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Société Publié le samedi 18 mai 2013 | Le Patriote

Interview / Séka Jules (président du comité de contrôle de l’AGEECI) : “Nous avons des problèmes académiques à l’université”

Séka Jules est le président du comité de contrôle de l’Association générale des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Ageeci). Dans cet entretien, il condamne la récente agression contre le ministre de l’Enseignement supérieur, Ibrahim Cissé Bacongo, dénonce les problèmes académiques. Il se prononce également sur la décision de la présidence de l’Université Félix Houphouët-Boigny de créer une seule association d’étudiants.
Le Patriote : Le lundi dernier le ministre Bacongo a été pris à partie par un groupe d’étudiants au campus alors qu’il prenait part au colloque organisé à l’honneur de Mme Henriette Diabaté. Quel commentaire vous en faites ?
Séka Jules : C’est un acte que nous regrettons à l’Ageeci. Il est vrai que nous apprécions la justesse de ce que revendiquaient les camarades. Mais en même temps, nous condamnons fermement la méthode d’expression utilisée par les manifestants et la violence à l’encontre des autorités. C’est une dérive que nous condamnons fermement. En tout cas, nous à l’Ageeci, cela est contraire à notre méthode d’expression.

Lp : Quels sont ceux qui ont organisé cette manifestation contre le ministre ?
S.J : C’est un groupe d’étudiants parmi lesquels se trouvent des délégués et peut être des camarades de quelques organisations estudiantines. Mais ce n’était pas un mouvement organisé par une organisation précise. Ce que je peux vous dire, c’est que notre mouvement n’était pas partie, prenante dans cette manifestation. Nous ne sommes pas partisans de la violence. Nous avons nous mêmes été longtemps victimes de la violence. Donc on ne peut nullement cautionner la violence. Nous avons toujours privilégié la négociation et le dialogue. Et la communication est un moyen privilégié pour nous faire entendre. En tout cas, la violence ne fait pas partie de la culture de l’Ageeci. Nous appelons nos camarades au calme, à privilégier la voie de la négociation et du dialogue.

LP : Ils ont entre autres indiqué qu’on accordait plus d’importance à l’embellissement de l’université, c'est-à-dire l’entretien des gazons, qu’aux problèmes réels. C’est votre avis ?
S.J : Il faut dire qu’au-delà de la forme que nous condamnons comme je l’ai dit tantôt, il faut reconnaître qu’il y a des soucis au niveau de l’université. Sans justifier cette manifestation qui a conduit à un niveau de violence regrettable, il faut reconnaitre que lorsqu’on exprime nos difficultés, on a l’impression de ne pas être écouté.

LP : Soyez plus explicite…
S.J : je veux dire que les problèmes existent depuis la réouverture de l’université en septembre. Nos difficultés actuelles datent de la réouverture officielle de ce temple du savoir. Je vous rappelle que le 13 décembre 2012, nous avons exprimé de façon pacifique nos préoccupations. J’étais le porte-parole de la plate forme qui regroupe 14 associations estudiantines. Nous avions tenu un meeting au sein de l’université pour interpeller les autorités sur les mêmes problèmes. C'est-à-dire, le manque de micro d’amphithéâtres, de restaurant. Je précise que c’est suite à cette manifestation que le restaurant a été ouvert. On a eu le restaurant promis et la cité sera pour bientôt. Mais le reste des problèmes académiques demeurent. Quand on observe que depuis ce temps jusqu’aujourd’hui, des amphis manquent encore, alors que la manifestation de décembre a suffisamment attiré l’attention des autorités. On a même demandé à un moment donné aux étudiants, de lever une cotisation pour acheter des micros. Nous avons maintes fois exposé nos difficultés aux autorités. Le conseiller spécial du président de la République, chargé de l’Enseignement supérieur nous a plusieurs fois reçus. Lors de nos échanges, nous avons mis l’accent sur la vétusté du quai ou l’on a eu à déplorer la mort du camarade Paré, écrasé par un autobus. Un autre a eu le pied écrasé. Il y a constamment des accidents à n’en point finir. Nous avons alors estimé qu’il fallait que le quai retourne là ou il était auparavant pour éviter des situations dramatiques. Mais nous n’avons pas encore été entendus. On nous a laissé entendre que les bus ne pouvaient pas rentrer à l’université.

LP : Revenons sur les problèmes académiques. A ce sujet, qu’est ce que le ministre vous a dit concrètement ?
S.J : Le conseiller du président en charge de l’Enseignement supérieur nous a dit qu’ils sont en train de voir avec l’opérateur qui a fait les travaux afin qu’il remédie à certains problèmes. C’est pourquoi nous, à l’Ageeci, nous avions estimé qu’il fallait prendre le temps nécessaire pour régler une fois pour toute les problèmes académiques. Nous avons, à travers une déclaration publiée dans la presse, donné notre avis sur une réouverture précipitée de l’université. Mais nous n’avons pas été écoutés. Je précise au passage que nous, étudiants, n’avons pas été associés au nouveau départ de l’université. Si on avait été associé, peut être que cela aurait permis de prévenir certaines choses.

LP : La présidente de l’université vient de décider de la fusion des toutes les organisations en une seule association. Que pensez-vous de cette mesure ?
S.J : Effectivement, nous avons reçu des documents nous annonçant cela. C’est la vision de l’administration. Mais Nous ne sommes pas d’accord avec la présidente de l’université.

LP : Pourquoi ?
S.K : Parce que nous pensons que l’université est le lieu par excellence de l’expression de la diversité des opinions.

LP : Elle estime qu’avec la multitude d’associations, les étudiants sont plus préoccupés par les querelles de leaderships que les études.
S.K : Améliorer les résultats, cela dépend des résultats qu’elle recherche. Sinon, en ce qui concerne nos activités syndicales, les résultats que nous recherchons s’articulent autour de l’amélioration de nos conditions de vie et de travail. Nous nous sommes battus pour qu’au niveau de l’université, l’on puisse avoir la liberté d’expression. La fusion de toutes les organisations pour donner naissance à une seule et unique association, à notre sens, n’est pas une bonne décision. On parle d’optimiser les résultats académiques, mais nous pensons que c’est plutôt un moyen de museler les organisations syndicales que nous sommes. Même en une seule structure, les querelles de repositionnement vont toujours exister.

LP : C’est justement le désordre que créent les nombreuses associations qui est à la base de cette décision.
S.K : Peut être que la floraison des structures sur le campus ne militent pas en notre faveur, mais même à l’intérieur d’une seule structure, les gens ne parleront jamais d’une seule voix.

LP : Mais le principal objectif pour un étudiant c’est d’étudier pour obtenir son diplôme et ensuite aller chercher du travail…
S.K : Les organisations sont certes responsables de ce qui nous arrive, mais l’administration a aussi sa part de responsabilité. Si les organisations avaient la liberté d’exister sans qu’on ne cherche à les embrigader, les choses se passeraient bien.

LP : L’une des motivations de la présidente, c’est mettre de l’ordre. Mais avec les nombreuses associations, le désordre et la violence s’installent.
S.K : c’est aussi le déni de démocratie pour les uns et les autres. Le problème réel à mon sens, ce n’est pas le fait d’avoir plusieurs organisations. C’est plutôt le fait de vouloir empêcher les autres de s’exprimer. C’est une question de respect de la différence de l’autre. Même si tout le monde se réunit en une seule association, tant que nous n’avons pas trouvé la forme pour aplanir nos contradictions, quelles soient internes ou externes, la violence ne cessera jamais. On peut être deux entités différentes, mais si l’on s’accorde sur la méthode de résolution de nos problèmes, de nos contradictions, je pense que les choses vont bien se passer. Nous pensons que cela commence par l’acceptation de la diversité d’opinion.

Réalisé par Zana Coulibaly
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