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Société Publié le samedi 1 juin 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton: Désir de premier

Le combat féroce de la vie commence à l’école primaire. L’enfant, sous la pression de ses parents, de sa famille, de ses maîtres, se voit contraint d’être le premier. Il développe, inconsciemment dès sa tendre enfance, l’égoïsme, la jalousie, l’avidité. L’entraînement à être premier, c’est le goût d’écraser les autres. On ne monte pas au sommet sans mettre ses pieds sur la tête de certains, de plusieurs personnes. Chaque jour, à la maison, en classe, on dira à l’élève, peu doué, qu’il est nul, médiocre. On lui propose ou lui montre ces camarades intelligents et brillants. La colère gronde chez l’enfant moyen. Pas doué. Le désir de premier va devenir encore impitoyable au collège, au Lycée. Les devoirs vont s’accélérer. Les notes seront proclamées au vu et au su de tout le monde. Les abonnés aux mauvaises notes, humiliés, vont prendre constamment un coup au moral. Tous leurs efforts pour monter seront vains. Ils ne sont pas doués pour les études scolaires. La société n’a pas compris que d’autres voies, dans des domaines plus pratiques, pourraient les voir exceller. A l’Université, ce sera l’entrée dans la cage aux fauves. Il va apprendre à tout détester et à vouloir réussir coûte que coûte. Il trouvera devant lui de nombreux maîtres qui ne sont contents de rien et qui croient que la première place leur a échappé. Déjà nourri au biberon de l’égoïsme, depuis son enfance, c’est un sacré monstre qu’on trouvera dans le monde du travail, de la religion, de la politique et dans tous les autres domaines. Chacun, comme à l’école primaire, vise la première place dans son entreprise, dans son administration, dans sa paroisse, dans son parti politique, dans sa confrérie. Les dégâts seront immenses. Beaucoup seront appelés et peu seront élus. En plus, pour atteindre un poste de responsabilité, pour émerger, il faudra attendre de nombreuses années. Le désir de premier ne peut pas attendre. Ainsi la batterie de médisance, de complot, de malveillance va commencer à s’abattre sur ceux qu’on croit avoir réussi. Dans la vie active, on devient premier par un travail acharné. Réussir, c’est avoir un but et se battre pour l’atteindre en suivant certains principes, certaines méthodes. Mais, la réussite c’est avant tout la main de Dieu. Tous ceux qu’on croit avoir réussi sont des instruments de la main du Tout-Puissant. Il est le maître de nos destins. Et les abonnés aux échecs permanents ne semblent pas l’avoir compris. Leurs différents échecs ne leur ont pas permis de comprendre les lois de la vie et de la réussite. Dans la vie, il y a des principes à suivre pour atteindre le sommet et surtout y rester. Les abonnés aux échecs permanents ne quittent jamais leur voie. Ils ont beau quitter leur place où ils étaient pour s’installer dans un autre lieu, ils continuent de ne pas atteindre le sommet de la colline. Et s’ils l’atteignent, par certains procédés ou méthodes, ils descendront beaucoup plus bas qu’ils n’étaient montés. La vie a ses lois. Elles sont élémentaires. Les abonnés aux échecs permanents en veulent à tous et à tout. Leur refrain commun reste la jalousie. Ils en veulent aux premiers comme à l’école primaire. Pourquoi lui et pas moi ? Ahmadou Hampaté Ba me disait souvent qu’il n’y a pas de solution dans « quitte là pour que je m’y mette. » On voit ce que cela donne aujourd’hui dans toutes les «chapelles». Des religions sont créées par toutes sortes d’individus qui désirent être premiers parce que restés longtemps à la deuxième, troisième ou dernière place. Si le fondateur bénéficie de privilèges pourquoi pas lui ? Facile de trouver des arguments pour partir ou débarquer le premier. Abonné aux échecs permanents, il faut créer sa première place. Pour enfin paraître et «manger». Au niveau des partis politiques, cela ne saurait étonner. La politique, c’est la cage aux fauves. Tu manges ou on te mange. C’est la foire aux délations, aux mensonges, à la jalousie, à la course effrénée vers le précipice. Chacun se croit capable de prendre les rênes du chariot. Chaque montée d’un individu, c’est contre lui la concentration des comploteurs, des frustrés pour le pousser vers la porte. Mais la charte est déjà connue dans ce domaine. Tu frappes ou on te frappe. Même dans les domaines les plus humbles ce combat pour être le premier irrigue toute la société des hommes. Est-il possible de changer les hommes, en leur donnant plus d’humanité, en donnant un autre sens à la vie ou en reformant l’école ? Dans certains pays on a tenté et même réussi à supprimer les notes de classe, les examens. Pas certain que ce combat de la vie, pour être premier, changera la nature humaine. Les médias ont pris le relais des salles de classe. On montre du matin au soir les images et les histoires de ceux qui ont réussi. C’est à dire très peu de personnes. Les frustrés vont se donner bonne conscience par la lecture et les images des faits divers, des critiques malveillantes, de la corruption et des détournements. Etre premier, c’est être tout simplement travailleur, bon, doux, charitable. Détestant le mensonge, la jalousie, l’envie, la haine et surtout la détestation de ceux qui ont réussi. Tout comme à l’école primaire quand on jalousait, intérieurement, le premier de la classe. Est-il si difficile de changer son cœur ? Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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