Le commerce illicite des produits pharmaceutiques est de retour partout à Abidjan et même à l’intérieur. En force et à visage découvert! D’où proviennent ces médicaments qui ne respectent aucune norme d’hygiène et de conservation. Qui en sont les fournisseurs ? Autant de d’interrogations qui ont poussé ‘’L’Arc-en-Ciel’’ à mettre les pieds dans les plats. Enquête express.
Les analphabètes s’emparent du secteur
Tout le monde est devenu docteur ou pharmacien. Point n’est désormais besoin de connaître, ne serait-ce que l’alphabet français pour avoir l’autorisation de recommander ou de vendre un médicament, même au plus illustre des intellectuels. Des officines, quoiqu’elles soient en baraque, en tables ou tout simplement des cuvettes, végètent tout le long des rues, dans les coins et recoins des quartiers et hameaux du territoire national. Et les médicaments à vendre, si le délai d’utilisation n’a pas expiré, sont, pour la plupart, périmés d’avance parce que n’obéissant à aucune règle d’hygiène et de conservation. Tant ils subissent les effets de la chaleur, du froid, de la pluie, du vent, de la boue, de la poussière. Ces ’’ éminents docteurs et pharmaciens hors hiérarchie’’ emploient néanmoins un langage marketing tel que le plus méfiant des malades ne peut douter de la dangerosité du produit pharmaceutique à lui proposé. ‘’Missié, y a bon médicament ici. Ti vé quel ? Tout cé qué ti vé là jé vais té donner. Viens jé vais faire prix d’en gros ‘’, a- t- on entendu, de façon récurrente, le lundi 27 mai à Adjamé, Yopougon, et Abobo dans l’univers de ces ‘’professionnelles’’ de la santé. Ce qui est encore remarquable est que sans même connaître le nom du produit, encore moins sa posologie, elles savent le mal qu’il soigne, le nombre de comprimés ou de cuillérées à ingurgiter à tel ou tel moment de la journée. Quant à la notice qui accompagne chaque médicament, les vendeuses de médicament de rue n’ont pas besoin de la lire pour en indiquer l’usage. Du moins, on constate qu’elles tiennent pratiquement le même discours pour dire la voie à suivre dans la prise de leur produit : ‘’Ti prends dé matin, dé à midi et dé lé soir. Si maladie-là c’est pas trop fort, ti prends dé matin, dé lé soir’’, nous a laissé entendre Assata, vendeuse de comprimés à Abobo-Samaké.
Que valent encore les officines sanitaires légales, les médecins et les pharmaciens ?
La santé est tellement primordiale que dans tous les pays au monde, un ministère s’en charge. Et ce, depuis la genèse des pouvoirs d’Etat. Elle est tellement délicate et sensible qu’elle nécessite la création des facultés de médecine, de pharmacie et des centres de formation sanitaire. Desquelles sortent respectivement des médecins ou des pharmaciens, des infirmiers d’Etat, des sages-femmes et des aides- soignants. C’est de façon légale que ces corps sont habilités à diagnostiquer un mal, à prescrire et à vendre un médicament conformément aux normes en vigueur. Malheureusement, aujourd’hui, cela semble foulé aux pieds et l’on se pose la question de savoir: ‘’qui soigne qui, avec quoi, où, comment et pourquoi ?’’. Ce, d’autant que l’anarchie qui règne dans ce milieu va crescendo.
Adjamé, le grand centre des opérations !
C’est à Adjamé que le phénomène a véritablement atteint sa vitesse de croisière. Il est plus que jamais inarrêtable. Encore qu’il s’est sublimé en une importante ressource économique pour avoir mérité les faveurs de ‘’on ne sait qui’’. Lequel a laissé tout un vaste duplexe envahir par des acteurs de cette activité illicite. Cela, en appoint à un gigantesque espace où ils évoluaient depuis des décennies. Cette énorme pharmacie( ?) est dite phare du fait qu’elle dessert toute le district d’Abidjan et, par ricochet, les villes de l’intérieur, selon des sources habituées au milieu. Elle est tellement puissante, sereine et résistante que son personnel a toutes les cartes en main pour étouffer rapidement les quelques rugissements des unités de répression ou de régulation lancées à leur trousse. ‘’Les policiers viennent nous emmerder ici. Mais, on est là quand même. Où on va aller ?’’, s’est demandée la petite Aïcha, vendeuse au rez-de-chaussée de l’immeuble qui abrite ce commerce de gros. Là-bas, on roule en grossiste et, à en croire la gamine, ça marche fort. Illustration faite, on peut empocher en temps de vache grasse, des centaines de mille de francs Cfa par jour. Et de 30 à 50000FCFA, quand les affaires sont en baisse. On ne peut guère s’en douter puisque, malgré son accès difficile à cause de la boue occasionnée par la pluie ce lundi 27 mai dernier, le site fourmillait de monde. Et cela en est ainsi chaque jour pendant toute la semaine, selon Mariam, une autre informatrice.
Des médicaments à l’effigie P.S.P parmi les frauduleux
On trouve toutes sortes de médicaments, qu’ils soient d’origine ivoirienne, ghanéenne, nigériane, ou chinoise. Certains sont encore nouveaux du fait de leur étui. Peut-on y trouver des produits appartenant à la pharmacie de la santé publique ? Une question à laquelle aucune de nos interlocutrices n’a hésité de répondre avec des illustrations. ‘’Si ti as ton ordonnance de l’hôpital, jé vais té servir sans problème… ‘’, nous a-t-on rassurés à plusieurs reprises. Mais, qui vous approvisionne en médicaments issus des pharmacies publiques? La réponse à cette question relève du secret des dieux. Toutefois, on se rend à l’évidence que plusieurs véhicules de transport de marchandises ravitaillent ce marché en cartons soigneusement scotchés, semblables à des ballots de friperies.
Le ministère au pied du mur
La recrudescence des médicaments de rue est telle que les centres de santé et les pharmacies de la santé risquent de disparaitre à long terme. Or, il est important que le malade prenne des médicaments qui ne souffrent d’aucune irrégularité. Cependant, les témoignages font état non seulement des accueils et traitements indécents dans les centres de santé, mais aussi de l’inaccessibilité aux médicaments pharmaceutiques à cause de leur cherté. Toutes choses qui, à en croire des clients de ces pharmacies par terre, sont à l’origine de la ruée vers ces milieux, ce qui encourage donc leur prolifération. Dans sa volonté de faire du social la raison première de sa mission, le ministère de la Santé te de la Lutte contre le Sida, se trouve donc confronté à un dilemme. Faut-il détruire les pharmacies par terre au profit des officines légales? Où alors, au nom du social, rester indifférent face à la montée en puissance du commerce illicite des médicaments pharmaceutiques ? Faiblesse, complicité ou corruption face à la puissance de ces marchés qui semblent solidement installés et appuyés? Cette indifférence, d’où qu’elle vienne, et quelle qu’en soit la raison, est coupable de la lente mort des utilisateurs de ces produits sans suivi médical et donc dangereux pour la santé. Face à ce qu’il convient d’appeler drame sanitaire, à quel saint faut-il se vouer ?
La dangerosité des médicaments de rue avérée
Des sources médicales dignes de foi ont attesté, mercredi 29 mai dernier, que le médicament, en tant que tel, est un risque que prend même l’agent de santé le plus assermenté qui le prescrit. Cela, du fait que le produit recommandé pourrait parfois ne pas s’adapter à l’organisme ou au mal dont souffre le patient. De plus, quelle que soit l’efficacité du médicament, il y a risque de dosage. Un médicament n’aurait aucun effet si le dosage conseillé est inférieur à la norme. Il pourrait s’avérer immédiatement mortel ou déclencher d’autres complications en cas de surdosage. La dangerosité du médicament est de plus en plus accentuée lorsque l’agent de santé, par inattention, prescrit un médicament périmé. Qu’il provienne de l’agent de santé ou de l’automédication, l’utilisateur d’un tel médicament court les risques suivants : Au niveau rénal, il s’expose à une insuffisance rénale due à la néphrotoxicité du médicament. Il y a épuration des reins à cause des toxines contenues dans le médicament. Au niveau hépatique, l’intoxication du foie pourrait provoquer des ictères et des jaunisses. Au niveau du système nerveux, des complications comme la dépression nerveuse pourraient être déclenchées. La dangerosité des médicaments, telle que révélée par notre interlocuteur, démontre que les produits pharmaceutiques vendus dans les rues et leurs vendeuses analphabètes, sont des fléaux sociaux contre lesquels les Ivoiriens doivent lutter sans relâche. Et pour cause, les complications énumérées plus haut constituent, pour la plupart, les maladies dont souffrent la majorité des Ivoiriens.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le ver est déjà dans le fruit. Et il faut agir maintenant ou jamais ! Mais, une loi qui interdit la vente illicite des produits pharmaceutiques en Côte d’Ivoire ?
Tous fuient leur responsabilité
Tous sont d’accord que la vie de nombreuses personnes démunies est en danger. Mais, nul ne peut prendre l’initiative de monter au créneau pour, ne serait-ce qu’intimider ces tueuses à ciel ouvert. Même pas les organisations non gouvernementales (ONG) ou associations de consommateurs. Lesquelles qui, parce que luttant pour des causes socio-humanitaires, ont la latitude d’accompagner ou de devancer le ministère de tutelle afin de répondre aux besoins de protection de la population. ‘’Nous ne pouvons rien faire dans ce cas sans l’avis du ministère de tutelle’’, a-t-on appris le 29 mai de source proche du secrétariat de la direction des ONG œuvrant dans le domaine de la santé, au 13ème étage de la Tour C, au Plateau. Même notre source médicale affirme rester impuissante face à ces agents de la mort tant que le ministère de la Santé ne se décide pas. Au ministère de la Santé et de la Lutte contre le Sida, le même jour, l’on a assisté à un véritable jeu de ping-pong entre les services juridiques et celui de la communication. Il s’agissait pour ces services d’éclairer la lanterne des Ivoiriens sur l’existence d’une loi régissant ces ‘’pharmacies par terre’’. Après nous avoir renvoyés au service communication une première fois, la responsable du service juridique a fini par nous opposer un e fin de non, recevoir à notre volonté d’en savoir plus. ‘’Nous ne pouvons rien vous dire tant que le cabinet ne nous envoie pas de courrier venant de vous’’, a-t-elle martelé.
Pas de loi en vigueur contre ces vendeuses illettrées
Les vendeuses analphabètes des médicaments pharmaceutiques, leurs commanditaires et fournisseurs ont encore de beaux jours devant eux pour faire de nombreuses victimes dans la population. Ainsi, verra-t-on tout leur étalage de médicaments bradés dans les rues dans des conditions d’hygiène et de conservation précaires. Et pour cause, il n’y a pas encore une loi en vigueur contre ces promoteurs de la mort, à en croire le responsable du service de communication du ministère de la Santé, Olivier Akoto. Lequel a signalé qu’il existait une loi par le passé, qui est devenue caduque. Toutefois, a-t-il révélé, les législateurs ivoiriens ont, sur leurs tables, un projet de loi en la matière, qui est en train d’être étudié. Quels en sont les références et le contenu ? Ou au demeurant, que disait l’ancienne ? Seul le service juridique pouvait répondre à ces préoccupations. Hélas, il a décidé de nous claquer la porte plutôt que de livrer une information qui, en réalité, n’a rien de secret.
En attendant l’Assemblée nationale
S’il n’y a effectivement pas de texte régulant le secteur de la Santé précisément la commercialisation des produits pharmaceutiques, il y a donc lieu de se demander ce qu’attend l’Assemblée nationale pour libérer les Ivoiriens des griffes des vendeuses véreuses de médicaments dans les rues. Vivement que l’hémicycle se décide avant qu’il ne soit trop tard. En attendant, les pharmacies par terre poussent comme des champignons parce que ravitaillées par des grossistes bien organisés et bien en place comme ceux du marché d’Adjamé.
NIMEL OULAI (Stagiaire)
Les analphabètes s’emparent du secteur
Tout le monde est devenu docteur ou pharmacien. Point n’est désormais besoin de connaître, ne serait-ce que l’alphabet français pour avoir l’autorisation de recommander ou de vendre un médicament, même au plus illustre des intellectuels. Des officines, quoiqu’elles soient en baraque, en tables ou tout simplement des cuvettes, végètent tout le long des rues, dans les coins et recoins des quartiers et hameaux du territoire national. Et les médicaments à vendre, si le délai d’utilisation n’a pas expiré, sont, pour la plupart, périmés d’avance parce que n’obéissant à aucune règle d’hygiène et de conservation. Tant ils subissent les effets de la chaleur, du froid, de la pluie, du vent, de la boue, de la poussière. Ces ’’ éminents docteurs et pharmaciens hors hiérarchie’’ emploient néanmoins un langage marketing tel que le plus méfiant des malades ne peut douter de la dangerosité du produit pharmaceutique à lui proposé. ‘’Missié, y a bon médicament ici. Ti vé quel ? Tout cé qué ti vé là jé vais té donner. Viens jé vais faire prix d’en gros ‘’, a- t- on entendu, de façon récurrente, le lundi 27 mai à Adjamé, Yopougon, et Abobo dans l’univers de ces ‘’professionnelles’’ de la santé. Ce qui est encore remarquable est que sans même connaître le nom du produit, encore moins sa posologie, elles savent le mal qu’il soigne, le nombre de comprimés ou de cuillérées à ingurgiter à tel ou tel moment de la journée. Quant à la notice qui accompagne chaque médicament, les vendeuses de médicament de rue n’ont pas besoin de la lire pour en indiquer l’usage. Du moins, on constate qu’elles tiennent pratiquement le même discours pour dire la voie à suivre dans la prise de leur produit : ‘’Ti prends dé matin, dé à midi et dé lé soir. Si maladie-là c’est pas trop fort, ti prends dé matin, dé lé soir’’, nous a laissé entendre Assata, vendeuse de comprimés à Abobo-Samaké.
Que valent encore les officines sanitaires légales, les médecins et les pharmaciens ?
La santé est tellement primordiale que dans tous les pays au monde, un ministère s’en charge. Et ce, depuis la genèse des pouvoirs d’Etat. Elle est tellement délicate et sensible qu’elle nécessite la création des facultés de médecine, de pharmacie et des centres de formation sanitaire. Desquelles sortent respectivement des médecins ou des pharmaciens, des infirmiers d’Etat, des sages-femmes et des aides- soignants. C’est de façon légale que ces corps sont habilités à diagnostiquer un mal, à prescrire et à vendre un médicament conformément aux normes en vigueur. Malheureusement, aujourd’hui, cela semble foulé aux pieds et l’on se pose la question de savoir: ‘’qui soigne qui, avec quoi, où, comment et pourquoi ?’’. Ce, d’autant que l’anarchie qui règne dans ce milieu va crescendo.
Adjamé, le grand centre des opérations !
C’est à Adjamé que le phénomène a véritablement atteint sa vitesse de croisière. Il est plus que jamais inarrêtable. Encore qu’il s’est sublimé en une importante ressource économique pour avoir mérité les faveurs de ‘’on ne sait qui’’. Lequel a laissé tout un vaste duplexe envahir par des acteurs de cette activité illicite. Cela, en appoint à un gigantesque espace où ils évoluaient depuis des décennies. Cette énorme pharmacie( ?) est dite phare du fait qu’elle dessert toute le district d’Abidjan et, par ricochet, les villes de l’intérieur, selon des sources habituées au milieu. Elle est tellement puissante, sereine et résistante que son personnel a toutes les cartes en main pour étouffer rapidement les quelques rugissements des unités de répression ou de régulation lancées à leur trousse. ‘’Les policiers viennent nous emmerder ici. Mais, on est là quand même. Où on va aller ?’’, s’est demandée la petite Aïcha, vendeuse au rez-de-chaussée de l’immeuble qui abrite ce commerce de gros. Là-bas, on roule en grossiste et, à en croire la gamine, ça marche fort. Illustration faite, on peut empocher en temps de vache grasse, des centaines de mille de francs Cfa par jour. Et de 30 à 50000FCFA, quand les affaires sont en baisse. On ne peut guère s’en douter puisque, malgré son accès difficile à cause de la boue occasionnée par la pluie ce lundi 27 mai dernier, le site fourmillait de monde. Et cela en est ainsi chaque jour pendant toute la semaine, selon Mariam, une autre informatrice.
Des médicaments à l’effigie P.S.P parmi les frauduleux
On trouve toutes sortes de médicaments, qu’ils soient d’origine ivoirienne, ghanéenne, nigériane, ou chinoise. Certains sont encore nouveaux du fait de leur étui. Peut-on y trouver des produits appartenant à la pharmacie de la santé publique ? Une question à laquelle aucune de nos interlocutrices n’a hésité de répondre avec des illustrations. ‘’Si ti as ton ordonnance de l’hôpital, jé vais té servir sans problème… ‘’, nous a-t-on rassurés à plusieurs reprises. Mais, qui vous approvisionne en médicaments issus des pharmacies publiques? La réponse à cette question relève du secret des dieux. Toutefois, on se rend à l’évidence que plusieurs véhicules de transport de marchandises ravitaillent ce marché en cartons soigneusement scotchés, semblables à des ballots de friperies.
Le ministère au pied du mur
La recrudescence des médicaments de rue est telle que les centres de santé et les pharmacies de la santé risquent de disparaitre à long terme. Or, il est important que le malade prenne des médicaments qui ne souffrent d’aucune irrégularité. Cependant, les témoignages font état non seulement des accueils et traitements indécents dans les centres de santé, mais aussi de l’inaccessibilité aux médicaments pharmaceutiques à cause de leur cherté. Toutes choses qui, à en croire des clients de ces pharmacies par terre, sont à l’origine de la ruée vers ces milieux, ce qui encourage donc leur prolifération. Dans sa volonté de faire du social la raison première de sa mission, le ministère de la Santé te de la Lutte contre le Sida, se trouve donc confronté à un dilemme. Faut-il détruire les pharmacies par terre au profit des officines légales? Où alors, au nom du social, rester indifférent face à la montée en puissance du commerce illicite des médicaments pharmaceutiques ? Faiblesse, complicité ou corruption face à la puissance de ces marchés qui semblent solidement installés et appuyés? Cette indifférence, d’où qu’elle vienne, et quelle qu’en soit la raison, est coupable de la lente mort des utilisateurs de ces produits sans suivi médical et donc dangereux pour la santé. Face à ce qu’il convient d’appeler drame sanitaire, à quel saint faut-il se vouer ?
La dangerosité des médicaments de rue avérée
Des sources médicales dignes de foi ont attesté, mercredi 29 mai dernier, que le médicament, en tant que tel, est un risque que prend même l’agent de santé le plus assermenté qui le prescrit. Cela, du fait que le produit recommandé pourrait parfois ne pas s’adapter à l’organisme ou au mal dont souffre le patient. De plus, quelle que soit l’efficacité du médicament, il y a risque de dosage. Un médicament n’aurait aucun effet si le dosage conseillé est inférieur à la norme. Il pourrait s’avérer immédiatement mortel ou déclencher d’autres complications en cas de surdosage. La dangerosité du médicament est de plus en plus accentuée lorsque l’agent de santé, par inattention, prescrit un médicament périmé. Qu’il provienne de l’agent de santé ou de l’automédication, l’utilisateur d’un tel médicament court les risques suivants : Au niveau rénal, il s’expose à une insuffisance rénale due à la néphrotoxicité du médicament. Il y a épuration des reins à cause des toxines contenues dans le médicament. Au niveau hépatique, l’intoxication du foie pourrait provoquer des ictères et des jaunisses. Au niveau du système nerveux, des complications comme la dépression nerveuse pourraient être déclenchées. La dangerosité des médicaments, telle que révélée par notre interlocuteur, démontre que les produits pharmaceutiques vendus dans les rues et leurs vendeuses analphabètes, sont des fléaux sociaux contre lesquels les Ivoiriens doivent lutter sans relâche. Et pour cause, les complications énumérées plus haut constituent, pour la plupart, les maladies dont souffrent la majorité des Ivoiriens.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le ver est déjà dans le fruit. Et il faut agir maintenant ou jamais ! Mais, une loi qui interdit la vente illicite des produits pharmaceutiques en Côte d’Ivoire ?
Tous fuient leur responsabilité
Tous sont d’accord que la vie de nombreuses personnes démunies est en danger. Mais, nul ne peut prendre l’initiative de monter au créneau pour, ne serait-ce qu’intimider ces tueuses à ciel ouvert. Même pas les organisations non gouvernementales (ONG) ou associations de consommateurs. Lesquelles qui, parce que luttant pour des causes socio-humanitaires, ont la latitude d’accompagner ou de devancer le ministère de tutelle afin de répondre aux besoins de protection de la population. ‘’Nous ne pouvons rien faire dans ce cas sans l’avis du ministère de tutelle’’, a-t-on appris le 29 mai de source proche du secrétariat de la direction des ONG œuvrant dans le domaine de la santé, au 13ème étage de la Tour C, au Plateau. Même notre source médicale affirme rester impuissante face à ces agents de la mort tant que le ministère de la Santé ne se décide pas. Au ministère de la Santé et de la Lutte contre le Sida, le même jour, l’on a assisté à un véritable jeu de ping-pong entre les services juridiques et celui de la communication. Il s’agissait pour ces services d’éclairer la lanterne des Ivoiriens sur l’existence d’une loi régissant ces ‘’pharmacies par terre’’. Après nous avoir renvoyés au service communication une première fois, la responsable du service juridique a fini par nous opposer un e fin de non, recevoir à notre volonté d’en savoir plus. ‘’Nous ne pouvons rien vous dire tant que le cabinet ne nous envoie pas de courrier venant de vous’’, a-t-elle martelé.
Pas de loi en vigueur contre ces vendeuses illettrées
Les vendeuses analphabètes des médicaments pharmaceutiques, leurs commanditaires et fournisseurs ont encore de beaux jours devant eux pour faire de nombreuses victimes dans la population. Ainsi, verra-t-on tout leur étalage de médicaments bradés dans les rues dans des conditions d’hygiène et de conservation précaires. Et pour cause, il n’y a pas encore une loi en vigueur contre ces promoteurs de la mort, à en croire le responsable du service de communication du ministère de la Santé, Olivier Akoto. Lequel a signalé qu’il existait une loi par le passé, qui est devenue caduque. Toutefois, a-t-il révélé, les législateurs ivoiriens ont, sur leurs tables, un projet de loi en la matière, qui est en train d’être étudié. Quels en sont les références et le contenu ? Ou au demeurant, que disait l’ancienne ? Seul le service juridique pouvait répondre à ces préoccupations. Hélas, il a décidé de nous claquer la porte plutôt que de livrer une information qui, en réalité, n’a rien de secret.
En attendant l’Assemblée nationale
S’il n’y a effectivement pas de texte régulant le secteur de la Santé précisément la commercialisation des produits pharmaceutiques, il y a donc lieu de se demander ce qu’attend l’Assemblée nationale pour libérer les Ivoiriens des griffes des vendeuses véreuses de médicaments dans les rues. Vivement que l’hémicycle se décide avant qu’il ne soit trop tard. En attendant, les pharmacies par terre poussent comme des champignons parce que ravitaillées par des grossistes bien organisés et bien en place comme ceux du marché d’Adjamé.
NIMEL OULAI (Stagiaire)