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Politique Publié le jeudi 23 mai 2013 | Le Patriote

Après une rencontre avec Guillaume Soro / Daniel Kablan Duncan : “Nous allons pousser la croissance jusqu’à 10% dès 2014”

Le Premier ministre Daniel Kablan Duncan et le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, ont eu hier une séance de travail à l’Assemblée nationale. A la fin de leur rencontre, les deux personnalités se sont livrées aux questions des journalistes. Nous vous proposons l’intégralité des échanges entre les deux personnalités

Monsieur le Premier ministre, comment expliqué vous que la France rentre en récession et concomitamment, la Côte d’Ivoire assure une croissance qui frise les deux chiffres ? Etant donné que la Côte d’Ivoire compte sur la France pour les financements ?

Kablan Duncan : Je voudrais remercier le Président de l’Assemblée nationale pour la qualité de son accueil ainsi que de la qualité de nos échanges, de nos débats. Concernant le dossier des ordonnances, compte tenu des engagements par le Président de la république, les textes ont été pris. Il a avait été convenus que les dossiers parvenus à l’Assemblée nationale entraient en vulgarisation à partir de l’année prochaine. Je peux vous dire qu’il y a des textes de loi qui ont été pris, des ordonnances ont été prises par le Président de la république qui viendra donc à l’Assemblée nationale, notamment en ce qui concerne les droits de mutations de 6% à 10% et la réduction d’un certains nombres de coûts pour la création des entreprises. Comme nous l’avons indiqué, elles sont toutes conformes à la constitution. En signant les ordonnances, l’Assemblée nationale vient en complément sur ces questions. En ce qui concerne la question relative à la croissance ivoirienne au détriment de la France, bien que la France soit un partenaire de poids pour la Côte d’Ivoire depuis de longues dates, l’économie de la Côte d’Ivoire n’est pas liée uniquement à celle de la France. C’est une économie diversifiée. D’abord au niveau de ses productions, mais aussi au niveau de ses partenaires qui sont dans le monde entier. Ils sont en Europe, mais aussi vis-à-vis des Amériques, de l’Asie et de l’Océanie. Donc, les sources de croissance actuellement en Côte d’Ivoire sont de trois grands ordres. La première source, c’est l’investissement. C’est un point pour lequel nous poussons les investissements privés. Comme vous avez pu le voir, beaucoup de missions économiques en Côte d’Ivoire apportent un nombre important d’investissement. Dans le programme Pnd 2012-2015, sur les 11.075 milliards fcfa qui sont prévus dans ce programme, 60% doit venir du secteur privé. Donc vous comprenez le travail que fait le Président de la république et le gouvernement pour attirer les investisseurs en Côte d’Ivoire. Et d’ailleurs le Président de l’Assemblée nationale, lors de ses tournées est allé au Japon, en Corée, a aussi invité les hommes d’affaire à venir investir en Côte d’Ivoire. C’est donc l’ensemble de la communauté ivoirienne qui travaille sur ce dossier. La deuxième source, c’est consommation intérieure qui est notamment liée au pouvoir d’achat des populations. J’ai indiqué que la consommation à augmentée de 13%. Quel que soit ce que l’on dit, Les Ivoiriens ont quand même de l’argent, ils dépensent de l’argent, notamment le monde paysan, avec l’augmentation des prix des produits agricoles. Je l’avais dit en son temps, il y a quand même 725 fcfa à 750 fcfa qui ont été décidé au niveau du Café-cacao et 1.271 milliards fcfa qui ont été distribués concernant les produits vivriers. Tout cela fait de l’argent et ça augmente la consommation. La troisième source importante de croissance en Côte d’Ivoire est le solde-Importations moins les exportations, qui est positif. La balance commerciale en Côte d’ivoire à toujours été excédentaire. Elle permet de tirer la croissance vers le haut. Nous allons pousser cette croissance, avoir au moins 9% en 2013 et atteindre les 10% dès 2014. Puisque le Président a donné instructions au gouvernement de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020.

Monsieur le président de l’Assemblée nationale, a-t-il été question de la gouvernance par ordonnances au cours de votre séance de travail avec le Premier ministre ?
Guillaume Soro : A notre demande, notre sollicitation, le Premier ministre à bien voulu venir ici à l’Assemblée nationale, d’abord comme vous l’avez constaté, pour la remise du prix, mais aussi pour avoir une séance de travail. Nous pensons qu’il est tout à fait souhaitable, que dans le cadre du dialogue entre les institutions, le président de l’Assemblée nationale, le Premier ministre, nous puissions nous retrouver pour partager les informations à l’intérieur de nos institutions, parce que nous sommes complémentaires. D’ailleurs, au cours de la séance de travail, le Premier ministre et nous-même avons convenus, que chaque dernier jeudi du trimestre, nous allons nous retrouver, soit à la primature, soit à l’Assemblée nationale pour partager les informations entre nos deux institutions et anticiper sur les questions d’intérêt général. Aujourd’hui, il n’a pas été question de parler des ordonnances parce que c’est quelque chose qui est convenue. C’est une pratique normale et régulière dans nos Etats. Mais nous avons plutôt fait le point des dossiers transmis à l’Assemblée nationale, relative au fonctionnement de l’Assemblée nationale. Nous avons partagé des informations sur comment poursuivre le dialogue politique avec l’opposition. L’Assemblée a donné des informations sur la diplomatie parlementaire que nous avons eu à mener, la coopération parlementaire que nous avons eu à développer et sur les actions que nous allons mener bientôt, notamment la 39ème assemblée parlementaire de la Francophonie qui se tiendra à Abidjan du 6 au 12 juillet. Je voudrais profiter pour remercier le Premier ministre. La séance de travail a été fructueuse. Nous avons fait de vrais progrès sur des dossiers importants et je suis heureux que nous puissions formaliser cela en nous retrouvant chaque dernier jeudi de chaque trimestre pour parler de la vie de la nation.

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, quel bilan d’application pouvez-vous faire de la loi d’habilitation, autorisant le chef de l’Etat à gouverner par ordonnance concernant l’économie, depuis quelques semaines qu’elle a été votée ?
GS : S’il s’agit de faire le bilan de notre mandature législative, évidemment, je l’ai fait à l’ouverture de la session. Nous avons développé plusieurs champs dont la diplomatie parlementaire. Nous avons été partout sur tous les continents. Aux Etats-Unis, au Canada, en Europe, au Japon où nous avons été officiellement reçus. Nous venons de recevoir une invitation à visiter le parlement Chinois au mois de novembre. Et nous allons continuer. En Afrique, nous avons visité les parlements de la sous-région et de l’Afrique centrale. An Côte d’Ivoire, nous avons également travaillé. Nous sommes allés dans les différentes régions de notre pays. Nous allons continuer de sillonner la Côte d’Ivoire pour apporter le message de l’Assemblée nationale. Je pense qu’au niveau de la diplomatie et de la coopération parlementaire, dès que nous avons pris fonction, nous avons été réintégrés à l’Assemblée parlementaire de la Francophonie. Nous devons signer une convention de coopération parlementaire avec le parlement Belge. Je pense que beaucoup de choses sont en train d’être faites dans ce domaine…Nous avons voté 23 lois. Les organes de l’Assemblée nationale fonctionnent. Vous êtes ici en ces lieux. L’année dernière nous étions à Yamoussoukro. Cela veut dire que les choses ont commencé à fonctionner. Et l’Assemblée nationale tient pleinement son rôle dans la République et nous entendons continuer sur la lancée indiquée tout à l’heure. Un an après notre intégration à l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, nous avons pu avoir la confiance de nos partenaires pour organiser la 39ème session ici. C’est autour de 400 délégués qui seront présents en Côte d’ivoire. Ce qui veut dire que les choses sont normalisées dans notre pays. Grâce à l’action du gouvernement, la sécurité est revenue.

K.D : A propos des ordonnances
Les ordonnances sont prises pour permettre l’accélération de l’action gouvernementale. Notamment lorsque l’Assemblée nationale n’est pas en session. Le président de la République veille à ce qu’il y ait la régularisation de l’ordonnance en loi une fois que l’Assemblée nationale est en session. Il y a une urgence dans le cadre de l’un de nos engagements vis-à-vis d’une institution internationale, dans le cadre aussi du doing busness et du Millelium challenge coorporation (Mcc) à telle enseigne que la Côte d’Ivoire prenne une décision rapide. Ces textes sont passés par ordonnance et il y en a deux qui viennent déjà en projet de loi au niveau de l’Assemblée nationale. Il ne s’agit pas d’enlever des pouvoirs à l’Assemblée nationale. Bien au contraire, ça fait partie de la constitution. Ce sont des textes qui sont appliqués conformément à la Constitution. D’autres textes viendront également pour examen et adoption éventuelle.

Monsieur le Premier ministre, quel commentaire faites-vous des deux premières années de la mandature du chef de l’Etat?
KD : Ce matin en Conseil des ministres, parlant des 2 années après l’investiture du président de la République, du 21 mai 2011 au 21 mai 2013, je me suis adressé à lui de façon succincte pour souhaiter mes félicitations au gouvernement pour les grandes actions menées et qui ont permis d’obtenir des résultats positifs. De manière succincte, 3 secteurs ont fait l’objet de notre expression. D’abord, au plan de la paix et de la sécurité, chacun sait que la situation s’est améliorée. L’indice d’insécurité qui était de 3 en 2012 est passé à 1 en mai 2013 (…) La Côte d’Ivoire est aujourd’hui en paix à l’intérieur des frontières et en paix avec les pays voisins (…) Au niveau politique, il y a eu le dialogue avec l’opposition. Même si nous n’avons pas encore abouti avec le cadre permanent de dialogue, nous avons beaucoup avancé avec l’opposition. Deux commissions ont déjà terminé leurs rapports. Des projets de lois viendront à l’Assemblée nationale pour entériner les conclusions des discussions. Il reste deux autres commissions qui vont faire l’objet de discussions. Avec le Fpi, il y a eu des avancées aussi. Mais là, les commissions n’ont pas encore donné leur rapport. Au mois de juin, nous allons renouer les discussions avec le Fpi comme avec les autres partis (…) Au plan de la réconciliation nationale, il faut reconnaitre que, même si les Ivoiriens sont très exigeants dans ce domaine, des progrès ont été réalisés. Concernant la croissance économique, on en a parlé longuement. Avec une croissance de 9,8%, nous allons accélérer pour atteindre une croissance à 2 chiffres. Nous allons continuer à nous attaquer au problème de l’emploi des jeunes, à la cherté de la vie et à l’amélioration du niveau de vie en général.

Il y a un rapport qui a cité des proches de Soro dans un pillage de cacao. Commentaire?
GS : Ce n’était pas à l’ordre du jour, mais je vais y répondre. Le gouvernement a déjà répondu à la question. Nous attendons des preuves des allégations contenues dans ce rapport. Si on prétend qu’il y a eu prévarication de 400 mille tonnes par un chef de guerre, c’est qu’il est à peu près 3ème ou 4ème producteur mondial de cacao ! Il y a donc des choses qui méritent d’être clarifiées (…) Nous aurons l’occasion de donner des réponses à chaque point le moment venu. Généralement, avant de rendre publics des éléments dans un rapport qui indexe une personne, un Etat ou une institution, vous donnez l’information à la personne et vous recueillez les informations complémentaires avant de le faire. Mais quand c’est fait de façon unilatérale et que les autorités ivoiriennes apprennent dans la presse, par la presse, de telles informations graves, je trouve que ce n’est pas respecter la procédure ni les autorités. Le gouvernement trouvera le cadre approprié pour donner les réponses qu’il faut. Comme vous m’avez interpellé, sachez que ces chefs militaires sont là et ils continuent leur travail.

Après l’arrestation d’Amadé, quelle sera la suite ?
KD : (…) J’avais déjà dit que le gouvernement allait faire arrêter Amadé. Et c’est fait, surtout dans des meilleures conditions possibles, sans mort d’homme. Il faut maintenant que la justice soit saisie et qu’elle joue le rôle qui est le sien. De manière générale, en ce qui concerne l’occupation des forêts classées, l’Etat entend y mettre de l’ordre. Le gouvernement entend régler ce problème de manière humaine. Si les occupants comprennent tant mieux, mais s’ils ne comprennent pas, force sera à la loi.

Propos recueillis par Thiery Latt
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