Après la voie pacifique, le recours à la force? En tout cas, le Bureau ivoirien du droit d’auteur a décidé de jouer la carte de la fermeté, face aux candidats aux récentes élections municipales et régionales qui ne se sont pas acquitté des droits d’auteur alors qu’ils ont diffusé à profusion des œuvres musicales pour animer leurs différents meetings. Il faut le dire tout net, malgré les appels incessants du Burida ainsi que le cri de cœur des artistes, la majorité des candidats à ces élections n’ont pas daigné solliciter l’autorisation de cette institution. Passant outre ses mises en garde, quant aux éventuelles poursuites contre les contrevenants. Et la moisson est, pour le moins, mitigée. Pour les municipales, seuls 93 candidats ont payé les droits d’auteur. Parmi eux, on reconnaît les ministres Adama Toungara, Amadou Gon Coulibaly, et aussi des maires fraîchement élus comme Koné Kafana (Yopougon), Hien Sié (Adiaké), Georges Ezaley (Grand-Bassam)…pour n’en citer que quelques-uns. Pour les régionales, seuls 17 candidats se sont mis en règle. Il s’agit entre autres des ministres Achi Patrice Jerôme (La Me), Jean-Louis Billon (Hambol), Charles Koffi Diby (Marahoué), Albert Mabri Toikeusse, Jeannot Kouadio Ahoussou (Bélier), Aka Aouélé (Sud-Comoé)… Face à ce qui s’apparente à un mépris pour ses sociétaires, le Burida a choisi de passer la vitesse supérieure, et envisage clairement de les traduire devant les juridictions compétentes, conformément aux textes en vigueur. «Aux candidats(es), qui ont rythmé leurs meetings d’œuvres musicales, tenu leurs potentiels électeurs en haleine grâce aux sketches des artistes, sans avoir préalablement obtenu l’autorisation du Burida, qu’ils aient été élus ou non, le Burida et les artistes en possession des constats des officiers de police et des huissiers de justice déployés sur tout le territoire ivoirien leur disent : A bientôt devant les tribunaux…», indique, sans ambages, un communiqué de la structure. Pour les municipales, on note 566 «hors-la-loi» dont des maires qui viennent d’être élus, notamment Denis Kah Zion (Toulepleu), Sidibé Valy (Minignan), Dacoury-Tabley (Ouragahio), Amidou Sylla (Anyama), Samy Merhy (Lakota), Danho Paulin (Attécoubé), Abdoulaye Diallo(Djekanou), Bamba Lédji (Gagnoa), Lobognon Alain (Fresco), Fanny Chantal Moussokro (Kaniasso), Méité Yaya (Kani) ou encore Touré Nassénéba (Odienné). Dans cette liste figurent également le ministre Cissé Ibrahima Bacongo, et d’anciens membres du gouvernement, à savoir les ministres Bouéka Nabo Clément et Gnonkonté Désiré, qui a raflé les clefs de la mairie de Taï. Au niveau des régionales, ils sont 67 candidats à ne s’étant pas munis de l’autorisation du Burida. Parmi eux, il y a de grosses personnalités comme le Pr Djédjé Mady (Haut Sassandra), les ministres actuels Kobenan Kouassi Adjoumani (Gontougo), Gnamien Konan (Gbêkê), Anne-Désirée Ouloto (Cavally), les ex-ministres Zakpa Komenan Tiécoura (Lôh Djiboua), Dagobert Banzio (Cavally) et Legré Dakpa Philippe (Gbokle), et aussi Donwahi Richard Alain (Nawa), ainsi que d’autres grands noms de la scène politique comme Siki Blon Blaise (Tonkpi) et Silué Kagnon Augustin (Poro). Maintenant que les scrutins sont terminés, ces candidats réfractaires peuvent, pendant qu’il est encore temps, se rendre rapidement au Burida pour régler leur facture avant l’entame de la procédure judiciaire prévue pour «très bientôt». Cela est valable aussi bien pour que ceux qui savourent leur victoire que ceux qui digèrent leur défaite. Il y va de leur crédibilité et de leur honneur…
Y. Sangaré
Y. Sangaré