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Société Publié le samedi 18 mai 2013 | Le Patriote

Interview / Youssouf Moussa (Manager de la série “Sicobois”) - “Notre objectif, montrer les vraies réalités des Ivoiriens

Directeur général de la société Coquillages Communication, Youssouf Moussa est aussi le manager de la nouvelle série télé « Sicobois », qui passe tous les samedis, sous les coups de 12h30, sur RTI 1. Dans cet entretien, il explique les motivations de cette production et dévoile les grandes ambitions que l’équipe de production nourrit.
Le Patriote : Comment est née l’idée de la série « Sicobois » ?
Youssouf Moussa : C’est un rêve qui date d’au moins dix ans. L’idée a germé dans la tête de M. Dosso (ndlr, Tiékoumba, ex-comédien vedette de « Ma Famille »). Je tiens à lui rendre un hommage appuyé parce qu’il a conçu et piloté le projet de main de maître. Cela fait près de 25 ans qu’il est dans le métier. Il a tourné dans diverses séries et autres productions. A un moment donné, il s’est dit pourquoi ne pas créer sa propre production. Avec son frère Evrard (Loba), ils ont réfléchi et exploré les voies qui n’ont pas encore été touchées par la production. Et il fallait trouver une série qui se rapproche vraiment du grand peuple et dans laquelle tout le monde se retrouve. C’est de là qu’est venue « Sicobois». Parce qu’eux-mêmes vivent un peu dans la difficulté. En général, les séries ont tendance à faire rêver à l’américaine. Alors qu’on a des valeurs locales qu’il faut vendre. Lorsqu’on a décidé de faire la série « Sicobois », on a réalisé que c’est le créneau qui n’avait pas encore été exploité, et qui pouvait au mieux répondre à ces besoins. C’est pourquoi, on a décidé de faire la série pour traduire les vraies réalités de la population ivoirienne qui vit depuis 10 ans dans la difficulté. La crise a créé beaucoup de paupérisation et il fallait trouver quelque chose pour redonner l’espoir aux gens en se disant que même si on est dans les difficultés actuelles, on n’est pas né pour y rester. Avec le combat, l’espoir et surtout le travail on peut quitter le Sicobois pour aller ailleurs. C’est un peu le message que nous véhiculons à travers la série.

LP : La série se tourne à Cocody-Les 2 Plateaux et non à Yopougon où il y a un quartier dénommé Sicobois. Qu’est-ce qui justifie ce choix?
YM : C’est la complexité de la société ivoirienne. Le quartier des Deux-Plateaux est sensé appartenir aux personnes nanties. Des gens vous disent qu’ils habitent aux Deux-Plateaux et quand vous arrivez chez eux, vous réalisez qu’ils vivent dans une habitation Sicobois. Donc, rester dans des quartiers prétendument pauvres comme Abobo ou Yopougon ne va pas montrer cette complexité-là. Il faut qu’on dise qu’aux Deux-Plateaux, on peut tourner une série de pauvres. Parce que, là-bas, la jonction est faite entre les riches, les classes moyennes et les basses classes. Aux Deux-Plateaux, vous avez des gens qui vivent exactement comme à Abobo et Yopogon. Inversement, dans ces communes, il y a des gens qui sont des villas aussi belles que celles qu’on trouve aux Deux-Plateaux. Le but pour nous, c’est de se rapprocher d’une part de la réalité des hommes de meilleures conditions et d’autre part de montrer le quotidien dans lequel vivent ceux qui ne sont pas nantis. Il faut aussi savoir que la régie, qui s’occupe de la communication de la série, est située à Cocody et lorsqu’il y a des problèmes pendant le tournage, on est plus prompt à réagir. Cela dit, c’est la saison 1 qui a été tournée au Deux-Plateaux. Les prochaines saisons se tourneront dans d’autres communes et éventuellement à l’étranger. Nous voulons traduire réellement la paupérisation des populations de la Côte d’Ivoire et de la sous-région.

LP : Dans la distribution, on constate qu’il y a beaucoup de visages peu connus. Pourquoi n’avez-vous pas privilégié le choix des acteurs confirmés pour asseoir rapidement la notoriété de la série ?
YM : Le principe, qui est le mien, est le suivant. L’expérience ne s’achète pas. Aujourd’hui, il y a des acteurs cachés qui ont besoin d’être connus. Tous ceux qui jouent dans la série, ont été formés par M. Dosso à l’exception de ceux qui avaient déjà une expérience. Nous voulons faire d’eux des stars. L’objectif de « Sicobois », c’est certes traduire la réalité des quartiers précaires, mais également donner du boulot aux jeunes. Loba’D Prod, qui produit la série, ambitionne de produire des films et de surtout donner une opportunité d’emploi aux jeunes. On va les encadrer et leur faire comprendre qu’en Côte d’Ivoire, on peut vivre de son art. Un artiste ce n’est pas quelqu’un qui fait pitié. Il doit être encadré, avoir une assurance maladie, un conseil en communication. C’est un projet, nous n’en sommes qu’au début. Nous allons certes avoir des difficultés mais nous avons la conviction que nous allons faire d’eux de véritables stars si ces enfants prennent eux-mêmes au sérieux ce projet.

LP : Vous avez annoncé que les 5 premières saisons sont déjà prêtes. Disposez-vous des fonds nécessaires pour le tournage ?
YM : Vous savez, un projet se conçoit et s’entoure des garanties de réalisations. Les 26 épisodes de la saison ont été tournés sur fonds propres. Pour la saison 2, nous y travaillons déjà. Nous n’allons pas attendre que la saison 1 finisse pour commencer à travailler. Dès que la diffusion de la saison 1 sera finie, la saison 2 sera aussitôt prête à la diffusion. Les moyens seront trouvés, nous y travaillons, que ce soit par nos propres fonds, ou par l’appui de structures internationales ou locales. Soyez sûrs que « Sicobois» ne sera pas une série qui va bégayer. Les cinq saisons seront tournées et peut-être plus. Notre ambition, c’est de faire en sorte « Sicobois » change la vision de la série télé en Côte d’Ivoire. Déjà par sa conception, sa réalisation et son management.

LP : La série est appelée à être diffuser à l’extérieur. Quels sont les contacts que vous avez à ce niveau ?
YM : Toute fausse modestie mise à part, nous avons engagé les négociations avec des chaînes internationales. M. Dosso et M. Evrad ont été clairs avec moi. Ils souhaitent que leurs séries soient gérées de façon professionnelle. Nous n’allons donc pas céder les droits d’image à n’importe qui. Pour la saison 1 ; nous avons confié, le temps de maîtriser tous les contours de ce domaine, à Côte Ouest, la distribution de la série sur le marché international. Je puis déjà vous dire que les retours sont bons puisque nous avons déjà livré les 26 épisodes. Ils ont déjà présenté le film à divers endroits en France et en Afrique également. La demande est forte, nous leur faisons confiance. Et nous aviserons pour la saison 2.

LP : Doit-on s’attendre comme cela se fait en Europe à des produits dérivés notamment le coffret de la saison 1 complète ?
YM : La série « Sicobois » sera un produit commercial et marketing. Derrière, il y aura tout un déploiement de communication : Site web, tee-shirt, casquette, et bien entendu des supports CD et DVD. Nous avons des demandes d’achats depuis la France et la Suisse. Mais, nous disons aux gens de se calmer car les problèmes de piraterie sont tels que si vous ne prenez pas de balises, vous serez tout de suite piratés. Au niveau de la RTI (Radiodiffusion Télévision Ivoirienne), nous avons pris des dispositions avec eux pour que le film ne sorte pas sans certaines garanties. On ne pourra certes pas éradiquer la piraterie mais on pourra la contrôler. Les produits dérivés « Sicobois » seront vendus en temps opportun.
LP : En général, les acteurs qui jouent sans les séries ivoiriennes ne perçoivent pas de cachets. Qu’en est-il de ceux qui sont dans la distribution de « Sicobois » ?
YM : Je l’ai dit et je le répète. “Sicobois” va marquer la rupture. Déjà, tous les acteurs de la série ont un contrat avec Loba’D Prod. Lequel est géré par Coquillages communication. Nous avons expliqué aux acteurs que c’est un produit qui démarre, il y a donc des difficultés au départ. Mais, les contrats qui sont signés, ont été faits pour leur sécurité. Ensuite, les acteurs seront déclarés, ils auront des assurances et un certain nombre de choses qui vont les protéger contre les abus. Mais la première des choses qu’il fallait, c’était le contrat.
Réalisée par Y. Sangaré
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