Avec un chiffre d’affaires estimé entre 300 et 500 millions de dollars (environ 250 milliards de Fcfa) par an, le trafic de drogue est devenu le deuxième marché économique au monde après la vente d’armes et devant le pétrole. Les enjeux sont si considérables que les chocs d’intérêts sont inévitables. L’Afrique de l’Ouest, qui, jusqu’à une époque récente, pouvait se targuer de ne pas être touchée par ce phénomène, est devenue depuis une décennie, la cible des narcotrafiquants. C’est pour lutter de façon efficace contre ce fléau de plus en plus inquiétant, que se tient, depuis hier mercredi 28 mai 2013, à Abidjan, la première réunion officielle du réseau des autorités centrales et des procureurs d’Afrique de l’Ouest contre le trafic de drogue et le crime organisé. Plusieurs états membres de la Cedeao prennent part à cette rencontre placée sous la présidence du garde des Sceaux, ministre ivoirien de la Justice, des Droits de l’Homme et des Libertés publiques à l’hôtel Novotel au Plateau. L’objectif principal est d’améliorer la lutte contre le trafic des drogues et le crime organisé à caractère transnational, comme l’a signifié l’expert principal de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc), Karen Krammer. Pour le Directeur de cabinet du ministre Gnénéma Coulibaly, il s’agit entre autres de «jeter les bases d’une coopération étroite entre les hautes autorités judiciaires des pays de la sous-région concernés par ce phénomène ; renforcer les capacités des autorités centrales responsables de la rédaction et de la réception des demandes d’entraide judiciaires ; faciliter l’échange d’expériences en matière de poursuite contre ces fléaux», a expliqué M. Fodjo Kadjo Abo. C’est pourquoi, il a exprimé la volonté du gouvernement de voir cette réunion tenir toutes ces promesses. Vu la complexité de l’œuvre, M. Abo compte sur l’union des membres du réseau. «Des pays ayant des moyens de lutte incomparablement plus importants que les nôtres ont mordu la poussière face aux tout-puissants réseaux de trafic de drogue. (…) l’espoir est permis si nous sommes décidés à mettre en pratique la maxime qui dit que l’union fait la force», a conseillé le Directeur de cabinet. Ce dernier pense que c’est un impératif pour que «les pays de la sous-région renouent avec la stabilité politique, la paix et le développement durable». Il a, par ailleurs, salué le choix de la Côte d’Ivoire pour abriter cette réunion à la fois «importante» et «historique». Pour sa part, le représentant de la cour de justice de la Cedeao, l’honorable juge Eliam Potey, a insisté sur le fait que «cette lutte contre la criminalité transfrontalière commence nécessairement par les organes ou autorités en charge de la poursuite des crimes et des délits». Etabli en novembre 2012 à Bamako, au Mali, le Réseau des autorités centrales et des procureurs, s’inscrit dans le contexte de la Déclaration politique et du plan d’action régional pour combattre le trafic illicite de drogues, le crime organisé et l’abus de drogues (2008-2011). La rencontre d’Abidjan s’achève ce jeudi 30 mai en attendant les recommandations.
Cybèle Athangba
Cybèle Athangba