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Politique Publié le mercredi 17 avril 2013 | LG Infos

Au nom du peuple : Quelle Côte d’Ivoire après les élections municipales et régionales ?

Une autre page de notre pays va s’ouvrir bientôt. Les élections municipales et régionales dont la campagne bat son plein mettent chaque jour à nu des signes inquiétants. Pour les observateurs objectifs, une autre Côte d’Ivoire va naître après le 21 avril. Comment sera-t-elle ? Porteuse d’espoir ou vaincue par les forces du mal ? Difficile d’y répondre. Les Ivoiriens seront-ils plus unis ? Rien n’est moins sûr. Le Fpi empêché de se présenter (oui le Fpi a été empêché de participer à ces élections), nous assistons sur le terrain à des empoignades peu rassurantes. En plus des joutes entre les indépendants et les candidats investis par leur parti, nous avons droit à des duels épiques entre candidats de partis, membres du Rhdp. Et c’est là où le bât blesse ! Quand des frères se battent, l’avenir prend des couleurs sombres. Le grand amour risque de se muer en désamour à la fin du scrutin.
Dans certaines régions et communes, ces duels ont déjà atteint, avant le jour, leur dimension dramatique. Des voitures sont calcinées, des hommes sont blessés, des jeunes sont pourchassés et battus. Les campagnes municipales et régionales à Abidjan, à Grand-Bassam et dans le Grand-Ouest sont ponctuées par des actes de violence qui ne présagent pas de lendemains sereins. Les déclarations que nous entendons ici et là augurent des lendemains aigres. Et pour cause. Il a suffi de quelques jours pour que les «houphouetistes» mettent à nu une crise de confiance en leur sein. Les ambitions s’opposant, l’amitié et l’alliance sont reléguées au second plan.
Le Rdr qui a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle par la France et l’Onu (contrairement aux résultats du Conseil constitutionnel) et dont la victoire aux législatives a été contestée par le Pdci (le parti de Bédié a accusé le Rdr d’avoir fait un découpage injuste et d’avoir usé de violence et de tricherie) entend pendant ces élections locales prouver, aux yeux de ses soutiens occidentaux, qu’il est le parti majoritaire (en l’absence du Fpi, évidemment). Pour cette raison, elle est prête à user de tous les moyens pour arriver à sa fin. Pour celui qui connait ce parti, toutes les voies mêmes les plus immorales ou déshonnêtes seront utilisées pour remporter ce scrutin. Le premier moyen est la violence. Cette méthode ayant donné des résultats positifs (dans l’entendement du Rdr) lors de la présidentielle et des législatives, le Rdr va simplement la reconduire. Soutenus par la soldatesque de Ouattara, les candidats du Rdr entendent imposer leur hégémonie de force. Les Frci qui sont connus pour leur propension à la violence et qui ne prospèrent que dans un climat de terreur et d’horreur seront heureux de participer à «cette fête». Déjà, des voix se sont élevées pour faire remarquer la participation de ses combattants à la campagne électorale. Des com’zones comme Wattao et Koné Zacharia ont été nommément cités. Mal formés et analphabètes pour la plupart d’entre eux, les éléments des Frci ont du mal à comprendre qu’une armée dite républicaine n’a pas le droit de battre campagne pour un candidat. Ce qu’il faut retenir c’est que rien ne peut créer un hiatus entre les Frci et le Rdr. Cette armée est réputée être une armée tribale, totalement engagée à défendre tout ce qui peut aller dans le sens du renforcement du pouvoir de Ouattara.
En plus de la violence, le Rdr va user également de la tricherie. La Cei qu’il dirige est disposée à lui donner le coup de main décisif en cas de couac. Cette Cei dirigée par Youssouf Bakayoko est bien connue pour ses méthodes mafieuses. Elle a déjà fait ses preuves lors de la présidentielle et des législatives. Le Sieur Bakayoko n’a pas hésité à gonfler le taux de participation pour faire plaisir à Ouattara. Il ne faut pas oublier également que lui et son adjoint ont été décorés par Ouattara pour service rendu. Le service continue car la mission n’est pas encore finie.
En face du Rdr, il y aura les candidats du Pdci et les indépendants, qui ne sont pas des figurants dans certaines régions. Le Pdci qui a occupé la troisième place lors de la présidentielle, et perdu les législatives entend relever la tête. Il est inadmissible que le plus vieux parti, qui a dirigé le pays pendant 40 ans ne puisse pas gagner un seul scrutin. Malmené par le Rdr lors des législatives, il donne l’impression cette fois-ci de ne pas se laisser faire. La campagne qu’elle mène sur le terrain est plus offensive et agressive que d’habitude. Des personnes courageuses s’élèvent dans son camp pour dénoncer les manœuvres basses du Rdr. D’Abidjan à Korhogo en passant par Bouaké, Abengourou et Man, le Pdci refuse de se laisser marcher sur les pieds. Déjà à Gagnoa, Maurice Kacou Guikahué a donné le ton par une déclaration qui a fait la Une des journaux. En substance, le délégué départemental a dit entre autres propos : «De grâce, que les gens cessent de mentir au Président en lui rapportant qu’ils maîtrisent Gagnoa. Nous sommes au Pdci très sereins et nous attendons que la réalité du vote se traduise dans les résultats qui seront proclamés. Parce que les gens ne peuvent pas continuer d’infantiliser les électeurs qui opèrent délibérément leur choix. C’est pourquoi, nous prévenons que celui qui va s’amuser avec les résultats de Gagnoa, peut-être que c’est une seconde guerre qu’il va déclencher. Nous restons vigilants au Pdci, car nous sommes des anciens en matière électorale et nous savons protéger nos voix dans les urnes». Cette mise ne garde de Guikahué cache mal un malaise. Le Pdci craint que son allié ne lui pose un lapin. Il est loin d’être serein. La voix de l’ex-ministre de la Santé n’est pas la seule. Partout dans le pays, les militants du Pdci font du bruit pour exprimer leur méfiance vis-à-vis de cet «ami» très peu scrupuleux.
Une victoire du Rdr est synonyme de la mort du Pdci qui aurait été un simple marchepied, une sorte de serpillère politique. Mieux : la victoire du Rdr va mettre en cause les fondamentaux de la République de Côte d’Ivoire. En votant en faveur d’une gouvernance par ordonnance de Ouattara, le Pdci a démontré qu’il est un parti faible, incapable de sacrifice pour le peuple ivoirien. Ces dernières élections apparaissent comme son joker pour relever la tête. Mais, a-t-il les ressources pour contenir les coups de boutoir du Rdr ?
La suite du film est encore plus intéressante. Ces élections vont mettre à l’épreuve la solidité du Rhdp. Si le Rhdp survit, ce serait simplement parce que le Pdci se montrerait une fois comme un parti sans vision pour la Côte d’Ivoire. Le Rdr, par la violence et par la tricherie, va remporter ces élections, le Pdci poussera, par la voix de Djédjé Mady, quelques vociférations et entrera dans les rangs. Dans le cas contraire, le Rhdp va fondre. Tous les ingrédients sont réunis pour que cette implosion arrive. Nous l’avons dit et écrit : cette alliance n’avait de sens qu’au moment où Laurent Gbagbo était au pouvoir. Le Pdci et le Rdr nourrissaient en commun une haine démentielle pour Laurent Gbagbo et le Fpi. Maintenant que le «Fils de la Nation» n’est plus au pouvoir, les choses vont se préciser lentement mais sûrement. Le Pdci, poussé par sa base, sera obligé de regarder le Rdr dans sa vérité. Il va voir son vrai visage et sera contraint d’avouer sa part de responsabilité dans «la vente» du pays.
Au lendemain du 21 avril, une autre Côte d’Ivoire va s’imposer aux Ivoiriens. Deux visages possibles : une Côte d’Ivoire laissée à Ouattara qui va continuer de la brader ou une Côte d’Ivoire réveillée grâce au réveil du Pdci qui va revendiquer sa libération à tous les niveaux, rejoignant ainsi le Fpi. En attendant, les Ivoiriens de tout bord doivent s’unir et ouvrir les yeux.
Par Salomon Akonda
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