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Politique Publié le jeudi 18 avril 2013 | Boigny Express

Appel à l’alliance du FPI au PDCI : Une plaisanterie de très mauvais goût

Le parti de Laurent Gbagbo a-t-il vraiment perdu le nord ? La disparition politique du fondateur dudit parti a-t-elle tué toute fertilité imaginative ? Comment le FPI qui de fraîche mémoire a niqué le PDCI-RDA aux élections générales de 2 000 et persécuté les cadres du parti au symbole de l’éléphant peut-il prétendre être un potentiel allié au point d’inviter le parti de Félix Houphouët-Boigny de divorcer d’avec le RDR pour lui ? C’est déjà déconseillé de laisser la proie pour l’ombre, mais que vaut une telle décision quand l’ombre elle-même n’existe pas ? Mettons l’émotion entre parenthèse et faisons la lecture de la situation. Dans la dernière sortie du secrétaire général par intérim du front populaire ivoirien, Sylvain Miaka Ouréto s’adresse ainsi au PDCI-RDA : « L’attitude du RDR à l’égard du PDCI et les mésententes qui en ont résulté pour les candidatures à ces scrutins locaux, révèlent bien que le PDCI tend vers une marginalisation irréversible du jeu politique, pour ne servir que de faire valoir et d’attelage au RDR, qui prépare avec ces élections son accaparement total de la scène politique. Parce qu’il y a contribué, par sa position au second tour du scrutin présidentiel de novembre 2010, le PDCI s’est offert lui-même en mouton de sacrifice, immolé récemment sur l’autel du parlement. Frères et sœurs du PDCI-RDA, il n’est pas trop tard. Il est encore temps de sauver la démocratie dans notre pays en ne cautionnant pas cette mascarade électorale, cela par des décisions courageuses et responsables. L’enjeu est clair et dépasse de loin les frontières idéologiques (libéralisme et socialisme). C’est la survie de notre Nation qui est en jeu. La propriété de son sol, la jouissance de son sol, la jouissance de ses richesses, par ses propres fils et filles, le devenir de sa gestion, et partant le développement du pays. Frères et sœurs du PDCI-RDA, le moment du grand sursaut national est venu. Resserrons nos rangs pour faire barrage aux prédateurs. Rassemblons-nous pour défendre la nation en péril. Nous n’avons que cette patrie, alors défendons là ensemble au risque de disparaître tous ensemble chez nous sans nous ». Ce n’est une demande formelle d’alliance adressée par Miaka au PDCI, mais une interpellation sur la place publique, un peu comme pour lier les mains du PDCI à l’histoire. Le PDCI observe donc et va analyser le message dans sa formulation, le caractère du support qui le porte et ensuite le fond de la pensée du FPI. A chaud toutefois, un haut cadre du parti, le professeur Niamkey Koffi, porte-parole du président du parti à réagit comme suit à la demande de la presse. « Que le PDCI accepte de s’ouvrir à la démocratie ne peut qu’être cher à son cœur. Mais, de là à penser qu’il faille rompre une alliance pour une autre, ce n’est pas notre philosophie. Rien ne nous lie tous et rien ne nous oblige à rompre notre alliance au RHDP pour former un front patriotique avec le FPI ». Si cette prompte intervention est partagée par l’ensemble de la direction du PDCI-RDA, les militants applaudiront tous des deux mains, car cette manière maladroite et arrogante d’agir, alors qu’il n y a pas le feu en la demeure n’a juste qu’une valeur de plaisanterie. Et alors de très mauvais gout. Les relations entre le PDCI et le FPI affichent dans le rétroviseur des tentatives de partenariat ou d’alliance qui se sont terminées chaque fois par des duperies bien organisées par le FPI. On relève simplement pour rappel qu’en 1998/1999, le FPI a endormi le PDCI en annonçant son entrée au gouvernement sans son allié du Front républicain qu’il qualifiait de violent. La technique a consisté à laissé traîner en longueur les négociations, le temps de réunir les moyens de l’exécution du coup d’Etat. Dans cette sordide opération qui a conduit le pays là où nous sommes, les observateurs ont facilement relevé que pendant que certains étaient en mission en Europe pour chercher les alliances et soutiens auprès des décideurs politiques européens, d’autres tissaient et entretenaient les relations conséquentes dans l’armée, dans la population et à l’école. Toute cette organisation a tellement réussie dans son fonctionnement si bien que le coup d’Etat le plus con parmi ceux réalisés sur le continent a été le plus applaudi par la communauté internationale et par la rue à Abidjan. Au cours du partage du gâteau, on a vu et entendu Laurent Gbagbo le patron du Front Populaire Ivoirien déclarer devant les cameras de TV5 après qu’un ministère lui ait été refusé par le général Gueï Robert : « …Si un coup d’Etat RDR qu’on nous le dise ». Et Gueï Robert de dire : « …C’est vrai que nous nous étions entendus sur certaines choses mais pendant le partage du gâteau, si gâteau il y a, tous les accords ne peuvent être respectés. Mais dans tous les cas nous sommes des frères de l’ouest et nous allons nous entendre ». Les bandes existent et ceux qui ont pris soin d’enregistrer toutes les sorties en parole de la classe politique peuvent les montrer à la demande de qui veut les revoir. Aux cours des élections de 2000, 2001 et 2002, le FPI n’a t-il pas proprement organisé les fraudes avant de spolier carrément le PDCI de certains postes comme ceux de gouverneur d’Abidjan et de Yamoussoukro. Le FPI a-t-il la mémoire si courte que ça pour prétendre s’allier au PDCI et sauver le pays qu’il a mis en lambeau avec une volonté de découper le serpent PDCI avec l’avenir de tous ses cadres qu’il a volontairement mis au chômage, espérant les affamer pour les recruter en bienfaiteur et les humilier comme il sait le faire ? Le FPI a-t-il subitement fait la mue de sa violence pour devenir le parti des sages pour oublier les accusations de traitre portée par ses militants contre le PDCI pour avoir soutenu Ouattara contre Gbagbo ? Merci au professeur Niamkey Koffi de révéler que quitter une alliance pour une autre n’est pas l’usage au PDCI. On déconseille bien souvent de lâcher la proie pour l’ombre ; mais encore faut-il que l’ombre existe. Que pourrait proposer le FPI, lui qui dit non à tout et ne dispose d’aucune stratégie de reconquête du pouvoir d’Etat et n’est attelable à rien ! Il est vrai que le paquebot RHDP est en train de prendre de l’eau dangereusement, mais li n’y a pas de quoi sauter par-dessus bord, car il y a assez de matelot pour se mettre à la tâche et les comandants de bord sont capables de rattraper la bonne direction. Si les espérances venaient à échouer, le PDCI saura se définir son avenir seul avant de s’ouvrir quand besoin sera, à la force politique de son choix.

Georges AMANI
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