La fête du travail célébrée le mercredi 1er mai 2013, à la Primature, a fini de convaincre les plus sceptiques que les travailleurs de Côte d’Ivoire ne doivent rien attendre d’Alassane Ouattara. Nous en voulons pour preuve, le spectacle humiliant de contradiction qui a été servi lors de cette cérémonie entre les travailleurs et le Premier ministre. Pendant que ces créateurs de richesses qui vivotent, crient leur misère et réclament des solutions urgentes pour sortir du trou, le Premier ministre se réjouit lui, des performances de son équipe. «Notre économie a renoué avec une croissance forte en 2012, résultant notamment des efforts d’assainissement de tous les secteurs économiques. L’évolution du Pib qui était en repli de -4,7% en 2011, année de fin de crise, a connu une forte progression pour se situer à 9,8% en 2012. Le regain de dynamisme de tous les grands secteurs de l’activité économique a été stimulé par la relance de l’investissement, de la consommation et des exportations. Le taux d’investissement ressort à 13,7% du Pib en 2012, contre 8,2% du Pib en 2011. Les exportations ont progressé de 12% en 2012 contre un recul de -4% en 2011. De même, l’évolution de la consommation des ménages a cru au taux de 13% en 2012 contre une baisse de 5,1% en 2011», soutient-il. Rien que des chiffres à la place de solutions concrètes attendues. Si le tableau est si reluisant, pourquoi la pauvreté a atteint un taux de 50% dans notre pays. Pourquoi son patron Alassane Ouattara affirme dans les colonnes du confrère Jeune-Afrique qu’il ne pourra pas redresser l’économie de la Côte d’Ivoire ? A cette question, Kablan Duncan n’a apporté aucune réponse. Encore moins à celle relative au décret sur la revalorisation du Smig. Pour le chef du gouvernement, les revendications des travailleurs peuvent attendre. «Ce qu’il faut retenir, d’une manière globale, ce sont les perspectives que le gouvernement est en train de dégager, pour favoriser la maîtrise du coût de la vie, la création d’emplois et l’amélioration de la qualité et des conditions de vie des populations», affirme Kablan Duncan qui déroule par la suite, un chapelet de promesses. C’est justement à ce niveau que les travailleurs à travers leurs syndicats veulent à nouveau, se dresser. Pour eux, il n’est plus question d’attendre de nouvelles promesses. «Il faut battre le fer quand il est chaud. Nous continuerons la pression sur le gouvernement», menace un syndicaliste qui a requis l’anonymat. En d’autres termes, le front social va à nouveau s’embraser. Les fonctionnaires dans leur grève, ont obtenu «la considération» auprès de Gnamien Konan, le ministre de la Fonction publique. Alors que par le passé, il ne voulait entamer aucune discussion avec eux. Il est aujourd’hui, prompt à inclure des syndicalistes dans le Comité d’élaboration de la nouvelle grille salariale des fonctionnaires. Loin de tous les propos démagogiques, les fonctionnaires s’apprêtent à acculer le pouvoir, afin d’obtenir la satisfaction de leurs revendications. C'est-à-dire la revalorisation de l’Allocation familiale, de l’Indemnité de transport et de logement. Mais aussi le rétablissement de la ponction sur les salaires du mois de février 2013. L’Intersyndical du secteur éduction-formation (Isef) n’est pas en reste. Cette centrale dont les membres ont connu des ponctions de salaires au mois de mars 2013, au même titre que les fonctionnaires, attend de pied ferme, la date du 22 mai 2013, pour vérifier les dires du gouvernement. En effet, pour la reprise des cours suspendus depuis le 8 avril 2013, le gouvernement s’est engagé à rétablir les salaires, libérer les enseignants mis aux arrêts pour activité syndicale. «Si à cette date, rien n’est fait, nous nous ferons entendre», prévient un enseignant. Pour l’heure, c’est la veillée d’armes dans les différents états-majors. Le calme avant la tempête, car enseignants, fonctionnaires, agents de santé ne comptent pas se faire enfariner par ce pouvoir qui visiblement, veut gagner du temps.
Paterne Ougueye Yves
Paterne Ougueye Yves