L’emploi jeune est un des axes majeurs de la politique gouvernementale puisque plus de 3 millions de jeunes sont touchés de plein fouet par le chômage. La fonction publique et le secteur privé étant saturés, il apparait de plus en plus clairement que seul l’entreprenariat peut endiguer ce fléau qui mine cruellement nos familles et notre société. Aussi les initiatives en faveur du financement des projets se multiplient, tant au niveau du gouvernement que d’organismes internationaux ou d’ONG. Malheureusement l’on ne voit pas encore une nette amélioration de la situation. Plusieurs raisons expliquent cela et une conversation avec une jeune femme au sur un fonds mis en place pour financer les projets jeunes, m’a édifiée sur le sujet. «Je n’ai pas de projets à faire financer». Ce fut là sa première réponse. Etonnée de voir un être humain sans projet, donc sans ambition, je l’ai entraîné sur le terrain de la formation scolaire. Qu’est-ce qu’elle a appris comme métier à l’école et qu’elle peut formaliser en une entreprise, pourquoi pas avec deux ou trois de ses amis de classe, au chômage comme elle. «Le tourisme, mais ce domaine est tombé en Côte d’Ivoire depuis longtemps». Qui viendra donc le relever ce domaine, si personne ne fait rien ? Pourquoi avoir fait des études dans un secteur d’activité en déliquescence ? Nous avons poursuivi la discussion et les contours d’un projet se sont formés, axé principalement sur la redynamisation du tourisme intérieur. Elle a alors avoué qu’elle avait déjà pensé à l’idée que je lui soumettais mais elle était sûre que personne n’allait y adhérer parce que les ivoiriens n’ont pas cette culture de visiter leur pays. Comment diantre, acquiert-on une culture? Je l’ai encouragé à rédiger un projet et à le soumettre puisqu’on ne sait jamais où la chance peut nous sourire. « De toutes façons, ce genre de financements s’octroient par affinités. Mon projet ne sera jamais financé si je ne connais pas un décideur de la structure.» Nous, jeunes, devons vraiment être plus dynamiques que cela. Personne ne fera du porte à porte pour nous distribuer de l’argent. Il y a des organismes mis en place pour nous apporter une aide, allons vers eux. C’est là que se trouve une partie de l’argent qui travaille et ne circule pas. Ces fonds attendent nos projets. Certes, ils ne peuvent pas tout faire. Plus de 3 millions de chômeurs, ce n’est pas rien. Sans compter que des étudiants sortent de l’école chaque année pour grossir les rangs. Mais nous pouvons au moins les aider à nous aider, en évitant cette autocensure, ce défaitisme, qui n’œuvre pas en notre faveur. Abandonnons les idées reçues, au moins jusqu’à ce que nous fassions notre propre expérience négative. Alors nous aurons des raisons valables de nous plaindre. Sinon, il ne sert à rien de se baser sur des témoignages, parfois fabriqués de toutes pièces, pour se forger une opinion. Qui ne risque rien n’a jamais rien. J’étais récemment à une conférence où l’on demandait aux jeunes d’être des citoyens nouveaux, proactifs pour le pays et non tel ou tel parti politique, travaillant pour l’amélioration de leurs conditions de vie et pour le rayonnement de leur pays. Soyons donc, ces ivoiriens nouveaux qui font un bon usage des maigres opportunités qu’ils ont pour se construire un avenir meilleur, honnêtement.
www.yehnidjidji.com
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