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Société Publié le samedi 18 mai 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton - Mieux vivre

C’était dans une capitale africaine. Dans un restaurant célèbre de la ville. Invité par des amis. A la fin du repas, au moment où nous sortions, c’est la rencontre avec un ancien Premier ministre de leur pays. Ils se connaissent bien. La discussion est chaleureuse. Ils apprécient sa formule des 3 M. Ne sachant pas de quoi il s’agissait, l’ancien Premier ministre explique. Le premier M signifie méchant. Le deuxième M signifie mesquin. Et enfin, le troisième M signifie médiocre. Pour lui, dans son pays, les gens sont habités par ces 3 M. Pas seulement dans son pays. Selon moi. Mais un peu partout en Afrique. Les causes de cette méchanceté, de la mesquinerie et de la médiocrité de l’homme africain sont multiples et se présentent sous plusieurs formes, d’un pays à l’autre. Toutefois, je suis convaincu que tout cela découle d’une vie où le mieux vivre est absent. Les gens s’ennuient et trompent leur ennui dans la méchanceté, dans la mesquinerie et la médiocrité. Les pays africains construisent des routes, des barrages, des hôpitaux, des universités, lycées et autres écoles primaires. Toutes les mesures prises pour rendre le peuple heureux donnent des résultats insatisfaisants si on voit comment les 3 M agissent au quotidien dans la vie d’une très grande majorité de la population et singulièrement dans les quartiers défavorisés pour ne pas parler de précaires ou de bidonvilles. La vie dans ces quartiers est difficile. La grande majorité vit au jour le jour. Les maisons sont surchargées et la chaleur y est intense. Il suffit de voir les gens s’entasser dans les rues, assis pour bavarder, fuyant la chaleur, pour comprendre qu’un travail difficile est à faire. Surtout si on prend la peine d’écouter leur conversation, leur récrimination. Ils se plaignent de tout et sont contre tous. Même entre eux. Que de disputes, de querelles. Combattre la pauvreté est une exigence démocratique et humaine. Un chantier monté depuis des décades en Afrique. Les résultats sont médiocres. Impossible de satisfaire les uns et les autres. Chacun pense qu’il n’a pas suffisamment reçu. C’est un peu comme la cherté de la vie. C’est devenu un slogan. Je suis régulièrement dans les marchés. Je vois très peu d’hommes. Ils répètent ce que leurs femmes disent sur les prix. Et cela date depuis des siècles. Quel adulte n’a pas entendu à la maison que le marché est cher depuis son enfance en passant par ces années de jeunesse ? Le marché est cher et sera toujours cher. C’est la trouvaille des femmes pour se faire des jetons. Si on distribuait gratuitement des condiments, on trouvera à redire sur la qualité, la quantité. Les gouvernements aussi resteront dans leur slogan de combat de la vie chère. Et cela finit par devenir un jeu. On criait au racket. L’argument n’existe plus. Les pistes villageoises sont pour moi le chantier le plus important. Les moyens sont donnés pour créer des cultures. Des micros crédits sont attribués pour faire baisser le coût de la vie. Le marché est cher et continuera d’être cher. Il sera éternel comme tout bon slogan mensonger. On comprend alors d’où je veux en venir. Depuis quelques années, des voix s’élèvent ici et là pour dénoncer la tare qui plonge les peuples africains dans les 3 M. Pour combattre ces aspects négatifs, il faut changer les mentalités. Facile à dire mais comment le mettre en pratique. Adolescent, j’avais une brochure qui vantait un document à commander pour bénéficier d’un bien-être. Certes, les religions peuvent et donner ce bien-être par le changement de mentalité. Hélas, les résultats ne sont pas à la hauteur de l’enseignement. Le Christ l’avait bien compris dans la parabole du bon semeur. Sur quatre personnes qui reçoivent l’enseignement, seule une sera réceptive. Si Dieu même n’arrive pas à changer les mentalités que faut-il alors faire ? Le meilleur changement reste l’enseignement de Dieu, mais, on peut y superposer autre chose. Il me vient à l’esprit les Hall d’information des premières années du règne du Boigny. C’est un projet à reconstituer dans les quartiers défavorisés. Créer de vastes espaces où les gens viendront s’adonner à des jeux, regardera la télévision, auront à leur disposition la presse et la littérature. Des distractions saines. Il faut absolument soustraire les gens de la rue. Abidjan et beaucoup de capitales africaines offrent le spectacle de gens qui s’ennuient. Revenu du travail, le peuple se retrouve dans la rue pour boire et manger. Dépenser en se ruinant physiquement et moralement. Il faut stopper très vite cette dégradation des uns et des autres par une vie repensée pour un mieux vivre dans nos cités. Tout est urgent sous nos tropiques, mais ce chantier est d’une extrême urgence. Il faut transformer les mentalités. C’est le prix pour notre émergence. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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