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Politique Publié le vendredi 5 avril 2013 | Nord-Sud

Gervais Coulibaly, pdt Cap Udd : «Evitons des élections calamiteuses»

© Nord-Sud Par PRISCA
Politique : Le representant spécial du secrétaire général de l’ONUCI, Bert Koenders rencontre les membres la Ligue des mouvements pour le progrès (Lmp)
Jeudi 01 mars 2012. Abidjan. Cocody. Siege du CNRD. Bert Koenders a rencontre la LPM. Photo : Gervais Coulibaly
Dans les échanges qu’il a eus lundi avec la presse au siège de son parti, le Cap Udd, Gervais Coulibaly a déploré un certain nombre de déviations dans le débat politique.

Vous et des membres du Cadre permanent de dialogue (Cpd) avez décidé d’aller aux élections. Pensez-vous que les conditions sont réunies pour la tenue effective des municipales et des régionales ?
Nous allons aux élections. Mais nous avons dit aussi que les conditions idéales ne sont pas réunies pour y aller. N’empêche, notre philosophie dit qu’on n’aura jamais totalement toutes les conditions réunies. Ce n’est quasiment pas possible. Nous avons posé des préoccupations relatives au report des élections, au rééquilibrage de la Commission électorale indépendante (Cei). Nous avons parlé des questions de sécurité, de découplage des élections, du financement des partis politiques.

Avez-vous eu gain de cause sur certains points ?
Nous n’avons pas eu gain de cause concernant la Cei, mais nous nous sommes dit qu’il faut aller aux élections. Tout comme, au niveau du découplage des élections. Pour nous, la sécurité est à la fois physique et morale. La sécurité ne peut pas s’obtenir du jour au lendemain si on ne la met pas à l’épreuve. Au niveau du financement, nous avions demandé le financement légal des partis. Et puisque nous travaillons sur la question au niveau du Cpd, nous demandons un financement exceptionnel pour restaurer nos partis, rendre fonctionnels les sièges, accompagner nos candidats aux élections. Nous avions demandé cinquante millions FCfa chacun.

Et combien vous a été concédé ?
Nous avons obtenu vingt millions FCfa pour la restauration des sièges de nos partis et vingt autres millions pour accompagner nos candidats. Ce que le gouvernement nous avait proposé était insignifiant. Nous avons donc eu quarante millions de FCfa pour ceux qui ont décidé d’aller aux élections. Ceux qui ont décidé de ne pas y aller ont eu vingt millions FCfa.

L’apport du gouvernement est insignifiant, dites-vous, pourtant vous l’avez pris. Pourquoi ?
Notre philosophie est que très rapidement, il faut sortir de ce processus qui nous tire par derrière. Nous sommes en 2013, si nous continuons avec ce processus, nous risquons de nous retrouver avec en 2014 et en 2015. Nous allons nous retrouver avec les mêmes structures pour aller à d’autres élections. Ce qui est le plus important, ce sont les élections de 2015. Je ne dis pas que les élections actuelles ne sont pas importantes, mais elles sont des élections de développement. Les législatives et la présidentielle sont des élections politiques. On peut nous entraîner tout doucement avec ce processus jusqu’à une période, en disant qu’on n’est pas d’accord avec la Cei en place. Et à la dernière minute, nous allons réaliser que nous n’avons plus le temps de mettre en place une nouvelle Cei. Puis nous allons nous retrouver en 2015 avec les mêmes structures électorales.

Au niveau du Cpd, avez-vous été interpellé par le retard ?
Nous nous sommes dit : « libérons ce processus ». De toutes les façons, il est déjà trop engagé. Les élections de 2015 sont encore loin. Nous devons nous asseoir pour que sereinement, nous puissions éviter à la Côte d’Ivoire des élections calamiteuses qui vont donner des résultats désastreux et dramatiques. On ne peut rien faire de grand sans sacrifice. Nous, nous considérons que ces élections sont à sacrifier ; alors, il faut les sacrifier. Une fois que nous l’aurons fait, ensemble - puisque nous sommes tous, avec le Fpi, autour de la table de discussions - nous allons pouvoir amener le gouvernement à créer les conditions pour les élections de 2015. Il ne faut pas se donner des prétextes pour dépasser cette date. Il faut donc vite sortir de ce processus qui n’est en fait qu’un processus transitoire. Il faut créer les conditions de vraies élections. C’est souvent une situation à laquelle on ne fait pas attention.

Le financement des partis politiques a été obtenu à partir d’une loi votée à l’Assemblée nationale. Pourquoi ne demandez-vous pas l’application de cette loi ?
Je pense qu’il n’est même pas dans notre intérêt qu’on applique cette loi. Quelquefois on ne fait pas attention. Si on applique cette loi, aucun d’entre nous ne sera financé. Pourquoi alors demander que soit appliquée une loi qui ne m’arrangera pas. Sauf si je suis un masochiste… La loi dit qu’il faut avoir des élus à l’Assemblée nationale. Qui en a à part nous, le Cap-Udd ? J’ai deux députés à l’Assemblée, je suis de ce fait tranquille pour qu’on applique la loi. Mais, je ne suis pas égoïste ! Comment mes autres camarades, les autres partis vont-ils se faire financer ?

Combien de partis d’opposition sont représentés à l’Assemblée nationale ?
Nous sommes trois partis de l’opposition à avoir des élus. Il y a le Cap Udd, le Rpci et le Rpp. Et les autres ? Nous pensons à eux, sinon s’il ne s’agissait que de nous, j’aurais dit : « appliquons la loi ».

En son temps, le Rdr a été financé sans être à l’Assemblée nationale…
Le Rdr a été financé sous quel régime ? C’est Laurent Gbagbo qui était au pouvoir. Mais là, ce n’est pas lui qui est au pouvoir. A supposer que le gouvernement décide d’appliquer la loi, combien sont les partis qui vont en bénéficier ? Ils ne sont que trois. Est-ce cela que vous voulez ? Moi, je me bats pour qu’on trouve un règlement politique à cette situation. C’est justement ce que nous faisons quand nous sommes au Cpd. Nous avons écrit un avant-projet de loi contenant des dispositions transitoires, c’est-à-dire que nous prévoyons la situation normale qui va s’appliquer tout le temps et nous prévoyons des dispositions transitoires prenant en compte la situation que nous vivons actuellement.

Le travail en cours au sein du Cpd porte-t-il vraiment des fruits ?
Je pense que nous avançons, pas au rythme que je souhaite, mais nous avançons quand même. Nous avançons dans la mesure où il faut aborder les sujets les uns après les autres.

D’aucuns parlent d’une loi d’amnistie…
Nous parlons de la loi d’amnistie ; on nous dit qu’elle n’est pas possible maintenant, qu’il faut d’abord passer par la justice. Nous, nous disons : qu’on juge vite ! S’ils ne peuvent pas faire une loi d’amnistie sans avoir jugé les détenus, nous leur disons voilà deux ans que des personnes sont détenues. Deux ans, ça suffit pour des instructions. Alors qu’ils finissent vite pour qu’on écrive la loi d’amnistie. Souvent on pense que cette loi d’amnistie ne sera profitable qu’à ceux qu’on appelle les pro-Gbagbo. Je crois qu’il y en a qui devraient nous soutenir très fort pour qu’elle soit écrite. La loi d’amnistie n’est pas pour un seul camp.


Propos recueillis par Bidi Ignace
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