Les Ivoiriens se sont réveillés samedi dernier, avec un environnement hautement coloré. Dans la nuit du vendredi à samedi, les candidats aux élections locales n’ont pas dormi. Chacun d’entre eux n’a pas voulu rater l’ouverture de la campagne. A minuit une minute, les murs, les poteaux électriques et les panneaux publicitaires ont été pris d’assaut par les partisans des candidats. Partout dans les quartiers et sous-quartiers, posters et affiches étaient visibles. Même les capots et portières des véhicules et taxis n’ont pas été épargnés par cette frénésie électorale. Au point qu’au petit matin, les lève-tôt qui avaient oublié ou qui n’étaient pas au fait de l’ouverture de la campagne électorale, ont été très vite ramenés à la réalité électorale qui a cours en Côte d’Ivoire. Dans les quartiers généraux de campagne que notre équipe de reportage a visités à Abidjan Sud, l’heure était à la distribution des tee-shirts, visières et autres supports de communication tels que les prospectus, les petites affiches et les gadgets. A Marcory, en face du 9ème, au QG de campagne du RDR, Mme Mariam Fétigué Koulibaly est elle-même à la baguette. La candidate du RDR s’entretient avec ses collaborateurs et vérifient si tout est prêt au niveau de la logistique et de l’organisation. La candidate reçoit elle-même des militants et sympathisants venus pour avoir des tee-shirts et gadgets. « Ne vous inquiétez pas ! Les tee-shirts arrivent. Vous serez servis », ne manque-t-elle pas de s’assurer le flot de personnes qui affluent à son QG. Renseignement pris, il n’y aura pas de caravane. Mais plutôt de petits meetings éclatés dans les sous-quartiers de Marcory. A ce sujet, les points focaux sont convoqués pour une réunion. La candidate, après avoir reçu plusieurs personnes, s’excuse. Elle a un autre rendez-vous en ville. Nous décidons nous aussi de nous retirer. Direction Treichville. Ici, la campagne a vraiment commencé. Si dans la commune voisine de Marcory, le candidat du PDCI-RDA, Aby Raoul, se fait encore discret, ici la guerre électorale entre le maire sortant François Amichia et le candidat du RDR, Ibrahim Cissé, est visible sur tous les murs, les espaces publicitaires, les poteaux électriques…Bref sur tout ce qui peut servir de support de communication. Mais à ce jeu, le samedi dernier, le champion du RDR à Treichville menait aux points. Ibrahim Cissé dit « Ladji » a quasiment noyé ses adversaires. Aucun poteau électrique – et ce n’est pas exagéré – n’a été épargné par son équipe de campagne. Aux grands carrefours et points stratégiques de la commune, ce sont des posters géants le présentant seul ou accompagné qui sont postés. Du côté de l’équipe de campagne du maire sortant, on essaye de répondre à cette artillerie lourde communicationnelle par une flopée d’affiches sur tous les murs de Treichville. Au QG de campagne du candidat du RDR où nous nous sommes rendus, des militants et sympathisants discutent entre eux. Probablement sur les derniers potins sur l’adversaire. Mais sur tous les visages, la sérénité est de mise. Notre ballade nous a entrainé ensuite dans la commune du Plateau où le candidat du RHDP, Noël Akossi Bendjo, procédait au lancement de sa campagne. Dès notre arrivée dans le centre des affaires, nous avons compris tout de suite que le maire sortant prenait à c?ur ces élections municipales. Partout dans la commune, l’on ne pouvait voir que ces seuls posters et affiches. Quant à son adversaire, à part quelques affiches et panneaux publicitaires qui évoquent qu’il y a un autre candidat, il faut reconnaitre que sa campagne est encore timide. Au point que certains partisans du maire affichaient cet optimisme sans ambages : « Le maire Akossi Bendjo sera réélu au soir du 21 avril ». Le meeting de lancement auquel nous avons assisté un peu plus tard dans l’après-midi a été une véritable démonstration de force. Au Plateau, il faut le souligner, la guerre des affiches tourne largement en la faveur du maire sortant. A Port-Bouët, la candidate du RHDP a voulu faire les choses en grand. Hortense Aka-Anghui a inondé la commune de ses posters, des affiches et des prospectus. C’est à croire que le poids de l’âge n’a aucun effet sur celle qui traverse le temps sans prendre aucune ride. Ici, l’on s’en rend tout de suite bien compte, en dépit de quelques affiches qui évoquent une certaine adversité, il y a une seule vraie candidate. La guerre de communication est en tout cas pour le moment à l’avantage de la doyenne des maires, voire des élus de Côte d’Ivoire. A Koumassi où nous avons terminé notre itinéraire, la bataille électorale a déjà commencé. Il n’y a pas eu ce samedi un round d’observation. Dans tous les grands carrefours de la commune, l’on peut voir affichées des posters géants des candidats. Surtout ceux du candidat du RDR et du PDCI-RDA. C’est comme si le ministre Ibrahim Cissé Bacongo et le maire sortant Raymond Yapi N’Dohi se donnent coup pour coup. Partout sur les grands espaces publicitaires, on ne voit que leurs images. Pendant que les autres candidats partagent les autres petits espaces que sont les murs des rues, les pancartes, les portières des véhicules et des taxis wôrô-wôrô. C’est également dans cette commune que nous avons pu voir des caravanes de certains candidats. Notamment celles de Cissé bacongo, Mme Manouan et de l’ancien maire de Koumassi, Adou Assalé, tous deux candidats indépendants. Mais dans cette bataille de communication, les autres candidats n’ont pas encore dit leur dernier mot. Car pour eux, la campagne électorale est une course de fond. Il faut donc savoir partir à point nommé. « Vous savez, la campagne est longue, car elle s’étend sur deux semaines. Pour ne pas être vite essoufflé, nous avons décidé de monter au fur et à mesure en puissance », nous a soufflé le directeur de campagne d’un candidat à Koumassi. En tout cas, la cuvée 2013 des élections municipales à Abidjan promet.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly
