On entend souvent, dans le camp de l’ex-chef d’Etat, des personnes dire ceci : « Laurent Gbagbo n’a rien fait. S’il est à La Haye, c’est parce qu’il n’a pas voulu suivre le diktat de la France ». L’ancien homme fort d’Abidjan, lors de sa première prise de parole devant la Cour pénale internationale en 2011, a plus ou moins abondé dans le même sens. « Je n’ai pas perdu les élections. Je n’ai rien à me reprocher. C’est la France qui a fait le travail », a-t-il dit substance devant les juges de La Haye pour justifier sa double défaite le 10 décembre 2011 à la face du monde. Depuis lors, à la suite de son maitre à penser, le FPI et les nouveaux gardiens du temple ont décidé de se complaire dans un négationnisme des plus abjects. Au FPI, aujourd’hui, on vit dans une sorte de mémoire amputée. Surtout en ce qui concerne la période postélectorale qui a durement touché toutes les familles ivoiriennes. Au point que dans le fantasme de Laurent Gbagbo et ses partisans, l’histoire récente de la Côte d’Ivoire doit être absolument réécrite. En faveur, bien sûr, de celui qui a refusé de reconnaitre sa défaite et imposé une guerre à la majorité des Ivoiriens qui ont refusé de lui renouveler leur confiance. Dans leur film, les victimaires comme Laurent Gbagbo sont devenus des victimes. Et les victimes comme les sept femmes d’Abobo, l’ont bien cherché. Pour ne pas dire, au prisme de leur cynisme insoutenable, qu’elles se sont montrées piètres comédiennes. Complot du bissap ! Mais aujourd’hui, les fantômes de Yopougon Koweït, Doukouré, Faitai, etc. font un pied de nez aux mensonges éhontés. Depuis plusieurs semaines, les autorités ivoiriennes, avec l’aide d’ONG et associations de victimes comme le Collectif des Victimes en Côte d’Ivoire, ont entrepris d’exhumer tous les corps des fosses qui pullulent dans certaines communes d’Abidjan et de l’intérieur. Les premières exhumations déjà montrent l’ampleur des massacres commis par les milices pro-Gbagbo au cours de cette sombre période. Hier, au cours de la cérémonie de remise des corps aux parents des victimes, l’émotion était à son comble. C’est difficilement que l’on arrivait à retenir les larmes face à ces preuves tangibles de la cruauté et de la folie meurtrière qui s’est emparée de Laurent Gbagbo et ses sicaires abreuvés, durant plus d’une décennie, de discours qui, il faut le rappeler, ne laissaient aucune place à l’amour et à la fraternité. La suite, tout le monde la connait. Le FPI a armé les esprits. Les bras séculiers ont, par la suite, exécuté. Malheureusement, à l’heure du bilan, Laurent Gbagbo et ses camarades refusent d’assumer. Pis, ils veulent travestir les faits en leur faveur. Les corps exhumés à Yopougon et remis à leurs parents, hier matin à Ivosep, doivent interpeller la Cour pénale internationale. Ces ossements issus des pogroms perpétrés par la horde armée par Laurent Gbagbo ne relèvent ni de la fiction ni d’un montage comme tentent de la faire avec beaucoup de mauvaise et de cynisme le camp Gbagbo. Laurent Gbagbo n’est pas à la CPI, parce qu’il a défié la France. Laurent Gbagbo est à La Haye, parce qu’il a massacré son peuple. Nonobstant les négateurs patentés des évidences, les morts de Koweït, de Doukouré, Faitai, Mossikro… continueront de hanter la conscience de leurs victimaires. Surtout celui de Laurent Gbagbo qui n’a absolument rien fait pour éviter le pire à la Côte d’Ivoire.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly