCI-RDA, le parti doyen, n’est pas resté loin de cette frénésie électorale qui s’est emparée des états-majors politiques pour cette dernière ligne droite avant l’ouverture officielle de la campagne électorale prévue pour le 6 avril prochain. Partout en Côte d’Ivoire, l’on voit à l’approche de cette échéance se multiplier les cérémonies d’investiture des candidats. Si ces cérémonies peuvent être considérées come un moyen détourné de contourner la mesure d’interdiction de battre la campagne électorale avant la lettre, force est de connaitre qu’elles constituent surtout une bonne aubaine pour les directions des partis politiques engagés dans la course aux mairies et conseils régionaux pour situer les uns et les autres sur les vrais enjeux du scrutin du 21 avril prochain. Les élections régionales et municipales sont des élections purement locales. Elles n’ont rien de politiques, contrairement aux élections générales que sont la présidentielle et les législatives. Mais elles ne sont pas moins dépourvues d’enjeux importants. Le premier des enjeux est la lutte pour l’hégémonie politique. Au-delà des intérêts particuliers, les élections sont toujours une opportunité pour les partis politiques de prouver leur force, leur vitalité sur l’échiquier politique. Surtout pour le RDR qui vient de sortir d’une campagne désastreuse pour les élections législatives partielles. Avoir plusieurs conseils régionaux ou plusieurs mairies est toujours une manière de prouver à l’adversaire qu’on est un parti qui compte et avec qui il faut compter. La deuxième est que les élections locales est une occasion pour les partis politiques de plus ou moins caser leurs cadres. Remporter une mairie ou un conseil régional garantit aux partis vainqueurs des postes non seulement pour les conseillers qui sont sur les listes, mais aussi pour leurs militants ou sympathisants dans les différentes collectivités locales qu’ils auront à gérer. Le troisième enjeu, lui, est d’ordre économique avec bien sûr des retombées politiques. Tout le monde sait en Côte d’Ivoire que le chef de l’Etat a promis aux Ivoiriens la réalisation d’un projet de société ambitieux. La mise en œuvre de ce projet nécessite de s’appuyer sur des hommes de confiance qui pourront traduire fidèlement au niveau des populations la vision et les aspirations du gouvernement. Pour que les milliards promis aux populations arrivent à bon port, il faut des hommes et des femmes dignes de confiance et capables de les gérer en toute intégrité. Les routes, les écoles, l’électrification des villages, la construction des châteaux d’eau ou les forages, les hôpitaux et les centres de santé, pour le bien-être des Ivoiriens, doivent être conduits dans la vision du président de la République qui a décidé de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergeant à l’horizon 2020. Les retombées politiques de la question sont simples. Les projets menés à bien, il est clair que c’est le chef de l’Etat qui récoltera en premier les dividendes et les lauriers pour sa campagne en 2015. Il est donc normal pour lui que ce soit des personnes capables de faire son affaire qui soit à la tête de la majorité de toutes ces collectivités locales que sont les conseils régionaux et les mairies. C’est la raison pour laquelle, dans sa démarche, la haute direction du RDR veille à ce que les militants ne dispersent pas leurs voix pour permettre à un maximum de ses cadres d’être élus ou réélus au soir du 21 avril. Car, ce sont eux qui ont le plus intérêt à ce que le président Alassane Ouattara fasse un deuxième mandat pour réaliser son rêve de faire de la Côte d’Ivoire un nouveau Brésil ou une nouvelle Inde en l’espace d’une décennie. Les élections locales, contrairement aux apparences, pour cette seule raison, sont nettement politiques. On comprend aisément pourquoi la haute direction du RDR prend à cœur ces élections. Car les enjeux sont énormes pour la formation politique domiciliée à la rue Lepic.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly