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Politique Publié le samedi 13 avril 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton : L’envers du décor

Il est impossible, en ce moment, de rater la page des élections municipales et régionales sur les chaînes de la télévision nationale. Pour moi, et certainement pour beaucoup d’autres citoyens c’est le point culminant de la journée. On a l’impression de voir du direct, ce qui est en télévision le sommet de la production. Dommage que les minutes réservées à la campagne électorale ne sont pas assez longues. Notre télévision a tendance à copier le schéma des télévisions occidentales avec un temps limité et précis. En oubliant que nous n’avons pas les mêmes visions du développement. Là-bas, c’est la société de loisir. Tout a été réalisé depuis des lustres. Ici, nous cherchons ou tentons de nous réveiller d’un long sous développement. Faire trente minutes de journal télévisé c’est croire que nous sommes dans un pays émergent. Or, nous avons besoin de faire un journal télévisé de développement. Donner davantage la parole à la population autant qu’aux décideurs. La page des élections est d’une richesse inestimable. Pas à cause du folklore de la campagne et des promesses des candidats. Non, loin de là. Mais quel enrichissement ! A écouter et regarder, on voit l’étendue du travail à faire. Dans presque toutes les villes tout est à faire et à refaire. Chaque soir, je me demande si le pays sera véritablement développé un jour. En écoutant les candidats égrener tout ce qui manque, tout ce qu’on doit faire, on voit tout le fossé qui existe entre Abidjan et le reste du pays. C’est vraiment l’envers du décor. Est-il possible de trouver du financement pour réaliser tout ce qui manque ou est demandé ? On voit bien que nous sommes en face de travaux d’Hercule. Néanmoins, c’est une tache exaltante pour les responsables politiques. Ils savent ce qu’il faut faire et comment le faire. Il faut trouver de l’argent. Tout le monde en veut un peu plus. C’est du moi ou personne d’autre. A regarder et écouter, on voit bien que sortir le pays de la situation dans lequel il se trouve exige un sacrifice à tous les niveaux. L’heure est venue que le pays devienne une affaire de tous. Et pour tous. Que chacun donne un peu ou plus pour le pays. Faire comme d’habitude et attendre ou regarder l’Etat pour tout faire ne nous emmènera pas à un véritable développement. C’est devenu une question de se retrousser les manches. Dans la plupart des contrées, il faut absolument avoir recours à l’investissement humain pour s’en sortir. Le mot fait peur. Investissement humain. Cela rappelle le communisme. Or, le communisme a échoué. Les pays africains devant l’immensité de la tâche et de la tache doivent y avoir recours. L’investissement humain, c’est tout simplement demander la participation de la population pour la réalisation d’un chantier. Tout le monde sur une voie à réhabiliter. Une école à construire. On gagnera du temps et de l’argent. Je ne vois vraiment pas d’autres solutions pour sortir toutes ces villes de leurs difficultés. Le gouvernement fera ce qu’il peut mais ses moyens ne seront jamais nécessaires et suffisants pour satisfaire tout le monde. Comment sortir quelqu’un de son repos hebdomadaire et lui demander de venir faire des briques toute une journée sans aucun salaire sauf la joie de voir sa cité s’embellir d’une nouvelle réalisation ? Assurément qu’on ne trouvera pas de candidats ou très peu. Et c’est là qu’on voit tout le travail gigantesque que les pays communistes avaient réussi dans l’idéologie. Donner l’amour du pays à tous les citoyens. Le système capitaliste, appelé aujourd’hui libéral, pousse à l’égoïsme. La démocratie à l’occidental instauré dans la quasi-totalité des pays rendra inapplicable un investissement humain. Alors que faire ? Faire comme d’habitude. Attendre que le pouvoir réalise. Et comme c’est partout à la fois beaucoup attendront longtemps. J’espère que les responsables des régions organiseront des débats populaires pour demander à leur population ce qu’elle peut faire sans moyen financier. Mais on l’a dit et redit le meilleur investissement c’est l’homme et sur l’homme. Il faut changer l’homme pour mieux développer. Un seul à mon avis à cette préoccupation. Du moins dans les propos entendus. Il fera de nombreuses bibliothèques dans une rue. Il veut vraiment façonner l’esprit de ses concitoyens. Nos contes initiatiques n’existant plus, la formation intellectuelle, spirituelle, matérielle et psychologique du citoyen passe absolument par la diffusion du savoir et de la connaissance à travers la diffusion du livre dans tous ses aspects. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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